Contrairement à mon habitude, en raison d’impératifs de travail et d’emploi du temps, je n’ai pas pu assister à l’intégralité des Utopiales cette année (mais qui se plaindrait de devoir rester chez soi pour écrire ?). Cependant, j’ai quand même eu le plaisir d’y passer le week-end, et j’y ai trouvé une atmosphère peut-être plus détendue que l’année précédente (constat apparemment partagé par beaucoup, comme Mélanie Fazi) mais aussi bouillonnante de projets en tout genre, notamment avec l’avènement de plus en plus marqué de l’e-book et des nouveaux modes de distribution par le Net. Je me suis aperçu que cela faisait deux ou trois ans que je n’avais pas senti ce genre d’effervescence en festival, cet esprit d’entreprendre. Je ne suis pas en train de dire qu’il ne passait rien depuis trois ans, bien sûr, mais j’ai senti une curiosité studieuse, une certaine envie de prise de risques assez peu conventionnelle.
Le tout portant généralement, donc, autour du Net, de la mise à disposition libre de contenus, etc. Je me montre prudent vis-à-vis de l’enthousiasme un peu jusqu’au-boutiste des tenants du libre ; la possibilité d’échange de contenus qu’offre le Net est fascinante, Hadopi est une abomination grotesque, mais il vient quand même un moment où le créateur doit être rémunéré, et je n’ai pas encore vu de modèle fiable et surtout répétable pour cet aspect des choses. Néanmoins, la révolution est là, qu’on le veuille ou non ; si nous souhaitons éviter de rééditer la trajectoire tragique de la musique et du cinéma, il nous appartient d’expérimenter nous-mêmes avec cet outil pour nous l’approprier et trouver la meilleure façon de nous en servir. Donc, de se jeter à l’eau, ce dont nous discutions avec Aliette de Bodard, dont j’ai fait la connaissance à la Worldcon et que j’ai eu le plaisir de revoir à Nantes, et Lucas Moreno, webmestre d’Utopod.
Toujours dans les nouvelles technologies, j’ai littéralement bu les paroles de David Calvo lors de son intervention sur la narration dans le jeu vidéo ; écrivain et designer chez Ankama, David a, je pense, vingt ans d’avance (comme souvent) sur la façon de raconter des histoires et sur leur utilité pour la société, entre autres la simple valeur du jeu, la préparation d’actes réels, la construction de communautés et leur rôle structurant, et j’en passe. Je n’ose pas résumer son propos de peur de le trahir, mais je ne peux que vous encourager très vivement à l’écouter (et à lire ses bouquins, aussi) : il est vraiment, comme il aime à se voir, un poète de ces nouveaux médias.
Un festival ne serait pas réussi sans ses moments off ; je passerai chastement sur la soirée Bras-Coudes-Genoux (constituant en une lecture « bis » de, heu, grands moments des littératures de l’imaginaire) – mon post de l’année passée m’ayant attiré l’intérêt d’une des personnes concernées au cours d’un quiproquo regrettable. Par exemple, je ne vous dirai pas que la soirée a été enregistrée et est écoutable quelque part sur ce blog. *Sifflote* Il me faudrait aussi mentionner cette soirée improbable avec Anne Fakhouri qui a débouché, une nouvelle fois, sur l’invention d’un Grand Concept, et qu’on risque bien de faire, en plus, oh mon dieu.
Et puis, guidé par ses adorables administrateurs, j’ai découvert l’existence des statistiques de l’encyclopédie en ligne nooSFere, lesquelles permettent par exemple de voir l’épaisseur moyenne des livres publiés par an, et de confirmer indubitablement des tendances pressenties, comme l’augmentation de la longueur des ouvrages (279 p. de moyenne en 1999, 389 en 2009) et la profusion des séries depuis quinze ans. Il y a là une véritable mine d’informations que tout statisticien sensible à la littérature mourrait d’envie d’exploiter (j’ai senti frémir celui dort en moi, mais nan, nan, nan, j’ai pas le temps).
