Je suis ambivalent vis-à-vis des zoos. J’ai travaillé dans un excellent zoo marin, qui s’efforçait par tous les moyens de présenter intelligemment la faune au public de manière pédagogique et instructive. Il ne faut pas non plus sous-estimer leur intérêt scientifique. Mais leur raison d’être s’effondre quand ils deviennent des machines à fric, le chemin que semble prendre Sea World aujourd’hui.
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23 Commentaires
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J’aime pas. Je me demande toujours ce qui se passerait si les gens n’allaient effectivement plus dans les parcs aquatiques. Que deviendraient les animaux captifs ?
Il est impossible de les relâcher, quoi qu’en disent les associations. Ca se termine toujours mal (voir l’exemple tragique de Keiko). D’autre part, les zoos sont indispensables à la mise au point de protocoles d’étude en milieu naturel, comme le calibrage de méthodes génétiques, etc. Mais cela ne justifie pas d’en faire des machines à fric façon Disney.
Je reste abasourdi par les différence d’espérance de vie des orques, c’est ce que j’ai retenu de l’article sur Granny, la doyenne centenaire alors qu’en captivité on est dans la dizaine d’année maximum.
Oui. Mais tu vois par exemple, dans le cas des marsouins, la captivité a permis de calibrer une méthode bluffante qui te dit si des cétacés sont passés par là dans les derniers jours (et quand) rien qu’en analysant l’ADN contenu dans l’eau.
Genre un marsouin passe devant chez moi, je peux le savoir 😛
Mmmmmmmmmmmmm, j’ai lu “Derrière les bourreaux” …. intéressant ! 🙂
C’était pas une prise de position, le sujet est trop complexe, j’ai pas assez de données 😉 Le seul truc c’est qu’effectivement le côté j’ai plus de mal avec le côté spectacle, déjà les cirques d’animaux j’aime pas.
Sataï : Espèce de psychologue 😉
bon après qu’il y ait une granny centenaire ne garantit pas que ce soit l’espérance de vie normale de la bestiole – même si 10 ans non plus.
Je l’ai déjà dit je ne sais plus quand, j’ai bossé un été au clearwater marine aquarium, près de Tampa (floride); la plupart des animaux qui y étaient hébergés y avaient été recueillis suite à des blessures et ne pouvaient pas être relâchés, et les “spectacles” y étaient 100% éducatifs…
Les zoos me dépriment. Si le zoo ou l’aquarium est associé à des programmes de recherche, c’est un moindre mal, mais je crains que ce ne soit pas toujours le cas :/
<3 j'ai de plus en plus de mal avec les zoos depuis que j'ai croisé le regard apathique et morne d'un vieux guépard qui, visiblement, y attendait sa fin en s'emmerdant comme un aïeul solitaire en maison de retraite. Les parcs aquatiques, je suis plus mitigée, mais j'ai toujours peur, en y allant, de me tromper et d'aller dans une machine à fric et pas un lieu qui permet aussi de faire avancer la recherche.
bah pour le coup… je ne crois pas que beaucoup de mammifères marins se reproduisent en captivité, alors que les guépards, si…
(souvenir de Gaston, lionceau sans dents qui me têtait les doigts en attendant son biberon; puis de Gary et Ishka, l’année suivante, qui jouaient dans la cour avec un gigot saignant. La lionne du zoo local faisait des petits chaque année et ne s’en occupait pas)
Là, le pauvre matou aurait du mal à faire des petits, il était tout seul, visiblement arthritique et dans une cage pas plus grande qu’une chambre de cité U! Après, on peut se reproduire tout en étant malheureux (la preuve: l’esclavage et la guerre n’ont jamais empêché l’homme de perpétuer sa polluante espèce! :p ) (je me fais l’avocate du diable!)
l’homme n’a aucune notion d’autorégulation en termes de reproduction; il fait partie des espèces qui font plein de petits, survit qui peut.
Ce que je veux dire c’est qu’il est très possible qu’un vieux guépard arthritique soit né en captivité, et ait été isolé parce que, vu son âge, il serait mieux tout seul – si il est le dernier de sa troupe par exemple.
J’ai moins de mal avec les animaux nés en captivité qu’avec les animaux capturés pour nous amuser.
j’avoue que je n’en sais rien (sur le point de la régulation humaine, ou de l’isolation nécessaire); par contre, je suis d’accord avec toi sur les animaux nés en captivité (qu’on ne pourrait de toute façon pas forcément relâcher). J’ai juste eu envie de pleurer/vomir en regardant ce guépard pendant qu’il me regardait. On m’accuse souvent de faire de l’anthropomorphisme, et c’est certainement vrai, mais franchement, là, c’était impossible de se tromper. j’ai vu la même expression chez des personnes âgées sans famille qui attendent la mort.
