C’est un serpent de mer qui ressort régulièrement (ou plutôt des cris d’orfraie, tandis que l’amadou desséché de l’Internet énervé passe une fraction de seconde dans la lumière du soleil et explose façon supernova) : non, on ne peut pas donner de conseils d’écriture. C’est un processus profondément personnel, lié à des manières intimes de se sonder, et chacun, chacune a une approche et des jugements esthétiques différents. Toute conversation sur le sujet de l’approche romanesque est nécessairement prescriptive, donc (je résume au terme d’échanges tout de suite très énervés) : ta gueule.
En termes châtiés, disons que je trouve cette attitude extrêmement mystérieuse (et mon mauvais fond a envie de dire que ça peut peut-être cacher une forme détournée de gatekeeping ; moi, j’ai trouvé, toi, tu dois en baver). Or, c’est spectaculaire comme l’écriture est le seul art où l’on retrouve à la fois ce discours et les réactions épidermiques qui vont avec. Ça n’existe littéralement pas ailleurs, que ce soit en musique, dans le dessin, le game design, la décoration de bullet journal, etc.
Ça ne choque personne de prendre des cours de guitare pour apprendre la guitare. Ça n’exclut pas non plus les génies intuitifs qui prennent une guitare à quinze ans, font dans leur cerveau « ah OK, ça marche comme ça » et deviennent Jimi Hendrix. Personne ne dit que tu dois faire comme Hendrix ; personne ne t’interdit non plus de prendre des cours de guitare. On te dit juste : si tu veux apprendre la guitare, l’étape logique, c’est prendre des cours. Pourquoi ? Ben pour apprendre, bon sang. C’est un peu plus facile d’avoir quelqu’un qui a l’expérience pour te montrer, c’est juste du bon sens. Mais ah, tu peux aussi apprendre en autodidacte comme Hendrix, absolument. En revanche, sache que tu vas y passer un sacré temps et que tu as intérêt à avoir une sacrée motivation. Tu veux pas te faciliter la vie et prendre des cours ? C’est toi qui vois.
Au final, si tu en sors et que tu es Hendrix, personne ne va te demander ton CV ; t’es Hendrix. On s’en fout de par où t’es passé ; ta réalisation est la preuve de ton expérience – et au final, c’est quand même tout le but de l’apprentissage : réaliser les choses que l’on veut. La technique n’est pas une fin en soi, elle n’est qu’un moyen : en art, tout ce qui compte, c’est ce qu’on réalise (qu’on le diffuse ou pas – c’est une autre question).
Néanmoins, toute pratique soutenue d’un art passe par une pratique et un apprentissage dévoués et réguliers. On s’y prend bien comme on veut ; en narration, par exemple, on peut lire beaucoup, suivre des ateliers, méditer et expérimenter la technique, échanger, potasser des manuels, et évidemment rien de tout ça n’exclut le reste, et je trouve qu’idéalement, on essaie de faire tout ce qui précède. Le but, en tout cas l’idéal platonicien à mon sens, c’est de devenir Hendrix ; c’est de maîtriser son instrument (que ce soient la guitare ou les mots) au point qu’il s’exprime sans obstacle à travers soi, de la manière la plus distillée et aboutie pour être reçu de la manière la plus authentique, tout en ayant conscience (parce que Hendrix ne s’est pas arrêté de bosser, discutez avec n’importe quel musicien professionnel et il vous expliquera le temps constant de pratique qu’il investit chaque jour) que c’est un processus et non un but à atteindre (parce qu’il est inatteignable. C’est un idéal platonicien).
Il me semble que deux fondements pour cela, c’est la curiosité et la conversation. La curiosité pour son art, pour ce qui a été fait, comment on le fait, comment ça fonctionne, sans cesse ; c’est pour cela qu’affirmer qu’un auteur peut se permettre de passer de lire… me semble avoir autant de sens qu’un peintre qui prend soin de marcher dans la rue les yeux baissés « par peur que le réel l’influence ». (seriously?) Et ce qui va de pair avec la curiosité, c’est la conversation, portant sur l’art et sa pratique ; quant à ses résonances, ses courants, mais aussi les approches, les mécanismes qui peuvent être, quand même dans une certaine mesure, disséqués et analysés de façon raisonnée. Des phrases courtes servent généralement mieux une scène d’action. Sauf si l’on cherche à établir un ralentissement artificiel, par exemple pour induire un sentiment d’horreur ou d’inéluctable. Dès lors, quel est le projet ? Quelle est l’intention ? Quel outil vais-je utiliser pour m’efforcer de transmettre au mieux mes intentions, parce que je fais la démarche d’écrire pour être reçu·e par des gens avec qui je voudrais idéalement établir une connivence ? Voilà les questions intéressantes : qu’est-ce qui tend à créer quel effet ? Quel est l’effet que je recherche ? Niveau advanced : comment puis-je tordre l’attente pour créer quelque chose d’entièrement différent en prenant une technique à contre-pied ? Et il y a bien sûr une progression dans toutes ces étapes.
