Dans la boîte à outils de l’écrivain, nous avons mentionné Evernote et OneNote séparément, avec leurs forces et leurs faiblesses. Le test d’Evernote le recommandait davantage comme un outil de capture, celui de OneNote comme un outil d’organisation. Maintenant, il peut être inutilement complexe de conserver deux outils différents quand tant de points les rapprochent. Mais sur quoi fonder son choix en fonction de ses besoins ?
Mettons-les donc face à face, comme dans un bon vieux match de Street Fighter, et voyons qui est le plus fort.
Ergonomie
Sur ordinateur, Evernote conserve depuis des années la même interface qui a, il faut le dire, un peu vieilli, quand OneNote se rafraîchit à chaque nouvelle version de Windows, suivant les paradigmes des langages graphiques. L’attrait des formes représente un aspect probablement un peu secondaire, mais Evernote paraît plutôt rigide, surtout avec le format de ses notes qui se rapproche du traitement de texte ou de l’HTML – on a parfois l’impression de manipuler un bloc-notes évolué. En revanche, OneNote offre une toile sans limite où organiser ses idées, et c’est un net avantage quand on réfléchit et qu’on cherche à structurer sa pensée (comme votre futur roman lauréat du Goncourt).
Vainqueur : OneNote, de loin.
Organisation des idées
Evernote et OneNote proposent sur ce plan des paradigmes à la limite du diamétralement opposé : OneNote veut émuler le comportement d’un classeur à anneaux, Evernote est une machine à capturer où l’on peut ensuite effectuer des recherches. Du coup, les forces et les faiblesses sont mutuellement exclusives (c’est pourquoi on peut recommander leur usage conjoint). Là encore, OneNote mise sur la structure et l’émulation d’un paradigme tiré du réel, avec des feuilles que l’on manipule et ordonne. Evernote n’est pas vraiment fait pour organiser, mais pour chercher. Donc, la réponse est un peu contenue dans la question.
Vainqueur : OneNote.
Capture (dont web)
Ces outils visent également, avec la généralisation des terminaux mobiles, à remplacer le petit carnet de notes en veau de Kobe que l’auteur (et toute personne soucieuse de ses idées) transporte en permanence afin de s’assurer qu’aucune idée géniale ne lui échappe. Là, c’est clairement Evernote qui prend l’avantage, en raison de sa conception nettement tournée vers la capture constante et quasi-instantanée. Envoyer une idée, une citation, une vidéo à Evernote se fait en quelques clics sans même nécessiter de réflexion de classement poussée (dès lors qu’on a bien pensé son système). OneNote impose de classer le contenu et n’offre pas de fonctions immédiatement intuitives pour étendre les possibilités de rangement (comme créer un nouveau bloc-notes, quand Evernote crée des tags à la volée). Oui, on peut stocker les notes dans une zone « non classée » mais il faudra y revenir, ce qui est un peu contreproductif.
Pour la capture de sites web, nul ne rivalise avec Evernote, qui sait conserver, de manière éditable, une page web avec sa mise en page. OneNote fera, au mieux, une capture d’écran ou une capture du texte sans la mise en page. À fins d’archivage, c’est vraiment mal fichu.
Vainqueur : Evernote.
Mobilité
Sacré bon dieu, que fume Microsoft avec ses applications mobiles, notamment Android, mais aussi Windows ?
Pourquoi l’appli desktop de OneNote n’autorise-t-elle pas l’emploi de l’appareil photo d’une tablette Surface – imposant pour ce faire de passer par la version ModernUI qui est, comme toutes les applis ModernUI, moche à crever et évidemment limitée en fonctionnalités ? Pourquoi les applis Android ne proposent-elles qu’un support tellement basique du copier-coller qu’on se croirait revenu à Windows 3.1 ? Et je ne parle même pas de sélectionner et déplacer des annotations faites au stylet – c’est un peu la base, mais non, OneNote ne le permet pas, malgré toutes ses gargarisations sur le support de l’écriture manuscrite. Manque flagrant de cohérence et de vision de la part de la compagnie, qui propose bien toutes les fonctionnalités attendues, mais saupoudrées sur plusieurs systèmes, voire plusieurs applis sur le même système.
Avec Evernote, c’est simple : les applications mobiles offrent les mêmes fonctionnalités que les versions de bureau, quel que soit le système (à l’exception de la version ModernUI – mais, franchement, y a-t-il des gens qui emploient ModernUI) ?
