La photo de la semaine : En avant
À Aberystywth, au Pays de Galles.
À Aberystywth, au Pays de Galles.
J’ai reçu un état des stocks de la trilogie Léviathan et la mer est basse : il ne reste quasiment plus d’exemplaires chez l’éditeur. Une cinquantaine de T1 en grand format, une centaine de T3, et seulement QUATRE tomes 2 neufs.
En conséquence, si vous avez envie de lire la série en neuf, je vous recommande instamment de commander maintenant tout de suite : la série va disparaître des étals, parce que, sortie il y a plus de dix ans, je peux affirmer sans doute possible qu’elle ne sera pas réimprimée.
La trilogie Léviathan (Chute, Nuit, Pouvoir) suit le trajet initiatique d’un biologiste marin sans histoire, Michael Petersen, qui découvre les mensonges tissant son existence au cours d’une expédition en Antarctique et la nature malléable du tissu même de la réalité. Vendue en thriller, il s’agit en réalité de fantastique qui glisse vers une fantasy urbaine totalement assumée. Ma première saga, qui est complète, et mon premier grand récit choral (deux, puis trois points de vue). Avec le recul des années, je vois évidemment des tas de choses que j’aurais faites différemment aujourd’hui (l’aventure éditoriale n’a pas été non plus exempte de désaccords), mais il y a aussi des éléments dont je reste très fier, en particulier les séquences oniriques et symboliques mélangées à l’ambiance contemporaine, l’aspect roman de voyage et ses décors, la perspective du monde des mages immortels, et les combats mêlant épées rituelles, flingues et manipulations de la gravité.
Attention, contrairement à La Volonté du Dragon épuisé en papier mais toujours disponible en numérique au long cours, Léviathan n’a pas d’édition numérique et n’en aura pas, la faute aux conditions inacceptables proposées par le Seuil à l’époque de la publication de la série (et leur refus catégorique d’en discuter). Donc, quand les livres disparaîtront, ils auront disparu pour de bon, et votre seul recours sera le marché de l’occasion. Et si vous voulez tremper l’orteil dans l’océan, le premier tome existe en poche chez Points (là aussi, il n’en reste beaucoup plus beaucoup, une grosse cinquantaine) avant de vous jeter à l’eau.
Je repasserai en France au printemps prochain, j’en profite pour proposer quelques stages et ateliers, et apparemment, l’atelier à l’école Les Mots « Techniques avancées de création de mondes imaginaires » leur est beaucoup demandé. Merci de votre confiance !
J’ai donc le plaisir d’en proposer une nouvelle édition, les 5-6 avril 2025 :
Qui ne connaît pas le célèbre « Luke, je suis ton père », le pouvoir terrifiant de l’Œil de Sauron ou encore la devise Winter is coming ?
Des succès planétaires de Star Wars au Seigneur des Anneaux, de Game of Thrones à Harry Potter, l’imaginaire forme la première culture mondiale, transcendant les générations et les nationalités.
Parler des « littératures de l’imaginaire » est en réalité un raccourci pour désigner les littératures des mondes imaginaires. Ces réalités fictionnelles peuvent être proches de la nôtre dans le cadre du fantastique ou de la fantasy urbaine, ou bien totalement disjointes comme dans le cas de la Terre du Milieu ou de Westeros. Ce qui régit ce monde, qu’il s’agisse de l’horreur indicible des Grands Anciens de Lovecraft, des systèmes magiques extrêmement poussés et complexes de Brandon Sanderson ou de la science du voyage spatial et des relations entre espèces extraterrestres dans Star Trek, constitue ce que l’on peut appeler « l’hypothèse de monde » imaginaire.
Or la construction d’un monde imaginaire est une entreprise créative à part entière, mais pour laquelle l’auteur ou autrice doit ménager un équilibre délicat : proposer une réalité complexe, tangible et intéressante, sans pour autant ensevelir l’intérêt de son récit sous l’exposition.
