Ouuuuh so dark.
C’est très à la mode : le… euh, mode sombre. En gros, pendant des décennies d’informatique, on s’est escrimé à recréer la métaphore du papier et du crayon : une écriture sombre sur une feuille, et croyez-moi, ça en nécessitait, de la puissance de calcul.
Or maintenant, c’est ultra tendance d’évacuer cette métaphore d’un autre âge pour préférer un bon blanc sur fond noir, un mode inversé, un mode sombre.
Les avantage du mode sombre, mis en avant par les innombrables utilisateurs qui le réclament, sont multiples :
- Plus doux pour les yeux (moins lumineux, évite la grande feuille blanche qui te poignarde la rétine, surtout sur nos gros écrans modernes)
- Moins de lumière, signifie moins de lumière bleue, donc censément meilleur pour le sommeil
- Si l’on lit à côté de quelqu’un qui dort, cela génère moins de lumière ambiante, id est, paix des ménages
- Sur les écrans OLED (smartphones de dernière génération), le mode sombre économise la batterie (car les pixels noirs ne sont pas allumés)
… après moi, j’avoue que si ça nous rapproche de ça…
… je suis carrément pour, hein.
(— Dis Siri, lance les torpilles à photons sur le croiseur Klingon. — Très bien, je commande sur Amazon un carton de Calgon. — MAIS BORD*#!§)
TOUTEFOIS
Après avoir tenté trois jours le mode sombre sur macOS à sa sortie l’année dernière, je l’ai bien vite supprimé, car je vivais une expérience troublante : je ne pigeais plus rien à ce qui se passait sur mon écran.
J’ai mis ça sur le compte que j’était vieux et idiot, incapable dorénavant de swiper à gauche ou à droite pour exprimer mon approbation sur des sujets d’actualité, mais je suis tombé sur cet article extrêmement fouillé et nourri en sources expliquant, en un mot comme en cent, que le mode sombre tue la productivité.
Tout va bien, je ne suis ni vieux ni idiot. Hah.
La raison, en résumé, est très simple : l’humain est une espèce globalement diurne (sauf pour les plus étudiants parmi nous) et son œil, et le cerveau qu’il y a derrière, ont évolué pour détecter des machins sombres sur fond clair. Pas l’inverse. Donc, il est plus difficile de lire du texte en mode sombre qu’en mode clair, parce qu’on n’est pas trop trop câblés pour. (L’article de TidBITS propose des comparaisons d’image éloquentes à ce titre.) Et donc, on serait moins productif en mode sombre qu’en mode clair. (Starfleet devrait se poser des questions.)
Cependant, le mode sombre conserve un avantage fondamental : ne pas assassiner les yeux. Du coup, que peut-on faire ? Ne rien y voir et être ralenti, ou y voir super bien, mais finalement pas aussi longtemps au regard des années ? (J’avoue qu’après des journées entières passées sous Scrivener avec la feuille blanche qui me hurle à la rétine, je ne suis pas contre un peu de douceur oculaire.)
C’est là qu’entre un mode beaucoup moins connu, mais qui rassemble à mon sens (presque) le meilleur des deux mondes : le solarisé, solarized dans la langue d’Ed Sheeran. Conçue par le designer Ethan Schoonover depuis 2010, cette palette de couleurs (qui existe en clair et en sombre) évacue le blanc pur pour une sorte de sépia beaucoup plus doux à l’œil, mais qui permet de conserver malgré tout un contraste élevé avec le texte.
Or, si l’on cherche bien, on trouve ce mode, ou une version approchante, dans beaucoup d’applications de lecture et d’écriture : Instapaper, Apple Books, l’application Kindle, jusqu’à Ulysses.
Et sinon, il n’est pas difficile de configurer son application d’écriture préférée pour changer le fond blanc contre quelque chose de plus doux :
Bien sûr, le solarisé n’économise pas plus la batterie que le mode clair classique, mais si ce n’est pas un problème, alors cela peut nettement diminuer la fatigue de la personne au clavier.
Si configurer vos espaces de travail relativement à ces couleurs vous intéresse, toutes les ressources se trouvent sur le site d’Ethan Schoonover, ainsi que sur Wikipédia. Et comme je vous aime, voici, directement récupérée de la page idoine, la récapitulation des valeurs de couleurs, fonds et accents :
À vous d’expérimenter et de décider où se trouve votre préférence (dark side ou solarized side), mais je recommanderais de coller un peu de solarisé là où c’est possible pendant quelques jours et de voir comment vous le sentez. Mais en ce qui me concerne, à part pour quelques usages bien précis (notamment pour les migraineux, ou pour les applications de montage photo et traitement vidéo), le mode sombre me paraît une fausse bonne idée.
effectivement, je reste en mode sombre pour tout ce qui est Twitter and co, mais sur la prod, je sui… https://t.co/qB2JPVHyLc
Mes deux balles : le mode sombre est bien pour une application plein écran, façon zenware. Sinon eff… https://t.co/k7Oc3s3BJs
Perso c’est surtout l’affichage nocturne dans les options windaube que j’utilise en permanence. Ca a grosso merdo le même effet que ton « solarisé » ça jaunit pour éviter trop de lumière bleue. Ça plus le filtre anti lumière bleue sur mes lunettes (qui « jaunisse » un peu l’image du coup)… D’ailleurs, depuis ce combo, je suis moins fatigué le soir…
Mais je te rejoins sur les modes sombres, ça m’agace très vite aussi…
Pour les réseaux sociaux, j’utilise le mode sombre (sur mobile surtout), mais sur PC j’active le mode « solar », avec le logiciel Flux qui est vraiment efficace pour diminuer la lumière bleue !
En tout cas je ne savais pas que le cerveau n’était pas câblé pour lire du blanc sur noir, merci beaucoup de l’information 🙂 !
Avec plaisir Marc ! Oui, bien vu : f.lux était vraiment le précurseur de ce genre d’outils, et reste aujourd’hui une référence ! ????
Et comment mettre en solarisé sur Word quand on est sous windows 10 svp ? Dsl mais les sources en anglais c’est du klingon pour moi ????
J’ai de base une mauvaise vue et les textes blancs sur fond noir m’arrachent les yeux. Le mode sombr… https://t.co/YUOdjjWrqS
10 ans de Kindle fire, 10 ans de sépia après avoir testé les 3 contrastes en 3 mn, quand un truc te turlupine, demande à la fin ????