Celle-là, je l’ai évidemment piquée à Bouddha, hein. (Elle a longtemps été accrochée dans mon bureau.)
Petit article de mise au point général sur le blog et notamment ce qui s’y trouve concernant la technique d’écriture, afin de clarifier, voire répondre à certaines critiques qui peuvent revenir à mes oreilles. Ces articles sont toujours plus fréquentés, ce qui signifie que de nouveaux visiteurs découvrent toujours davantage l’endroit, ce qui me fait grand plaisir (bienvenue). En revanche, le problème d’un blog, c’est que la discussion se déroule sur la durée (en l’occurrence, depuis des années), et que le ton peut parfois surprendre les nouveaux arrivants, ou, tout simplement, les visiteurs occasionnels peuvent se méprendre sur le discours.
Cet endroit serait un livre, une introduction en clarifierait les présupposés, mais comme on est sur le web, je ne peux guère que consigner tout ça dans un article et m’efforcer de le rendre visible au maximum. Et je me suis rendu compte à ma grande surprise que je ne l’avais jamais vraiment fait ici.
L’approche technique de l’écriture
Ce blog parle entre autres de la technique de l’écriture. Ces articles sont écrits dans une seule optique, qui s’enracine dans leur genèse.
Quand j’aspirais à faire mes premières armes professionnelles, autour de l’an 2000, je ne savais absolument pas par quel bout prendre le travail titanesque que représente un roman. Je pensais qu’il devait bien y avoir des bases techniques qu’il était possible d’acquérir (comme les principes de la perspective pour le dessin, ou de l’harmonie pour la musique, par exemple), et j’en ai trouvé, mais presque tout se trouvait en langue anglaise, rédigé par des Américains. J’ai ruminé, testé cette matière, qui a structuré mes idées, m’a guidé dans certaines voies plus ou moins fécondes, mais j’en ai toujours retiré des leçons (ne serait-ce que : ça ne marche pas pour moi, et j’ai compris pourquoi). Selon le principe que dans les métiers de création, on ne peut que rarement renvoyer l’ascenseur à ceux qui vous ont mis le pied à l’étrier (car ils restent toujours plus expérimentés que vous), on ne peut payer sa « dette karmique » qu’en s’efforçant de hisser ceux qui viennent après nous. (« You can never pay back, only pay forward. »)
Je m’efforce donc de proposer ici ce que j’aurais aimé trouver quand j’ai commencé.
Cependant, j’écris nécessairement de mon propre point de vue, et si je crois à une approche plutôt opérante de l’écriture (étant en cela orienté par mes propres présupposés d’écrivain structurel), elle n’est en aucune manière la seule. Le seul principe gouvernant la recherche de l’écriture, par lequel je commence toujours toute intervention, c’est : apprendre à écrire, c’est apprendre à se connaître. Il vaut mieux travailler dans le sens qui nous convient qu’à rebrousse-poil (duh). Sachant par ailleurs que cette cible – se connaître – est nécessairement mouvante ; avec le temps, avec les situations, avec les parcours personnels. La façon de travailler, ce que l’on souhaite aborder, traiter, suivre, les thèmes qui émergent, le rythme, tout cela est gouverné par un seul but : faites ce que vous voulez tant que vous obtenez un livre dont vous soyez content.
La technique ne fera pas de vous un bon écrivain, mais elle peut éventuellement vous garder d’être mauvais. La technique, à force de persévérance, pourra peut-être vous permettre de terminer une histoire ; en débordant sur le développement personnel et la psychologie, elle pourra peut-être vous aider à appréhender ce qu’il y a en vous pour faire apparaître vos motivations au grand jour ; elle peut peut-être simplement constituer un parcours d’introspection constant (c’est mon cas) ; mais elle ne garantit en rien que votre travail soit intéressant ni publiable d’entrée, et je ne vous fais certainement pas cette promesse. En revanche, elle peut peut-être vous éviter un certain nombre de pièges « connus », vous permettre de décoder les conventions acquises par des siècles d’évolution littéraire, prendre de la hauteur, et vous mettre le pied à l’étrier ne serait-ce qu’en vous proposant une direction à essayer, ce qui constitue une amélioration par rapport à pas de direction du tout. (Je reprends ici pas mal ce que j’ai déjà dit dans le tout premier épisode de Procrastination.)
