Attention, article à très explicit lyrics. (Soit : si les gros mots vous choquent, regardez plutôt cette vidéo.)
J’ai un dictionnaire des synonymes accessible en permanence quand j’écris ; j’essaie au maximum de trouver le mot juste pour le fixer dans le texte, car cela m’aide à m’ancrer dans l’ambiance d’une scène, à construire correctement pour avancer dans un livre avec la satisfaction de bien sentir le récit et son atmosphère. (Après, à la correction, je casse généralement tout pour tout reconstruire autrement, mais cela fait partie du processus ; ces premières étapes me montrent les directions que j’ai envie, ou besoin, d’explorer.) Sachant que je consulte Antidote ou ses homologues parfois plusieurs fois par minute (merci Alfred et AppleScript), et que, dans « Les Dieux sauvages », je m’amuse à recréer une sorte de parler pseudo-médiéval, j’aime bien chercher les synonymes inusités ou pittoresques.
Or doncques, l’autre jour, j’avais besoin de synonymes fleuris du mot “cul”. Très bien, Rabelais, tu n’as qu’à bien te tenir, me voici parti en quête. Et quelle n’est pas ma curiosité de découvrir dans la liste celui-ci :
Et là, d’un seul coup, tout un pan de la langue française prend sens dans ma tête : foirer quelque chose, bien sûr, c’est comme le “chier”, faire de la merde, tout ça (c’est d’ailleurs le sens vieilli et très familier du terme, ce que j’ignorais) ; et là, je comprends aussi que “enfoiré” n’est en fait qu’une variante sur un thème vieux comme le monde – “enculé”, même combat. Comme empaler. Et bougre d’âne : saviez-vous qu’un bougre, à la base, c’est un sodomite ?
Ah, c’est sûr que ça donne moins envie de taquiner ses enfants en les traitant affectueusement de bougres d’âne, tout de suite.
Est-ce que j’ai un point ? (Anglicisme.) En fait, oui, au-delà du fait d’avoir appris un nouveau truc linguistique, ce qui est toujours intéressant quel que soit le registre : si l’on veut s’efforcer de faire évoluer son vocabulaire d’insultes1 pour en évacuer les connotations homophobes et machistes, eh bah “enfoiré” est à mettre tout autant à l’index.
Oui, j’ai totalement fait exprès avec cette dernière phrase.
- Rappelons que Freud, qui a certes dit un paquet de conneries, mais pas que, affirmait que le premier à jeter une insulte plutôt qu’une pierre était le fondateur de la civilisation ; ce qui paraît assez vrai, comme le prouve le système routier de toute métropole développée, un endroit assurément très civilisé vu comme on s’y insulte. ↩
À rapporocher de l’occitan, fouéro, la diarhée.
Lisez l’article ! Ne regardez pas la vidéo ! Trop peu d’action et pas assez de personnes, et surtout c’est long (oui, je l’ai regardée en entier pour vérifier s’il n’y avait pas un coup de théâtre au milieu).
Ah c’est dommage j’aime particulièrement cette insulte mais effectivement la connotation homophobe me dérange quelque peu ! Mais c’est rigolo à savoir, en tout cas. J’avais toujours pensé que ça avait à voir avec la foire, du coup que ce serait une sorte d’insulte équivalente à “saltimbanque”, tu vois, et avec un côté moins agressif et même vulgaire que “enculé”. Bon tant pis je vais la garder dans mon vocabulaire, j’y suis trop attachée 🙂 Merci pour ce petit moment de culture en vulgarités, c’est tjrs très plaisant 🙂
‘Bougre’ étant même au Moyen Âge une allusion directe à nos amis bulgares qui, semble-t-il, avaient cette merveilleuse image de sodomites pour les catholiques occidentaux. ^^
Diantre ! Pourquoi les Bulgares ? En tout cas merci pour la précision !
Cela rester à vérifier, mais me semble que c’est lié aux “bons chrétiens”, aux “bons bougres” bogomiles, qui étaient tout comme nos Cathares, une secte chrétienne déclarée hérétiques par Rome (et qui n’étaient probablement ni plus ni moins homosexuels que la moyenne)
Damn. Qui veut tuer sa secte l’accuse d’homosexualité, j’imagine. Ce que l’histoire des religions est charmante.
Pour les Cathares ils ont fait plus simple, en les accusant simplement d’hérésie.
Ca a marché aussi.
Mais bon, comme d’hab, y’avais une raison politique derrière, hein : les conflits avec la couronne de Navarre, et le Comte de Toulouse qui était un poil trop arrogant et indépendant pour le roi de France…
M’enfin.