Vainqueur : Evernote, de tellement loin que OneNote ne semble pas avoir compris que la course avait commencé.
Synchronisation et cloud
Là aussi, on se demande ce que Microsoft a bu. À l’époque où OneDrive s’appelait SkyDrive, c’était encore pire, mais même à l’heure actuelle, cela reste guère utilisable. Capturer une note est quasiment impossible sans accès Internet mobile – la faute au paradigme d’organisation des notes cité plus haut. Pour placer une note dans un carnet, il faut que ce carnet soit ouvert sur le terminal en question depuis le cloud (ce qui prend des plombes dès qu’il est un peu lourd, sans parler de la mémoire du terminal qui se retrouve occupée) – vous avez trouvé une recette de cuisine mais, par malheur, vous n’avez pas synchronisé votre carnet « recettes » sur votre mobile ? Impossible de l’y mettre.
Evernote, en revanche, agit avec une grâce parfaite même hors-ligne. Il connaît vos carnets et vos tags sans avoir besoin de les ouvrir, il conserve vos nouvelles données gentiment en local et les synchronise en silence dès qu’il en a l’occasion – ce qui devrait être la base de toute application mobile en 2016. Le modèle de OneNote est absolument archaïque et d’une lourdeur horripilante.
Vainqueur : Evernote, qui tire la langue à Microsoft, qui réplique d’un air abruti : « s’est passé quoi, là ? »
En conclusion
Utiliser une appli particulièrement puissante quant à ses fonctionnalités de mise en page et d’organisation mais tellement mal organisée et si peu harmonisée qu’elle n’est quasiment pas utilisable en mobilité et que des fonctionnalités critiques risquent de se révéler manquantes au moment crucial ? => OneNote.
Ou bien une appli pensée dès le début pour la mobilité et aux fonctionnalités identiques sur toutes les plate-formes, mais dont l’usage se révèle peu adapté à l’organisation des idées ? => Evernote.
Personnellement… j’emploie les deux, dans leurs forces respectives. Mais qu’Evernote prenne garde : si Microsoft se met en devoir de corriger les biais absurdes de ses applications, OneNote a le potentiel pour devenir la nouvelle référence…
… mais comme c’est Microsoft, je ne retiendrais pas mon souffle avec trop d’angoisse non plus. D’ici à ce qu’ils réagissent…
Ola Sire Davoust !
Que voilà un match intéressant, et avec lequel je suis plutôt d’accord.
A force de te lire, je connais ta quête de l’outil idéal pour une tâche donnée, et de l’organisation parfaite. Je sais également que tu es technophile à tes heures, et semble gérer d’une main de fer ton matériel. Pour le coup, l’absence de solutions pratiquement équivalentes, mais auto-hébergées, m’intriguent.
Les NAS notamment, permettent de plus en plus de remplacer ces outils par des versions privées, que l’on maîtrise de A à Z, tout en conservant ses données chez soi. Via Synology par exemple : Cloud Station remplace Dropbox, Note Station remplace Evernote (fonctionnement identique, juqu’au plugin de capture qui en reprend les principales fonctions), et OneNote peut être synchronisé rapidement par ce biais (et plus rapidement qu’avec la tortue OneDrive). Ces outils bénéficient d’ailleurs également d’une version mobile efficace.
As-tu déjà essayé ses solutions ? Je comprends que ton temps est précieux, et qu’il est souvent plus simple d’utiliser un outil déjà en place et rodé, que de prendre du temps à paramétrer le sien pour un résultat similaire, mais je suis curieux de connaitre ton avis sur la question 🙂
C’est une réflexion que je mène aussi sur le long terme. J’ai un NAS Synology depuis des années dont je me sers surtout pour le stockage, la sauvegarde et le média en mode « cloud privé » (à travers Subsonic, et maintenant Plex). Je n’ai pas essayé très en détail les packages applicatifs du type Note Station etc. mais mes premiers contacts ont souvent été : a) c’est moins rapide (DS Audio et Video Station en l’occurrence) b) c’est moins riche en fonctionnalités. Après, c’était il y a un moment et ça va évoluer vu que Syno sort DSM 6 dans quelques semaines. J’ai prévu d’étudier à nouveau tout ça d’un peu plus près, surtout pour le backup (il n’existe pas d’idéal bon marché pour l’instant en la matière).