Ce site est un blog
Ce site n’est pas un livre, un manuel, des tablettes gravées dans le marbre où Ma Parole A Force De Loi. C’est un blog, où je ne fais que proposer, diffuser, des réflexions parfois bien abouties (jusqu’à ce qu’elles changent), parfois moins. Parfois, c’est écrit un peu vite parce que je me suis promis de publier un article et je ne les relis pas autant qu’un roman ou une nouvelle (la création de fiction restant mon travail principal). Parfois, je suis au taquet, ravi d’une découverte ou d’un mécanisme que j’ai fini par élucider, et je meurs d’envie de partager mon enthousiasme avec le vaste monde. Cela peut sembler péremptoire. Je le répète : c’est un blog. C’est parfois émotionnel. Je n’écris pas un roman ni un manuel, je lance des os à ronger. Rongez-les – ou pas. Tout ce que je dis est écrit de mon point de vue, et le but, c’est de stimuler la réflexion chez les auteurs, notamment ceux qui se forment (parce que les pros ont déjà leurs outils, même si nous apprenons tous, je crois, toute notre vie).
Derrière toute affirmation, gardez à l’esprit que c’est toujours écrit par une personne avec une approche donnée, en construction perpétuelle comme l’est toujours la création, que les outils d’hier peuvent être dépassés demain (tout comme vous ne vous récitez pas l’alphabet en lisant ceci ; vous avez intégré l’écrit au point de devenir un réflexe), et qu’il serait juste un peu ridicule d’écrire à chaque fois « à mon avis personnel de moi-même et écrit simplement de mon point de vue dont voici l’historique [insérez ici cinquante pages biographiques] ». Je m’efforce de rester dans la proposition et non le finalisme, mais je compte bien conserver une grande liberté de ton (c’est une des raisons pour lesquelles, après environ dix ans de blogging, ça continue à m’amuser), et donc, ayez l’amabilité de faire la part des choses, le cas échéant, en vous rappelant l’esprit dans lequel c’est écrit, et gagnons du temps ensemble.
Rapport de transparence
Il m’est revenu que ce blog, en filigrane, n’était qu’une plate-forme pour me permettre de refourguer des activités commerciales, notamment des interventions. J’avoue que je le prends très mal. Je consacre beaucoup d’énergie à essayer de trouver des solutions équitables, win-win en bon langage de marketeux, qui permettent de proposer du contenu de qualité, tout en rentabilisant un peu l’endroit, sans conflit d’intérêt, sans entacher la confiance que nous avons établie. Car je pourrais consigner tous les jours, auguste lectorat, le temps que je passe ici au lieu de faire des choses qui me rapportent vraiment de l’argent, mais je ne vais pas entrer là-dedans ; sache simplement que c’est : trop.
Dans l’intérêt de la transparence, je vais donc dévoiler totalement ce que je retire, de près ou de loin, de ces articles et du blog en général.
Du plaisir et du karma. Alors déjà, oui, j’aime bien faire mumuse sur Internet. Et surtout, il y a l’aspect dette karmique cité plus haut : je n’ai pas le temps de lire les textes des jeunes auteurs, par exemple. Alors je m’efforce plutôt de proposer des choses, publiquement et librement, qui puissent toucher le plus grand nombre.