Je vais m’arrêter à peu près là – quelle que soit mon envie d’énumérer tous les gens adorables et intéressants avec qui j’ai bu une bière, ça finirait par ressembler à du name-dropping façon photos de vacances qui n’aurait de sens que pour moi. Et vous n’avez pas envie de voir mes photos de vacances. Non, je vous assure.
Je concluerai alors plutôt cette entrée par un truc qui n’a rien à voir : je suis en train de me relire Lovecraft en VO et, bon sang, que c’est bon. Je ne les avais pas relus depuis l’adolescence (à l’époque en français) et c’est un tout autre regard que je pose sur ces récits, entre le sourire du lecteur qui sait parfaitement où tout cela va finir (indice : mal) et le plaisir de se laisser entraîner par une langue superbe vers des untold eldritch horrors of many aeons past (ou un truc dans le genre).
Du coup, un de ces jours, faudra que je fasse un article sur The Vision Bleak.
Tekeli-li, tekeli-li, through the night…
Leading to the icy ruins
A long forbidden site…
Ben ouais, tu ferais mieux de finir « la volonté du dragon »^^ (ouvrage qui fera mentir les statistiques de la noosfere!)qui est attendu je crois quelque part aux alentours d’une certaine place Hoche…
mwahahahaha! *plussoie kanux*
J’y travaille 🙂 Et puis je sais que, tant que je ne l’aurai pas fini, je n’aurai pas ma dédicace d’un certain livre que je viens de terminer et que j’ai bien apprécié! 😉
Cela dit, question longueur, il ne cesse de vouloir enfler, le vil…
Je confirme : The Vision Bleak mérite bien un article ! Ïa Ïa Cthulhu ftaghn !
Yo,
pour ce qui est du libre, des artistes et de la remuneration, il s’agit surtout d’un probleme de point de vue. Tout travail merite salaire, pour sur, mais quand un ecrivain fourni un travail que personne ne veut lire, le salaire ne vient pas non plus. Bref, juste parce que c’est un gros travail d’ecrire une oeuvre ne garanti pas une remuneration
L’autre point de vue est que la premiere necessitee d’un artiste (tant en musique, ecriture ou video) est d’avoir une audience. Plus cette audience est large, plus il y aura de clients (ou donateurs, la frontiere entre les deux se brouille sur le net) potentiels pour supporter l’auteur. Vouloir donc cacher sa production derriere un peage pecunier est donc contre productif jusqu’a un certain point.
Ces reflexions sont nouvelles dans le sens qu’avant, il y avait des gardiens (editeurs) et des portes definies pour un auteur pour trouver son audience. Aujourd’hui, le net permet la communication directe entre auteur et lecteur, mais cela ne resoud pas pour autant le probleme de connecter les 2 efficacement. C’est juste que l’echec passe du refut de l’editeur (qui etait celui qui pesait les risques) a l’echec de l’auteur de trouver son public directement (s’il choisit cette voie).
Je suis plusieurs auteurs en anglais qui tentent cette experience, vivant des donations de leur public. C’est loin d’etre glorieux, mais finalement pas pire qu’un emploi au SMIG.
@Nicolas : ça fait un moment que j’y pense ! 🙂 Ïa !
Salut Nono, ça fait plaisir de te voir ici 🙂
Et je suis navré parce que je risque de t’étriller – gentiment, hein – un peu au passage. J’espère que cela ne te découragera pas de repasser dans les parages.
Je suis évidemment d’accord avec toi sur le fait que la réalisation d’une oeuvre ne garantit pas paiement – je n’ai jamais rien dit de tel. En revanche:
Techniquement, sa première nécessité est de manger. 😉 Or, avec le libre-échange croissant des oeuvres, les modèles économiques qui permettent au créateur de vivre à peu près convenablement n’existent pas encore (et je ne parle pas même pas du respect de l’intégrité de l’oeuvre). Nous avons été prompts à détruire, mais la construction se fait toujours attendre, en-dehors d’initiatives isolées, certes couronnées de succès, mais dont la répétabilité reste à démontrer. Même Benjamin Bayart, à qui j’ai posé la question, n’a pas pu fournir de réponse satisfaisante. Tout reste à inventer – génial – mais les anciens modes ne fonctionnent plus vraiment – pas cool.
