Kaiko Fidgets – les meilleurs déstresseurs pour personnes neurodivergentes (ou juste stressées)

J’ai failli intituler cet article “les meilleurs déstresseurs pour adultes”, mais je me suis dit ensuite, je vois venir avec votre esprit mal branché – OUI BON ÇA VA

Il était une fois ton humble serviteur, auguste lectorat, en vadrouille à la Comic Con de Noël de Melbourne, où il se trouve que Kaiko Fidgets avait un stand, et cette édition de la convention étant restreinte, ton humble serviteur (OK bon cette formulation n’est pas pratique, on va changer) était déterminé à causer à tout le monde parce que y avait tout le temps. La gentille madame du stand m’a dit “hé, prends ça en main, c’est en démo” et –

EXPLOSION DE DOPAMINE DROGUÉE AUX STÉROÏDES DERRIÈRE MES GLOBES OCULAIRES

Sans déconner, immédiate sensation de détente, afflux de bien être, tout ça parce que je faisais tournicoter une bouboule dans ma main. Le plaisir. La joie. L’effacement du monde devant la transcendance suprême du doux chuintement d’une roulette bien calibrée. Rhaaaa. J’étais bien. Le calme avait toujours été en moi, je le cherchais vainement à l’extérieur dans des casques réducteurs de bruit.

But how ?

Juste une pierre ? Non, un galet parfaitement poli à la forme calculée pour la pression du pouce. HA !

Kaiko Figets conçoit et fabrique des “jouets” à manipuler pour déstresser, occuper les mains, passer l’anxiété pour enfants et adultes. Forcément, cela parlera spécialement aux personnes neurodivergentes, mais quelqu’un cherchant un peu de retour tactile pour occuper sa nervosité ou son stress est concerné, et un petit machin du genre sur le bureau, bien choisi, peut occuper les doigts tandis que l’esprit cavale. L’entreprise a été en partie fondée par le jeune Kai, sur le spectre de l’autisme et dyslexique, et la qualité de fabrication, le soin, l’intelligence de la conception témoignent clairement que, ouais, tout cela a été fait par quelqu’un qui est directement concerné et qui sait parfaitement ce qui marche ou pas. Rien à voir avec les bidules à trois balles vendus chez le marchand de journaux. (Il existe encore des marchands de journaux ? Je ne suis pas sorti de chez moi depuis 2003.)

Mon tourvenis sonique de Docteur. La roue crantée montée sur roulement fait un merveilleux rrrrrrrr et tourne jusqu’au siècle prochain. C’est du bonheur pur. Les boutons font clic clic. J’ai envie d’embrasser un arbre tellement je suis joie rien que d’y penser.

J’ai déjà joué avec des fidgets divers et variés achetés ici et là en ligne, mais ceux de Kaiko n’ont absolument rien à voir. Tout ou presque est en métal, lourd et satisfaisant en main, avec des roulements à bille que j’imagine de qualité aérospatiale, un calibrage au micron de cheveu, la diversité de l’offre est ahurissante avec des variantes sur quasiment tout en termes de texture, poids, taille pour adapter les bidules à toutes les mains et toutes les sensibilités, du soyeux tout apaisant jusqu’au truc un peu pointu pour te picoter et focaliser ton attention. C’est pas compliqué, j’ai failli acheter la boutique, chaque fois que la madame me mettait un truc en main, j’étais comme un chat face à un pointeur laser, me demandant quelle était cette sorcellerie, en réclamant encore et criant la bave aux lèvres “METTEZ-M’EN DOUZE”.

Plus étonnant encore, depuis que j’ai mon attirail de jouets à chat sur mon bureau, j’ai constaté qu’un certain nombre de mes compulsions liées à l’OCD avaient grandement diminué, parce qu’au lieu, mettons, de me bouffer un ongle, j’ai un truc vachement plus rigolo et satisfaisant pour occuper mes sens et mes mains. Lesquelles, honnêtement, n’ont jamais eu l’air en aussi bon état depuis des années. Je n’ai même pas fait exprès : je suis naturellement plus attiré par mes jouets rigolos que par le fait de me faire un mal superficiel. C’est le seul truc qui ait jamais marché de toute ma vie.

Ça tourne. Ça tourne dans tous les sens. Ça pèse son poids. C’est beau et bon en main. Ça m’hypnotise. Ça me reconcentre en une dizaine de secondes.

Kaiko est une entreprise australienne, ce qui rend évidemment difficile le fait de tester et manipuler les bidules pour choisir le meilleur, mais si vous connaissez un modèle que vous aimez et que vous voyez l’équivalent chez eux, foncez, c’est sans nul doute le même en trouze fois mieux. J’écris cet article sans affiliation ni sponsoring d’aucune sorte, juste parce que la qualité et l’intelligence de conception sont renversantes, et que je crois que ça peut parler un petit peu par ici. Bien sûr, ils expédient quasiment dans le monde entier. Je n’aurais jamais cru que ce genre de chose puisse faire une telle différence, mais : oui. Ça fait, réellement, du bien.