Une forme de fidélité. Ce n’est pas nouveau : c’est en toutes lettres dans la charte des commentaires. L’idée, c’est que si vous aimez ce que vous lisez ici, peut-être aurez-vous envie d’essayer un bouquin un jour, et ça me permet de continuer à faire tourner la boutique. Mais rien n’est obligatoire, je ne place aucun contenu derrière une inscription obligatoire à une liste de diffusion, un paywall ou toutes les pratiques modernes d’Internet. Je ne crois pas vous noyer de « hé j’ai sorti un nouveau livre RT plz plz plz » : je pars du principe que si je propose des trucs intéressants, qu’il m’intéresse aussi de traiter, vous resterez, et on sera tous contents (win-win). Je ne retiens personne, je n’oblige personne à venir lire ou commenter. J’observe une grande liberté de parole ici et ça comporte un double tranchant : vous pouvez aussi trouver que je suis un gros connard et jurer de ne jamais me lire. C’est la vie. Au moins, je m’efforce d’être sincère, y compris dans mes erreurs, et d’admettre quand j’ai tort, voire de m’en excuser (c’est arrivé plusieurs fois et ça se reproduira)1.
Le cas des interventions / du coaching etc. Je n’ai aucune structure pour réaliser des ateliers d’écriture, des interventions, des masterclasses. Je ne démarche pas pour cela, et je mets presque un point d’honneur à ne pas le faire, justement parce que je ne souhaite pas que le blog devienne une forme de « produit d’appel ». Pour cette raison, j’en fais moins d’une demi-douzaine par an. Ce n’est donc pas une source principale de revenu (même si elle existe et que je ne crache pas dessus). La façon dont le marché de ces interventions fonctionne, auguste lectorat, est le suivant : je pourrais très largement mieux gagner ma vie en laissant tomber le blog et en animant des ateliers dans ma ville. Je pourrais faire du coaching littéraire – certains collègues le font et gagnent leur vie avec (et très bien pour eux) – pour ma part, ainsi que je l’ai annoncé, je ne le fais pas, malgré des demandes régulières. Parce que je considère – mais c’est ma réponse, pas celle du voisin – que mon métier reste de créer. Je crois qu’on me demande des interventions parce que, tout simplement, je peux avoir une pensée construite sur l’écriture, et que cela intéresse des gens qui se trouvent être des commanditaires. Mais ça n’est en aucun cas calculé. Je te parle à toi, auguste lectorat, pas à des commanditaires.
Les liens affiliés. À travers la boîte à outils de l’écrivain, je touche une commission sur certaines commandes de logiciels recommandés. Je m’en suis longuement expliqué ici, mais le raisonnement est le suivant : j’écris de toute façon des tests de logiciels qui m’aident dans le boulot, donc, si vous êtes convaincu.e, autant que je touche quelques dollars au passage, ce qui ne vous coûte rien de plus, et qui, moi, m’aide à payer l’hébergement et à continuer à traiter ces outils en profondeur avec des trucs, astuces, cas d’usage et à légitimer un tant soit peu le temps déraisonnable que je passe ici. Win-win.
J’ai un site depuis plus de dix ans et il n’y JAMAIS eu de bouton « donation », JAMAIS eu de pubs (et là aussi, des offres, j’en reçois). Je voudrais monétiser cet endroit, oh, je pourrais parfaitement le faire, surtout à plus de 10 000 lectures uniques par mois. Mais ça n’est pas l’esprit du lieu, je ne veux pas que ça le devienne, ce n’est pas ce que je veux créer et c’est pour ça que globalement, on s’y sent tous à peu près bien, enfin, je crois.
Je ne vous retiens pas
Ce n’est pas dit de manière agressive. Je l’ai dit, je le répète, tout ceci est subjectif, et lisez toujours les articles, tout particulièrement sur la technique littéraire, avec le grain of salt – la mesure de prudence – qu’il est, de toute façon, toujours de bon aloi d’observer dans ce genre de situation. La majorité de ceux qui vous disent qu’il y a une seule et unique manière de faire veulent vous vendre quelque chose. Qu’il soit dit ici et une fois pour toutes que s’il y a « une » manière de faire, c’est pour moi seulement (et encore, ça évolue avec le temps) ; que je pense qu’un certain nombre de conseils peuvent bénéficier à un grand nombre, mais il y a toujours le contre-exemple, et c’est peut-être vous. Très bien. À vous de voir, vous êtes vous, j’en sais rien, moi.
