Mais qui voilà

Reçu aujourd’hui le dernier DVD de Therion – édition limitée, disponible seulement par commande dans les concerts, blah, blah, peu importe, le véritable objet de frime est ailleurs :

to_mega_dwayne

La musique de Therion ayant grandement accompagné l’écriture de Léviathan, il n’est finalement que justice que le DVD soit adressé à sa plus mystérieuse figure – je ne suis que le messager.

2015-01-21T10:08:22+01:00mercredi 21 janvier 2015|Expériences en temps réel|4 Commentaires

Antichrist megastar

Oui, c'est du second degré.

Oui, c’est du second degré.

Auguste lectorat, je me trouve temporairement à Paris. Je ne fais nul secret de la passion et de l’admiration que je voue à la musique de Therion, le seul groupe de métal symphonique qui fasse vraiment du métal symphonique, c’est-à-dire du métal incorporant des éléments symphoniques au même plan dans la musique et composant effectivement le tout comme un ensemble, au lieu de placer des cordes en fond pour grossir le son des guitares. (Je n’ai rien contre le procédé, mais Therion ne joue simplement pas dans la même cour.)

Je vais m’abstenir d’une litanie de louanges sur un son parfaitement équilibré et une set list faite pour ravir les fans de longue date (l’album Vovin joué en entier – rhaa – quantité d’extraits de Secret of the Runes et Theli) pour partager la raison précise de cette tournée et pourquoi je tenais à ne pas rater ce passage au Trabendo. Christofer Johnsson, l’âme du groupe, avait annoncé cinq ans de pause dans les tournées pour se consacrer à une oeuvre majeure et rêve de longue date, la composition d’un opéra métal. Mais un vrai – avec histoire, scènes, mouvements, et non une de ces centaines de pseudo-opéra rock qui ne sont en réalité que des concepts albums vaguement compliqués sans rien de spécial qui les démarque du reste de la production (je suis désolé, mais je te regarde, Avantasia).

Probablement échaudé par les critiques très négatives reçues par Les Fleurs du Mal (et pourtant, quel album simplement jouissif), Johnsson est revenu sur sa décision pour tourner et tester les morceaux de l’opéra en salle. On en sait donc davantage sur le projet : il s’agira d’un homme, sauveur du monde puisqu’il a mis fin au crime, à la pauvreté dans le monde. Seulement, il décide de supprimer la religion également, la considérant comme responsable des maux du monde. Les clergés, refusant de se laisser faire, déclarent que cet homme est l’Antéchrist… et le monde sombre à nouveau dans le chaos des guerres. Un thème classique pour un groupe qui a fait ses débuts dans un death metal lorgnant vers le black, mais, connaissant Therion, on devine une intrigue qui sera tout sauf moralement tranchée, et on peut assurément compter dessus.

Trois extraits proposés : l’ouverture, un passage sur le choix du dieu auquel se vouer et un, chaotique, sur le naufrage du monde dans le conflit. L’avis est simple : c’est magnifique. On sent (notamment sur Sitra Ahra, encensé par la critique mais à mon sens desservi par une trop grande complexité et trop d’idées à la minute) que Johnsson aspirait clairement à cet espace et à cette envergure pour s’exprimer à son aise, et que le format « album » était devenu trop étroit pour lui. Ces extraits réalisent l’alchimie unique de Therion quand le groupe est à son sommet : une alliance de bonnes idées mélodiques, avec une concision et une simplicité trompeuses. Les mouvements sont clairs, le son puissant, et les atmosphères puissamment évocatrices. On se trouve à l’exact milieu entre l’efficacité sonore de Vovin ou de Lemuria / Sirius B et la maturité de composition et la complexité de Deggial ou Gothic Kabbalah. Pas de date de sortie annoncée pour cet opéra, mais une chose est sûre, cela promet d’être le chef-d’oeuvre de la formation ; l’attente sera longue. Plus aucun groupe ne pourra prétendre réaliser un « opéra métal » après cela sans fournir la même quantité de travail et présenter la même maturité musicale. Et franchement, ce n’est pas plus mal.

