« Le mois de » chez Book en Stock (3) : religions, organisation, musique des mots…

Le troisième volet de ce « Mois de » est en ligne chez Book en Stock ! Pour mémoire, il s’agit d’un mois entier de discussion à bâtons rompus sur les livres, l’écriture, et n’importe quoi d’autre, et tout le monde peut intervenir et participer (il suffit de poser sa ou ses questions en commentaires).

Dans ce troisième volet, on parle de :

  • Religions et leur traitement dans La Messagère du Ciel
  • Organisation des journées de travail, comment les méthodes de productivité me permettent de garder le cap
  • Musique des mots
  • Poésie
  • La mer dans Léviathan
  • Inspirations chez certains grands noms…

C’est à cette adresse, et n’hésitez pas à rejoindre la discussion !

2017-06-15T18:45:40+02:00lundi 19 juin 2017|Entretiens|Commentaires fermés sur « Le mois de » chez Book en Stock (3) : religions, organisation, musique des mots…

« Le mois de » chez Book en Stock (2) : Port d’Âmes, géographie et chronologie d’Évanégyre, orques… 

Le deuxième volet de ce « Mois de » est en ligne chez Book en Stock ! Pour mémoire, il s’agit d’un mois entier de discussion à bâtons rompus sur les livres, l’écriture, et n’importe quoi d’autre, et tout le monde peut intervenir et participer (il suffit de poser sa ou ses questions en commentaires).

Dans ce deuxième volet, on parle de

  • La genèse de Port d’Âmes
  • La géographie d’Évanégyre (en très grand détail) et l’évolution des graphies
  • La chronologie d’Évanégyre et des récits publiés
  • De poésie et d’éventuelles influences en la matière
  • D’orques et de pourquoi c’est le meilleur animal de la vie du monde
  • De dureté scénaristique

C’est à cette adresse, et n’hésitez pas à rejoindre la discussion !

2017-06-06T08:51:34+02:00lundi 12 juin 2017|Entretiens|Commentaires fermés sur « Le mois de » chez Book en Stock (2) : Port d’Âmes, géographie et chronologie d’Évanégyre, orques… 

« Le mois de » chez Book en Stock (1) : parcours, fantasy, TARDIS…

Auguste lectorat, j’ai l’honneur en juin d’être l’invité de Book en Stock et de tous ses / les lecteurs pour une longue session de questions-réponses sans bornes de limites. Du coup, je vais pas mal répercuter sur ce qui s’y dit au fur et à mesure des publications, puisqu’il s’y trouve des tas de réponses qui pourraient faire des articles de blog à part entière.

Dans ce premier volet, on parle

  • De parcours
  • De choix du genre avec la fantasy (et ses liens / rivalités avec la SF)
  • Du principe de la chronologie d’Évanégyre
  • De méthode d’écriture
  • De sardines, de saucisson, de TARDIS…

C’est à cette adresse, et n’hésitez pas à rejoindre la discussion en cours de route si le cœur vous en dit !

2017-06-19T09:21:18+02:00lundi 5 juin 2017|Entretiens|Commentaires fermés sur « Le mois de » chez Book en Stock (1) : parcours, fantasy, TARDIS…

Entretien vidéo sur le Mont des Rêves autour de La Messagère du Ciel et de la traduction

Merci à l’excellent blog / vlog Le Mont des Rêves, qui fait un splendide travail d’interviews et de dossiers, à tel point que c’en est plus un webzine qu’un blog : l’équipe m’a proposé un petit entretien à la dernière édition d’ImaJn’ère à Angers (2017), et en quelques minutes (et un montage de qualité), nous avons parlé de traduction, d’écriture et bien sûr de La Messagère du Ciel. C’est ici (avec une authentique photo de ma bibliothèque de jeux de rôles en prime) :

2017-06-12T12:15:47+02:00jeudi 25 mai 2017|Entretiens|Commentaires fermés sur Entretien vidéo sur le Mont des Rêves autour de La Messagère du Ciel et de la traduction

Invité de Trinity sur Arte : « La quête dans le jeu vidéo » (Art of Gaming ép. 6)

La joueuse professionnelle Trinity tourne actuellement une série d’émissions courtes sur Arte sur les liens entre jeux vidéo et autres arts : Art of Gaming

Pour l’épisode 6, j’ai eu l’immense plaisir de venir discuter du motif de la quête dans le jeu, mais aussi en littérature, typiquement en fantasy (mais aussi SF) ; et des influences réciproques entre médias. À travers le premier Zelda, The Witcher 3 et EVE Online, nous avons également abordé l’évolution de la narration du média. (Et j’ai aussi pu montrer aussi que je connais encore par cœur, près de 30 ans plus tard, le premier donjon de Zelda, ahaha.)