Tout ce que vous devez faire, c’est : tester, essayer, garder une attitude proactive vis-à-vis de votre pratique créatrice. N’importe quoi tant qu’il y a un résultat dont vous êtes content. C’est la seule chose à faire. Ou pas de résultat, même, si vous ne voulez pas de résultat, vous faites ce que vous voulez, hein.
Bref, le reste n’est que des moyens. Les moyens ne sont que des indications, envers lesquels il s’agit de conserver le juste mélange, propre à chacun, d’assurance (« non, ça ne me va pas, à moi ») et d’humilité (« je ne sais pas, alors je vais écouter avant de juger »).
Le stylo est, et a toujours été, dans votre camp.
Bonne écriture !
- Il y a certains articles notamment politiques, avec le recul des années, dont je regrette la forme. Ils sont toujours dans les archives, parce que je ne vais pas vous raconter combien je suis lisse et parfait, né hier soir, avec tout le passif et les leçons données par l’existence. ↩
Qu’une personne aussi bienveillante que toi essuie des retours aussi rugueux, j’avoue ça me troue le fondement – velu.
La magie d’internet, j’imagine.
On ne peut pas plaire à tout le monde, mais à mon sens, il n’y a pas à s’inquiéter de ne pas plaire à des gens qui trouvent encore de quoi critiquer un type comme toi qui passe un temps fou à essayer de rendre ce qu’il a reçu à de jeunes auteurs en quête d’aiguillage. Et si dans le procédé tu vends quelques bouquins par hasard ou par erreur… doit-on vraiment t’en vouloir pour ça ? Si certains jaloux ont l’air de le penser, ce n’est pas mon cas et je te remercie encore de ce que tu m’as apporté, que ce soit par tes articles ou par mp.
Avec tout le mal que tu te donnes pour partager ton expérience avec sagesse et modestie, je ne comprends pas que certains se permettent de t’accuser de mercantilisme, ou de quoi que ce soit, d’ailleurs. Tout ça c’est du trolling de petits slips et de la polémique pour désœuvrés du clavier. Je te trouve encore une fois bien patient et bien pédagogue à l’adresse de personnes qui n’en méritent sans doute pas tant. C’est tout à ton honneur.
Pareil.
Grand merci à vous pour votre soutien, les amis, qui me fait chaud au cœur ; c’est de toute façon avec vous que j’aimerais arriver à discuter 🙂
Je reçois, heureusement, bien plus de retours enthousiastes que l’inverse. Mais du coup, il convient de dire what’s what, et maintenant que c’est dit, il sera toujours possible de dire que cet article l’a dit. 😉
Quand j’ai découvert ton blog, je venais de quitter la Belgique et son excellent groupe d’écrivains. La richesse des échanges sur les techniques d’écriture me manquait et c’est ce que j’ai retrouvé sur ton blog, sur CoCyclics aussi. Je suis franchement reconnaissante de tout ce que tu fais pour les auteurs, de l’espace de discussion que tu crées, y compris avec Mélanie Fazi et Laurent Genefort avec le podcast Procrastination—qui doit représenter pas mal de temps et d’énergie pour vous trois, sans la moindre rémunération. Effectivement, j’ai découvert tes livres à l’occasion de mes visites sur ton site, mais si ce n’avait pas été le cas, je les aurais probablement découvert sur la table de la Bulle du livre aux Imaginales—et je suis bien contente de les avoir découverts 🙂
Je tombe sur le… derrière de voir qu’une personne qui exprime son avis d’une manière aussi claire et honnête se voit matraquer de mercantilisme et autre. L’intelligence fait des envieux, je suppose (on pourrait faire un test de corrélation : au fur et à mesure que le temps passe, que tu gagnes ainsi en maturité et ouverture d’esprit, les commentaires désobligeants sont-ils plus nombreux? … … Bon, ok, je retourne à mon taf de statisticienne!!!)
