Communiqué de Jean-Daniel Brèque

Je répercute ici ce qui suit.


« Traducteur de plusieurs ouvrages de Dan Simmons – de L’ECHIQUIER DU MAL (Denoël, 1992) à TERREUR Robert Laffont, 2008) -, je tenais depuis 2004 une rubrique régulière sur son site web.

Ces derniers temps, j’ai été troublé, révolté et même écouré par les propos des intervenants du forum de ce site, voire de l’auteur lui-même, qui déversaient des flots de haine contre les
démocrates, les Arabes, les homosexuels, les écologistes, et cætera.

C’est le 11 janvier dernier qu’est arrivée la goutte d’eau qui a fait déborder le vase : Dan Simmons a encouragé un internaute à dénoncer au FBI une jeune Palestinienne étudiant aux Etats-Unis, qui
lui avait confié sa colère devant le massacre de Gaza et son désir de vengeance.

Simmons allait jusqu’à donner le lien du site à contacter pour une dénonciation, ainsi que plusieurs numéros de téléphone, concluant son message par la phrase suivante : « En fait, inutile de les
contacter, je l’ai déjà fait (je suppose que son prénom n’est pas celui que vous donnez, mais vous pourrez discuter de cela avec les agents fédéraux qui vont vous rendre visite). »

Le même jour, je lui ai signifié ma décision de cesser toute collaboration avec son site. Il en a pris acte, maintenant son appel à la délation (sa justification tenait en une date, celle du 11
septembre) et concluant – à tort – que j’éprouvais « du mépris » pour son site web, pour sa position et pour lui-même, mais aussi pour son ouvre. En conséquence, me dit-il, il a décidé non
seulement de faire effacer de son site web toutes les chroniques que j’avais rédigées – à ce jour (21/1/2009), cela n’est pas encore fait, la gestionnaire dudit site étant en vacances -, mais il en
a en outre « contacté Danny Baror, [son] agent littéraire pour l’étranger, et lui [a] demandé de s’assurer (par contrat) que [je] ne [serais] plus jamais en position de traduire DROOD [son dernier
roman], ni toute nouvelle oeuvre de fiction signée Dan Simmons. »

S’il m’avait demandé de ne plus le traduire, vu la rupture de notre relation de confiance, je l’aurais accepté. Il a choisi de m’imposer sa volonté – une frappe préventive, doublée d’une riposte
disproportionnée, ce qui est parfaitement cohérent avec sa posture idéologique. Après avoir informé les éditeurs pour lesquels j’ai récemment traduit ses romans – et que je remercie pour leur
soutien -, j’ai décidé de rendre public cet incident, afin que ma position soit claire.


Jean-Daniel Brèque

« C’est chose rare qu’un auteur cherche à se faire plus petit que son oeuvre. »
Antoine Blondin »

2011-01-30T18:53:55+01:00jeudi 22 janvier 2009|Le monde du livre|6 Commentaires

Alerte sur le prix unique du livre

« Communiqué

L’Association des Traducteurs Littéraires de France s’associe au communiqué publié le 22 mai 2008 par la Société des Gens de Lettres, le Syndicat National de l’Edition et le Syndicat de la Librairie française pour défendre l’intégralité de la loi actuelle sur le prix unique du Livre.

Les traducteurs littéraires considèrent avec inquiétude les tentatives de remettre en cause une loi qui assure depuis plusieurs décennies une stabilité de l’édition et de la librairie que les pays n’ayant pas adopté ce type de mesure ont totalement perdue. »

Contact: www.atlf.org »

Copie du communiqué SNE/SFL/SGDL:

COMMUNIQUE DE PRESSE

Alerte sur le prix unique du livre

Dans le cadre de l’examen du projet de loi sur la modernisation de l’économie à l’Assemblée nationale, des Députés ont élaboré des propositions d’amendements visant à supprimer l’une des dispositions majeures de la loi du 10
août 1981 relative au prix du livre en réduisant de deux ans à six mois le délai durant lequel les soldes de livres sont interdits.

L’intervention de la Ministre de la culture et de la communication, Christine ALBANEL, et de ses services, ainsi que la mobilisation commune des auteurs, des éditeurs et des libraires à travers leurs organisations professionnelles
(Société des Gens de Lettres; Syndicat National de l’édition,
Syndicat de la librairie française) a permis d’alerter les parlementaires sur les dangers extrêmes de ces amendements et a favorisé le retrait de celui défendu par un membre du groupe UMP. Il semblerait néanmoins que le second amendement, porté par un Député du groupe « Nouveau Centre », puisse encore être maintenu malgré le vote négatif de la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, ce que dénoncent avec la plus grande fermeté les auteurs, les
éditeurs et les libraires.

