On m’a demandé de l’expliquer de loin en loin, genre, « oh, mais t’écris sous Scrivener, c’est tellement compliqué, Word fait bien le boulot » – NAN NAN NAN arrêtez vous me faites mal à la tête. Word est adéquat pour écrire une lettre. Mais écrire un rapport ou un roman sous Word, c’est comme écrire à la Remington avec des maniques de four – OKAY OUI tu peux faire le job et quelque part, maximum respect à toi d’y arriver. Mais franchement, est-ce que tu préfères faire une rando poursuivi par des hyènes affamées avec des chaussures remplies de verre pilé ou bien, heuuuu… rester chez toi à manger des chips ?
OKAY C’EST UNE COMPARAISON BIEN POURRIE mais je hais Word quand même et parce que :
1. Le ruban. Des années maintenant qu’on se tape cette interface, qu’on la hait collectivement, et que Microsoft, dans une parfaite attitude microsoftienne, continue à nous l’imposer.
2. Le chargement progressif des fichiers. Nous avons des machines qui ridiculisent d’un facteur mille ou dix mille les engins utilisés pour les premières missions lunaires, et Word n’est toujours pas foutu, sur mon Mac M1, de charger un tome entier de « Les Dieux sauvages » d’un million et demi de signes en un temps inférieur à PLUSIEURS FUCKING MINUTES.
3. Il ne fonctionne pas avec la correction système de l’orthographe de macOS.
4. Pas de « bip » ou de message si aucun résultat de recherche n’est trouvé (du coup, t’es jamais sûr qu’il ne s’est pas endormi au volant).
5. Copier une quinzaine de pages, commande-N pour créer un nouveau fichier prend DIX SECONDES. On rappelle, avec une machine qui aurait pu gérer cent programmes Apollo.
6. Dis-moi, Word, tu es tellement mal codé que si j’ai copié quelques pages, tu dois me demander si tu veux garder le contenu dans le presse-papier à l’extinction ? Genre, ça va étouffer un téraoctet d’espace disque ?
7. Remplacer un mot surligné fait apparaître au hasard le surlignement dans le texte en mode suivi des modifications, notamment les caractères portant des accents circonflexes. POURQUOI ? PARCE QUE C’EST PLUS JOLI COMME ÇA ?
8. Cette façon atroce de dire « nous » (dans tous les programmes Microsoft récents). « Nous n’avons pas trouvé de résultats de recherche. » Je suis en train d’utiliser un logiciel, pas de recevoir un courrier de l’URSSAF Limousin.
(Ça m’évoque d’ailleurs cette vieille capture d’écran surréaliste de Windows.)
9. J’essayais juste de taper le caractère « û » dans « mûr », quand soudain :
Ça veut dire quoi ? Sous le pavé de texte, la plage ?
10. Quand tu échanges en suivi des modifications avec un Word étranger, il TE MET ÇA PARTOUT PARCE QUE TU AS VISIBLEMENT CHANGÉ DE LANGUE TROIS MILLIONS DE FOIS
12. Tu fais une simple recherche dans un texte, quand soudain
13. Cette purge coûte 70 balles par an dans l’abonnement Office, alors que Scrivener en coûte 50 une fois pour toutes.
Évidemment, l’honnêteté intellectuelle me pousse à rappeler cet épisode de Procrastination où Laurent Genefort explique travailler sous Word. J’ai aussi vu Brandon Sanderson travailler sous Word. Mais franchement ! Hein !
Et puis il faut dire aussi que le mode suivi des modifications est passable.
MAIS
FRANCHEMENT
HEIN.
Article génial et jouissif. Je hais Word, pour d’autres raisons — et je suis obligée de payer l’abonnement pour mon boulot — mais comme je le regrette ! Pour écrire mes romans j’utilise Pages et je ne comprend pas que Bill Gates qui a tant adoré copier Apple, ne l’ai pas aussi copié pour ça. Le monde en serait meilleur… (et les employés de bureau moins stressés).
Haha merci 😁 On est bien d’accord que Pages, c’est autre chose ! Jamais aucun problème à digérer les gros fichiers… et jamais de crise de nerfs parce que ces foutues images ne restent pas à la même place.
Microsoft n’a pas la culture du soin apporté au détail. (Hélas, Apple la perd un peu aussi, ces temps-ci.)
