Écrire, être publié, ou les deux ?

Repost d’un fil sur Twitter sur un sujet qui me gratte depuis un moment, inspiré par des années (maintenant) d’observation des milieux éditoriaux, de discussions avec les jeunes auteurs, de lectures de messages sur les réseaux. Parce, quand je vois certaines frustrations relatives à la publication, ses règles, ses “contraintes”, je ressens une dichotomie dommageable entre écrire et publier.

Écrire est la base. Raffiner sa pratique, de manière à étendre la palette de son expression pour arriver à cerner au plus juste le cœur de ce que l’on a à dire est le processus. Notez bien qu’il n’est nulle part ici question de publication. La publication est un bonheur, l’occasion de partager avec le monde, et peut-être même l’occasion de (wouah) gagner des sous. Mais :

La publication n’est pas la fin en soi ni – et je lis parfois ça dans la frustration de jeunes auteurs – la validation de vos efforts ni de votre personne. La validation de vos efforts, ce sont vos efforts en eux-mêmes. Vous écrivez. Ce “trajet de raffinement”, comme le dit Léa Silhol.

Il est évident pour tout le monde que si tu veux faire The Voice ou que tu veux faire du concept art pour Hollywood, ça demande un boulot de malade mental. Ce n’est pas parce que tu chantes sous ta douche ou que tu griffonnes que tu as le niveau. Notez bien : CE N’EST PAS GRAVE. Cela n’invalide en rien votre création. L’acte de créer et l’acte de faire The Voice sont deux choses entièrement différentes.

Le métier du créateur consiste à raffiner sa pratique par amour de celle-ci.

Dis Siri, écris-moi une super histoire

Donc, de grâce, si c’est votre cas, cessez d’équivaloir au plus vite création et validation. Soyez dans l’amour et la disponibilité de ce qui vous a choisi pour exister ; soyez dans le travail pour lui donner la meilleure forme possible. C’est, réellement, tout ce qu’il y a.

Ne prenez donc pas une merveilleuse conséquence pour le but à atteindre. Si vous créez avec sérieux et dévouement, vous faites déjà ce qu’il faut.

Le reste n’est que :

  • travail, qui vous appartient
  • et au-delà, c’est hors de vos mains ; alors arrêtez de vous faire du mal et surtout, ne confondez pas voyage et destination.