Opinion non populaire : dans certains discours très énervés qu’il m’a été donné de voir passer sur l’inutilité de la technique (et sur l’inutilité de lire), je lis le désir non pas d’écrire, mais d’être écrivain. De pouvoir se réclamer auteur, si possible en évitant le boulot qui va avec. Parce que c’est crevant, ça oui (demandez à Hendrix et à tout artiste pro). Et ça fait peur, aussi – croyez-moi, je sais. Mais il s’agit là de vouloir un prétendu statut, un fantasme, alors que la réalité du job, c’est le job lui-même. Et qu’on se fait beaucoup de bien en comprenant ça et en lâchant prise sur des choses sur lesquelles, en plus, on n’a guère de prise.
Je ne jette la pierre à personne. Tout le monde a le droit d’avoir ses rêves ; par contre, d’une, il faut avoir conscience que les rêves, ça se nourrit et ça se travaille, ça n’arrive pas tout cuit dans la bouche (enfin, ça peut, mais c’est quand même toujours plus sûr de bouger ses fesses, vous savez, dans le doute) ; de deux, on court toujours le risque de tomber de haut et il faut de la bravoure ; de trois, avoir des rêves, des angoisses, des douleurs même que sais-je, ne donne pas pour autant le droit de proférer des âneries qui perpétuent l’image dommageable que tout le monde est le Jimi Hendrix de la littérature dès sa première phrase parce que « ça se juge pas, y a pas de vérité objective ».
Il n’y a pas de vérité scientifique objective en art, certes. Mais entre ça et le grand globiboulga qui voudrait que tout le monde soit Marcel Proust au premier roman parce qu’on ne peut pas juger, il y a une sacrée marge. Il serait tout de même étrange que dans un métier on ne puisse pas parler de technique et de fiabilité d’approche. L’ignorance n’est pas une vertu, ne pas être curieux de son processus (ou de ceux des autres) non plus. Et s’il n’y a pas de règles absolues, si chacun doit apprendre à se connaître pour trouver sa voie, il y a aussi des codes, qui sont des chemins de moindre résistance parce que faisant appel à un ensemble de représentations mentales à peu près communes. Connaître les codes, c’est comme connaître par exemple les lois de la perspective en dessin : d’une, cela ne fera pas forcément de toi quelqu’un de génial, de deux, personne ne t’oblige à t’en servir. En revanche, si tu les ignores (quelle que soit la manière dont tu voudrais les apprendre), il est probable que tu te compliques la vie bêtement. « C’est bien beau de vouloir faire sauter la maison mais il faut connaître le plan pour savoir où placer les charges », disait Elisabeth Vonarburg lors d’une masterclass que nous avions animée à trois avec Jean-Claude Dunyach.