2013-12-20T15:23:21+01:00vendredi 20 décembre 2013|Décibels|Commentaires fermés sur Antichrist megastar

Jeu musical

Par DaBrunz, licence CC-By-SA

Par DaBrunz, licence CC-By-SA

Hop, tagué par Mélanie Fazi sur Facebook, un autre court jeu, musical, cette fois, puisqu’on est entre gens de goût.

Tu like, je te donne un nom de groupe, tu réponds aux questions…

… et Mélanie m’a demandé de parler de Therion.

1. Fan ?

Je crois qu’on peut dire ça. J’y suis venu par la découverte du métal symphonique quand j’avais 20 ans, j’y suis resté pour le constant renouvellement de la formation, de la composition, l’univers mythologique, et je m’amuse de constater que les albums les plus atmosphériques qui me parlaient le moins il y a des années sont ceux que je redécouvre aujourd’hui et que j’ai l’impression de finalement « piger ».

2. Déjà vu ?

Chaque fois que je le peux. Chaque spectacle est totalement différent. Mes deux grands souvenirs restent d’une part en 2004, où ils partageaient l’affiche avec Trail of Tears (époque Free Fall into Fear), Tristania (époque World of Glass, avec Vibeke Stene !) et Mercury Rain, à l’Antipode, une toute petite salle rennaise, qui donne presque l’impression que les musiciens viennent jouer dans ton salon. D’autre part, en 2012, où Christopher Johnsson, après un concert marathon (car Therion va cesser les tournées pendant quelques temps), est venu se mêler à la foule en toute simplicité pour dédicacer ce qu’on lui tendait, armé d’une bouteille de vin rouge à la main et lançant à la cantonade « Anyone has a corkscrew ? Aren’t you all French ? »

3. Album préféré ?

Difficile à dire, j’y trouve des choses différentes au fil des ans, donc. Mais je pencherais probablement pour Vovin, qui n’a peut-être pas la sophistication de la suite, mais reste d’une redoutable efficacité. Avec Sirius B en proche second. Mais si je devais en emporter un sur une île déserte, je prendrais certainement Secret of the Runes, car je n’ai pas fini de l’explorer…

4. Album que j’aime le moins ?

Je vais me faire huer mais je peine à entrer dans Sitra Ahra qui noie l’auditeur sous trop d’idées à mon goût. Cela dit, je suis resté hermétique aussi à Deggial et à Secret of the Runes à leur sortie, donc reparle-m’en dans cinq ans, si ça se trouve j’aurai enfin formé mon oreille à cet album et je me dirai « mais comment ai-je pu passer à côté ? »

5. Chanson préférée ?

Très difficile de choisir, entre les morceaux courts et efficaces comme Wine of Aluqah, les grandes sagas comme le triptyque Kali Yuga ou Adulruna Rediviva, les plages atmosphériques comme Lemuria ou Siren of the Woods… Mais je crois que je reviens toujours à Clavicula Nox, dont le texte résonne particulièrement pour moi. Ici en live avec un orchestre symphonique :

À vous, si vous souhaitez jouer et continuer la chaîne, postez en commentaire ou likez cet article sur Facebook, et je vous soumettrai à mon tour à la question.

2013-04-02T10:12:33+02:00mardi 2 avril 2013|Décibels|13 Commentaires

Live report : Therion + Elyose + Antalgia à l’Antipode, 2 octobre

Therion de passage dans la petite (et donc très chaleureuse) salle de l’Antipode à Rennes, ça ne se rate pas – il n’y a pas mieux, à mon humble avis, pour vivre le spectacle avec une vraie proximité avec les musiciens. De plus, le groupe a récemment annoncé sur son site officiel un probable hiatus dans les tournées, le temps que Christofer Johnsson, maître d’oeuvre de Therion, s’attelle à l’oeuvre qu’il désire accomplir depuis des années, composer le premier véritable opéra métal, et propose donc de longs concerts, plus démesurés encore musicalement qu’à l’habitude, avec le projet de jouer parmi leurs morceaux les plus longs.

En avant donc pour le show du seul groupe à avoir réussi à la véritable fusion entre symphonique et métal et dont l’inventivité, au cours de ses 25 ans de carrière, ne s’est jamais démentie.

