Lundi, je parlais du racket de Facebook, comment le premier réseau social mondial prenait en otage ses utilisateurs en les forçant à payer pour récupérer le trafic auquel ils avaient légitimement droit – qu’il s’agisse des utilisateurs individuels, simplement désireux de communiquer avec leur famille, mais aussi des blogs, écrivains, groupes informant leur communauté de leur actualité et créant aussi des discussions sans rapport, ou même des entreprises travaillant leur image. En résumé : les administrateurs de pages, mais aussi les utilisateurs simples (comme votre humble serviteur) voyaient décroître depuis un moment les interactions de leurs amis (et/ou fans) avec leur contenu. Le chiffre de 15% a été annoncé. Pour donner aux posts davantage de vie, Facebook a sorti comme par magie la « parade » : pour toucher les 85% restants, payer. C’est là que le bât blesse : c’est un public qui doit légitimement entendre ce que l’on a à dire, puisqu’il s’agit d’amis, ou de « fans » qui ont « liké » une page, ce qui est une expression d’intérêt, et donc un assentiment à recevoir de la communication de l’entité correspondante. De nombreux animateurs, webmestres et entrepreneurs, découvrant l’article, ont confirmé par leur expérience en commentaires.
Lundi, pour faire passer le message, j’ai payé les 5.80$ demandés par FB pour promouvoir l’article dénonçant cette manigance. Cinq jours plus tard, je vous propose de partager les résultats. C’est éloquent. J’ai multiplié mon trafic habituel par 100 (oui, CENT), mais je vous donne les chiffres en détail. Il convient aussi, parce que l’article, de fait, est devenu presque viral (à ma totale surprise) de répondre aux critiques idiotes comme de relayer les remarques fondées qui ont circulé un peu partout en réaction.
Petite présentation pour ceux (et ils sont nombreux vu les stats, salut, bonjour, hola que tal) qui débarquent et se demandant qui est le type qui leur parle : salut, moi, c’est Lionel Davoust. Mon métier, à la base, c’est ingénieur halieute reconverti en écrivain. Je ne suis pas un communicant, un expert SEO, mais un auteur de fiction (fantasy et thriller, ma série Léviathan, qui mélange aventure et occultisme documenté, a eu les honneurs de la télévision, de la radio et de la presse nationale comme Le Point, ou Le Nouvel Obs et de blogs un peu partout sur la toile) doublé d’un geek. J’aime le Net, et j’aime le fait de pouvoir créer une communauté autour de mon boulot et de nos goûts communs : c’est pour ça que je tiens un blog, un site, que je suis sur les réseaux sociaux. Je parle de SF & fantasy, d’édition, de technique d’écriture et de voyages. Si ces articles et ce blog vous ont intéressé, peut-être voudrez-vous en découvrir plus sur mon « vrai » travail par les liens de ce site, chez votre libraire préféré ou en ligne. Fin de l’encart pub.
Non, cela ne concerne pas que les pages, mais tous les utilisateurs
« Ouaiiiis, je peux pas y croire, ça ne concerne que les fan pages de toute façon. » Ben non, les gens. Je suis un utilisateur lambda comme vous, parce que je n’aime pas l’idée d’une fan page, et que je me refuse donc à en créer tant que je n’aurai pas atteint les 5000 amis maximum permis par Facebook sur un profil personnel. Donc, si, cela concerne les fan pages, mais aussi les profils personnels. Vous, oncle Hugues, tata Simone.
La promotion n’est pas l’Edgerank
Je l’avais déjà cité à demi-mot dans l’article d’origine en note de bas de page, mais revenons-y : la promotion (payer) n’est pas l’Edgerank. L’Edgerank c’est l’algorithme de FB qui vous montre, dans le flux d’actu, les nouvelles qui sont censées être les plus pertinentes pour vous ; en particulier, cela représente les posts qui génèrent le plus d’interaction. Cela semblait une façon raisonnable de trier le contenu, et beaucoup de community managers ont investi là-dessus pour créer des interactions saines et constructives avec leur communauté (valeur ajoutée pour tout le monde, yeah !). La promotion n’a rien à voir, et passe allégrement au-dessus de l’Edgerank pour vous proposer, eh bien, de la « pub » payée.
Tu as vraiment multiplié ton trafic par 100 ?
Oui. Je suis très transparent sur mes stats de visite, parce que ce blog s’appelle (ça doit encore être écrit quelque part) Expériences en temps réel et que je me suis toujours promis, si je me lançais dans l’entreprise égocentrique de l’autofiction, d’en faire une zone de risque et de non-prise au sérieux. Donc, je ne me la joue pas personal-branding-ouais-j’ai-500000-visites-uniques. On ne confond pas les hits et les visites uniques, mec. Bref.