Merci à Trinity et à toute l’équipe de la production pour son invitation et son accueil pour ce moment très agréable et convivial ! Tous les épisodes sont disponibles sur le site d’Arte, sur la page consacrée à l’émission.

L’épisode sur la quête est visible directement ci-dessous ou chez jeuxvideo.com :

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2019-06-04T20:30:29+02:00mardi 28 mars 2017|Best Of, Entretiens|1 Commentaire

Petit entretien autour des méthodes d’écriture

Jan Kahánek

Pour ce jeudi, un autre petit entretien demandé par courriel, par deux lycéennes s’interrogeant sur l’écriture et l’apprentissage qui va avec.

Racontez-nous quelles étapes vous avez franchies pour en arriver où vous en êtes aujourd’hui dans votre métier d’écrivain.

Comme dans beaucoup de métiers de la création, j’ai simplement franchi les étapes au fur et à mesure de l’apprentissage et des occasions qui m’ont été fournies. J’ai commencé, autour des années 2000, par participer à une revue amateur, Proscrit, ce qui m’a permis de rencontrer les acteurs du milieu de l’imaginaire, notamment Stéphanie Nicot, qui m’a mis le pied à l’étrier en me faisant entrer dans l’équipe de sa revue, Galaxies, comme critique puis traducteur littéraire (sous la houlette de Jean-Daniel Brèque). Même s’il ne s’agissait pas d’écriture à proprement parler, cela m’a fourni une approche professionnelle de l’écrit extrêmement précieuse. J’avais toujours en tête l’idée et l’envie d’écrire ; je me suis attelé à travailler mes textes, et j’ai commencé à publier professionnellement des nouvelles en 2004. De là, je n’ai pas cessé de chercher à élargir ma palette d’expression et mes outils, apprenant notamment le métier du roman (qui est très différent de la nouvelle), au fil des ans.

A quoi ressemblaient les premières versions de vos œuvres ? Quelles ont été les évolutions pour arriver au résultat final ?

L’écriture est un mélange d’une dizaine de « compétences » fondamentales à apprendre pour fournir un texte à peu près finalisé (au moins sur le plan de l’exécution ; la richesse des idées et de l’émotion relève d’un autre aspect, plus instinctif et aléatoire). Il y a par exemple les dialogues, la description, le rythme… Ces « compétences » pourraient s’apparenter en peinture au choix des couleurs, à la maîtrise de la perspective, de l’anatomie… Les connaître ne garantit pas qu’on sera un bon peintre, mais cela aide à ne pas être mauvais, en tout cas. Mon apprentissage s’est fait (et ne cessera jamais de se faire) sur le plan de la technique comme sur celui de l’écoute de l’instinct, des merveilleux hasards de la création, ce qu’on peut appeler, faute de mieux, l’inspiration.

Avez-vous écrit des brouillons ? Si oui, avez-vous changé votre objectif ?

Je fais un énorme travail préparatoire de plans, de fiches, de réflexions en amont ; je sais toujours comment se terminera un récit avant d’en écrire la première ligne. Sinon, je ne peux pas attaquer ; pour écrire quelque chose, j’ai besoin de savoir un peu à l’avance ce dont il s’agit. (Je suis ce qu’on appelle communément « structurel ».) Mon premier jet est donc assez abouti, puisque j’ai élucidé un certain nombre de questions préparatoires avant même d’attaquer la rédaction. Mais bien sûr, il y a toujours une phase de corrections, pour « resserrer » la mécanique. Et puis, ces derniers temps, j’essaie de lâcher un peu prise sur la structuration à l’avance pour laisser parler davantage les envies et la découverte au fil de l’écriture.

Quel est votre point de vue sur le fait de prévoir ou non le thème principal de l’histoire ? Pensez-vous qu’on peut vraiment écrire une histoire sans connaître le thème ?