Je vais sauter au-devant de la réplique facile qu’on pourrait me faire : « Hé, Davoust, tu prêches pour ta paroisse, tu donnes des ateliers, des masterclasses et t’as écrit un bouquin d’écriture, évidemment que tu protèges ton fond de commerce. » Sauf que ça ne fonctionne pas comme ça. Je ne me suis pas mis à le faire sorti du bleu sans avoir d’abord testé, dans l’activité et en conditions réelles, ce que je pouvais commencer à comprendre. (On ne fait jamais que commencer à comprendre.) L’activité sur laquelle je prends toujours soin de placer l’accent est l’écriture romanesque, et s’il m’arrive de le transmettre, c’est parce que je suis au front, tous les jours, à m’imposer à moi-même ce que je prêche, et que je m’efforce d’avoir derrière moi des réalisations pour le prouver. Ce que je raconte ne vous convient peut-être pas – c’est tout à fait légitime –, mais vous pouvez au moins être sûr·e d’une chose, je n’ai pas inventé ça le matin même au petit-déj, c’est parce que j’avais besoin d’outils, d’apprendre, que j’ai fait ce parcours, et je me dis aujourd’hui : hé, cela peut peut-être servir à d’autres. Je ne sais pas si mes romans resteront (et pour être honnête, je ne le crois pas ; mais peu m’importe, je recherche la plénitude dans la réalisation elle-même, non dans la postérité, à laquelle par définition personne d’entre nous n’assiste), mais peut-être ma mission en ce bas monde consiste-t-elle à l’apprendre pour moi-même afin d’arriver à le transmettre, pour que d’autres aient à leur tour les outils pour donner forme à leurs propres rêves. Hé, finalement, si j’arrive à faire ne serait-ce que ça, ce serait une vie pas si malhonnête.
Et ces traces, un jour, un autre être affligé,
Voguant sur l’Océan solennel de la vie,
Pauvre frère en misère, et seul et naufragé,
En les voyant, Peut-être aura plus d’énergie.
– Le Psaume de la vie, Henry Wadsworth Longfellow, trad. de sir Tollemache Sinclair.
Et si vous vous posez la question : dans toute l’équation, je ne suis évidemment pas Hendrix non plus. Dans l’équation, mes Hendrix, ce sont mes idoles, Vian, Zelazny, Le Guin, Danielewski, etc. En comparaison, disons que je suis l’équivalent d’un guitariste de métal qui sort des albums et tourne régulièrement : c’est-à-dire un acteur d’une scène underground, et ne vous méprenez pas, je suis incroyablement reconnaissant (et toujours un peu éberlué) d’avoir l’occasion de continuer à tourner et sortir des albums (heu, tout ça devient confus, mais vous suivez). Mais devant la page, chaque jour, il n’y a qu’une seule vérité : mon clavier, moi, et l’attitude que je vais avoir. Personne ne sait s’il ou elle sera Hendrix. Et au final, ça n’a aucune importance. On est uniquement ce qu’on est au moment d’écrire la phrase qui vient.
Et oui, bien sûr qu’on peut discuter de comment l’écrire du mieux possible. Et bien sûr qu’on peut s’écouter ensemble, réfléchir, expérimenter – et, au final, décider.
Tu le sais, ce n’est pas une surprise, je suis d’accord avec toi sut tout. Nous avons été bercés par l’image de l’artiste romantique maudit et génial. Les gens prennent toujours l’exemple d’artistes comme Mozart (qui compose des trucs à 5 ans) ou Hugo (qui sort un roman à 15 ans, il me semble), ou s’appuient sur ce que prétendent certains pour se faire mousser (soi-disant ils ont pondu leur œuvre en 1 h, entre deux lignes de poudre blanche). Alors je ne dis pas que certains « génies » n’existent pas, c’est une question de statistique, il y a toujours des valeurs aberrantes sur des points expérimentaux. Mais si on ne devait compter que sur ces « génies » pour la production littéraire, il n’y aurait que 3 bouquins tous les 10 ans avec une diversité proche de 0 (cela dit, cela résoudrait peut-être les problèmes de surproduction de la chaine du livre). En réalité, la plupart des « Grand·es » de la littérature sont des bosseurs (il y a trop de noms je ne vais pas faire de liste).
Ton article me fait prendre conscience d’un second point. Aujourd’hui je ne débats plus de certaines questions, c’est du temps perdu. Devoir argumenter avec quelqu’un qui prétend que ça sert à rien de lire par exemple c’est de l’énergie que je ne consacre pas à la création (je ne connais pas un·e seul·e auteurice publié·é qui ne lise pas régulièrement). Par contre, c’est important d’échanger avec des auteurices (publié·es ou non) sur le travail d’écriture et c’est enrichissant de confronter les points de vue (je n’ai jamais autant progressé que depuis que j’échange sur les techniques d’écriture).