Ça va mieux? ^^
Merci pour cet article qui m’aura bien fait sourire XD
Je bosse sur Word depuis des années, je donne des formations sur ce logiciel, et je corrige tous les mémoires et thèses d’étudiants, mais pour écrire un roman : Scrivener a détrôné tous les logiciels de traitements de texte. Y’a pas à chier.
Ses lourdeurs sont insupportables.
Par contre, étant sous PC, je suis obligée d’y revenir pour faire tourner Antidote (il n’est que sur Mac avec Scrivener). Chaque fois ça me rappelle pourquoi Word est la base (mais JUSTE) la base.
Un jour, peut-être, je passerais sous Mac et abandonnerais sans regret Word. Un jour…
Aaaah oui merci. 😁 Et content que la vanne soit bien passée.
Clairement, vu que j’ai la haine contre Word, c’est bien sûr que je m’en sers et que c’est tout à fait une base standard dans le métier. Pour la phase des corrections, on est obligé de s’en servir (ne serait-ce que parce que c’est standard et tout le monde connaît). Pour quelques mois dans l’année, ça passe, mais chaque fois, je cherche une énième fois une autre solution…
(Oui, faut passer sous Mac ! C’est pas dur en plus : https://lioneldavoust.com/2017/passer-sous-mac-cest-facile )
Tellement vrai ! Je suis absolument d’accord. Scrivener est tellement, incroyablement pratique. J’ai arrêté de travailler sous Word après quelques roues qui tournent indéfiniment et des pertes de données au passage. Insupportable de nos jours, pour celles et ceux qui ont du très bon matériel par ailleurs. Je croyais que j’étais la seule 🙂
Aha alors, tu n’es pas la seule, mais nous sommes rares – je reste stupéfait de la quantité de mes confrères et sœurs pros qui bossent encore sous Word.
Comme quoi, c’est quand même bien l’usage de l’outil qui prime sur l’outil lui-même.
Mais bon, perso, j’aime pas me faire de mal. 😁
Je bosse avec Word sur MacOS également. Mais mes manuscrits ou ceux de mes auteurs ne sont pas aussi monumentaux que les tiens, du coup j’ai rarement de problème avec. Pour les romans « standards » (et chacun en a sa définition), Word fait le job. Scrivener, je ne l’utilise que lorsque j’écris des séries en épisodes car il apporte une visibilité que ne pourra jamais offrir Word. Mais j’en suis toujours à une version 2.x de Scrivener.
Hmm… Même les nouvelles, je les écris sous Scrivener. Je préfère la vue d’ensemble qu’il offre, même pour un texte court, surtout pour ce qui est notes de construction et réflexions préliminaires.
Ah ah, encore un article de geek énervé comme j’adore. Ça m’a rappelé ma période Linux et le couplet « Crosoft c’est le maaaal ». Même si aujourd’hui je l’avoue sans honte, j’aime bien Word (mais j’aime tous les logiciels, même le bloc note et l’appli météo).
Cependant, depuis que j’ai découvert Scrivener (merci le Nano et le bon de réduc à la fin – y en a aussi pour le camp nano, j’dis ça…), ben j’écris. Je veux dire, j’ai enfin réussi à faire passer l’idée informe de ma caboche à un fichier sur mon pc. Même que maintenant, j’ai un premier jet à corriger (nouvelle aventure et tout un continent à explorer). Et c’est clair que c’est Scrivener qui va le plus m’aide encore à cette étape là. Word peut aller se rhabiller.
Donc on est d’accord : pour des lettres ou un cv, Word, c’est l’idéal. Pour écrire un roman et tout ce qui va avec : Scrivener.
(Rien à voir : t’as des nouvelles si tu pourras reprendre la série Geekriture chez ActuSF (prises de notes, Obsidian, toussa…)
Même l’app météo ?
Même le design semi-brutalisme de Windows ?
Je suis ébaubi par tant de possibilité d’amour. Je n’en suis clairement pas là dans mon trajet de pleine conscience… 😄
Aaaah je suis ravi que Scrivener ait réussi à te déverrouiller et à te mettre à écrire ! Félicitations pour le premier jet ! Et c’est clair que pour les corrections aussi, Scrivener est un outil formidable.
Concernant Geekriture, pas de nouvelles. Je vais y aller (aux nouvelles). Les six premiers articles ont quand même pu distiller les principes les plus fondamentaux, ce qui me rassure, cela forme au moins un tout cohérent.