Oui, car l’inconscient, quand on le laisse s’exprimer (et je pense qu’on doit) révélera toujours des détours et des chemins de traverse inattendus. L’écriture est un jeu de funambule entre le contrôle conscient de l’auteur et les dimensions parfois inattendues qui peuvent émerger de son inconscient. On peut tout à fait prévoir un thème avant d’écrire, se fixer une trajectoire, mais il faut avoir conscience (et accepter) que le récit final ne parlera jamais « que » de ça. Il parlera de cela, ainsi que d’autre chose de totalement inattendu, mais qui émergera organiquement du récit.

Des événements extérieurs vous auraient-ils influencés durant l’écriture de vos manuscrits ?

Le premier matériau d’un auteur, c’est forcément lui-même ; s’il est capable de se projeter dans d’autres destins et d’autres époques, il part forcément de lui, c’est-à-dire des questions qu’il se pose, des révoltes qu’il peut avoir, etc. Donc, le vécu de la personne – soit, l’extérieur – influence forcément un auteur. Pour ma part, ce n’est pas tant l’actualité immédiate que les grandes questions qui me démangent, les motifs historiques que l’on retrouve à peu près à toutes les époques de l’humanité. C’est ce que j’ai envie de traiter, mais sans forcément de référence particulière et précise à des événements de l’actualité récente.

Faites-vous des plans pour organiser vos idées (personnages, structure…) ? Et est-ce que vous vous y tenez ?

Comme je le disais plus haut, je suis structurel. Mais je ne me tiens pas à mes plans de façon rigoureuse, au contraire. De plus en plus, il m’apparaît que les plans sont un échafaudage qui me permet de faire connaissance avec mes personnages, mon scénario, mon monde, et que cette connaissance intime me libère ensuite, au fil de l’écriture, pour prendre les chemins de traverse qui se présentent, pour réagir aux imprévus fournis par l’histoire, avec liberté et sans crainte de m’égarer car, en cas d’impasse narrative (événement inintéressant, incohérence…), j’ai toujours une trajectoire sûre sur laquelle me rabattre.

Propos recueillis par Océane Déqué et Caroline Saminadin. 

2019-06-04T20:30:13+02:00jeudi 23 février 2017|Best Of, Entretiens, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Petit entretien autour des méthodes d’écriture

Science fiction, science frissons : captation du débat au forum de bioéthique de Strasbourg

Ce débat s’est déroulé dans le cadre du Forum européen de bioéthique 2017 à Strasbourg, avec : Catherine Dufour, Ariel Kyrou, Stéphanie Nicot, Faruk Gunaltay, LD. Grands témoins : Jean-Philippe Meilland, université populaire de Macon, Franck Queyraud, bibliothécaire en charge des médiations numériques aux Médiathèques de Strasbourg Eurométropole. Animation : Olivier Mirguet.

Ce forum proposait cinq jours de conférences et interventions gratuites autour du thème de la bioéthique sous les angles scientifiques, juridiques, artistiques… Plus d’informations ici. Toutes les tables rondes ont été filmées et sont disponibles gratuitement sur la chaîne YouTube de l’événement, il y a des choses absolument passionnantes à découvrir.

2017-02-06T15:57:51+01:00mercredi 8 février 2017|Entretiens|Commentaires fermés sur Science fiction, science frissons : captation du débat au forum de bioéthique de Strasbourg

Les projets de l’année, en entretien sur ActuSF

ActuSF : Sur quoi travailles-tu ? Quels sont tes projets ?
Il y a en fait beaucoup de choses qui vont se concrétiser cette année après avoir été préparées l’année dernière. Je me suis lancé dans une trilogie de fantasy post-apocalyptique intitulée « Les Dieux sauvages » dont le premier volume, La Messagère du Ciel, sortira en mai. Et…
… Et je ne vais pas vendre toute la mèche ici, tiens ! Merci au site de référence ActuSF qui m’a proposé, comme à tous les camarades, la désormais classique interview de début d’année, pour établir le paysage de 2017 et de ses publications. Il y est question de La Messagère du Ciel et même déjà de sa suite, La Fureur de la Terre. C’est à lire ici ! 
2017-03-16T11:43:36+01:00mardi 7 février 2017|À ne pas manquer, Entretiens|Commentaires fermés sur Les projets de l’année, en entretien sur ActuSF

« On est une goutte d’eau dans l’océan » – sur l’humilité et l’écriture, entretien par Justine Carnec

Justine Carnec, étudiante en journalisme, m’a proposé cet entretien dans le cadre de ses travaux personnels après avoir découvert et aimé Port d’Âmes (gloire à elle !). Parce qu’elle avait d’excellentes questions, qu’elle a fait un excellent travail de synthèse dans une discussion qui partait dans tous les sens, et afin qu’il en subsiste une trace, le voici – ça parle de sujets peu courants, comme la postérité et l’impact de la littérature. Pour une lecture à tête reposée, l’entretien est également disponible mis en page en PDF.