Cet atelier vise à explorer les difficultés spécifiques de cette approche à travers des exercices et techniques opérantes afin d’étoffer ses mondes imaginaires, d’y rechercher de nouvelles occasions narratives, et surtout de dynamiser ses histoires et d’esquiver les pièges les plus courants.
Pour suivre cet atelier il est indispensable :
● De posséder une familiarité de base avec l’imaginaire et ses genres (science-fiction, fantasy, fantastique), que ce soit sous forme littéraire, cinématographique et/ou ludique.
● D’arriver à l’atelier avec une proposition succincte d’hypothèse de monde imaginaire (une demie-page minimum définissant les grandes règles du fonctionnement de la réalité fictionnelle en question selon les intérêts de l’auteur ou autrice : réalité géographique, physique, magique, ou bien sociale, ou encore un peu de tout cela à la fois). Elle servira de base au travail du stage.
Le stage peut être suivi sur place où à distance en visio (ça marche très bien). Pour les inscriptions et plus d’infos, rendez-vous ici – attention, places limitées !
➡️ Créer un monde imaginaire : techniques avancées – à l’école Les Mots
La troisième grande annonce pour cette étape marquante des éditions Critic, avec qui j’ai le plaisir de travailler en étroite collaboration depuis le tout début, c’est que la maison s’établit dans une toute nouvelle structure indépendante, avec sept nouveaux partenaires, dont j’ai le grand honneur et l’immense plaisir de faire partie !
Il y a quelque chose de très beau et de très spécial, je dois vous dire, à avoir été un jeune auteur tout chevelu à publier son premier roman dans une maison d’édition, et, quinze ans plus tard, à devenir associé de ladite maison. Je vous avoue que j’ai été sacrément ému quand Éric m’a proposé de rejoindre l’aventure.
Et avec Florence à la direction générale, ça va être fantastique : j’ai la chance d’être dirigé par Florence depuis La Route de la Conquête et je peux témoigner de son exigence littéraire, mais aussi de son respect immense pour l’œuvre des auteurs et leurs intentions. C’est une incarnation à mes yeux de l’éditeur·ice idéal·e : quelqu’un qui saisit ce que vous avez voulu faire, regorge de propositions pour vous faire aller plus loin, et ne vous lâche pas, vous secoue jusqu’à avoir amené votre projet aussi haut que vous en êtes capable.
J’envoie aussi un high five à 17000 km à tou·tes les autres partenaires : vous pourrez constater qu’on garde le même esprit, la même approche, mais avec un élargissement de l’équipe, davantage de regards, pour propulser les éditions avec de nouvelles énergies dans les cent cinquante ans à venir.
Ci-dessous, le communiqué :
15 ans que les éditions Critic existent, donc ! 15 ans, dingue comme le temps passe…
15 ans, c’est la bascule, presque le passage à l’âge adulte, le temps de prendre des décisions et de passer à une nouvelle étape pour la maison d’édition :
15 ans après avoir lancé les éditions Critic au sein de la même structure que la librairie éponyme créée il y a 24 ans, Eric Marcelin le fondateur crée une nouvelle société dédiée à la maison d’édition.
Une nouvelle structure pour accueillir plein de changements. Le premier de ces changements ?
L’arrivée de sept nouveaux partenaires ! Mais, pas d’inquiétudes, les éditions Critic demeurent indépendantes 🙂
Parmi ces sept nouveaux partenaires, deux vous sont sans doute déjà bien connus :
👉 Florence Bury, éditrice et traductrice des littératures de l’imaginaire, qui prend la direction générale des éditions après 13 ans de collaboration en tant que prestataire.
👉 l’auteur français Lionel Davoust, qui portera la voix des auteurs et autrices au sein des éditions Critic
D’autres agissaient déjà dans l’ombre et prennent part au changement :
👉 Cathy Lecroc qui continuera de s’occuper des demandes de subventions, du suivi comptable et apportera sa vigilance de chaque instant à cette nouvelle aventure, comme elle a su le faire ces dernières années avec les projets Critic.