Ce que j’aime ici, c’est justement cette grande ouverture d’esprit, ce partage d’expérience personnelle, sans chercher à convaincre l’autre, c’est-à-dire en respectant sa liberté de penser/agir autrement que ce que tu expérimentes toi-même. C’est probablement ce qui me convainc – justement – et me donne envie de me lancer.
Te laisse pas décourager, please, continue… on aime ça <3
Grand merci aussi, Sabine et Noe 🙂 Si vous y trouvez quelque chose et que ça vous donne envie de vous lancer et/ou d’avancer, alors je suis récompensé de la meilleure façon qui soit !
Bonjour et un grand merci pur ce blog qui nous apprend toujours plus. Je vous suis depuis quelques temps (très peu) et découvre toujours de nouvelles choses, parfois un peu éloignées de l’écriture proprement dites comme GTD, ce qui permet d’élargir encore un petit panel de compétences et d’apprentissage. Donc un grand merci. Courage à vous, en espérant vous lire encore longtemps
Bonsoir !
Nous entendons le concert des bienheureux, et allons donc nous y joindre.
Ecrivains, récents sur le chemin, nous sommes pédagogues à longueur de vie.
Sur la route des échanges nous avons longtemps attendu la rencontre d’une telle évidence.
Parce que nous avons trouvé en le Blog bien plus que de simples conseils.
Parce que la pédagogie, l’enseignement et la croissance sont tout simplement un échange.
Parce que bien des institutions pourraient prendre modèle et faire circuler librement les savoirs.
Un proverbe chinois (ou tchèque, ou polynésien, ou breton ça marche aussi) remonte à nos oreilles :
« Si tu as un objet et que l’autre a un objet, après l’échange chacun aura un objet. »
« Si tu as une idée et que l’autre a une idée, après l’échange chacun aura deux idées ».
Alors nous te remercions Blog, car à te lire, nous n’avons échangé aucun objet, mais reçu tant d’idées !
Nous n’avons donc pu faire autrement que :
– Soumettre notre première nouvelle au Prix Joël Champetier,
– Contaminer trois personnes, voisinage et famille à faire de même,
– Finir trois nouvelles qui attendaient la levée du jour,
– Doper notre premier roman, au point que le deuxième soit maintenant en cours,
– Voir s’agrandir chaque jour notre capacité d’organisation,
– Lire comme jamais de notre vie,
– Cultiver confiance et estime, soutènements de notre équilibre,
– Propager alentours ces bienfaits éprouvés…
Merci Blog, tu diras à celui qui te gave d’articles d’une telle qualité et générosité que c’est un type super !
Et ne gâche pas tes octets… Si quelques malheureux dissociés ne prennent la plume que pour la tremper dans l’aigreur, simplement, ne dit rien. Probablement souffrent-ils de médiocrité. Mais à te lire ils auront – comme nous – la même opportunité de s’améliorer.
Parce qu’un cerveau blessé ne crée plus, mais qu’en joie il est inspiré.
Nous vous souhaitons belle, intense et heureuse création.
Les Neurones Associés
Chers Neurones Associés, et à vous toutes et tous qui avez commenté ici ou en privé : merci.
Je n’ai pas l’outrecuidance de croire à l’universalité de ce que je partage ; je pense qu’il existe peut-être des fonds et des points communs à tous, mais, telle une idée platonicienne, c’est un absolu et si quelqu’un doit le découvrir, ce sera quelqu’un de plus intelligent que moi – ce qui me va très bien ; j’espère arriver juste à le saisir suffisamment pour m’aider dans mon propre trajet, et peut-être, par le partage et la discussion, voir si je suis seul ou non dans ledit trajet. Vos accomplissements, chers Neurones Associés, sont une inspiration pour moi aussi en retour, et je suis simplement content que, s’il n’y avait déjà que vos seuls accomplissements à vous, tout cela ne soit pas vain.