« On est une goutte d’eau dans l’océan »

Interview : Justine Carnec

Amoureux de l’écriture et de science-fiction, dont ses parents sont friands, il écrit sa première nouvelle à six ans. Mais, passionné par la mer, les orques et les dauphins, il décide de faire des études d’agronomie, pour devenir biologiste marin. Après l’obtention de son diplôme, il revient finalement à la littérature, à laquelle il se consacre entièrement depuis 2001. Avec humour et humilité, il raconte pourquoi ses romans lui permettent à la fois de raconter des histoires et de contribuer aux questionnements du monde.

Où êtes-vous né ?

Ah ! (rires) Je suis né en région parisienne, ça arrive à des gens très bien !

Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de venir vous installer en Bretagne ?

J’ai toujours été attiré par la mer, et je venais en Bretagne jeune. Quand j’avais 18 ans, je suis venu faire mes études d’agronomie à Rennes, car c’était là qu’était la seule école qui avait une spécialité en rapport avec la mer. J’ai ensuite décidé de tenter ma chance dans le domaine de l’écriture, et comme j’étais bien là où j’étais, je ne suis jamais reparti.

Quand avez-vous commencé à écrire ?

J’ai commencé à six ans. Quand, gamin, j’ai découvert ce qu’était l’écrit, j’ai trouvé ça génial. Alors j’ai bassiné ma mère pour apprendre à écrire, et, gloire lui soit rendue, elle m’a pris une répétitrice. C’est comme ça que j’ai appris à lire et à écrire avant d’entrer en primaire. Et je pense que j’ai toujours eu envie d’écrire des histoires.

Quelle a été la réaction de vos parents quand ils ont appris que vous écriviez ?

C’était un peu de leur faute ! C’étaient tous les deux des grands lecteurs de science-fiction. Forcément, ça a déteint sur moi. J’ai déclaré que je voulais tenter ma chance quand j’ai fini mes études. Mais j’avais déjà écrit un bouquin, des nouvelles ici et là, je m’impliquais de plus en plus dans le milieu de la SF et de l’imaginaire… Donc c’était un peu une évolution naturelle. Mon père, qui est dans le domaine de l’édition musicale, a accueilli ça en disant : « Écoute, t’as un diplôme, tu peux tenter ta chance pendant un certain temps et voir ce que ça donne. ». Rétrospectivement, je pense que j’ai eu la chance des inconscients, parce que je ne me rendais pas compte à quel point c’était dur.

Commencer à écrire à 6 ans, c’est un peu une vocation… Pourquoi avez vous décidé de faire des études en biologie marine ?

Je ne sais pas si c’est une vocation. J’ai découvert ce truc-là, ça a pris toute la place dans ma tête, et je n’étais plus capable de faire autre chose. Mais j’étais aussi passionné par la mer, les dauphins, les baleines… J’étais totalement dans la génération Grand Bleu. Et puis, il fallait quand même avoir un diplôme sérieux, histoire d’assurer les arrières. Mais en fait, je me suis rendu compte, une fois que j’ai eu le diplôme en poche, que la recherche était exactement ce qui ne m’amusait pas, et que tout le côté romantique du commandant Cousteau, qui passe sa vie sur les bateaux pour aller voir les dauphins, ça représentait un à deux mois de travail dans l’année. Moi, je voulais entrer là-dedans pour le côté rêve ; je ne me rendais pas compte. J’étais un peu candide par certains côtés. (rires)

Qu’est-ce qui vous a poussé à laisser la biologie marine de côté pour vous consacrer à la littérature ?

