Pas assez de contenu dans World of Warcraft, pas assez skillé pour jouer à Warcraft en ligne, pas assez de temps pour essayer Eve Online, pas assez réveillé pour Cities XL : je me trouvais quelque peu orphelin d’une nouvelle drogue vidéoludique. Car, après avoir goûté au plaisir du jeu en réseau, lequel reflète dans toute sa grandeur et sa richesse le tissu humain, après toutes ces rencontres délicieuses et cette coopération omniprésente 1, cette conscience évidemment indubitable que tout cela est un jeu et non une question de vie ou de mort, je ne me voyais pas revenir à des plaisirs solitaires, quasiment coupables.

Une communauté délicieuse et patiente à l'expression courtoise

Nanmého s'est vray quewah

Heureusement, au bout d’une longue recherche (et grâce à quelques conseils avisés), j’ai enfin trouvé le jeu ultime, celui qui pourrait à nouveau occuper mes nuits, une formule tellement simple et élégante que je me demande comment personne n’y a pensé plus tôt. Un jeu qui place enfin l’élément le plus important d’un RPG au centre de l’action : la progression du personnage. Les développeurs, lucides et efficaces, ont bien compris que l’histoire, finalement, hein, on s’en cogne grave les agates. On y retrouve les ingrédients habituels du RPG : montée de niveau, évolution de l’équipement, quêtes, mais celles-ci, enfin, ne servent que de prétexte à tuer des trucs pour ramasser des machins qui rajoutent des chiffres dans des cases, le but étant de les avoir les plus énormes possibles (les chiffres, pas les cases).

Et ce jeu est gratuit !

Je vous présente cet enfant du XXIe siècle, cette création salvatrice, j’ai nommé…

Le jeu se démarque en plus de la concurrence par sa pléthore de classes de personnages et de races. J’ai par exemple le bonheur de jouer en ce moment même, alors que je tape cette entrée de blog, Bruwa, mon demicanadien biclassé guerrier / organiste, qui vient de passer (je vérifie)… ah, niveau 2. Les quêtes sont dans l’esprit que les modèles du genre, EverQuest et WoW en tête, ont popularisé auprès des masses : Bruwa a dû accomplir les missions « Va me trouver une chaussette », « Va me trouver un oeuf » et « Extermine des écrevisses ». Il faut bien évidemment retourner souvent en ville vider l’inventaire du butin accumulé avant de retourner à la chasse.

Ce n’est pas tout. Progress Quest pousse la modernité encore plus loin : les niveaux n’étant en réalité que des abstractions de progressions d’expérience, laquelle augmente par la réalisation de quêtes, le jeu se concentre sur le coeur de ce gameplay innovant – remplir des barres de progrès pour en remplir d’autres, lesquelles, une fois pleines, en remplissent encore une troisième. Mais surtout, les développeurs ont bien compris l’équivalence entre le temps passé et la puissance du personnage tout en laissant le joueur maître de son temps, grâce à une fonctionnalité qui n’était jusqu’ici réservée qu’aux clients de services asiatiques douteux :

Progress Quest joue tout seul !

bruwa

Mon tout jeune personnage accomplissant ses premiers pas. Ouais, en fait, j'ai reroll.

Si j’ajoute en plus qu’il existe un mode multijoueur, où des serveurs permettent de réaliser la seule et unique activité qui compte vraiment aux yeux de tout joueur de MMORPG – comparer ses gros chiffres aux autres -, vous comprendrez pourquoi PQ réalise l’alchimie ultime en ne conservant que les éléments de gameplay qui comptent vraiment.

Un point noir vient quand même entacher ce tableau : l’inventivité des objets ramassés et du bestiaire, qui incitent à rester devant l’application et à en lire les messages pour rigoler. Pour que PQ soit parfait, il aurait fallu qu’il ne suscite absolument aucun intérêt d’aucune sorte, permettant à l’utilisateur de se concentrer pleinement sur les tâches utiles de son quotidien, comme manger des pneus ou écrire des notes de blog (ding level 3 !).

Bref, je crois qu’il ne reste plus qu’à fonder une guilde.

Progress Quest se télécharge ici.

  1. J’exagère. Je connais des guildes où il fait bon vivre, dont la mienne (mais ils sont tous belges, c’est leur excuse pour être sympas).