Et je dirais bien que ça ne nous fera pas pleurer, sauf que, quand d’immenses risques financiers comme celui-ci explosent à la tronche des investisseurs, ils tendent à nous exploser collectivement au visage à tou·tes, et nous finissons par devoir éponger la dette.

Mais, il apparaît de plus en plus clairement que fournir toutes les données existantes du monde aux grands modèles de langage a atteint une sorte de plafond : cette approche ne conduira pas la recherche à l’Intelligence Artificielle Générale. ChatGPT 5 n’améliore que marginalement les performances du 4. Les modèles de langage hallucinent toujours autant et sont toujours aussi faciles à détourner.

Et tout récemment, Oracle a signé un contrat de 300 milliards (oui, MILLIARDS) de dollars avec OpenAI, alors que, de leur propre aveu, ils ne seront pas rentables avant 2030.

Tout ça pour quoi ? Des machines à résumer des textes et à cracher du contenu générique pour des tâches bullshit. Construites comment ? On siphonne les œuvres des créateur·ices du monde entier sans leur consentement, on entrave la transition énergétique, on rend encore plus précaires les métiers artistiques qui n’ont pas besoin de ça, on sape encore davantage la presse traditionnelle, le tout alimentant le technofascisme rampant. Je ne suis pas hostile à l’IA ni à l’apprentissage automatique, qui peuvent donner des résultats formidables dans le cadre de la médecine et la recherche scientifique, mais l’IA générative est un tout autre domaine, fondé sur des pratiques prédatrices, pour un impact social et mental général négatif.

Dans notre hypercapitalisme mondial et instable, la technologie avance de plus en plus par bulles grossièrement surévaluées et éclatements plus ou moins dangereux. On a eu la fameuse « bulle Internet » dans les années 2000, les NFT et blockcouillonades ont suivi la même trajectoire, et je ne serais pas étonné que le tour de l’IA arrive d’ici un ou deux ans.

Qu’en restera-t-il ? Pour commencer, la société éponge de plus en plus souvent les paris de ce faible nombre d’irresponsables pour protéger ses structures existantes. Nous risquons fort, une fois de plus, de payer collectivement la dette. Et après le sursaut, les reliquats de la technologie, ramenés à une envergure plus raisonnable, infusent dans le présent. L’éclatement de la bulle des « dotcom » n’a pas signé la fin d’Internet, on échange toujours des Bitcoin mais plus des $HAWK, il est fort probable que la recherche en langage naturel, les assistants virtuels, les outils textuels qui ont fleuri partout dans nos outils restent à demeure. Que ça nous plaise ou non.

Juste, l’intelligence artificielle générative ne nous amènera pas à l’oisiveté d’une société post-rareté type Star Trek. Juste à engraisser encore davantage une poignée toujours plus réduite d’acteurs. Et, que la chute se produise ou pas, ça nous fait mal, d’une manière ou d’une autre.