C’est vrai que la question s’est posée de rester dans ce domaine, mais je me suis vite rendu compte que c’était soit la recherche, soit travailler en zoo marin, avec, des deux côtés, les problèmes que ça peut entraîner. Mon truc, c’était le terrain : je préférais mille fois récurer les bassins que de faire des analyses statistiques. Or, une façon de retrouver ça, c’était de parler de l’émerveillement que ça causait chez moi, dans des bouquins. Et puis, j’ai gardé contact avec ce domaine-là en partant de temps en temps en volontariat. Paradoxalement, en écrivant et en allant aux salons littéraires, j’ai été beaucoup plus amené à parler de biologie marine que je l’aurais probablement fait si j’avais été chercheur. J’ai même eu des contacts avec des éditeurs pour faire des livres de vulgarisation sur ce genre de sujets. Je ne pense pas que j’aurais eu cette chance là en restant dans le milieu de la recherche. C’est assez paradoxal : j’écris des romans, et on dirait que ça me donne un crédit meilleur à celui de chercheur. (rires)

Comment en êtes-vous venu à faire de la traduction ?

Mes parents m’ont mis au jardin d’enfant en anglais quand j’avais 6 ans, ce qui fait que j’ai appris l’anglais avec très peu de retard par rapport au français. Aujourd’hui, je suis bilingue. Et puis, quand j’ai décidé que je voulais écrire, j’ai voulu essayer un maximum de trucs. À l’époque, Stéphanie Nicot m’avait fait rentrer dans Galaxies (revue de SF, ndlr) en tant que critique littéraire, et j’ai rencontré Jean-Daniel Brèque, grand traducteur de l’imaginaire, qui s’occupait des fictions anglophones. Je lui ai dit que je tenterais bien la traduction, et il a considéré que mon début n’était pas trop mauvais, donc j’ai continué. Je me suis assez vite rendu compte que ça me permettait d’affiner ma plume, en me coulant dans celle d’un autre. La traduction m’a appris à considérer l’écrit comme un matériau entièrement plastique. Tout l’aspect « technicité » de l’écriture, c’est en grande partie la traduction qui me l’a enseigné.

Ancien biologiste marin, traducteur, écrivain, auteur de jeux de rôles, vous réalisez même des podcasts et animez des ateliers dans des salons littéraires, ça fait beaucoup de métiers… Comment vous imaginiez-vous, enfant ?

Je pensais que je serais un commandant Cousteau. Mais il y avait aussi le côté « Ah, j’aimerais bien écrire des livres, raconter des histoires… ». Je travaillais à l’école dans ces deux buts, mais au collège, les cours de français m’ont complètement cassé les jambes. C’est en Troisième que ma prof de français, gloire lui soit rendue, m’a mis Boris Vian entre les pattes, et que j’ai découvert qu’on pouvait faire des trucs fun avec la littérature « sérieuse » (je lisais de la SF, mais tout le monde sait que c’est pas de la vraie littérature, hein). Et, voilà, je m’imaginais entre les deux, peut-être à écrire des bouquins tout en allant étudier les dauphins dans mon zodiac. (rires) Bon, j’étais gamin, ce n’est pas ma faute.

Aujourd’hui, comment vous définiriez-vous ?

J’essaye de ne pas définir les trucs, à commencer par moi-même. Définir, c’est déjà un peu enfermer. J’essaye de faire des choses qui ont du sens, d’une manière qui ait du sens. L’un étant aussi important que l’autre. Je n’écris pas des bouquins pour passer un message, mais pour raconter une bonne histoire, et pour essayer de contribuer de manière anonyme aux questionnements du monde. « De manière anonyme », ça paraît bizarre, parce que mon nom est sur la couverture. Mais il y a un truc que j’ai réalisé il y a quelque temps, c’est qu’aucun auteur vivant et travaillant aujourd’hui n’atteindra la postérité. Mais ce n’est pas grave. D’ailleurs, on se rend compte en regardant les choses en détail, que ce que la postérité conserve, c’est aussi en grande partie une question de circonstances. Il y a beaucoup d’auteurs moins connus que les classiques très célèbres, qui sont aussi intéressants, voire davantage, ne serait-ce que dans le cadre de la littérature de l’imaginaire. Par contre, on est lus, et ce n’est pas que notre parole n’a aucune valeur et qu’on prêche dans le désert, mais… On est une goutte d’eau dans l’océan. Ça ne veut pas dire que ce qu’on fait ne sert à rien et n’a pas de sens. Ça veut dire que ce qu’on fait à un moment va peut-être pouvoir résonner avec une, dix, cinquante personnes avec de la chance, et que ça va peut-être contribuer à faire avancer une réflexion. Tout ça, c’est une goutte d’eau dans l’océan, même si chaque goutte est importante. Je le fais moins maintenant, mais, quand je partais en volontariat, j’avais l’habitude de dire que c’était un truc que tous les auteurs devraient faire. On arrive dans un endroit perdu au bout du monde, où tout le monde s’en fiche de vos activités. Et c’est très bien. Je pense qu’il y a beaucoup d’auteurs à qui ça ferait beaucoup de bien de réaliser que ce qu’on fait est important pour soi avant toute chose, mais qu’il ne s’agit pas du centre du monde.

