Toujours un peu difficile de vanter ainsi un ouvrage dont on a fait la traduction, mais je le pense – c’est d’ailleurs pour cela que je me suis retrouvé à piloter ce projet (c’est donc que j’y crois). Bruce Holland Rogers est un nouvelliste d’exception, souvent à la frontière entre le réel et l’imaginaire, dans une mouvance rappelant les grands maîtres du réalisme magique, et surtout, il est capable d’évoquer dans des textes de quelques pages la force d’un haiku, d’une chanson et d’un coup de poing. Il y a quelques années, je m’occupais de traduire ses nouvelles pour un service d’abonnement (qu’honnêtement, je n’ai jamais réussi à vraiment faire décoller en France) ; il était vraiment dommage que ces textes disparaissent dans l’oubli, et L’Opéra des serrures les rassemble ainsi qu’un bon nombre d’inédits. Si vous êtes venu.e à une représentation des Deep Ones, le texte « Traverser la frontière », dont on me demande souvent la référence, est de Bruce1.

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L’Opéra des serrures, c’est quarante textes dont beaucoup sont des « shorts shorts » soit des nouvelles très courtes, quelques pages au plus, qui couvrent l’imaginaire, mais aussi la littérature générale, l’étrange, toujours avec une capacité unique à établir un lien avec le lecteur à travers la communauté de l’expérience humaine. Avec en plus deux copieuses préfaces et un entretien réalisé par votre humble serviteur où se trouve, pour moi, la meilleure définition du métier d’écrivain que j’aie lue, donnée par Bruce :

La technique artistique relève d’une connaissance suffisante de l’histoire pour […] se concentrer sur le lecteur et manipuler adroitement son esprit.

Je remercie également les éditions Rivière Blanche d’avoir accepté de porter un projet un peu dingue et pour la direction littéraire ; le livre est actuellement disponible chez tous les bons libraires, ainsi qu’en ligne, directement sur le site de l’éditeur, ici, là.

  1. Il ne figure cependant pas dans le livre qui est une traduction du recueil américain Keyhole Opera.