Pour l’instant, après être arrivé à réelle saturation sur Windows, je réévalue d’un oeil neuf les produits Apple.
Diantre ! Je ne pensais pas lire un jour que tu zieutais les produits pommés 🙂 Comme quoi ! Mais on est d’accord, dans un monde ou tout évolue tout le temps, il faut toujours tester et retester ce qui se fait en face.
Pour Note Station, c’est assez proche d’Evernote maintenant, et au final la rapidité dépendra a) du NAS (on oublie l’entrée de gamme avec ses CPU légers), et b) de la connexion internet. Sur ce point, tu nous as suffisamment nargué avec tes débits pour que je m’inquiète pas.
Pour le backup je suis bien d’accord, c’est pas évident. Il existe beaucoup de solutions cloud pour le grand public (Dropbox bien sûr, mais également hubic avec 25 Go gratuit et un système de sauvegarde sans synchroniser un dossier), mais peu pour les gros volumes.
Je suis tombé amoureux de l’iPad Pro. Mais chut :p
Merci pour l’info en tout cas ! Je compte tester un peu tout ça à DSM6 mais j’update peu à peu une partie à la fois 🙂
J’aime beaucoup le principe de l’ipad pro (tablette, 13″, stylus…), mais je prefererai qqchose de moins cher et avec moins d’iOS.
Surface Pro alors, si tu arrives à te faire à leur stylet.
Quels sont tes critères pour le backup? J’utilise crashplan comme backup en ligne et ça marche raisonnablement bien.
Crashplan devient très vite poussif sur les gros volumes. Il a fallu que je customise mon Syno avec un boost de RAM officieux, que j’utilise un package officieux, que je farfouille en SSH dans les fichiers de config… Et ça tombe en rade dès qu’il y a une update. En desktop c’est marginalement mieux. Au-delà de quelques téras de backup, CP ne suit plus, en fait.
Le dernier client desktop est un peu mieux, mais effectivement, passe ~500GB, ça a du mal. Sur le client precedent, j’avais du augmenter l’allocation memoire de la jvm.
Ceci dit, jusqu’à maintenant, je n’ai rien trouvé de mieux. Après tout, il n’y a pas de miracle, si on lui demande de tracker près d’un million de fichiers pour 1TB de data, ca demande des resources.
Je lorgne en fait sur le backup dans l’Amazon Cloud Drive en forfait sans limite. DSM6 promet de mieux le gérer (parce qu’il le fait déjà). Ca serait une solution.
Et ça coûte combien, un forfait comme ça?
60 $ par an !!!
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Merci pour ce comparatif! Après lecture d’un précédent article de ton blog j’ai installé evernote sur mon pc et mon téléphone depuis qq semaines. C’est un petit outil très pratique pour noter rapidement une idée, une adresse ou autre que je vais retrouver ensuite sur mon pc sans avoir à le recopier. J’appréciais déjà beaucoup tes romans et nouvelles mais maintenant je lis aussi avec intérêt tes conseils et avis sur l’organisation 🙂
Très content que ça serve 🙂 Merci beaucoup !
je confirme j’ai fait pareil et c’est super de retrouver tout de suite la page ou la publi où il y a le petit commentaire qui est super important pour ce paragraphe de ma thèse et chez moi avec l’appli sur ma tablette je prépare même la liste de courses et grâce à mon téléphone ça m’évite de repartir sans l’essentiel
Les description d’evernote m’ont poussé à finalement ouvrir cette app qui est inclus sur mon téléphone (samsung note 3) depuis 2 ans.
Je suis encore en phase de conversion, mais ça a l’air sympa. Je note peu il faut dire et les note rapide sur le téléphone avec le stylus dès qu’il est retiré est super pratique…
[…] Dans la boîte à outils de l’écrivain, nous avons mentionné Evernote et OneNote séparément, avec leurs forces et leurs faiblesses. Le test d’Evernote le recommandait davantage comme un outil de capture, celui de OneNote comme un outil d’organisation. Maintenant, il peut être inutilement complexe de conserver deux outils différents quand tant de points les rapprochent. Mais sur quoi fonder son choix en fonction de ses besoins ?Mettons-les donc face à face, comme dans un bon vieux match de Street Fighter, et voyons qui est le plus fort. […]