Bleeeeeh.

J’en ai marre d’Adobe et de ses pratiques prédatrices avec l’IA, de son abonnement mensuel qui ne cesse d’augmenter, de ses frais de résiliation cachés, de son interface non standard et de plus en plus bordélique. Cela fait des années que j’ai envie de me barrer, mais la dernière augmentation de tarif a fini de m’aiguillonner. Mon usage a aussi évolué : quand j’ai commencé à utiliser Lightroom il y a près de 15 ans, j’avais un « vrai » appareil photo et un smartphone pour le quotidien, rendant la différence entre la « vraie » photo et l’image souvenir très claire, mais cette frontière s’est complètement estompée au fil des ans. Or, je paie déjà pour un abonnement iCloud qui pourrait absorber les quelques 33000 images prises dans Lightroom au fil des ans.

Enfin, la photo est pour moi un loisir qui déborde parfois vers le semi-pro (parce qu’il est arrivé que mes images servent dans des contextes scientifiques), mais avec des exigences bien précises. Je ne fais pas de studio, je fais quasiment exclusivement du paysage et de l’animalier, et de l’animalier bien spécifique, en plus : des bestioles marines. Ce qui entraîne une contrainte de terrain rare (et que j’ai découvert à mes dépens) : on ne veut pas le meilleur objectif qui soit en mer, parce que le meilleur objectif qui soit est lourd comme un rocher, ce qui ne le rend absolument pas maniable dans les fjords islandais. Ça ne sert à rien de pouvoir monter à 400mm quand tu risquer de basculer par-dessus bord en étant déjà à 200 parce que la houle terrasse la classe de nature qui croyait partir pour une excursion sympa (true story). Autant avoir un objectif beaucoup moins bon sur le papier, mais qui fait le tiers du poids, et que tu peux donc manier sans risquer l’hydrocution.

Bref, tout en ayant conscience que j’allais perdre des fonctionnalités et l’écosystème de presets bien pratique que j’ai bâti au fil des ans, il était temps de fédérer tout ça dans Apple Photos, d’explorer les apps de développement d’images compatibles (ON1, Darkroom, Nitro…), de faire la paix avec les manques et de vouer Adobe aux gémonies.

Eh ben, c’est plus facile à dire qu’à faire.

Il existe une solution de transfert de bibliothèques de photos, appelée Avalanche et considérée plutôt standard dans l’industrie, qui permet de migrer en théorie réglages et tout un tas de données crées par Lightroom pour les récupérer dans la solution d’arrivée (Capture One, Luminar, dans mon cas, donc, Apple Photos). Dans les faits, je ne suis pas convaincu du résultat, mais je ne blâme pas Avalanche, je blâme Adobe et sa synchronisation cloud pourrie : même après m’avoir juré ses grands dieux que Lightroom Classic avait tout téléchargé, me balader dans la photothèque conduisait l’app à « découvrir » encore des fichiers à récupérer. En conséquence, toute tentative de conversion avec Avalanche s’est soldée par des fichiers manquants au nombre variable. Lightroom Classic et Lightroom CC ne présentent même pas un nombre d’images identiques, certaines photos sont mystérieusement absentes dans l’un ou l’autre, bref, c’est un foutoir sans nom.

Heureusement, je me suis toujours méfié d’Adobe et je n’ai jamais beaucoup investi dans les métadonnées et le catalogage offert par l’app, donc je n’avais au final pas grand-chose à perdre à tenter un export complet de ma bibliothèque sous forme de fichiers (et tant pis pour la subtilité). Cependant, une fois encore, il a fallu passer par Lightroom Classic et non CC, le premier exportant bien un catalogue contenant les 33386 images promises (mais en plantant en essayant de réaliser des aperçus, on s’en passera), le second en crachant un nombre inférieur de quelques centaines, pour quelle raison ? Who the fuck knows.

Bref : calculette en main et examen des dossiers plus tard, le compte est bon. Sauvegarde finale du catalogue exporté sur le serveur (on ne sait jamais). Résiliation de Lightroom en crachant au passage cinquante balles de frais de résiliation, parce que quand on est une entreprise avec une éthique de merde, on ne va surtout pas s’abstenir de ce genre de pratiques qui n’ont aucun fondement dans la réalité (j’imagine qu’il faut dépêcher un technicien pour débrancher le disque dur qui m’était personnellement attribué au fin fond d’un data center du Minnesota ?).

C’est maintenant à Apple Photos d’ingurgiter 700 Go d’images et de les synchroniser avec iCloud, une mission dont il sait normalement s’acquitter en 2025. Au final : si vous devez suivre le même chemin, et que vous n’avez pas trop à perdre en métadonnées, je crois que le plus sûr c’est

  • D’installer Lightroom Classic
  • D’attendre qu’il sync
  • D’exporter un catalogue contenant toute la bibliothèque.

Et de prendre ce point de départ pour import dans la solution d’arrivée.