Lionel Davoust, ” la captivité a permis de calibrer une méthode bluffante qui te dit si des cétacés sont passés par là dans les derniers jours (et quand) rien qu’en analysant l’ADN contenu dans l’eau.”
Dans l’absolu, si on ne cherchait pas à exploiter au meilleur rendement possible l’océan, cette information serait-elle nécessaire? Ainsi que la captivité?
autre lecture: “exploiter l’océan en limitant les impacts sur les populations de mammifères marins”
Les informations sont toujours nécessaires à l’homme. Parce que c’est ce qui fait que nous sommes des hommes.
L’information peut être bien ou mal exploitée. Mais si l’information n’est pas disponible, on ne peut rien en faire du tout, en bien ou en mal.
Et les océans sont moins bien connus que la surface de Mars… alors toute bribe d’information est passionnante en soi.
Je ne sais pas si cette information méritait que l’on garde des “générations” d’animaux en captivité.
alors…
1/ la fin ne justifie pas les moyens. ça c’est une certitude.
2/ la recherche ne fonctionne pas “comme ça”; on n’a pas gardé des marsouins en captivité parce qu’on cherchait cette information, on a trouvé ce type d’information parce qu’on étudiait les marsouins en captivité. Et d’autres.
Lorsque le CMA a fabriqué une prothèse de queue pour un dauphin amputé, c’est davantage qu’un acte de générosité – c’est aussi quelque chose qui fait avancer la recherche sur les prothèses en général.
La question ne se pose pas de libérer ou pas les animaux actuellement en captivité, ou de les étudier. La question qui peut se poser, c’est d’interdire d’en capturer d’autres.
A l’exception éventuelle d’animaux qui ne survivraient pas en pleine nature – généralement, d’ailleurs, par notre faute: hélices, filets dérivants, pièges…
Au passage, je parierais qu’on tue davantage de dauphins avec des sacs en plastique que dans des marinelands; et j’ai un souvenir assez écoeuré d’une autopsie de dauphin mort étouffé – il avait mangé un poisson auquel une ligne de pêche était encore attachée, et la ligne s’était enroulée autour de … j’ai pas le nom, mais le tuyau allant de l’évent aux poumons. l’équivalent de la trachée.
Raphaël Aj : Oui, dès lors qu’on cherche à étudier le monde naturel. On ne mesure pas combien c’est difficile d’étudier une faune qu’on ne voit pas. Du tout. Parce qu’elle est sous l’eau et que nous n’y sommes pas.
Pour ta gouverne, nous n’exploitons pas du tout au meilleur rendement possible le milieu marin. Paradoxalement, ça voudrait dire réduire l’effort de pêche. (Si j’ai le temps et l’énergie, j’expliquerai pourquoi, mais là il est tard – cela étant dit, ça se démontre.)
Je suis fan des grandes idées. Vraiment. Mais à un moment, il faut constater ce qu’on peut faire avec la réalité. C’est le coeur de l’écologie: toute réponse tranchée est fausse. Aucune réponse n’est simple. Tous les problèmes ont plusieurs facettes. Souci: selon les mots d’un de mes profs d’halieutique, “les opinions publiques ne comprennent pas le compliqué”. Tragique, mais vrai.
les miens disaient: “ce qui est simple est faux, mais la réalité est trop complexe à expliquer” (voire, à modéliser)
Là ce n’est pas un souci de simplification de modélisation mais beaucoup de transmission au public (et de biais humain à chercher les explications monocausales). Voir par exemple: chimie = mal, bio = bien. Ben non. Déjà, mal ou bien pour qui? Le consommateur, l’environnement, le producteur, la filière?
On ne peut pas dissocier l’écologie de l’usage que l’homme fait du milieu. Et on ne doit surtout pas faire de politique ni prendre de décision sans prendre ces usages en compte. Si déjà l’homme de la rue intégrait ça, pas mal de choses avanceraient mieux. 🙂
oui mais monsanto = mal quand même 🙂
Ellen Nekoblue : ta comparaison est pertinente. Comment peut-on espérer de l’homme qu’il encadre correctement le bien-être des animaux en captivité alors qu’il n’est pas capable de le faire pour lui même (je ne parle évidemment pas des prisons) ?