N’inversons la dialectique. Certes, tu dis « jusqu’à un certain point », mais Hugo, Flaubert et Vian n’avaient pas tous les modes de promotion et de communication à notre disposition, pourtant ils ont à peu près réussi leur vie de créateurs. Quand je parle de « jusqu’au-boutisme du libre », c’est justement par référence au discours bizarre qui s’installe : les échanges étant gratuits, on considère de plus en plus que la mise à disposition est un devoir, que le créateur n’a qu’à le faire s’il veut un public, or, non : à la base, c’est une démarche volontaire de sa part vers son public. C’est de là que vient ma prudence : ma foi dans le genre humain en général étant ce qu’elle est, je me demande ce que donneront des générations habituées depuis toujours à ne pas payer pour la culture. Je n’aimerais rien mieux qu’on me donne tort, remarque. Pour en revenir à ta formulation, « mettre à disposition sa production sans péage peut être productif » m’aurait semblé plus juste.
On pourrait également parler du retour en arrière que constitue la notion de « don » par comparaison au « droit », en quoi l’expression « mécénat » porte des connotations regrettables, mais il faudra que je refasse une entrée sur le sujet une fois mes idées remise en place.
Je ne sais pas si tu avais lu mes longs billets sur Hadopi (un peu datés maintenant) ?
Oui, c’est bien pour cela qu’il faut une communication efficace. Je te prédis que les grands éditeurs passeront à terme du rôle de fabricants de l’objet livre (ou CD) à celui de marketeurs, de constructeurs de buzz, bref, qu’ils feront en ligne l’équivalent de ce qu’un distributeur négocie en grande surface, à savoir placer le bouquin en tête de gondole. Le temps humain est limité et il faut des prescripteurs. Des gens seront payés pour ça. Le problème va être déplacé – et je ne suis pas convaincu que ce soit à l’avantage de la création ni du créateur.
Est-ce forcément mieux ? D’une part, l’auteur est-il forcément toujours un génie du marketing ? (Si j’en étais un, par exemple, je dirais probablement que le libre c’est trop génial, que tout le monde doit passer en CC, je serais le premier à le faire en France, je ferais un max de buzz et je gagnerais ma vie en faisant des conférences sur ce modèle économique et en vendant la version papier de mes livres. Mais je ne suis pas un génie du marketing.)
D’autre part, l’auteur prend toujours un risque, celui du temps, et, pour un indépendant, son temps, c’est malheureusement de l’argent. L’éditeur, en lui accordant sa confiance, lui donne une avance, c’est-à-dire qu’il lui rembourse le risque temporel qu’il a pris d’une part, d’autre part qu’il endosse le risque économique de la fabrication et de la commercialisation de la création, le débarrassant de ces aspects. Ce garde-fou (sans parler du rôle de correction de l’éditeur, le gage de qualité qu’il applique, etc.) serait donc appelé à disparaître et je pense pas que ce soit positif.
Encore une fois, l’histoire qui nous allons écrire tous ensemble me démontrera peut-être que j’ai tort – et je n’attends que ça, quelque part, ce serait vachement plus confortable. Il nous reste de garder un oeil là-dessus et d’apprivoiser, de comprendre l’outil pour ne pas qu’il nous mange. C’est passionnant, en un sens, mais dangereux aussi. Je ne crois pas non plus au tableau idyllique de mecs comme Benjamin Bayart ; bref, je demande à voir, dans les faits.
@LD: on parle la meme langue, mais pas le meme language. Je ne suis pas de ton milieu et je ne sais donc pas ce qui s’y dit. Cependant, je lis regulierement une 30aine de comics et plusieurs auteurs en ligne dont certains tracent leur voie dans ces nouveaux medias de maniere plus ou moins remarques.
