Alors voilà. Je suis à la fois stupéfait et mort de lolz. Vous vous rappelez l’article sur Facebook qui est devenu viral ?
Un mois après, voilà où on en est.
(Pris sur eBuzzing, ex-Wikio.) Je vous passe le « 1e du top blogs littérature » « 1e du top blogs culture » etc.
HA HA HA.
« HA HA HA » non pas par morgue ou par fausse humilité, mais HA HA HA parce que mes stats, je les vois, je les connais. Me trouver sandwiché entre Korben et Gizmodo est absolument surréaliste et je sais parfaitement que tout cela n’est qu’un effet de distorsion dû au fait que j’ai un article devenu viral (mais qui, c’est heureux et sympathique, m’a permis de rencontrer de nouveaux lecteurs et abonnés, et c’est bien tout ce qui compte). Je dis HA HA HA parce que, dans tout cet eldorado mal compris qu’est le ouèbe 2.0, on essaie à tout prix de vendre de l’influence, du référencement, et surtout les outils numériques qui permettent de quantifier si tu es un Mec Qui Sait, donc un mec qu’on écoute, donc un mec qui vend.
HA HA HA.
Me concernant, de deux choses l’une :
- Je suis ainsi au sommet du classement à cause d’un effet de distorsion ponctuel dû à un article viral. Je vais très certainement retomber très vite à la place qui m’est due, c’est-à-dire la 652423 ème (ou peu s’en faut, au bout d’un moment on ne compte plus les dizaines).
- Tout le monde est dans un mouchoir de poche. C’est-à-dire que 500 blogs reçoivent en moyenne cent visites par entrée et que ces classements ne bougent pas parce qu’on est 500 ex-aequo. Corollaire : vu que mes chiffres, je les ai, je les donne, ils ne sont pas faramineux (mais quand même pas dégueulasses), ça veut donc dire qu’on est tous avec des chiffres pas faramineux et que les visites annoncées par les grands sites, c’est comme les chiffres de vente en littérature : tout le monde ment. Ça veut dire qu’on blogue tous pour cent personnes en moyenne. Ça veut dire que tout cela est d’une vaste inutilité dans la quête du mythique « buzz » qui est censé faire de nous des influencers, des trend-setters, des mecs qui créent de la valeur.
HA HA HA.
Une chance que je ne blogue pas pour être un de ces affreux anglicismes, mais pour tenir mon bar, encore et comme toujours (et la preuve que je n’en ai rien à carrer de ces chiffres : je fais ce genre d’entrée). Parce que la vérité, l’important, ce n’est pas d’être un type qui influence, c’est de construire une communauté, du lien, une maison où les visiteurs se sentent bien. J’ai un aveu à te faire, auguste lectorat : je sais pertinemment que tu ne viens pas ici pour mon actualité. Les articles où je parle de mes infos sont, de très loin, les moins visités. Tu t’en fous, mais ça me va. Je ne blogue pas pour te vendre des livres ; si ça arrive, c’est cool, et j’aime quand même bien ça, mais je me suis toujours promis de bannir le gavage publicitaire. Non, tu viens là parce que tu as envie, et c’est bien la seule raison qui vaille.
Alors, d’après eBuzzing, je suis un influent, maintenant. Je comprends pourquoi la fin du monde arrive, tiens. Scoop : ça ne fait absolument pas vendre de livres. Mais pas du tout. L’influence est un miroir aux alouettes. Ce n’est pas parce qu’on vous écoute qu’on vous achète, qu’on agit, que vous avez subitement un succès éditorial. Tout ça, c’est des conneries, et dans ces temps où l’on ne jure que par la page Facebook, l’auto-promotion, le Klout et autres métriques d’influence, il me semble important de coller un bon gros coup de masse dans le magasin de porcelaine. C’est. Des. Conneries.
Soyez sur Internet parce que ça vous éclate, bordel de merde, et parlez avec les gens qui vous correspondent. Disséminez votre message, mais n’espérez pas les fifteen seconds of fame. Vous serez très, très déçu. Alors arrêtez d’acheter du SEO, des rêves de succès, du community management orienté sur la vente finale. Parce que ça ne sert à rien – du moins, pas à grand-chose, question retour sur investissement en termes de temps et d’énergie. Pire : c’est un gros mensonge spéculatif, semblable à celui qui a conduit à l’éclatement de la bulle Internet dans les années 2000. Sauf que ce n’est pas un krach boursier qu’on risque, mais un krach nerveux.
Les seuls à vraiment faire fortune, ce sont les mecs qui font les plate-formes, les outils d’analyse à la Klout, les consultants SEO, Zuckerberg et autres, parce qu’ils ont réussi à vous faire croire qu’ils étaient indispensables. C’est comme la vente pyramidale ou les méthodes miracle pour gagner beaucoup d’argent sans bouger de chez soi. C’est un système auto-alimenté, c’est tout. Et c’est marrant, parce que c’était le sujet de l’une de mes toutes premières entrées de blog, il y a plus de six ans. Mutatis mutandis, feta salakis.
