Retour deux semaines plus tard : l’article intitulé « Comment la libération de la diffusion fait le lit des publicitaires » a suscité toute une quantité de réactions, sur Twitter et des blogs, allant de l’assentiment à l’hostilité la plus franche (et même des insultes, rétractées par la suite, mais ça fait drôle) : le numérique cristallise beaucoup d’espérances, mais aussi un certain nombre d’extrêmismes, dont, évidemment, cet angélisme dont je me méfie énormément – mais un angélisme en mode Tipiti au pays des Toupoutou :
Je constate avec un certain amusement que je peux basher le Pape, tout le monde s’en contrefout, mais qu’on ne peut apporter de critique argumentée sur les espérances d’Internet sans prendre le risque de se prendre une croisade sur le coin de la figure, parce qu’Internet, c’est sacré, c’est le salut, et tu n’impliqueras point qu’il pourrait ne pas être parfait. Il doit y avoir une leçon à tirer de tout ça sur notre époque, je suppose.
Bref, maintenant que la houle est retombée et que j’ai un peu de recul, je voudrais apporter quelques clarifications qui paraissent nécessaires :
- Je suis un geek. J’étais déjà sur Internet à surfer la nuit sur quatre machines à la fois dans les salles de mon école à l’époque où bien des activistes d’aujourd’hui n’en entendaient que seulement parler. L’information, puis le Net au tout début de sa démocratisation sont ma culture et ma patrie depuis, euh, toujours. Mais c’est bien pour cela que je m’avère prudent avec les miens : il faut être attentif à ses amis et à sa famille pour les prévenir quand on a l’impression qu’ils risquent d’errer, en espérant qu’ils fassent de même avec soi. Avec un détail d’importance : il ne convient pas de convaincre, mais d’être entendu. Je ne donne de leçons à personne ; je m’interroge, je m’inquiète.
- Je ne prétends rien inventer. Oui, la publicité existe déjà à notre époque, oui, le numérique offre la possibilité d’exister à des oeuvres qui n’auraient jamais vu le jour en fonction de leur faible coût, oui, la promotion est évidemment importante. Il est nécessaire qu’on parle de soi pour trouver son public. Je critique seulement l’idée selon laquelle le numérique doit tout abattre, tout changer, tout réinventer, et, ce faisant, nous sauvera tous. J’avance que cette optique conduira à un déséquilibre peu souhaitable en faveur des communicants et non de l’art alors que les deux, idéalement, seraient en équilibre.
- J’espère me tromper. Je ne tirerais aucun plaisir à avoir raison, pas plus qu’on ne se réjouit de voir les éléments dystopiques d’une fiction se concrétiser. Bien sûr, j’aimerais que le numérique permette à tous de vivre, qu’on trouve un juste équilibre entre acteurs, que la communication ait un rôle d’information et non de matraquage médiatique. Mais si je parle de tout cela, c’est que je n’en suis pas sûr ; c’est que j’ai peur d’avoir raison. Alors, rendez-vous dans quelques années, en espérant que nous trinquerons ensemble à ma bêtise infondée et je vous assure que je serai le premier à vider la bouteille.
- Quant aux attaques ad hominem, ma foi, j’ose espérer que mes actes et mes archives suffisent à en démontrer l’inanité.
Retour à des activités un peu plus funky dans la semaine !
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C’est étrange, je n’aurais même pas cru que ce genre d’article puisse porter à polémique. Je n’avais pas du tout réfléchi à ce problème, naïvement plongée dans mes bibliothèques comme d’habitude.
En tout cas, je pense que tu as très bien démontré les dérives d’un tel système, et je pense que tu as raison.
Par contre, ce que je trouve génial, c’est la numérisation grandissante des oeuvres tombées dans le domaine public. Google livres est mon ami 🙂 Grâce à ça, j’ai plusieurs livres en pdf sur mon ordi, pour faire un mémoire, c’est ultra-pratique.
Merci beaucoup Maloriel !
Je suis moi aussi ravi par la mise à disposition du domaine public, je rattrape une tonne de classiques que je n’avais jamais lus… Je passe surtout par Gutenberg.net en revanche – ils ont de l’ancienne SF et fantasy en VO, Lord Dunsany par exemple 🙂
Ah c’est bon à savoir ça !