Antalgia

Venus d’Espagne, les musiciens d’Antalgia affrontent une salle un peu vide en début de soirée, et une timidité visible qui, loin de les desservir, contribuera au contraire à donner à leur performance une authenticité très sympathique. Sur une base qu’on craindrait classique – chant féminin, gros riffs et textures au clavier – Antalgia propose des plans qui sortent de l’ordinaire sans oublier l’efficacité. Si certaines sections mélodiques semblent parfois un peu raccordées sans réelle unité, le groupe montre déjà une créativité dans une niche pourtant très bouchée et promet, s’il a la place et le temps d’évoluer, de grandir de manière très intéressante. En clair, c’est le même genre de line-up qu’un Sirenia, sans la répétitivité et la facilité dans laquelle ces groupes tombent régulièrement, et rien que pour ça, ça fait pousser un « aaah » de satisfaction.

Elyose

Ça partait pas mal : une intro qui rappelle le grégorien, une chanteuse au registre atmosphérique qui promet de former un magnifique contrepoint à des gros riffs. Sauf que. Un concert, c’est la musique, mais c’est aussi la performance scénique, et si la chanteuse ne ménage pas ses efforts, je n’ai pas du tout adhéré à son attitude glamour. Pas été convaincu non plus par la musique, dont les éléments électros m’ont parus plaqués sur le reste pour sacrifier à la mode actuelle, sans réelle complémentarité. Mais mettons ça sur le compte de l’inexpérience ; Kells m’avait un peu fait la même impression lors d’un de leurs premiers concerts et ils s’en sont plutôt bien tirés par la suite, apparemment. Voyons ce qu’Elyose donnera avec un peu plus de bouteille et d’aisance.

Therion

Bon, que dire, à part que je suis un fan absolu ? Il y a cinq ans, lors de leur 20e anniversaire, je proposais déjà un article rétrospectif sur leur carrière sur MySpace, alors je ne vais pas prétendre à l’objectivité, plutôt l’inverse – mais j’en attendais beaucoup.

Therion avait promis un grand show, et ils l’ont donné. Non contents de jouer leurs plus grands titres dans des versions époustouflantes qui vous prennent aux tripes et vous peignent un grand sourire sur la figure (To Mega Therion, Wine of Aluqah, Rise of Sodom and Gomorrah, Son of the Staves of Time, Lemuria…), ils ont pris un risque non négligeable en proposant des morceaux longs, véritables morceaux de bravoure pour un public rennais qui a tendance à pogoter plus qu’écouter, tels que Via Nocturna. Exécution parfaite bien sûr, portée par un guitariste solo ahurissant et trois chanteurs rock et lyrique qui font passer Tony Kakko et Tarja Turunen pour des amateurs de groupe de lycée, avec une démesure et une absurdité décadente (la passion de Johnsson en ce moment) totalement réjouissantes. Et c’était aussi l’occasion pour eux de présenter des morceaux de leur dernier album, Les Fleurs du Mal, un ensemble de reprises du répertoire français parfaitement improbable mais qui donne un coup de fouet à des compositions riches et qui font partie de notre patrimoine culturel. Voir un concert de Therion attaquer par les premières mesures de Carmina Burana et enchaîner sur Poupée de Cire, Poupée de Son en version décoiffante, dit comme ça, ça paraît bizarre voire un peu naze, mais c’est tout le contraire : ça envoie du bois, en plus d’être particulièrement rigolo. D’ailleurs, j’écoute Les Fleurs du Mal en boucle depuis ce matin, et cela sonne parfaitement comme le Therion qu’on aime, au service d’un répertoire que nous délaissons et méconnaissons même, traité avec respect et surréalisme. Particulièrement disponible, Johnsson est venu se mêler au public après le concert pour échanger quelques mots, une bouteille de vin à la main qu’il sifflait tranquillement dans la bonne humeur et la gentillesse. Encore une fois, après 25 ans de carrière, loin des modes et des tendances, Therion trace sa route et se montre capable de continuer à surprendre, en studio comme sur scène, sans jamais se prendre totalement au sérieux. Happy anniversary !

2017-08-07T14:19:50+02:00mercredi 3 octobre 2012|Décibels|10 Commentaires
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