La plus grande difference entre l’edition passee et les nouveaux media est la barriere d’entree. Dans le passe, atteindre ton public coutait. Cher. Donc pour recevoir un retour non negligeable, il fallait reussir brillament (vendre de grandes quantites). De nos jours, le cout de distribution est negligeable et cela amene donc un corollaire qui est qu’il est possible de reussir sans etre connu ou veritablement percer. Si au auteur de nos jours peut convaincre 1000 personnes de le payer 5 euros chaque mois (et cela n’a pas a etre les memes 1000 personnes) pour sa production, il peut vivre confortablement. Cela signifie que tu n’as pas a etre en tete de gondole, tu peux etre un auteur niche et en vivre. C’etait impossible precedement (du fait des couts de distribution).
Tu dis que la premiere necessite de l’auteur est de manger, mais dans ce cas, il peut egalement prendre un emploi avec plus de securite. Je comprends bien le principe et le pourquoi de ta phrase, mais c’est un argument falacieu. Pour pouvoir manger et etre remunerer, l’auteur doit etre connu. C’est un minimum vital. Personne ne donne d’argent a un inconnu, ou alors on en revient au principe de recommendation et de portiers (les gens influent qui dirigent les masses vers ce qu’ils trouvent interessant), hors on cherche a s’eloigner de ce modele.
Je ne sais pas comment cela marche en France, mais de l’autre cote de l’Atlantique, je vois plus d’un auteur vivre de son art sans passer par les editeurs et en donnant une bonne partie de sa production gratuitement. Ce « don » est en fait une sorte de publicite. On donne une partie pour attirer le client et lui vendre le reste. Certains examples vus:
– artiste de comic en ligne qui se plaint un jour que ses lecteurs lui reprochait trop d’etre en retard pour son comic alors qu’il avait un job en plus pour payer ses factures. Il mis ses lecteurs au defi de lui donner l’equivalent d’un an de salaire et promis de se consacrer uniquement a son comic si cela arrivait. C’etait plus un defi idiot dit sous le coup de la colere qu’une vraie attente. Il recu plus de $35000 dans la semaine en donations et quitta donc son boulot.
– de nombreux artistes vivent des ventes de leurs BD imprimees, meme si elles sont dispo gratuitement en ligne. Ou de la vente d’autres memorabilia.
– un auteur de fiction en ligne vit des dons de ses lecteurs (volontaires) et de la vente de memorabilia supplementaires (diplomes de l’ecole de sa fiction…). Toutes ses oeuvres sont dispos en ligne, gratuite.
Vivent ils de leur art? Oui. Grandement? Non, la plupart en vivent a peine, mais c’est deja mieux pour beaucoup que les possibilitees dans l’ancient systeme. Certains en sont riches, mais ils sont aussi rares que precedemment (PVP, Penny-arcade…).
Le probleme, comme toujours, est de reussir a faire payer son audience. On est bien d’accord sur ce point. Nos opinions divergent sur la maniere. Je pense qu’il faut commencer par accumuler cette audience, tu penses qu’il faut commencer par les faire payer.
Bon, je suis en train de diluer mon point, donc j’arrete la.
Salut Nono,
Excuse-moi, mais tu te poses un peu de donneur en leçons et c’est désagréable. Alors je respire un grand coup…
Je crois que c’est clair. Parce que tu mets dans ma bouche des propos que je n’ai jamais tenus :
Hein ? Quoi ?
Jamais, au grand jamais, je n’ai dit un truc pareil. Et je ne le pense pas. Il me semble que ce que je m’efforce de faire ici pourrait le démontrer par ailleurs. Ma section Téléchargements est encore mince, mais tu y verras deux textes en accès libre, dont un podcast ; je suis ravi d’avoir pu participer à une aventure comme Utopod et j’espère que cela pourra se refaire. J’ai d’autres projets de libération en CC à faire, pour des textes devenus difficiles à trouver, et pour ceux que je considère devenus bien rentables, mais je manque de temps pour faire ça bien. Côté traduction, j’ai beaucoup collaboré à des ouvrages et revues pour une paie symbolique voire inexistante, parce que je pense leur travail bénéfique pour la littérature entière. J’ai fait mes débuts en fanzinat, puis en webzine. Ce sont d’excellentes écoles et il existe même des webzines qui pourraient en remontrer à des supports dit professionnels.