Je suis allé loin, là… Je ne sais pas si j’ai répondu à la question. (rires)

Vous n’aviez pas trente ans quand vous avez commencé à publier des nouvelles. Quand avez-vous commencé à vous dire « Ça y est, je suis écrivain » ?

C’est un truc que j’ai toujours essayé d’éviter de me dire. Quand on me demande ce que je fais dans la vie, je réponds « J’écris des bouquins. ». Ce n’est pas que j’en aie honte, mais le fait de dire « Je suis écrivain », même si c’est une description juste de mon activité, ça va projeter dans l’esprit des gens une image préconçue que je n’ai pas forcément envie de projeter. Je préfère donc dire que j’écris des bouquins. Mais, pour ce qui est de savoir à partir de quand j’ai commencé à me dire que je savais ce que je faisais, eh bien, à chaque livre, j’ai l’impression que j’en sais un peu plus. Quand j’ai eu un certain nombre de nouvelles derrière moi, qu’on commençait à me payer régulièrement pour ça, et qu’on m’en demandait, je suis dit que, peut-être, je n’étais pas complètement un imposteur. Mais ça ne va pas beaucoup plus loin que ça. J’écris des bouquins, je fais de la traduction, je compose un peu de musique pour les jeux vidéo, et puis voilà.

Quels sont les moments de votre vie qui vous ont le plus inspiré pour l’écriture de vos textes ?

Il y a de tout… J’ai vu un panneau qui m’a fait rire, à mettre sur la porte de bureau d’un écrivain. C’était : « Attention, écrivain au travail. Les passants innocents risquent d’être intégrés à l’histoire. ». Un auteur fait exactement ça, et le premier matériau, c’est lui-même. Par exemple, dans ma nouvelle trilogie, je traite de trucs qui me grattent et qui m’agacent depuis longtemps. Mais le lecteur devine simplement que ça me gratte et que ça m’agace. En fait, personne ne peut voir l’auteur à travers le récit. Ce qu’on peut apprendre, c’est simplement les questions qu’il se pose, pas les réponses qu’il donne. Et puis, je pense que l’écriture change l’auteur. Un auteur qui finit un bouquin n’est pas le même que quand il l’a commencé, même s’il l’a écrit sur une période courte. Et, avec l’âge, les questionnements changent. Port d’Âmes, que j’ai publié en 2015, est un manuscrit que j’avais écrit huit ans plus tôt, et que j’ai réécrit aux deux tiers. Pour moi, retravailler dessus a presque été une expérience en collaboration avec un auteur mort. C’est-à-dire que c’était moi, des années plus tôt, avec des questionnements spécifiques à cet âge-là. L’auteur que j’étais devenu, avec le savoir-faire acquis, s’est mis au service de la publication de ce manuscrit-là, auquel je tenais. C’est pour ça que je me suis vraiment vu comme mon propre écrivain fantôme. C’est un drôle de métier.

2019-08-28T21:21:43+02:00jeudi 2 février 2017|Best Of, Entretiens|Commentaires fermés sur « On est une goutte d’eau dans l’océan » – sur l’humilité et l’écriture, entretien par Justine Carnec

Machines et traduction en science-fiction : débat aux Utopiales 2016

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Pierre-Paul Durastanti, Sara Doke, Patrick Dusoulier, Patrick Marcel, LD. Photo © ActuSF.

Ce débat a eu lieu aux Utopiales 2016 : quel rôle pour la machine linguistique dans la science-fiction, et sommes-nous près de réaliser ces avancées dans notre monde ? Avec Sara Doke, Patrick Dusoulier, Patrick Marcel et moi-même, modéré par Pierre-Paul Durastanti.

Le site de référence ActuSF en a réalisé la captation audio, disponible en streaming ou en téléchargement libre sur cette page.

2016-11-28T12:15:29+01:00mardi 29 novembre 2016|Entretiens|Commentaires fermés sur Machines et traduction en science-fiction : débat aux Utopiales 2016
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