Nous avons à présent deux recueils du génialissime et trop peu connu en France Bruce Holland Rogers : d’abord L’Opéra des serrures (traduction du recueil américain The Keyhole Opera), paru chez Rivière Blanche et à présent Vingt-huit Façons de tomber dans le ciel (sélection originale pour la France), chez Gephyre. Bruce Holland Rogers est le maître incontesté de la forme courte – ses nouvelles sont des condensés d’émotion, de réflexion, des bijoux entre imaginaire et surréalisme, dont il ressort une grande humanité sans jamais tomber dans l’angélisme (bien au contraire). Un poète contemporain, dont j’ai eu l’honneur de traduire les textes pendant plusieurs années.
Jusqu’ici, seul Vingt-huit Façons de tomber dans le ciel était disponible en numérique – grâce aux éditions ActuSF, L’Opéra des serrures l’est également à partir d’aujourd’hui :
Ici, des trolls voient en rêve un village d’humain. Là-bas, une étoile descend explorer le monde. Par là encore, un homme meurt sans partir tout à fait.
L’Opéra des Serrures est une galerie d’univers et de personnages. C’est un recueil de nouvelles dans lequel le monde est peint en quelques coups de pinceaux précis. Morceaux de vie ou poèmes de légende, récits à la première ou à la troisième personne du singulier, racontés à la façon des contes ou des recettes de cuisine, les textes rassemblés ici forment une fresque complexe, des bribes d’histoire tissant une tapisserie plus grande.
Bruce Holland Rogers démontre à la fois son talent pour la forme courte et la forme très courte (les shorts shorts), flirtant avec le réalisme magique et les nouvelles fantastiques, et déployant toute la versatilité de sa plume en quelques pages. Prenez le temps d’en piocher une ou deux, ou laissez-vous porter par le flot de ses nouvelles : même le temps de quelques pages, vous ne regretterez pas le voyage.
Ce recueil, traduit par Lionel Davoust, est accompagné de préfaces de Jeff VaderMeer et Michael Bishop, ainsi que d’un entretien entre l’auteur et son traducteur.
Les textes de Bruce sont des bijoux méconnus dont la lecture apporte toujours une émotion, du rire, de la compassion, de la réflexion. Je suis ravi qu’ils soient toujours plus disponibles en France, car c’est un grand maître que je vous incite ardemment à découvrir.