➡️ Visiter Kaiko Fidgets

2024-01-20T06:33:31+01:00mercredi 24 janvier 2024|Juste parce que c'est cool|Commentaires fermés sur Kaiko Fidgets – les meilleurs déstresseurs pour personnes neurodivergentes (ou juste stressées)

L’évolution des couvertures de livre en France et dans l’imaginaire [entretien et article]

Elisa Thévenet, journaliste pour le magazine littéraire en ligne Ernest, a conduit une enquête sur les couvertures de livres, leur évolution à l’heure des réseaux sociaux (notamment Instagram), leur situation un peu étrange en France (avec les illustrations de l’imaginaire Vs. la générale blanche). L’article est lisible ici pour les abonnés et résulte d’un certain nombre d’entretiens à tous les échelons de l’édition, dont avec ton humble serviteur, auguste lectorat. Entretien que, pour ma part, voici dans son intégralité, avec mes remerciements à Elisa Thévenet :

La tradition française défend depuis plus d’un siècle une ligne graphique très épurée (la blanche de Gallimard, la bleue de Stock), en tant qu’écrivain, quelle importance accordez-vous à la couverture (celle de vos livres, comme celle de ceux que vous lisez) ?

Je trouve la tradition française des couvertures épurées résolument déprimante, et je crois que cela contribue beaucoup à donner au livre une image rébarbative (que l’on a bien moins dans les autres pays du monde). Le livre est un objet autant que d’être du récit ; par conséquent, on préfère forcément, que ce soit comme lecteur ou auteur, de beaux objets en plus de beaux récits. On lit pour se faire plaisir ; pourquoi le livre ne refléterait-il pas cette invitation au voyage ? Mais en plus de la dimension esthétique, il y a aussi une dimension commerciale à la couverture : une belle édition attire le regard et peut-être l’intérêt et l’envie du lecteur, ce qui est évidemment primordial pour la viabilité d’un livre.

Forcément, pour mes propres romans, je suis donc ravi d’avoir de belles couvertures qui donnent envie ! Et j’ai toujours été magnifiquement servi par mes illustrateurs et illustratrices (que je remercie).

C’est généralement l’éditeur qui propose et choisit la couverture d’un livre, est-ce qu’il est difficile de déléguer un choix aussi important ?

Pas du tout, c’est même un soulagement. Je ne suis pas illustrateur, et je n’ai pas le pouls sur les goûts du public comme mon éditeur ; je laisse donc volontiers la main à ceux qui ont ces compétences que je n’ai pas. Je considère la couverture comme la première « adaptation » de l’univers romanesque à exister, avec ce que cela peut entraîner comme compromis nécessaires : le rôle de la couverture est d’inviter, d’évoquer et de magnifier, pas de représenter fidèlement. Donc, tant qu’il n’y a pas d’erreur factuelle flagrante contredisant le récit ou vendant la mèche, je suis ravi ; je donne bien sûr mon avis à mon éditeur quand il m’y invite, mais je lui reconnais toujours le dernier mot et je lui fais plus confiance qu’à moi-même dans ce domaine.

Dans la littérature (et surtout dans celle de l’imaginaire), les couvertures ont gagné en qualité et en élégance au cours de la dernière décennie. Les éditeurs font désormais appel à des illustrateurs renommés et proposent de plus en plus des objets-livres à leurs lecteurs. Comment expliquez-vous cette tendance ?

Il me semble que les éditeurs d’imaginaire font appel à des illustrateurs de renom depuis bien plus longtemps que cela, et même que l’édition d’imaginaire est presque indissociable de la notion d’image. Cependant, il est tout à fait juste que les belles éditions ont fleuri ces derniers temps d’une manière assez nouvelle.
Ce que j’expliquerais par deux aspects, le premier très prosaïque étant la baisse des coûts de fabrication du livre : il est désormais possible de réaliser de plus beaux tirages tout en conservant une marge de rentabilité raisonnable. L’avénement du financement participatif, également, permet de trouver les fonds pour des éditions très ambitieuses sans mettre une structure en danger.

L’autre point est le développement de la dématérialisation, le livre électronique bien sûr, mais le phénomène, global depuis des années, fait nécessairement évoluer le rapport du public à la culture dans son ensemble. Si le texte, l’œuvre en elle-même peut être consommée à un prix modique de manière « virtuelle » (voire pillée par le piratage…), alors il semble opportun de recapturer une part de la magie du support par de belles éditions et/ou du contenu additionnel.
Le beau livre fait partie intégrante de l’édition depuis des siècles ; ces deux composantes ensemble permettent donc de sauvegarder un peu la santé financière d’une entreprise, tout en se faisant plaisir et en faisant plaisir au public – ce qui est le meilleur modèle qui soit !

Propos recueillis par Elisa Thévenet

2019-03-01T12:11:29+01:00jeudi 7 mars 2019|Entretiens, Le monde du livre|Commentaires fermés sur L’évolution des couvertures de livre en France et dans l’imaginaire [entretien et article]

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