Le petit marchand de peluches
Voilà que je m’installe doucement à Tobermory et dans le travail qu’on attendra de moi : hier, malgré une période un peu agitée pour le Trust (travaux dans les bureaux, beaucoup de chantiers en cours, des imprévus), j’ai été formé à… tenir la boutique.
Pas le Trust lui-même, allons. Mais la vraie boutique de souvenirs que tient la fondation sur la rue principale de Tobermory. Toutefois, me suis-je aussitôt rendu compte, c’est loin de n’être qu’un simple point de vente dont la fondation retire des fonds bien nécessaires : c’est aussi un point d’eau pour les passionnés de faune marine, qui viennent s’informer, partager et signaler leurs informations (échouages, renconters en mer), et tout simplement entretenir leurs liens. En effet, la nature très découpée des côtes des Hébrides rend l’observation depuis la terre (et même en mer) très difficile et nécessite une forte coopération avec le public pour obtenir une vision un tant soit peu globale de ce qui se passe dans l’archipel.
La boutique est aussi un musée miniature et une aire d’éveil et de découverte pour enfants et adultes, où l’on peut découvrir des squelettes d’animaux marins en excellent état (notamment une baleine à bec de Cuvier complète) et écouter les vocalises des cétacés les plus courants dans les eaux écossaises (ce qui a donné lieu avec ma collègue, également volontaire, au blind test le plus spécialisé et nerdy qui soit – et je ne sais pas si je dois avoir peur d’avoir reconnu les vocalises de 75% des espèces dès la première écoute).
Bref, j’ai enfin la réponse à une question qui me taraudait depuis des années : bon dieu, mais à quoi servent tous ces fichus boutons ésotériques sur une caisse enregistreuse ? Pourquoi tous ces sigles sybillins ? Où suis-je, dans quel état j’erre, où TVA-t-on.
Aujourd’hui, après une matinée de briefing sur la faune des Hébrides et les différents intérêts en jeu (tourisme, pêche, défense…) et une après-midi de rédactionnel, je prépare mes affaires pour une première sortie en mer demain. Nous serons deux volontaires à représenter le Trust au cours d’une excursion touristique ; nous en profiterons pour répondre aux questions, nous efforcer de faire passer quelques informations, et je fourbis le matériel photo dans l’espoir d’étrenner mon nouveau zoom de guerre (100-400 4.5-5.6 L IS USM, pour les connaisseurs) avec de belles premières images, et d’autres à visée scientifique.
(Photos de la galerie toujours prises avec le portable, donc toujours pourries.)
- La boutique, toute mignonne.
- L’espace éducatif. Crâne de grand dauphin – c’est le modèle Flipper (avec ma montre pour servir de référence d’échelle).
- Crâne de marsouin commun. Bien plus petit que le précédent. Les marsouins sont de petits cétacés, globalement timides.
- Crâne de phoque gris. Une bestiole avec de grands nyeux.
- Os de mâchoire inférieure de petit rorqual (Minke whale). On se rend compte que, dès qu’il s’agit de baleines, le terme « petit » devient tout de suite très relatif.
- Squelette de baleine à bec de Cuvier, spécimen trouvé échoué par le Trust et nettoyé pour la conservation. Pièce plutôt rare, car ces animaux vivent principalement en profondeur et sont rarement visibles. Il s’agirait ici d’un juvénile.
- Fanons de baleines. Constitués de kératine (comme nos ongles – ça a d’ailleurs exactement la même consistance, en plus épais), ces protubérances servent de « dents » et permettent aux mysticètes de filtrer l’eau pour conserver leur nourriture microscopique.
- Une sirène qui, perso, me fait hyper peur.