Quand vous promouvez un article sur FB (5.80$, on le rappelle, pour un utlisateur lambda avec – dans mon cas – environ 1100 amis), celui-ci vous fournit obligeamment le graphique suivant (capture d’écran prise mercredi soir, la proportion ne bouge plus énormément) :
« Paid views. » Vous mordez l’esprit ? « Paid views. » Alors qu’en principe, les abonnés à mes mises à jour, mes amis, sont plutôt intéressés parce que j’ai à raconter. Pourquoi dois-je payer pour les atteindre ? On remarque que je n’ai pas le ratio annoncé par l’étude de Dangerous Minds qui m’a servi de source, mais que j’ai presque une proportion de 2/3 contre 1/3, ce qui reste énorme.
Maintenant, accrochez-vous au siège. Voici les stats de lecture relevées ici par WordPress (toutes les images s’agrandiront si vous cliquez dessus).
Pas de stats sur les jours précédents ? Je n’ai rien fait le reste du temps ? Non. C’est juste que mes stats habituelles sont tellement faibles en comparaison que cet article promu éclipse le reste. Je ne me plains évidemment pas que la nouvelle ait circulé à ce point (même si j’en suis presque effrayé) ni que l’article soit devenu, pour ainsi dire, viral (il est arrivé jusqu’à Doctissimo et c’est ma fierté) ; par contre, payer pour, je ne suis pas d’accord. Alors, je pourrais attribuer le succès de cet article à son sujet brûlant, à sa qualité de rédaction, à mon charisme naturel, bien sûr, ce dont personne ne doute ici, c’est l’évidence, n’est-ce pas, mais je suis un peu plus cynique (ça me perdra). Sur trois jours, l’article a généré 3998 + 15961 + 7139 lectures, soit un peu plus de 27 000. En 2011, mon article le plus populaire (hors circonstance particulière) a généré 500 lectures sur un an ; en moyenne, je reçois dans les 300 lectures à l’année sur un article (300 x 100 = 30 000). Et là, nous parlons de trois jours. Par curiosité, j’ai regardé les stats de visite dans la demi-heure suivant la publication de l’article – cela ne pouvait pas déjà être encore viral – et j’étais à 600 lectures. Contre une vingtaine habituellement.
D’où vient ce trafic ?
Je repose la question : prise d’otage, quelqu’un ?
La parade ?
Merci à Ayerdhal, qui a fort intelligemment et le premier souligné une parade intégrée dans FB, mais très peu documentée : les listes d’intérêt. Pour parer à ce filtrage automatique de votre flux d’actu, vous pouvez créer des listes d’intérêt pour classer vos amis et pages suivies en groupes où, normalement, vous recevrez toutes les mises à jour. Pour ce faire, cliquez sur la roue crantée en haut à droite du profil suivi et cliquez « Ajouter à une liste d’intérêt » (on vous proposera d’en créer une si vous n’en avez pas). Vous avez intérêt à faire ça au plus vite avant que Nike, MacDo et Coca n’inondent votre flux d’actu d’images toutes lol à faire tourner pour lutter contre l’infarctus de l’auriculaire. Néanmoins, cela reste une manoeuvre bien compliquée pour ce qui était à l’origine simple et naturel ; et qu’est-ce qui empêchera FB, si l’envie lui prend de changer la donne à nouveau, d’appliquer le même système qu’au flux d’actu sur les listes ? Choisissant à votre place ce que vous verrez ?
N’oubliez pas que la solution la plus élégante, gratuite et libre pour suivre une actualité reste le flux RSS : on ne vous cache rien, vous choisissez l’information que vous voulez suivre, et sauter d’un article qui ne vous intéresse pas au suivant qui vous intéresse plus est immédiat. Sans compter que les flux ne mentionnent rien de Farmville.
Merci à Pierre, qui propose les liens suivants pour commencer à découvrir le RSS :
FIREFOX : http://www.francoismagnan.info/node/15
CHROME (pas testé) : https://chrome.google.com/extensions/detail/nlbjncdgjeocebhnmkbbbdekmmmcbfjd?itemlang=fr
AUTRES Le RSS est standardisé et de nombreuses solutions existent pour le lire. La plus populaire est probablement google reader, mais de nombreux autres logiciels existent pour s’en servir (une recherche d’agregateur RSS dans google vous aidera à trouver votre bonheur). https://www.google.com/reader/view/
Pour mémoire, le flux RSS de ce site habite ici, et il y a toujours la newsletter.
N’hésitez pas à continuer à partager votre expérience, vos parades en commentaires. Une seule directive ; je ne veux plus de pub à peine dissimulée pour TheChangeBook. Vous pouvez en parler, mais soyez constructifs et argumentés. Je supprimerai également sans préavis toute réaction qui emploiera l’expression « alternatif et engagé », parce que j’ai toujours regardé les dreadlocks comme un danger pour la santé publique.
Note de bas de page visant à la transparence : pour voir si le phénomène peut être réédité, je vais payer à nouveau pour cet article sur FB. Oui, c’est nourrir la main qui vous mord et le serpent qui se mange la queue, mais le scientifique en moi ne résiste pas à une expérience.