Moi ? Hey, moi, je suis mort de rire et tout sauf déçu, comme l’est un barman avec ses habitués et ses nouveaux visiteurs occasionnels et pour qui, d’un coup, c’est Noël parce qu’il y a les TransMusicales qui passent dans sa rue. La communauté existe, elle est cool et ouverte : ça, ça me semble réussi, et c’est ce qui compte.
Alors, rock on, auguste lectorat !
C’est un système auto-alimenté, c’est tout
Comme les agences de notation financière (Moody’s, Standard & Poor’s, Fitch…).
Mutatis mutandis, feta salakis.
Tssss, c’est vraiment pourri, ça, surtout dans cette pathétique tentative de produire un autre billet viral ! 😉
Tout à fait. Tu sais bien ce ce que disait Audiard sur les cons 😉
Jegoun avait bien démonté l’évolution du Wikio, qui a quand même considérablement perdu de sa vocation d’aide aux blogueurs avec cette nouvelle marque.
Non mais et puis en plus, eBuzzing. Le marketeux qui a pondu un nom pareil devrait recevoir un congé longue durée pour surmenage.
100% d’accord ! Il ne faut pas se leurrer, ces « influenceurs », qui « influencent »-ils ? Ils ont peut-être une communauté un poil plus étendue que les autres, ok, mais si on compare même la taille de la plus grosse communauté d’un « influenceur » français par rapport à la taille de la population française elle-même, qu’est-ce que ça donne au final ? Une petite goutte d’eau.
Mais c’est un marché juteux, qui joue sur l’orgueil et le désir de « popularité »: vente de « followers », méthodes miracle, pseudo-consulting donné par quelqu’un qui a lui-même appris via un pseudo-cours en « social media »… On est assez proche du marché des pseudos-coach littéraires (je ne dis pas qu’il n’y en a pas de sérieux, attention, je fustige juste les charlatans) et du vanity publishing. Se faire du fric sur le désir de reconnaissance… et oui, cela finit par le chat qui se mord la queue, et ton exemple montre bien que tous ces calculs savants et ces classements sont d’un ridicule consommé.
Moi, j’aime bien à la fois ton bar et tes bouquins, mais comme j’ai commencé par les bouquins avant le blog, on ne peut pas parler d’influence du blog. 😛
Complètement. Et ça m’agace de voir la vraie valeur dissimulée de plus en plus par cette bulle de rien ; notre siècle est vraiment celui de la spéculation sur des constructions mentales sans équivalent matériel. Ce qui les rend vraies, mais aussi dangereusement instables. C’était Dick, je crois, qui disait « La réalité, c’est ce qui reste quand on a cessé d’y croire ». 🙂
Content que tu aimes le bar et les bouqins en tout cas !
C’est tellement ça!
Je simplifie de plus en plus ma présence en ligne « commerciale » je ne crois pas avoir jamais rien vendu ainsi, en tout cas jamais à quelqu’un que je ne connais pas « en vrai ».. Mes posts les plus lus, sont mes compte-rendus de concert et mes recettes 🙂
Et pourtant ce commentaire pointe vers mon dernier projet en date 🙂
Alors si on confond notoriété et vente directe, on peut aussi bien proposer l’arrêt pur et simple de toute forme de publicité hein. Pas que je m’en plaindrais, j’en ai marre d’être assailli de pub, mais je doute que vous arriviez à convaincre les annonceurs d’arrêter avec tout ce qu’ils finissent par y gagner 🙂
Oui, la pub est un vrai métier, qui se monnaie (cher).
Et moi je suis 3093eme sur E-buzzing. C’est très bien comme ça, vu que je blogue à chaque fois que je fais une insomnie…
Je viens ici depuis peu, et « seulement parce que j’en ai envie ». Le taulier a l’air sympa !
De là à avouer publiquement et sans aucune contrainte que je n’ai pas (encore) lu un seul de tes livres… Il n’y a un pas, que je franchis allègrement.
Mais il n’y a aucun problème, c’est bien le jeu ! Bienvenue, en espérant que tu te plairas ici 🙂
Ah, enfin une mise en évidence des valeurs essentielles, parce qu’au final, qu’est-ce qu’on s’en fout de jegouneutron, d’exploser les chiffres d’audience, d’être « influent », et toutes ces conneries qui collent mieux aux grand-médiatisme qu’au véritable bloguing, à mon sens… Ca fait du bien de le rappeler, de plus en plus!
(hm, c’est moi ou les commentaires sont encore tout cassés? gné pas eu moyen de poster sur le blog…)
Ca a l’air de fonctionner, vu les nombreux commentaires sur les articles autour des liseuses. Mais tu es peut-être tombée dans une fenêtre de maintenance.
*passe par là* En même temps, quelle est la pertinence d’eBuzzing, surtout ?
haha ecellent yoze juste derriere tonton Korben 😀
Depuis la fin de wikio ( mise a jour google-> perte de position-> perte de tune-> fermeture) , c’est devenu vraiment n’importe quoi.
Cependant je ne pense pas que korben ne blogue que pour 100 personnes 🙂
Excellentissime