De belles histoires

Ces Utopiales 2011 sont terminées et, comme toujours, je suis bien ennuyé pour essayer de transmettre l’expérience, ne serait-ce que parce que ces festivals sont toujours quatre jours intenses de rencontres, de retrouvailles et d’interventions. Encore davantage cette année puisqu’en plus de mes propres interventions, j’ai dépanné un peu en traduction, ce qui m’a permis de rencontrer Ian McDonald, Glen Cook et Greg Broadmore (l’excellent illustrateur du festival et créateur de l’univers steampunk du Dr. Grordbort, qui a donné lieu à une exposition totalement délirante), et de revoir James Morrow, qui est aussi intéressant et charmant que ses livres.

Le Dr. Grordbort et son assistante, prêts à pourchasser le fléau vénusien

Le thème de ces Utopiales était « Histoires », ce qui a fait souvent tourner les tables rondes autour des relations que les genres de l’imaginaire entretiennent avec l’histoire réelle, grande ou petite, ainsi que sur les thèmes de la prospective avec les réseaux. Je suis assez content d’avoir eu l’occasion de parler d’un certain nombre d’idées auxquelles je réfléchis en ce moment. Notamment dans le cadre d’un débat sur les conspirations avec Lauric Guillaud et Roland C. Wagner (vainqueur du prix européen des Utopiales pour Rêves de Gloire ; bravo, camarade !), il s’agissait double rôle que joue l’histoire dans la narration, à la fois comme terrain de jeu mais aussi comme contrainte de vraisemblance, ce qui a donné lieu à quelques discussions fort intéressantes avec quelques lecteurs sur l’exigence de cohérence d’un récit et les attentes inconscientes que suscite un cadre. Je ne crains de ne pas avoir été bien clair, en revanche, dans le débat sur la fantasy et l’histoire, où je tenais à insister sur le côté « cool » et « fun » des éléments que l’on intègre dans un roman, parce qu’au-delà du thème que l’on veut traiter, parfois de façon sérieuse et profonde, il y a aussi l’envie, les éléments qui amusent, et que l’on veut placer, simplement parce que, eh bien, ça fait tripper. Pourquoi l’Empire d’Asreth (La Volonté du Dragon) emploie-t-il des armures personnelles lourdes ? Parce qu’avant toute chose, les méchas, j’ai grandi avec, et je trouve ça cool. J’assume totalement. Ensuite, j’exploite le potentiel narratif de cet élément, je le justifie, je bâtis autour, je l’intègre, je réfléchis à ce que cela implique culturellement, etc. Mais, à l’origine, il y a une envie. Et je pense que c’est très important dans la création.

J’appréhendais un peu les deux débats autour du web 2.0 et du web participatif parce que je craignais de ne pas très bien savoir où me placer, mais je pense que ce sont ceux qui se sont le mieux déroulés. J’ai réussi à mentionner ce qui me tient à coeur en ce moment, l’usage de l’esprit critique face à l’information, l’attitude créatrice du soi derrière un avatar ou une identité numérique (dont nous avons parlé ici), la neutralité du Net ou encore la loi du tomahawk et de la bombe atomique.

J’ai été également très surpris et touché par l’engouement qui commence à se former autour de Léviathan : La Chute, que ce soit de la part des lecteurs, des journalistes, des habitués du milieu, des blogueurs… Je ne citerai personne par peur d’oublier du monde, mais je veux donc vous dire, comme souvent, un très grand merci pour votre intérêt et pour être entrés dans le jeu de la trilogie !