Troisième point, j’ai une idée qui pourrait aussi expliquer l’acharnement de certains et certaines à « croire » que ça ne sert à rien de bosser. Cela tient à ceci : celleux qui réussissent ont bossé, mais celleux qui bossent ne réussissent pas forcément. Bosser ne suffit pas, certains travaillent beaucoup, mais ne parviennent pas soit à être publiés, soit à avoir du succès ou de la reconnaissance. Et cela les fait enrager (ce qui est rageant soyons honnêtes). Le mystère de la réception d’une œuvre n’est pas prêt de livrer ses secrets (et quand j’aurai trouvé je ne vous ferai pas signe évidemment, je ne veux pas partager ma place au Panthéon ;)).
Entièrement d’accord avec tes trois points, bien sûr. Juste pour prolonger, sur Mozart qu’on prend souvent comme exemple de génie : on oublie que son père (violoniste) était un tyran qui l’a fait bosser comme un fou dès son enfance quand on a vu qu’il avait l’oreille absolue (ce qui est fréquent chez les enfants de musiciens).
Et bien sûr, le travail n’assure rien ; comme on dirait en mathématiques, il est nécessaire mais non suffisant. C’est pour cela qu’il me paraît extrêmement sain de ramener aussi vite que possible toute activité artistique à la pratique elle-même et d’y trouver prioritairement sens et plaisir. De manière générale, suspendre son plaisir à la validation d’un public ou d’un système est une façon assez certaine de se rendre malheureux. Et pour refaire le parallèle avec la musique, ça ne choque personne qu’un pianiste joue tout seul pour son kif – bien sûr qu’on est content de jouer pour un public qui nous apprécie. Mais si on ne joue que pour ça, si on n’a pas de plaisir à jouer pour soi d’abord, il y a un déséquilibre délétère qui ne pourra à long terme que nuire à la vie tant qu’à l’art, à mon avis.
Je rejoins ton point de vue. La pratique de son art doit avant tout procurer du plaisir, c’est important de le rappeler. Comme je l’avais dit dans un article pour le blog d’Argyll, j’envisage l’écriture comme la promesse du bonheur.
Un truc qui me frappe, c’est que les anglo-saxons ne semblent pas du tout avoir cette approche vis-à-vis de l’écriture (je me trompe peut-être, mais). Tous les conseils que j’ai pu glaner sur les techniques d’écriture je les ai d’abord lu en anglais, et je commence tout juste à voir le pendant se développer en français. Et pour une fois, cela ne tient pas seulement au fait que j’ai tendance à traîner dans la sphère anglophone d’internet. C’est un constat au nombre de publications sur le sujet dans chacune des langues, aux blogs d’auteurs qui s’y consacrent… Comme si en France (mais c’est probablement aussi le cas ailleurs), on avait artificiellement mis l’écriture sur un piédestal inaccessible.
Un autre point qui me surprend, c’est qu’à côté de tous ces beaux discours sur l’idée qu’écrire ce serait un talent inné, on a en cours de français eu droit à l’enseignement de l’analyse littéraire, certes pas toujours à un niveau très élevé (moi, je me suis arrêtée au lycée), mais on a parlé de figures de style en tout genre, on a essayé de comprendre ce que l’auteur avait essayé de dire et comment il l’avait communiqué que ce soit par le choix des mots, du registre de langage, du rythme… Du coup, ce refus de parler de technique et d’enseigner l’écriture me semble aberrant. Comme si on passait dans un autre monde une fois qu’on était publié et qu’on pouvait s’affranchir des enseignements dont on a effectivement bénéficié, alors qu’ils forment déjà un bagage de départ pour chacun de nous.
Je confirme, les Anglo-américains n’ont pas absolument pas de complexes vis-à-vis d’une approche technique de l’écriture. (Ils tombent parfois presque dans un excès inverse, cela dit, d’utilitarisme scénaristique absolu qui nous donne certaines dérives comme les ultra-formatages des blockbusters, mais à tout prendre, cela témoigne d’une certaine connaissance des mécaniques narratives.)
Concernant l’enseignement de l’analyse littéraire, c’est un paradoxe : celle-ci s’intéresse à l’œuvre finalisée, ce qui aide à la réflexion de l’auteur ou autrice, mais les outils de la création sont à mon sens extrêmement différents (puisqu’ils interviennent à l’autre extrémité du spectre, au début). Mais bien sûr, la conversation est déjà présente, elle devrait tout à fait pouvoir se poursuivre normalement !
Excellent article.
