Pouvoir faire l’expérience de ça…
… implique accepter l’expérience de ça.
L’Australie, c’est grand. On mesure difficilement à quel point quand on vient de l’Europe : il faut imaginer un territoire dont les échelles sont comparables aux États-Unis, mais avec une population DOUZE fois inférieure. (Certes, il y a beaucoup de désert au milieu, mais il n’y a pas grand-monde non plus qui vit dans la Vallée de la Mort.) Cela implique une conséquence toute simple : c’est très, très vide. Même pour l’agglomération générale de Melbourne (voir article ici), qui mêle certes le centre des affaires (CBD) à de vastes quartiers résidentiels à l’Américaine (pavillons + jardins) ; c’est très vite une succession de petits villages, puis plus rien. Là où, en France, il est quasiment impossible de conduire plus d’une poignée de kilomètres sans se taper un rond-point, l’Australie laisse très rapidement la place à de grandes routes traversant (en Victoria) la forêt, sans rien dedans (rappelant le nord du Québec). C’est vraiment difficile à appréhender pour un Européen, mais ici, dès qu’on s’éloigne des grandes villes, il n’est pas rare de conduire UNE HEURE sans rencontrer davantage qu’une station-service et une poignée d’arrêts de bus pour des fermes invisibles.
Cet étirement de la population implique nécessairement un étirement des infrastructures. Et même chez nous, à pourtant moins d’une heure de Melbourne, considérés comme faisant partie de la ville de Melbourne, un des désagréments avec lesquels il faut apprendre à vivre, ce sont : les coupures de courant.
Case in point : j’écris ça lundi 8 janvier à 11h46 heure australienne, parce que c’est à peu près tout ce que je peux faire en ce moment – les pluies diluviennes d’un nouvel été humide ont visiblement fait se toucher les câbles quelque part et il n’y a plus un électron qui circule dans la maison, ce qui implique forcément : plus d’Internet, et dans mon cas spécifique : plus de Mac fixe avec Scrivener dessus. La capture d’écran ci-dessus est tirée de Vic Fires, une des applications permettant de surveiller les urgences du pays ; de la pointe sud à Shepparton au nord, il y a environ 200 km à vol d’oiseau, et toutes les bouées symbolisent des demandes d’assistance des services de secours – ça donne une idée. Les panneaux « danger » quant à eux représentent les avertissements plus ou moins graves d’inondations reliées ; en ce qui nous concerne, nous sommes accrochés à flanc de colline en hauteur, ce qui nous place à l’abri, heureusement. Notre désagrément se limitera à une journée sans électricité, avec une estimation de remise en service vers 17h ; me voilà condamné à prendre mon portable (non synchronisé, ça serait trop simple…) sous le bras et bosser la journée dans un café. On a connu pire ; et nous nous en tirons très bien.
Mais ce qui serait une occurrence nationale et un événement unique en France représente ici plus ou moins l’habitude. Non pas qu’on s’inonde toutes les semaines (ne pas sortir cette phrase de son contexte), mais ce genre de choses est suffisamment fréquent pour ne pas nous surprendre (même si moi, ça me frustre, étant sous deadline).
On contourne, on fait avec, et on se dit qu’on rattrapera la journée à un autre moment. En tout cas, si je ne suis pas autant en ligne que je le voudrais en ce début d’année, tu sais pourquoi, auguste lectorat.
Courage, dis-toi que ça casse la routine 😬
Mais mon moi diabolique me dit que tu as poussé loin l’art de la procrastination. Migrer en Australie pour avoir des coupures de courant pour avoir une excuse crédible pour repousser l’échéance du dernier tome !
Tu vas inventer quoi ensuite ?
« Bonjour auguste lectorat, je veux écrire un texte de SF alors je vais faire une formation avec Thomas Pesquet et je vais aller sur la lune et je suis pas sûr d’avoir du réseau là-bas ! »
Voilà, VOILÀ pourquoi on écrit de la SF
Les excuses s’écrivent toutes seules