C’est probablement aussi ce que ce sont dit les organisateurs de la soirée du même nom, qui aura lieu demain soir à Nantes. (Donc, non, ce n’est pas un post à troll, désolé, hah.)
Au programme : un débat sur le genre (avec Norbert Merjagnan, auteur des Tours de Samarante, Marie Masson, coordinatrice générale du festival Utopiales et Denis Savine, traducteur de Metro 2033 et Metro 2034 de Dmitry Glukhovsky à l’Atalante), un concert, des lectures, des jeux… pour répondre à ceux qui disent « j’aime pas la SF ! » – alors qu’il n’en ont, la plupart du temps, jamais lu une ligne.
Toutes les infos se trouvent sur le blog de l’événement : http://jaimepaslasf.blogspot.com/
D’autre part, à l’occasion des Utopiales, les organisateurs ont interrogé un nombre impressionnant d’auteurs, éditeurs, traducteurs pour connaître leur réponse à une simple question : « Que diriez-vous à quelqu’un qui n’aime pas la SF ? » Avec les réponses de Roland C. Wagner, Norman Spinrad, Jeanne-A Debats… Tout est disponible sur cette page – si vous cherchez des arguments pour convaincre vos proches que si, vous lisez / écrivez de la vraie littérature, il y a peut-être des choses à piquer.
Votre humble serviteur s’est prêté à l’exercice, entretien écoutable ci-dessous ou sur cette page :
Je vais tâcher d’y passer !
Tu nous raconteras ! 🙂
Je n’aime pas la SF, parce que je ne veux pas devenir comme Georges, est-ce valable ?
« Je n’aime pas la SF » « Je ne lis pas de SF », moi j’aime entendre ça…
Je dois le confesser, un de mes plaisirs -partiellement pervers, soyons franc- dans le cadre de mon métier c’est de contaminer insidieusement des collègues -en général de lettres- qui détestent la science-fiction.
J’ai pour cela quelques chevaux de Troie que je prête nonchalemment… Kirinyaga, Des Fleurs pour Algernon, les nouvelles de Sylvie Lainé ou de Dunyach. J’ai même réussi à faire lire l’homme dans le labyrinthe de Silverberg à une prof de lettres classiques sous couvert de la relecture qui y est faite du mythe de Philoctète.
En général ça plait et vient l’estocade: « mais tu sais, c’est de la SF? « Incrédulité en face. Coup de grâce, « bin oui, la SF littéraire ça n’a rien à voir avec les mauvais films. » Après on peut discuter posément.
Je pense qu’en France on souffre du terme unique SF, les anglo saxons s’en sortent mieux avec Science Fiction ou Speculative Fiction Vs SciFi. La plupart de gens ne savent pas ce que c’est vriament que le SF écrite.
Pour le lecteur « je lis plus de SF depuis X année », un petit Wilson des familles et la maladie se redéveloppe gaillardement comme un kudzu!
(Nicoooo je te dois un mail depuis 1624 et j’ai un truc virtuel pour toi.)
Très bonne technique, encore plus retorse que la mienne – tu as raison, il ne faut pas annoncer la couleur ! 🙂
Cela dit les barrières s’érodent lentement, mais visiblement, je vois à ma modeste échelle que les médias généralistes ne sont pas fermés aux genres si l’on fait un léger effort de présentation dans les projets (et merci à eux).
Et je plussoie vigoureusement pour Wilson. D’ailleurs, un livre comme Spin est vraiment lisible par tous les publics, et c’est un beau roman de pure SF.
Le problème venait peut être (même si de façon moindre) des deux côtés, j’ai parfois l’image d’aristocrates vieillissants dans une cité en train de s’effrondrer petit à petit se consolant « ah il y a des si beaux bouquins de genres, pourquoi les gens ne comprennent-ils pas? »… (loin d’être la majorité toutefois mais certains…) Prendre le temps de voir comment faire « un léger effort de présentation » pour qu’une compréhension puisse germer n’est pas si courant (et ça implique de cerner son interlocuteur aussi, pour une légère manipulation positive. Toute pédagogie est une manipulation au bout du compte c’est la forme qu’elle prend et l’intention qui la supporte qui la justifie -ou pas, et tu es un très bon pédagogue Lionel…).
Les barrières s’érodent lentement pour nos générations, elles n’existent absolument plus pour les générations « harry potter » qui sont arrivés à l’âge adulte. Mieux la vieille barrière du genre (sexué!) a disparu aussi, je peux te dire que les plus grands lecteurs de fantasy et de Sf dans mon CDI sont des jeunes filles. J’ai une amie qui vient de passer son master en lettres sur le gothique, impensable à mon époque!
Tu ne me dois rien! mais en revanche moi je me sens redevable vis à vis de l’ami qui a pris de son temps pour l’habillage sonore d’Aarluk, si tu peux me dire ce que tu en penses ça serait cool, et si tu as perdu le Cd je t’en renverrai un.
Accolade virtuelle camarade!
Merci 🙂 Par moments j’ai un peu l’impression de prêcher dans le désert. Je regrette en fait la distinction qu’on faisait il y a quinze ans : il y a la littérature mimétique, et la littérature non-mimétique. Le reste – SF, fantasy, surréalisme – n’est qu’affaire de spécialistes. J’espère en tout cas que la génération HP gardera sa fraîcheur – on a tôt fait à l’âge adulte de se dire qu’on est « passé à autre chose de sérieux » ce qui est dommage et absurde.
Et, effectivement, il y a surtout des lectrices aujourd’hui. Tant mieux que cette barrière-là soit tombée.
(Je t’écris rapidement.)
Hum… J’y suis allé un peu trop fort dans le message précédent, désolé, mauvaise journée au taff. Hum… Je ne connaissais pas les termes mais mimétique et non mimétique ça a le mérite d’être clair.
Pour la perte de fraîcheur, j’ai une collègue pottérienne de 23 ans dont je suis pédagogiquement amoureux: des séances de francais extraordinaires et d’une grande inventivité. Magique! et dans le réel>> une experte es stratégies du réenchantement!!
Pourquoi un peu fort ? Je ne trouve pas, et puis tu as le droit d’être véhément, ta pensée était parfaitement claire 🙂
Deux trucs, un ici c’est un endroit agréable et la patron est sympa mais ça reste son bistrot donc si je veux partir dans des trucs polémiques… j’ai qu’a ouvrir mon établissement.
Et deux franchement tu mets pour les aristocrates « professeurs » ou « distingués collègues de l’hydre nationale » et « élèves » pour gens, « programmes » pour livres de genres et là t’aurais ma véritable gueulante ^^. Je me suis pris la tête avec des collègues qui se lamentent mais qui sont incapables d’essayer de se remettre en cause. Ca m’a gonflé, et en relisant le post ici je me suis dit que j’avais transposé… en grande partie.
Je compatis grandement, j’en aurais autant au service des vieux barbons de la littérature.
Tant que tout le monde reste correct, le barman n’a rien contre les discussions polémiques – si on s’empêche de prendre quelques risques, on ne dira jamais grand-chose 😉