Merci à vous, on continue et on avance, et votre enthousiasme – si je ne fais pas ça pour ça – donne du cœur à continuer l’échange (d’idées) avec VOUS. 🙂 J’en retire aussi beaucoup, par votre seule énergie. (Zut, peut-être aurais-je inclure cela aussi dans le rapport de transparence.)
Plaisir à vous dans l’écriture !
Bonjour Lionel,
Je me permets, si tu veux bien, quelques éléments de réponse (qui n’engagent que moi, etc, je vais pas refaire le couplet 🙂 ) qui élucident, peut-être quelques unes des réticences que tu as vu exprimées et que je partage dans une certaine mesure. Je précise que je lis ton Blog depuis quelques années maintenant, pas de manière assidue, mais je suis quoi.
Je crois que le point d’achoppement est cette fichue question de la technique, ce qu’elle recoupe et semble recouper et ne pas recouper.
Tout d’abord, il est évident que ces articles n’engagent que toi et ne sont pas à prendre pour argent comptant, c’est évident. Ce qui me gène un peu dans ce que tu exprimes dans ces articles d’aide, c’est qu’il me semble que ça ne touche dans une majorité des cas qu’à la périphérie du boulot d’écrivain : les horaires, les « méthodes », quels logiciels, etc … et assez peu du corps de la chose, de la moelle :le texte, le style, bref, la littérature. Du coup cela peut parfois donner une vision assez désincarnée de la chose, réduite à des chiffres, des quotas journaliers : une rhétorique de sportif, voire de comptable. Il me semble que c’est un peu dommageable.
Je crois important de dire que s’il ne me semble pas que tu te poses en gourou, ce blog s’adressant quand même principalement aux écrivains débutants (dont, à vrai dire, je ne me sens pas bien loin, on arrête jamais d’apprendre et de se confronter à ses propres limites), il y a un risque (le mot est fort) que le-dit lecteur ne voit que ce petit bout de la lorgnette et pas le plus important : le texte, le texte, le texte, pas combien de signe on écrit par jour, pas l’asséner ad nauseam les bases d’un schéma narratif, etc …
Pour faire une métaphore routière, vu que j’écris ce (trop) long commentaire dans un car : ça cause beaucoup de mécanique, pas beaucoup du plaisir de la vitesse 🙂
Quid de l’élan, du regard, du ton ? Je vois beaucoup de gens sur Internet maintenant, sur Youtube par exemple, prendre un malin plaisir à démonter des histoires comme un enfant ferait de sa paire de Nike Air toute neuve pour voire comment c’est fait en dedans, sans jamais s’attacher réellement à la forme, au sens. Je me demande si l’on ne perd pas quelque chose dans le procédé.
Il me semble compliqué, à la longue, de maintenir le grand écart Van Dammien entre les deux postures : contribuer à diffuser des recettes un peu prémâcher et de l’autre jambe, poster des citations d’auteurs disant que le plus important est de lire et surtout d’écrire, encore et encore, seul face à sa feuille, en faisant fi du quand dira-t-on. On prend le risque de façonner des oeuvres mécaniques, toutes semblables, et de les réduire (à son propre corps défendant) finalement à moins que la somme de ses parties.
Pour ce qui est de tes partenariats avec des logiciels, effectivement, cela donne un vernis « commercial » à ton texte, et cela dessert peut-être l’attitude que tu revendiques, avec toute ton honnêteté, je n’en doute pas.
J’espère que cette réponse saura éviter l’écueil de la contradiction cybernétique et son dialogue de sourds.
En tout cas, on aura de toute façon bientôt l’occasion d’en débattre de vive voix autour d’une bière, je n’en doute pas.