En effet, si cette disposition était adoptée par le Parlement, elle signerait la fin du prix unique du livre et amorcerait un bouleversement total du marché du livre.

La SGDL, le SNE et le SLF rappellent que les conséquences d’une dérégulation du marché du livre seraient, en premier lieu, pénalisantes pour les consommateurs et les lecteurs. En effet, comme cela s’est vérifié à l’étranger – au
Royaume-Uni en particulier où le prix unique a été supprimé en 1995 -, la dérégulation du marché du livre emporterait au moins trois effets négatifs : un appauvrissement de l?offre éditoriale, de nombreux titres ne pouvant plus être publiés par les éditeurs, une augmentation du prix moyen du livre
préjudiciable au pouvoir d?achat des lecteurs, les éditeurs étant contraints de compenser le manque de recettes lié aux soldes par une augmentation globale de leurs prix et, enfin, des obstacles supplémentaires pour le public dans son accès
au livre du fait de la disparition de librairies en centre-ville. Des livres en moins grand nombre, plus chers et moins accessibles, le consommateur, contrairement aux idées reçues, a tout à perdre à cette dérégulation.

Les librairies indépendantes, dont l?une des principales
spécificités consiste justement à offrir au public des ouvrages de plus de six mois, ne pourraient résister à l’émergence d’un marché du solde à grande échelle dans
les grandes surfaces comme sur Internet. Leur disparition serait dramatique pour la diversité de la création éditoriale et pour la vitalité des centres villes.

Les éditeurs, pour leur part, pâtiraient directement d’un report des achats de nouveautés dans l’attente des soldes, d’un « discount » sur les ouvrages du fonds de leur catalogue ainsi que de la fragilisation ou de la disparition de nombreuses librairies.

Quant aux auteurs, pour autant que le décompte de leurs droits soit praticable, ils ne mettraient pas longtemps à voir leur montant réduit à bien peu de chose : dans le meilleur des cas, l’exploitation de leurs ouvrages ne dépasserait pas la période considérée, et, le plus souvent, le public n’aurait que six mois à attendre pour acquérir un livre à un prix de liquidation. C’est dire que le système envisagé ne profiterait qu?aux auteurs de « best-sellers ».

La SGDL, le SNE et le SLF rappellent que la loi de 1981 a bénéficié depuis l’origine d’un très large consensus, parmi les professionnels comme au sein de la classe politique, la loi ayant été votée à l’unanimité, en 1981 comme en 2003 lors de son extension aux ventes aux collectivités.

Cette loi a incontestablement permis un essor du marché du livre grâce à un réseau très dense de points de vente qui garantit la diversité de l’offre éditoriale et, donc, la richesse de la création littéraire. Elle est une vraie loi de concurrence car les différents types de circuits de diffusion, des librairies indépendantes à la grande distribution, en passant par les grandes surfaces culturelles et les librairies en ligne, ont pu se développer sans que
l’un de ces circuits n?écrase pour autant ses concurrents. Cette densité et cette diversité des circuits de diffusion permettent à l’ensemble des secteurs éditoriaux de trouver leur public. Enfin, le prix unique a pour autre vertu de contenir l’augmentation du prix du livre. Ainsi, les chiffres de l’INSEE montrent que, sur les dix dernières années, l’indice du prix du livre a évolué deux fois moins vite que l’indice général des prix.

La loi du 10 août 1981 sur le prix unique du livre est une loi concurrentielle et, qui plus est, anti inflationniste. Elle constitue l’une des illustrations les plus éloquentes et les plus concrètes de la diversité culturelle. La guerre
des prix que certains veulent engager aboutirait à une liquidation de la culture. Les professionnels sont pleinement disposés à ouvrir la réflexion et le débat sur ce sujet avec les parlementaires mais en prenant le temps nécessaire pour mener des analyses pertinentes.

C’est pourquoi, les auteurs, les éditeurs et les libraires
demandent le retrait de l’amendement sur les soldes de livres et en appellent à l’ensemble des parlementaires et au Gouvernement afin qu’ils rejettent ces tentatives de déstabilisation du marché du livre qui seraient ruineuses et
irrémédiables pour l’économie du livre et pour la culture.

2011-02-01T19:40:23+01:00jeudi 5 juin 2008|Expériences en temps réel, Le monde du livre|Commentaires fermés sur Alerte sur le prix unique du livre
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