Avec Geekriture, l’idée est de partager explorations et propositions concernant la productivité (qui est, rappelons-le, arriver plus vite et avec plaisir à ses buts) dans le cadre de l’écriture, parce qu’au-delà de l’organisation personnelle, il se tient en ce moment environ une véritable révolution (encore confidentielle) concernant la gestion de la connaissance. Ce qui est parfait en ce qui me concerne, parce que mener des projets pharaoniques comme « Les Dieux sauvages » et même l’univers d’Évanégyre tout entier implique des exigences proprement industrielles de traçage des détails, des intentions, jusqu’aux schémas d’ensemble, et je suis, eh bien, toujours à l’affût de meilleures méthodes.
Je me suis plongé depuis deux ans ce territoire, à la fois d’avant-garde (parce que les outils numériques, notamment l’hypertexte, transforment le savoir à l’échelon individuel) et ancestral (parce que gérer du savoir, ça remonte au bas mot à la bibliothèque d’Alexandrie, et le principe du Zettelkasten a été inventé par un sociologue dans les années 1960, soit avant l’informatique). Je parlerai de toutes ces méthodes dans Geekriture au fil des mois et surtout en quoi et comment on peut les adapter pour la fiction romanesque. Cependant, dans ce cadre, j’ai cassé ma tirelire cochon rose et suivi la formation Linking Your Thinking de Nick Milo (juste avant que le prix n’augmente cette année) dans l’espoir d’apprendre toujours plus de trucs.
Cela paraît peut-être encore un peu abscons, il y a pas mal de théorie derrière tout ce mouvement qui rappelle le lifehacking et l’essor de GTD dans les années 2000 (les principes sont très simples, mais nécessitent une pratique assidue pour en faire des réflexes). Ce qui est important ici est : à la fin de la formation, comme tous les stagiaires, j’ai proposé un exposé sur les systèmes qu’elle m’a permis de bâtir. Mon but d’origine était très clair : arriver à organiser mes idées avec plus d’aisance pour maintenir autant que possible l’état de flow.
Dans cette vidéo, je vous propose donc un tour d’horizon de mon organisation interne de notes de narration, que ce soit pour Évanégyre ou La Succession des Âges (« Les Dieux sauvages » V). (En anglais.) Le concept du « problème du tesseract » que j’aborde rapidement sera développé en détail dans Comment écrire de la fiction ?, tout comme le spectre de l’idée, de l’hypothèse et de la certitude en fiction, qui a été exposé ici avec le système d’émojis correspondant.
Hello, et merci à nouveau pour cette percée « Zettelkasten », que je traque insidieusement depuis juin dernier…
Je « mind-map » sur papier comme un dur, mais quand l’arbre bouge, je découpe, redessine recolle.
What a mess…
j’avais vu Roam, et Zettl, mais Obsidian semble bien emporter la chose…
J’ai gambergé sur « the tesseract dilemma »… sans être sûr de bien comprendre :
serait-ce la question de la 4ème dimension ? la question posée au dessus, au delà du tout ? Une traduction française concise if possible ?
Et je relis les Dieux sauvages Tome 1, si, si, si… et je vois que le « Verrou du Fleuve » apparaît en P 186.
Structure, quand tu nous tiens…
Passionnant.
Merci pour tout ce que tu apportes.
Eric 😁👍
Grand merci à toi Éric ! Et merci de ta relecture de « Les Dieux sauvages », je suis content que tu retrouves les petits cailloux semés depuis le début (… les étranges passages « Ailleurs » sur lesquels on m’a beaucoup interrogé prennent tout leur sens une fois qu’on sait le fin mot de l’histoire… 😉 )
Je confirme qu’Obsidian me semble (de loin) le meilleur des produits. Zettlr se développe à la vitesse d’un petit projet open source, l’attitude du fondateur de Roam est absolument détestable et l’app garde tes données prisonnières. Les devs d’Obsidian sont un couple indépendant et passionné qui ne cesse d’écouter la communauté et de proposer des fonctionnalités toujours plus poussées mais accessibles !
Le dilemme du tesseract, j’en parle en grand détail dans Comment écrire de la fiction ? mais en gros, un tesseract est un hypercube (cube à 4 dimensions) qu’il est impossible de représenter graphiquement mais qui peut se formuler et se concevoir théoriquement sans (trop de) mal. Cette expression désigne pour moi une dissonance fondamentale de la création littéraire : il s’agit de rentrer un théâtre multidimensionnel (informations, simultanéités) et multisensoriel, qu’on peut considérer en un sens comme un tesseract, dans une forme artistique qui est fondamentalement linéaire (on lit de phrase à phrase et la multidimensionnalité est fondamentalement une illusion reconstruite par l’esprit du lecteur). C’est comme essayer de représenter un tesseract, ce qui est fondamentalement impossible – mais l’auteur doit y parvenir quand même : comprimer les dimensions innombrables du théâtre mental dans une seule, celle des mots lus en séquence.