Certains noms ont bâti des pans entiers de l’imaginaire français. Comme beaucoup, beaucoup d’autres, il m’avait donné ma chance, avec conseils avisés et encouragements sans complaisance, et, comme beaucoup, beaucoup d’autres, je lui dois une part importante du démarrage de ma carrière. Un pilier du milieu, qui nous a quittés le 11 septembre dernier, laissant le métier entier en deuil.
Rappelez-vous donc Philippe Ward. Un grand homme, par la taille et l’œuvre, au merveilleux accent ariégeois connu de tout le fandom et d’une gentillesse absolue, nouvelliste et romancier d’importance (multilauréat du prix Masterton, lauréat des prix Ozone, Ayerdhal, du prix ActuSF de l’uchronie pour la saga Lasser coécrite avec Sylvie Miller, et d’autres encore). Également le cofondateur des éditions Rivière Blanche en 2004, qui ont à la fois ressuscité l’esprit d’une littérature d’aventure disparu avec le Fleuve Noir de l’époque, et fait confiance à des ouvrages parfois audacieux, avec un profond souci de recherche des nouvelles voix du domaine. Entre autres, « Rivière » a longtemps porté des recueils de nouvelles qu’il aurait été impossible de placer ailleurs (qui d’autre aurait accepté le recueil d’un auteur tel que moi, qui n’avait à l’époque qu’un roman en préparation ?). Philippe et Rivière Blanche ont offert pendant de longues années à la nouvelle d’imaginaire et au roman d’aventure populaire des places qu’il était extrêmement difficile de trouver ailleurs, et ces formes ont survécu, puis se sont épanouies grâce à lui et cette maison.
Merci, Philippe. Jeunes générations qui passez par ici, si son œuvre tant littéraire qu’éditoriale et patrimoniale ne vous est pas encore familière, partez à la découverte de son univers, et sachez combien l’imaginaire français lui doit beaucoup !

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