👉 Kilian Marcelin qui réalise les livres numériques et pour qui la technologie n’a pas de secrets. Ça peut toujours aider.
Enfin les nouveaux, que vous ne connaissez pas, des néophytes du monde de l’édition, mais aux talents utiles et au regard neuf sur la profession:
👉 Jean-Gabriel Schoenhenz qui portera son regard affûté sur l’organisation et l’optimisation des éditions Critic au fil du temps.
👉 Nicolas Robe qui nous aidera dans le développement de notre relation client et en communication.
👉 Marc-Olivier Huchet qui saura nous conseiller et guider sur les contrats et négociations ces prochaines années.
Que l’aventure continue ! Vers l’infini et au-delà !! 😀🚀
Luxe, calme et volupté, mes amis : je reste auteur, créateur et agent de la paix avant tout. La Succession des Âges poursuit sa route (j’en dirai un mot rapidement), et si vous vous posez la question, cela ne me limite absolument pas dans ma liberté créative, il m’est toujours possible de travailler avec d’autres maisons, en particulier si le catalogue de Critic n’a pas de place pour certaines de mes envies saugrenues.
La chose la plus importante à l’heure actuelle : je sais que vous attendez la fin de « Les Dieux sauvages », et cela reste ma priorité absolue au quotidien. Et je peux vous dire que je vais me faire rôtir sur des charbons ardents par Florence et Éric.
Une question assez fréquente sur les apps de notes, les PKM, la gestion de la connaissance, les knowledge graphs, les Zettelkasten, tous ces machins :
Vaut-il mieux avoir un seul environnement de notes, ou plusieurs ? Une seule ou plusieurs bases de connaissances ?
Plus prosaïquement : t’as une seule vault Obsidian ou plusieurs ?
Avant de répondre à ça, considérons que nous affrontons déjà, par la force des choses, une fragmentation de nos environnements de pensée, ne serait-ce que par les applications utilisées. Une personne un brin intéressée par l’organisation de ses notes aura en général trois ou quatre environnements distincts :
Voire une base bibliographique (Zotero, DEVONthink, etc.)
Dans les faits, donc, on est déjà forcé de séparer les environnements dans une certaine mesure, pas forcément selon les projets, mais leur étape de réflexion ; en gros, on part de la capture pour développer dans un journal et/ou réfléchir librement pour distiller les idées dans sa base de connaissances (et produire un résultat, évidemment).
Et je pense que ça n’est pas génial pour la création. En effet, on veut pouvoir passer librement d’une étape à l’autre afin de développer ses idées ; dans l’absolu, il n’y a pas de frontière claire établissant « à partir de maintenant, cette idée floue est un projet à développer assidûment » – même si on peut parvenir à une telle décision, et qu’on le fait. Mais dans les étapes d’élaboration, il n’est pas rare, je crois, de paumer ses idées : « dans quel carnet se trouve cette fantastique idée de roman que je veux faire maintenant tout de suite ? »
Ce serait chouette de pouvoir conserver le continuum intact.
La création, l’émergence et le développement des idées, en particulier dans le domaine artistique, se nourrissent d’absolument tout. D’une photo prise sur le vif dans la rue lors d’un voyage, d’un échange à cœur ouvert avec un ami, d’une réflexion dans son journal, de notes griffonnées sur un coin de table. J’ai mis au point une de mes plus importantes prises de conscience créatives récentes dans un moment de désœuvrement entre deux portes parce que je cherchais à démontrer la nocivité du système PARA pour la création artistique. On ne réfléchit jamais aussi bien que quand on se laisse vagabonder ; c’est pourquoi tant de bonnes idées viennent sous la douche.
Donc : combien de vaults Obsidian ? Combien, au sens large, d’environnements de pensée ?
Un.
