Les protecteurs d’écran Paperlike sont atroces

Il existe a une zone d’équilibre, éminemment personnelle, entre les apports multiples apportés par la technologie pour la réflexion et la création, et le déraillement total de l’esprit qu’elle peut aussi occasionner quand tapoter l’icône d’Instagram devient un réflexe conditionné. Parmi les usages et les apports : prendre des notes manuscrites sur un iPad, ce qui permet de stocker des milliers de pages dans un bloc à poids fixe, mais la friction de prendre la machine – la déverrouiller – ouvrir son bloc-notes – trouver le bon – écrire avec la sensation d’un Bic sur une plaque de verre n’offre pas la meilleure expérience.

Pour le dernier point, on peut faire quelque chose : quantité de compagnies proposent des protège-écran mats censés recréer une expérience d’écriture proche du papier. À cette fin, j’étais jusqu’ici un utilisateur convenablement grognonnant de l’iVisor Moshi – c’est-à-dire que je n’étais pas spécialement heureux du machin, mais que je le laissais à demeure parce que les bénéfices dépassaient les inconvénients. Qui sont : une expérience d’écriture effectivement supérieure, mais un écran devenu tout mat et pas super joli, résumant le verdict technique complet à : « ouais, okay, mais gneumeugneu ».

Paperlike est le leader de ce petit marché, et donc, appâté par la pub, le succès et, en réalité, un budget marketing déraisonnable en vidéos YouTube, je viens de tenter le coup alors que je changeais mon décidément vieillissant iPad Pro de 2018. Fantastique, c’est la nouvelle version, et on les trouve même en rayonnage chez JB Hi-Fi (équivalent Aussie de la Fnac sans les livres), c’est bien que ça doit être quand même chouette, surtout que tout le monde en dit du bien et… 

AAAAH ARRÊTEZ TOUT C’EST DÉGUEULASSE

La procédure d’installation n’est pas des plus commodes malgré des vidéos détaillées et un processus raffiné : heureusement que Paperlike fournit deux protections d’écran parce que, honnêtement, j’ai complètement raté la première et j’ai dû repartir de zéro.

La seconde, correctement appliquée sur ma machine, a duré à peu près 127 secondes en place avant que je ne l’arrache avec un absolu dégoût. (Y a pas que moi : vous auriez dû voir aussi la tronche de L. l’effleurant de son gracile index.)

Ce que le Paperlike fait bien : l’écran est beaucoup plus joli qu’avec un iVisor. Certes, c’est mat, mais c’est l’idée, cependant la définition est à peu près conservée, les couleurs sont à peine plus ternes, sur ce point, c’est une réussite. Mais :

Dealbreaker absolu : toucher et expérience d’écriture. C’est atroce, et il faut que ça se sache au-delà des vidéos payées à grands renforts d’influenceurs. Vous pouvez recréer exactement la sensation chez vous, avec une petite recette toute simple et un peu de matériel, vous allez voir.

  • Prenez une surface lisse, comme un dallage de salle de bains ou un plan de travail de cuisine.
  • Renversez du Coca dessus.
  • Essuyez le tout avec une éponge mouillée du mieux possible, à plusieurs reprises, mais sans employer de savon.
  • Laissez sécher.

Vous voyez cette sensation lisse, mais qui reste très vaguement collante, qui accroche sous les doigts sans pourtant que vous n’ayez le moindre résidu sur la peau ? Ce genre de surface que vous passez une semaine à astiquer pour essayer, sans grand succès d’ailleurs, à enfin supprimer cette vague sensation de sale ? Voilà le toucher de la Paperlike. Au stylet, c’est la même chose : on n’écrit pas sur du papier, on n’écrit pas avec un feutre, on a juste une pointe ralentie par une pellicule mollassonne, avec en prime la joie d’appuyer la paume de sa main sur le même mélange.

C’est. Une. Horreur.

Je ne peux pas en dire suffisamment de mal. C’est un des produits les plus montés en épingle de notre niche branchouille de nerds connectés. À éviter à tout prix, absolument, et en plus, c’est même pas assez Paperlike pour qu’on puisse les cramer écologiquement dans un jardin. Soixante kangourous foutus en l’air : ne buvez pas la hype.