Bref, j’arrête là mon couplet mère Teresa – et mon étalage de CV – mais je trouve ça carrément fort de me faire dire un truc pareil. Je te rappelle que je m’oppose au jusqu’au-boutisme du libre, pas au libre ni au gratuit sans distinction !
Résumons. En un mot comme en cent, je pense qu’un créateur doit aller vers son public. S’il n’y est pas prêt, d’ailleurs, il ne fait peut-être pas le bon métier. Car c’est le public, qu’il compte 50 ou 50 000 lecteurs, qui lui permet de faire ce qu’il aime.
Maintenant, je veux aussi rappeler l’importance du droit du créateur à toucher une rémunération. C’est là le coeur de l’expression droit d’auteur : celui du respect de son travail, moral (intégrité de l’oeuvre) et financier, pas le copyright, qui est d’abord attaché au contrôle de la diffusion. (Les deux sphères sont voisines mais leur esprit est fondamentalement différent.)
Ce qui me navre, c’est qu’on demande beaucoup du premier au créateur, mais qu’on oublie souvent la contrepartie du deuxième. C’est tout ce que je dis. Le paiement, on n’y pense quasiment jamais, ou comme après-coup. On parle beaucoup de la mort, de la mutation, de la fin des systèmes de distribution classiques. On parle beaucoup du libre, de la transmission de l’information, de ses nouvelles techniques. On parle du contrôle de l’information. Mais comment le créateur peut gagner sa vie, on n’en parle quasiment pas. Et même, on l’oublie. On lui dit des trucs du genre : « tu peux prendre un boulot à côté ». Le créateur doit aujourd’hui se doubler d’un webmestre, d’un économiste, d’un marketeur. Moi, je vais te dire : je m’en fous, je suis un geek, donc je suis autonome. Mais les autres ?
Plus précisément sur les exemples que tu cites :
Sache déjà que les USA sont très, très en avance sur l’Europe. Les choses changent, mais très, très lentement. Les volontés commencent à apparaître réellement (comme aux Utopiales), mais le savoir-faire n’est pas là chez la majorité. Sais-tu combien il y a de podcasts français de littérature de l’imaginaire ? Deux. Les exemples que tu décris sont absolument impensables ici – pour l’instant et encore pour quelques années, à mon avis.
De plus, ces « success stories », aussi frappantes soient-elles, ne sont à mon humble avis que cela : des coups réussis mais qui ne peuvent fonder un modèle économique. C’est bien le problème : il ne s’en dégage pas vraiment encore et personne n’en propose un qui soit pérenne et générique – et surtout pas ceux qui démolissent les anciens systèmes (ce qui a de quoi énerver) ! Il nous reste à nous, créateurs, de nous démerder, d’inventer, de payer les pots cassés, de nous planter joyeusement avec un outil dont tout le monde ignore encore les vrais contours. On va le faire, parce qu’au fond, c’est dans notre nature. En ce qui me concerne, je préfèrerai toujours expérimenter et me planter que frémir de trouille, jouer l’immobilisme et soutenir une monstruosité comme Hadopi. Mais, à un moment, faut aussi comprendre qu’on ne dorme pas toujours tranquille. Va-t-on nous manger ? Si oui, à quelle sauce ?
Tu parles de BD par ailleurs, or ce n’est pas la littérature, qui n’est pas la musique. Les arts picturaux jouissent d’une situation doublement adaptée à ces modes de distribution : leur appréciation est quasiment instantanée mais l’objet physique reste éminemment intéressant pour le fan et indissociable de l’oeuvre. La musique se trouve à l’autre extrémité du spectre : appréciation immédiate, objet physique sans grand intérêt hormis pour le collectionneur. On ne peut donc pas comparer les modes de distribution (compare les comics financés beaucoup par la publicité et Nine Inch Nails qui propose une partie de téléchargement payante).
Les créateurs vivaient avant Internet. Internet est une mutation fondamentale, une réinvention, qui nécessite de tout repenser. C’est une époque passionnante et exaltante, mais Internet n’est pas non plus le début du monde.
Dans toute cette problématique, je crois très fort à la valeur du recul, de la modération et d’un questionnement constant.