Pour ne rien vous cacher, j’ai eu un petit coup de mou avec la fiction sous toutes ses formes depuis un an – ne pas voir la mienne parvenir à son terme avant le siècle prochain m’a un peu démoralisé, mais ô surprise, une fois les horizons un peu éclaircis, la dynamique de l’élan final qui se dessine, ben ça va mieux. Alors j’ai vu des trucs, et c’était vachement bien :

Arcane

De quoi ça cause : Les évolutions de deux sœurs laissées pour compte dans les bas-fonds d’une ville à l’aube d’un faisceau de révolutions. Animation pour grands adolescents / adultes. Fantasy / steampunk.

Cette série n’a absolument pas le droit d’être aussi bien en étant l’adaptation de, MAIS GENRE, League of Legends. Le jeu où l’on termine en pleurant dans son coin sous le feu des insultes de ses ex-amis parce qu’on n’a pas su ratisser le bon corridor de cette map assommante a donné un bon Dieu de chef-d’œuvre d’animation et de mise en scène, avec une histoire peut-être un peu classique mais entièrement portée par toute une galerie de personnages costauds et intéressants, et OH MON DIEU est-ce que je vous ai déjà parlé de l’animation et de la mise en scène ? Comme quoi : quand on a de bons auteurs, peu importe la minceur du matériau d’origine. (Non, je ne suis pas du tout amer envers LoL parce que je suis nul)

Est-ce qu’on y va : Oui, absolument, c’est un ordre, merci. À voir sur Neftlix.

Severance

De quoi ça cause : Des employés peuvent choisir de voir leur mémoire et identité compartimentées pour travailler sur des projets sensibles en entreprise. Et ce qui se passe dans la dite entreprise est extrêmement chelou. Série live pour adultes. SF / thriller.

Okay, Severance est un chef-d’œuvre aussi (je sais, techniquement, on ne peut avoir plusieurs chefs-d’œuvre, c’est tout le sens du mot « chef », mais c’est pas du tout les mêmes gens à la base, suivez-moi plz). C’est bien simple : je n’ai rien vu d’aussi intelligent depuis les tous premiers épisodes de Black Mirror. Une vraie idée intrigante à la base, des mystères dans tous les sens et une ambiance à mi-chemin entre Brazil et Twin Peaks, j’ai avalé la saison 1 sans pouvoir m’arrêter (ce qui m’arrive très rarement maintenant que je suis quadragénaire, blasé et dans l’inexorable déclin de ma fugace existence). (Merci @Nimentrix de m’avoir tanné pour que je m’y mette.)

Est-ce qu’on y va : OUI, OUI, totalement plus vite que ça c’est un ordre, ça vaut un mois d’abonnement rien que pour cette seule série, c’est un des meilleurs trucs récents que je connaisse. À voir sur Apple TV+.

For All Mankind

De quoi ça cause : L’histoire de la conquête spatiale telle qu’elle aurait pu se dérouler si elle ne s’était jamais arrêtée avec l’alunissage américain de 1969. Série live pour adultes. SF / uchronie.

J’avais déjà dit tout le bien que je pense de For All Mankind dans le tour d’horizon initial des séries TV+, et nous en sommes maintenant à la fin de la saison 3. Est-ce que ça tient sur la durée ? Plutôt bien, oui. Avec quelques énormes morceaux de bravoure et une belle écriture, la série flatte parfaitement le fantasme de l’exploration spatiale, d’autant plus qu’elle est très proche de nous en termes techniques et temporels. La série prend également le parti de montrer l’entourage des pionniers de l’aventure spatiale et qui, parfois, souffre de l’angoisse, de l’éloignement, de l’absence ; la plupart du temps, c’est bien écrit et intéressant, mais à quelques occasions, ça bascule hélas dans la lenteur et le prévisible. Néanmoins, c’est une très belle aventure, unique en son genre, à condition de tolérer un ou deux personnages têtes à claques dans le décor. Personnellement, j’attends de pied ferme la saison 4 et je me jetterai dessus dès sa sortie.

Est-ce qu’on y va : Oui, puisque vous allez prendre un mois d’abonnement pour Severance, complétez votre mois d’abonnement en regardant For All Mankind. À voir sur Apple TV+.

The Dragon Prince

De quoi ça cause : L’épopée initiatique de deux jeunes frères et d’une elfe visant à préserver la paix de leur monde en protégeant l’œuf du roi des dragons. Série d’animation pour la jeunesse / les adolescents. Fantasy / médiéval-fantastique.

The Dragon Prince (également appelé dans certains territoires Sur les traces d’Aaravos) me semble tirer nettement son inspiration d’Avatar : Le Dernier maître de l’air pour les évolutions des personnages, son désir d’aborder certains sujets difficiles dans une œuvre pour la jeunesse, ainsi que son discours sur la positivité, l’amitié et l’inclusion. Malgré son univers extrêmement classique (elfes, humains, dragons, écoles de magie basées sur les éléments, monde divisé en deux) et son histoire qui ne l’est pas moins (voyage initiatique), même pour un vieil adulte quadragénaire blasé (cf supra), les auteurs réalisent le tour de force de présenter des personnages très attachants, quelques moments réellement surprenants et plusieurs twists bien sentis. La série souffre ponctuellement de quelques petites failles de scénario, lenteurs et contradictions de worldbuilding si on veut pinailler, mais on n’est pas là pour ça : on est là pour profiter d’un beau voyage avec une galerie de personnages très chouettes. Ça se savoure comme un chocolat chaud devant la télé sous la couverture alors qu’il pleut des cordes dehors, et on se retrouve à enfiler les saisons juste pour prolonger la compagnie des personnages – ce qui est pour moi un gage évident de qualité. Bon, ça n’est pas aussi bien qu’Avatar (c’est difficile d’être aussi bien qu’Avatar), mais j’y ai trouvé la même vibe positive (avec un soupçon de Lodoss War), et ça fait bigrement du bien.

Est-ce qu’on y va : Si vous avez perdu tout contact avec votre enfant ou ado intérieur capable de s’émerveiller devant une jolie histoire d’amitié et d’aventure, n’essayez pas, ça ne marchera pas. Dans le cas contraire, oui, avec le bonus que la gravité ponctuelle de l’histoire pourra ponctuellement surprendre l’adulte en vous. À voir sur Netflix.