Un seul, qui compilera au maximum tous les éléments formant la réflexion conduisant à la création : captures à la volée, notes manuscrites, Zettelkasten, et bouts et constructions relatifs aux projets en cours, notés parce que c’est chouette, sans nécessairement viser d’objectif dans un premier temps – dans un tel environnement, il vient un moment où l’objectif se décante et où une idée est devenue suffisamment mûre pour engendrer une production assidue.
C’est une distillation continue.
Deux caveats à ça; quand même :
Si vous avez une activité purement externe sans rapport aucun avec la création (un boulot alimentaire nécessitant des notes), vous pouvez décider de la séparer de votre environnement de réflexion mais, même là, je trouve cela dommage. Cette activité, même si vous la détestez, fait partie de vous. Il y a sans doute des éléments créatifs à en tirer. Ne serait-ce, le cas échéant, que votre détestation qui peut devenir une satire, une parodie, ou juste une catharsis.
Et, comme dit plus haut, les outils impliquent en général une séparation des étapes de réflexion. Aucune app ne fait tout bien : Obsidian fonctionne mal pour les notes manuscrites, la capture de photos avec Drafts est puissamment compliquée, Notability ne sait pas faire de liens entre notes.
C’était jadis la belle promesse d’Evernote qui demeure, encore aujourd’hui, peut-être l’app qui arrive à recouvrir un maximum de domaines d’activité. Hélas, en 2024, il est impensable d’employer un service qui ne soit pas chiffré de bout en bout, et Evernote fait franchement tout de plus en plus mal.
Mais c’est en train de devenir mon nouveau Graal : l’application qui me permettra de tout combiner (et les pratiques que je peux lâcher pour y parvenir).
J’ai un truc avec les espaces liminaux.
J’ai l’impression que c’est hier que l’équipe de Critic passe me voir sur mon stand de dédicace au festival Rue des Livres (à l’époque, je ne signe que des nouvelles) et me dit : « on lance une maison d’édition, on suit ce que tu fais et on serait curieux de voir ce que tu pourrais faire sur une forme plus longue – tu veux nous proposer un manuscrit ? »
C’était en 2009, le bouquin était La Volonté du Dragon et m’a lancé comme romancier ; depuis, Critic est devenu une maison d’édition indépendante majeure du paysage, Évanégyre y a pris son essor comme l’univers que j’imaginais il y a vingt-cinq ans, et nous avons développé une forte et belle relation professionnelle et personnelle au fil des projets et des calvities.
Joyeux anniversaire aux éditions Critic ! Merci pour la confiance et pour tout ce qu’on partage depuis quinze ans.
Et, pour une durée limitée, 15 titres sont à 15 € :
Des choses assez incroyables sont par ailleurs en train de se préparer en coulisses autour des éditions : j’en parlerai dès que j’aurai le droit.
Blast from the past :
Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « s09e03 – L’impatience d’avancer« .
L’impatience d’avoir des retours, de voir un projet exister, peut être forte – et potentiellement difficile à vivre. Peut-on la dompter et la rendre productive, en faire un atout plutôt qu’une peine ?
Mélanie partage cette impatience ; elle forme clairement un atout à l’écriture du premier jet, qui avance avec force et motivation. La suite est plus difficile à vivre et ne se dompte, franchement, qu’avec l’expérience. Pour Estelle, l’écriture est une école du temps long et de la persévérance ; il convient de peut-être distinguer l’impatience de voir un projer exister des retours qu’on en attend. Les temps de latence inévitables à la création permettent peut-être d’avoir un meilleur regard sur le texte et de nourrir l’anticipation de s’y remettre. Enfin, pour Lionel, il n’y a pas de valeurs absolues de qualités ou défauts dans la création, ce qui compte c’est de travailler comme on l’entend. Il est sujet à l’inverse, la terreur de s’y mettre, ce qui forme peut-être le revers d’une même pièce avec cette fameuse impatience.
Références citées
Le dollar australien
Le forum Elbakin.net : https://www.forum-elbakin.net/index.php
Morgan of Glencoe
Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :
Bonne écoute !