Je jure que lundi midi, quand un ami a reçu ses gyôzas au restaurant, je me suis dit : « mon cerveau doit ressembler à ça ». Ce qui méta-décrit mon état de cramitude : ce n’est pas tellement l’image qui compte que le fait que j’aie simplement pu la concevoir…
Bref ! Gros coup de bleu (de blues) à la cérémonie de clôture tandis que cette 77e Worldcon touche à sa fin et que symboliquement, le flambeau a été remis à l’équipe de l’année prochaine, ConZealand, à Wellington. Entre les tables rondes et les belles rencontres toutes reliées par notre passion commune, ces cinq jours sont passés extrêmement vite.
J’ai été frappé (comme à chaque fois) par le pragmatisme à la fois simple et décomplexé de l’approche de l’écriture dans le milieu anglophone. On adore encore, en France, se raconter des contes comme quoi le « talent » ou la « vocation » doivent primer sur toute autre considération ; que l’écriture (ou la création) restent la chasse gardée d’une classe mystérieuse d’élus mystiques qui « l’ont » (le truc) ou pas. Dans une culture qui s’est toujours proclamée égalitaire, cela me laisse drôlement songeur.
Rien de tout cela à une Worldcon. Tu veux écrire ? Bosse. Bosse, encore, encore et encore. Et puis davantage que ça. Ne lâche pas ; prends-toi des portes dans la tronche, marche sur les râteaux, c’est inévitable, cela fait partie du chemin hélas, mais quoi que tu fasses, n’oublie pas : ne lâche pas. Le travail est ta seule variable d’ajustement, et ce qui différencie ceux qui « y arrivent » (arrivent à publier, jouissent d’un certain lectorat, pour faire connaître leur travail au monde) c’est avant tout la persévérance, la volonté d’évoluer et d’apprendre sans cesse. C’est dur, oh oui. Mais tu veux ? Alors donne tout et même le reste, et tu pourras probablement y arriver, même si cela doit prendre dix ou vingt ans. Au fond, il n’y a qu’une seule vraie métrique : l’expérience. Et une seule pulsion : une niaque tellement invraisemblable qu’elle confine à la mégalomanie, l’inconscience, ou un mélange des deux. (Au passage, je repose ça là)
Tu te doutes, auguste lectorat, que je souscris entièrement au discours, parce que c’est celui que j’ai biberonné depuis plus de vingt ans, et j’oserais dire que c’est celui qui m’a conduit où je me trouve (soit, timidement, un peu plus loin qu’il y a vingt ans, c’est-à-dire : j’ai publié quelques trucs et des gens ont aimé), avec l’immense conscience que j’ai à peine commencé à vaguement accepter le chaos non-euclidien doublé de résolution indispensable qui semble apparemment former l’essence de ce métier. On apprend toujours, et c’est ça qui est merveilleux. On en a parlé il y a un an tout juste dans Procrastination, d’ailleurs (« Talent Vs. Travail »).
Non, ça ne sera pas plus simple ou plus facile, mais au bout d’un moment, tu finiras par comprendre intimement que c’est normal. Le talent existe peut-être. Mais vu qu’on ne peut pas y faire grand-chose, on s’en balance un peu, et tout ce que tu peux faire, c’est travailler sans relâche à cette chose qui compte pour toi ; et la seule personne à qui tu rends des comptes, en définitive, c’est toi-même. (Coucou, Steven Pressfield.)
Sinon, ça fait tout drôle, j’ai mesuré le jour même que c’était la première fois que j’étais invité à intervenir sur une table ronde avec ma casquette musicale, aux côtés de Sam Watts (compositeur entre autres de la bande originale de Sarah Jane Adventures !), et pouvoir discuter avec le public de bandes-son légendaires (en replaçant au passage celle de Babylon 5 par Christopher Franke) a constitué un des grands plaisirs de cette convention.
Ma plus grande erreur aura certainement été d’emporter une grande valide vide. En pensant que je rapporterais DES TRUCS. Ben forcément, hein. Je cherche, aussi. Les livres, c’est comme les gaz parfaits. C’est curieux, ça finit toujours pas occuper tout l’espace disponible.
J’adore ! Merci et bon retour en France !
Nickel !
« Les livres, c’est comme les gaz parfaits. » Et une valise pleine de gaz parfaits, ça nique les articulations et autres tendons brachiaux aussi fort que la même valise pleine de livres (imparfaits 😉 ?
Au fait, merci pour tes retours enthousiastes et enthousiasmants, une bouffée d’oxygène
Ah fichtre, j’espère bien que les livres ne passent pas à l’état gazeux, sinon on est mal…
Merci beaucoup !
Je n’avais jamais vu cette façon de représenter une apostrophe pour le génitif saxon !
Totalement d’accord avec toi sur l’approche anglophone de l’écriture, bien loin des « chasseurs de muse » français qui attendent que ça leur tombe tout cuit dans le bec 😉 Bon, alors, direction Wellington l’année prochaine ? 😉
En principe oui, je devrais avoir des facilités pour y être ????
Je suis pas trop whisky / whiskey, mais je crois que je vais devoir goûter celui-là…
Merci pour le report, ça donne envie d’y être ! (un jour, oui !)
ah toi aussi , ^^
Et du coup la coNZealand est dans le planning ? ^^
merci pour l’ensemble de tes articles sur le sujet, ça fait envie. Je me surprend à ne pas avoir entendu parler de cette convention mondiale avant cette année. Maintenant je crois que je peux te souhaiter un bon repos ! c’est dingue comment ces évènements crèvent et en même temps regalvanisent.
Je m’en suis offert une bouteille il n’y a pas très lgtmps, assez doux avec un final un peu plus « relevé », pas inoubliable mais « classique » et agréable, et le détail de la découpe de la larme sur la bouteille est sympa. Bonne dégustation!
Un de mes préférés. Malheureusement je n’en ai plus ????
Merci pour le reportage! C’est super motivant, ton enthousiasme est palpable 🙂 Ca fait enviiiiiiiie (au moins d’en refaire en France, je me déplace pas assez!)
Merci à toi !
AAhhhh dans mes bras !! Entre Sarah Jane Adventures et promouvoir la bande son de Babylon 5 (Karftwerk quelqu’un ?)… yesss !! et oui la WorldCon je souhaite y retourner même si on aura quand même FantasyCon a`Montréal en 2021 me semble…
Aha yeah ! ????
La FantasyCon me tenterait beaucoup aussi ! Au cas où la Worldcon sera à DC en 2021, donc ça n’est pas encore trop loin en principe ????