À la Worldcon de Dublin ! Programme personnel

“Tá sé ina liathróid” comme on dit en Irlandais, soit, d’après Google Translate, “c’est de la balle” (même si une traduction inverse m’informe que ça signifierait plutôt “c’est une balle”, mais bon, ça peut toujours être utile dans une partie de ping-pong), et donc : cette semaine, je m’envole pour Dublin, et assister à la convention mondiale de science-fiction, alias Worldcon.

Comme les fois précédentes (2009, 2014, 2017), je m’efforcerai de partager ici (peut-être à des heures douteuses) mes aventures et ressentis de jour en jour, selon mon énergie et mon niveau de sommeil. En tout cas, je suis ravi de participer une nouvelle fois à cette immense fête de l’imaginaire, comme on en voit rarement ! C’est aussi pour moi l’occasion de faire mon fan chevelu et de m’émerveiller benoîtement devant les choses incroyables qu’on croise toujours lors d’un tel événement.

J’ai par ailleurs l’honneur d’avoir un programme assez fourni :

Jeudi 15 août

11h30 – So long, and thanks for all the fish  |  Point Square , Odeon 2 Moderator Dr Claire McCague (Simon Fraser University) Lionel Davoust Linnea Sternefält Becky Chambers

Table ronde. Like the dolphins of Hitchhiker’s Guide, nonhuman life can communicate with humans in numerous ways including non-verbal interactions, signalling, and even parasitism. Panellists from diverse fields of research discuss the oddness of life and the strange ways the natural world talks to us.

13h – Non-English language SFF television   |  CCD , Wicklow Room-2 Moderator Claudia Fusco Harun Šiljak (Trinity College Dublin, CONNECT SFI Centre for Future Networks and Communications) Cora Buhlert Lionel Davoust J. Sharpe (Zilverspoor)

Table ronde. Interest in TV from different countries is increasing. There are many good SFF TV shows produced in non-English speaking countries, and they are getting easier to find. The panel discusses their favourites and what makes them worthwhile to watch.

15h – Fantastical travel guide   |  CCD , Liffey Hall-2 Moderator Marianna “Kisu” Leikomaa Lionel Davoust Melissa Caruso Juliet E McKenna Karolina Fedyk

Table ronde. Do you fancy a trip to a fantasy realm? Want to avoid stumbling into Moria or falling off the edge of the Discworld? Our panel of authors are here to help you by roleplaying as one of their characters and trying to persuade you to travel to their fantasy worlds.

Dimanche 18 août

14h – Autographs  |  CCD , Level 4 Foyer Lionel Davoust Dr Theodora Goss (Boston University and Stonecoast MFA Program) J.S. Meresmaa Kim ten Tusscher Rick Wilber (Western Colorado University) Séance de dédicaces.

18h – Soundtracks for SFF film and TV   |  CCD , Liffey Hall-2 Gabrielle de Cuir (Skyboat Media Audiobooks) Lionel Davoust Lucy Hounsom Sam Watts

Table ronde. Soundtracks make a huge difference to the feel of a movie or TV show. What qualities make for a good soundtrack? Is there a difference between soundtracks for movies and for television episodes?

Lundi 19 août

14h – Untranslated SFF    |  CCD , ECOCEM Room Moderator Alexander Hong Lionel Davoust Haruka Mugihara Wataru Ishigame (Tokyo Sogensha)

Table ronde. The world of SFF is often extremely anglocentric, but there is a wealth of speculative fiction from non-English-speaking countries that has yet to be translated, and may in fact never be available in English. What are we missing? How do publishers decide which works merit translation and which do not? Is English translation necessary for the success of SFF works or not? The panel will discuss their favourite untranslated works and the politics of translation.

À très vite là-bas si vous avez la chance de pouvoir faire le déplacement, et sinon, à très vite ici tandis que je ferai de mon mieux pour partager ce qui m’a amusé ou intéressé !

2019-08-18T22:48:45+02:00lundi 12 août 2019|À ne pas manquer|9 Commentaires

Worldcon 2014 Londres : jour 1

Bon ! Tu te rappelles, auguste lectorat, que les chroniques d’événements ne sont pas mon truc ? Hein ?

Cela étant dit, je m’y risque quand même. Je l’avais fait en 2009 pour celle de Montréal, et une convention mondiale, c’est un événement très particulier.