J’ai fait la même chose sur un de mes posts……………oh surprise, j’ai payé, mais comme le post n’a pas du passer une certaine « censure », je n’ai aucun retour: et naturellement on ne me rend pas mes 5 euros………
Se plaindre d’un service efficace, franchement…
Tout ça pour dire que t’as 1.100 amis. Tsss…
Et bien moi je suis contente que l info soit arrivée jusqu’à moi……..marketing social: je fais de la promotion pour moi (utile) en aidant les autres ( utile)……..où est le blême Julien ?
Julien est un coquinou. 🙂
Désolée, je suis une rebelle et une latine………je démarre au quart de tour 😉
wouah…sur doctissimo quand même…
combien d’amis en plus depuis la parution de l’article ?
Il « like » le « coquin » en effet…..mdr
Pas de problème Brigitte. Je suis latin donc un peu taquin.
Pas de problème Brigitte. Je suis latin donc un peu taquin.
D’Hem?? latin…..ah
Plus sérieusement. Merci Lionel de te pencher sur cette « nouveauté » et de prendre le temps de l’analyser. Le procédé est extrêmement malsain de la part de MZ : créer un état de dépendance, puis le faire payer. Aurait-il agi autrement en cas de vrai concurrence ou si FB ne s’était pas ramassé en bourse ?
Si tu as décuplé ton traffic c’est pas que parce que tu as payé, c’est parce que tu as fait un billet intéressant qui a été beaucoup partagé 😉
Et moi je t’ai ajouté sur G+ et je compte te suivre dessus plutôt que sur Facebook.
C’est très sympa ! Merci 🙂
J’aurais tendance à être assez d’accord… Moi, en tout cas, j’ai partagé ton article auprès de mes 4800 et quelques amis, donc ça a dû être assez vu. Je l’avais vu non pas sur ma liste d’actu (je ne sais pas s’il s’y est trouvé ou pas), mais parce qu’un de mes amis « proches » l’avait partagé sur son mur.
Pour tester, faudrait essayer avec un article qui parle de tout autre chose, et qui aura donc moins de chances de faire 14 fois le tour du monde en étant partagé par tout le monde.
Cela dit, je te remercie pour cet article, je n’avais jamais vraiment réalisé à quel point les publications étaient « bridées » par facebook. Je remarque en effet que depuis quelques semaines, j’ai moins de réactions à mes statuts, je comprends maintenant pourquoi (non, pas qu’ils soient devenus moins intéressants, ils n’ont JAMAIS été intéressants ^^).
C’est le principe de toute entreprise qui croit! on crée d’abord le besoin…..on fait payer ensuite pour en converser les avantages……le principe même des réseaux de stupéfiants……
Lionel, depuis plus d’un an, les flux RSS ne sont plus dispos pour les murs FB perso, juste pour les pages…
Une entreprise répond d’abord à un besoin. Non ? Même FB à sa création. La seule à ma connaissance qui crée un besoin, c’est Apple.
J’ai lu les 2 articles en question, tous les 2 postés par Ayerdhal que je suis (du verbre suivre) sous fesse-bouc. Maintenant, il fait partie de ma liste d’intéret 🙂
[ces données sont pour le scientifique voulant analyser son traffic 🙂 ]
Héhé, merci pour l’intervention et votre intérêt 🙂
Ceux qui croit qu’Internet est gratuit sont des rêveurs, de doux rêveurs sympathiques mais rêveurs quand même. Payer pour avoir un meilleur service est logique, c’est même la base d’un service, mais on n’est pas obligé
🙂
1) personne ici ne croit que FB est gratuit. Tout le monde sait que c’est le client de FB qui est sont produit et qu’il ne devrait pas espérer faire payer ses produits… ou bien ?
2) FB != internet. Il y a plein de services payants sur internet, et je crois que personne n’est surpris. En revanche fournir un service gratuit… ou plutôt financé par la pub ou la collecte de données, puis exiger un paiement pour le service de base est pour le moins contradictoire.
3) Enfin, il est évident que, en situation de monopole (de fait), FB est autorisé à changer ses condition à son gré. Et le pourra à nouveau dans le futur. En revanche les utilisateur son autorisés à râler… et aller ailleurs.
Merci, Christophe. C’est exactement la raison d’être de ces articles.
En effet à la base il est normal de payer pour promouvoir une chose. Par contre je ne suis pas d’accord de payer pour que ma tante (fictive) aux USA puisse savoir que j’ai eu mon diplôme, ce qui à la base était le but de FB. Autant revenir aux emails groupés dans ce cas.
Nat Ze Kat : Je parle des flux des sites que l’on a tendance à suivre sur FB en se disant qu’on sera notifié des mises à jour. Ce n’est pas le cas, donc il vaut mieux revenir au flux d’origine du site lui-même et pas à FB.
Diyann Belle Dame : Une demi-douzaine, je dirais.