Bon dimanche, bonne vie, Bon Jovi.
Camille
@Camille : Les réticences que tu exprimes me semblent empreintes d’une contradiction fondamentale : il faudrait parler de subjectivité (regard / ton / élan et donc plaisir), mais être objectif néanmoins, le tout en ne s’engageant surtout pas dans une opinion ?
Cependant, dans l’ensemble, je ne vois qu’une chose : ces critiques, ainsi que celles que tu évoques, parlent visiblement de quelqu’un d’autre que moi. Parce que, dans les archives, on trouvera quantité d’articles sur la littérature, l’élan, le regard, le ton. Une rapide défilement des archives me donne :
– Les influences stylistiques http://lioneldavoust.com/2013/question-subir-des-influences-stylistiques/
– La traduction comme école de travail du texte http://lioneldavoust.com/2010/liens-entre-traduction-et-ecriture/
– Le choix d’un nom et ce que cela révèle / nécessite http://lioneldavoust.com/2010/question-du-pouvoir-des-noms/ et http://lioneldavoust.com/2014/question-donner-des-noms-et-ne-pas-y-arriver/
– Sentir quand on est prêt à se lancer http://lioneldavoust.com/2010/question-etre-pret-pour-ecrire/
– Commencer le voyage http://lioneldavoust.com/2015/je-veux-ecrire-je-demarre-par-ou/
Et j’en passe ; et je ne cite même pas notre podcast Procrastination ; ni les critiques d’ouvrages techniques qu’on trouve ici, et qui sont parfois sévères… sur la notion même de technique. Dans ma chronique de Bickham ( http://lioneldavoust.com/2017/jack-m-bickham-scene-structure/ ) tu trouves par exemple :
« Sauf que cet ouvrage représente un excellent exemple de la dérive ultra-mécaniste de la narration à l’américaine : il expose un modèle assez rigide, une formule à tout faire. De telles prémisses doivent déjà susciter la méfiance – aucune formule n’est universelle en art, c’est pour ça que c’est de l’art et pas des maths »
Au bout d’un moment, que puis-je faire de plus, sérieusement ?
Alors, peut-être, en ce moment, suis-je un peu plus concentré sur les process (ce qui, soit dit en passant, relève de l’empirisme, et donc se désosse, se désassemble, s’expérimente et se contredit bien plus facilement que la subjectivité du regard, du ton, de la littérature !), mais il m’intéresse particulièrement depuis quelques années de voir comment les progrès des neurosciences, qui viennent valider les recherches dans les domaines de la productivité, peuvent venir irriguer et faciliter la création. (La science ne pourrait-elle donc pas venir informer des processus vécus comme ineffables ? Il se trouve que la foi m’intéresse bien moins que l’expérimentation.) Encore une fois, c’est un blog, je parle de ce sur quoi j’ai des choses à dire, et que je creuse surtout en ce moment : motivation, discipline, optimisation, parce que je suis convaincu, comme dit dans l’article, qu’il y a « de meilleurs moyens ». Les retours que j’ai montrent que je ne suis pas le seul dans cette quête. Si le discours déplaît, eh bien, je le redis, Internet est vaste !
Cependant, il manquait néanmoins cet article pour réellement clarifier les choses ; il existe donc, ce sera dit, et tu peux constater que, « dans l’intérêt de la raison », cet article figure dans le menu en bonne place afin d’attirer l’attention du visiteur.
Ce qui m’agace puissamment, c’est le faux procès de vendeur de soupe qui m’est fait. Il existe des vendeurs de soupe. Je connais les méthodes des vendeurs de soupe. Si je voulais vendre de la soupe, croyez-moi, j’en servirais.
Ce sera tout pour moi. 🙂
Bonne semaine à toi camarade, bonne nuitée, bon à tirer. 🙂
PS : tu m’auras évidemment reconnu en tant que Camille Leboulanger. 🙂