Une Worldcon est avant tout une institution de longue date (c’est la 72ème cette année) qui porte en elle toute l’histoire du genre – presque un siècle d’imaginaire. Les géants d’hier (et d’aujourd’hui) ont participé aux Worldcons, les Asimov, Vance, Sturgeon, et c’est peut-être l’impression la plus marquante que l’on a quand on y met les pieds : un mélange de révérence pour l’imaginaire, la conscience étrangement aiguë – plus qu’ailleurs – de poursuivre humblement une longue chaîne d’histoire, et la célébration la plus joyeuse et la plus geek qu’on puisse imaginer sur le sujet. Une Worldcon, c’est une célébration et une déclaration d’amour au genre, dans toute son identité, du merchandising le plus kitsch aux livres les plus beaux, des T-shirts les plus surréalistes aux cosplays les plus réussis, c’est l’endroit où l’on peut comparer la puissance de feu d’un destroyer stellaire à celle de l’Enterprise avec le plus grand sérieux, où l’on trouve des sujets de débats archi-pointus qui feraient frémir d’angoisse tout organisateur de festival normalement constitué, c’est le “peuple de la SF” – pour reprendre l’expression de notre regretté camarade Roland C.  Wagner – dans tout ce qu’il a de barbes mal taillées et de robes à dentelles, de rêve et de réflexion, d’improbable, de touchant et de beau.

Là, c'est la queue pour retirer son accréditation. Si mon réveil avait sonné à l'heure, je n'aurais peut-etre pas du attendre une heure.

Là, c’est la queue pour retirer son accréditation. Si mon réveil avait sonné comme prévu, je n’aurais peut-être pas dû attendre une heure.

Car une Worldcon ne fonctionne pas sur le principe d’un festival classique tels qu’on les connaît en France : fondée principalement sur les inscriptions à l’avance, par définition, elle n’attire que les vrais fans d’imaginaire et ne s’adresse qu’à eux. Ce qui permet des débats et des activités qui font rêver tout passionné : des tables rondes pointues sur les langages fictifs ou le réalisme des armes médiévales ; des séries de conférences sur la biologie spéculative ; la place du jeu vidéo dans l’imaginaire ; des activités pour les enfants qui apprennent à construire un TARDIS. Le programme est bourré au dernier degré : à chaque heure, il se passe bien une quinzaine de choses en parallèle, mais c’est suffisamment bien conçu pour ne pas se marcher sur les pieds.

Le "fan village" et au-dessus, les boutiques.

Le “fan village” et au-dessus, les boutiques.

Une Worldcon a ses traditions, ses usages, qu’on découvre peu à peu ; celle de Montréal m’y avait déjà un peu formé. Le “fan village” présente quantité d’activités associatives, en particulier les villes candidates pour les années à venir – principalement Américaines, mais il y a Helsinki avec une forte proposition en 2017, Dublin en 2019, la Nouvelle-Zélande en 2020 et même Paris en 2023. Au-dessus, les boutiques et stands d’éditeurs donnent envie d’hypothéquer sa maison et son chien pour acheter bijoux artisanaux, T-shirts improbables ou bien belles éditions de classiques.

Les boutiques, temple de la tentation.

Les boutiques, temple de la tentation.

Evidemment, on n’est pas là que pour donner des sous à la filière, il y aussi quantité de choses à voir et pour ma part, cette année, j’ai décidé de m’octroyer un luxe particulier : clairement, je fais mon gros touriste. Je vais voir des trucs improbables, ou que j’ai toujours voulu approfondir sans m’en donner le temps. Bien sûr, cela entraîne des échecs rigolos comme cette discussion que je pensais prévue autour de l’imaginaire comme aide au développement personnel (j’espérais entendre des histoires de thérapie réussies, pour fourbir mes armes contre ceux qui dénigrent la littérature de genre) et était en réalité une session d’anecdotes échangées avec la salle sur le fandom de l’imaginaire comme aide au développement personnel (sujet intéressant aussi, mais pas du tout ce que je venais voir – ça m’apprendra à lire trop vite). Une session sur les réfugiés en SF et dans le monde réel a fait progresser mes réflexions sur le sujet (difficile d’écrire sur des guerres, même fictives, sans y songer beaucoup). Egalement des échanges sur le sujet du langage, de la cryptozoologie, de la biologie fictive…

Zoologie spéculative

En débattant de zoologie spéculative.

Et bien sûr, il y a le plaisir de retrouver les amis de la délégation française (un record, 200 personnes cette année !) : blogueurs, éditeurs, camarades traducteurs et auteurs, attrapés au vol, comme toujours. Au total, j’ai entendu le chiffre de 6000 inscrits à LonCon – une grande fraternité de l’imaginaire où G.R.R. Martin paye son badge comme son lecteur dévoué, tous rassemblés avec le même bagage culturel, la même passion, où l’on peut, à l’échelle de l’échantillon mondial ainsi représenté, rêver collectivement à d’autres mondes de magie, de technologie ou d’inexplicable, avec ce mélange de profond sérieux et de jeu débridé que seul l’imaginaire propose.

(Pour mémoire, je suis ce soir en débat à la Worldcon à 20h sur le thème de la traduction de l’imaginaire étranger en anglais, ses défis, sa réalisation et ses obstacles. Venez nombreux, que l’on montre au monde que nos voix comptent aussi !)

2014-08-18T01:09:00+02:00vendredi 15 août 2014|Carnets de voyage|6 Commentaires

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