Ce qui me dérange le plus dans la posture romantique de l’écrivain inspiré, c’est son côté élitiste sous-entendu. En gros, sois tu es un génie (comprendre, le plus souvent, quelqu’un qui est né dans un certain milieu, plutôt favorisé et qui a joui d’un accès privilégié à la littérature), soit tu es rien du tout. Et tous tes efforts et tes facultés d’apprentissage constitueront du flan. On naît écrivain, on ne le devient pas. Point barre.
Et puis, cette posture est quand-même hyper décourageante. Pendant des années, je me suis arrêtée d’écrire. Je noircissais du papier, je me relisais, je me rendais compte ma prose ne relevait pas du génie absolu, alors je balançais tout. J’aurais vraiment eu besoin que quelqu’un vienne me tapoter sur l’épaule, quand j’avais dix-huit ou vingt ans, et me dise : « OK, ce que tu viens d’écrire, c’est loin d’être du Chateaubriand, mais tu sais, tu as des années devant toi pour apprendre, bosser, t’améliorer. En fait, personne (ou presque) ne naît écrivain. »
Merci Blandine, et bienvenue par ici ! 😊 Tout à fait d’accord avec l’aspect hyper décourageant du truc, parfois accentué par certains auteurs et autrices dont la méthode est très directement branchée sur l’inconscient (donc qui comprennent difficilement que d’autres aient besoin d’architecturer et mûrir les choses). Si tu veux une petite dose supplémentaire de tapotage sur l’épaule, je te propose l’intervention de Sébastien de Castell à la Worldcon 2017 : https://lioneldavoust.com/2017/worldcon-2017-jour-2
L’écriture se mûrit à la fois en tant qu’art, mais aussi en tant que pratique elle-même, à mesure que l’on affine son jugement esthétique, son désir et sa méthode personnelle. Ça peut nécessiter un boulot très intimidant de démêler les deux, mais avec la persistance, on clarifie les choses, et commencer à avoir l’impression de piger vaguement ce qu’on fait est assez génial. Courage et dévouement : on y arrive !
Entièrement d’accord. Rien n’empêche de se planter tout seul mais si on peut bénéficier de retours d’expérience, voire de conseils, pourquoi s’en priver? Et même si on décide de s’affranchir d’une règle ou de s’enfoncer dans une voie périlleuse (tiens, si j’écrivais au « je » et au présent?), les conseils permettent de le faire en connaissance de cause, en ayant en tête les pièges à éviter.
Ensuite, chacun est libre de se forger son propre style. Mais forger, c’est de l’artisanat, justement, avec tout ce que ça implique d’apprentissage, de technique, de pratique, de répétition.
Ce dont je me méfie, en revanche, ce sont les conseils absolus « la prophétie est un stéréotype à bannir », « il faut absolument supprimer TOUS les adverbes », etc.
Je finirai en paraphrasant mon bêta-lecteur préféré : je n’ai jamais autant progressé que depuis que j’échange sur les techniques d’écriture
Absolument sur l’absolu. 😁
On a toutes et tous nos marottes ; cela n’en fait pas des vérités universelles. Je sais qu’il y a des techniques que je n’aime pas trop, mais c’est purement personnel. (Et en général, en prendre conscience fait aussitôt naître chez moi l’envie de m’en servir malgré tout pour voir ce qu’elles peuvent apporter.)
Salut Lionel !
Encore un super article, vraiment merci de partager ces pensées avec nous, j’aime toujours autant ton approche des sujets, et surtout ta volonté de transmettre à ton prochain. C’est d’ailleurs toi qui m’a donné envie de tenir un blog (il est pas très plein, pas très actif, et pas forcément très intéressant, mais je m’y met).
Et donc j’avais une question (parce que oui je ne parle pas de cette histoire de blog pour le plaisir). Dans ce blog je compte y mettre des textes, et des réflexions diverses, notamment sur la narration. Et dans ma situation, viens forcément la question de la légitimité. J’ai écris plusieurs textes, mais je n’ai pas de publication, donc pas de validation externe « officielle » de la qualité de mon travail et donc de ce que j’ai pu retirer de cette expérience. Je me demandais ton avis sur ce sujet, celui de la légitimité de ceux qui transmettent autour de la narration sans avoir de « preuves » que ce qu’ils racontent comporte une part de validité ?
C’est un sujet qui m’a longtemps retenu de partager autour de la pratique narrative. Je commence à peine à passer outre (et encore, je ne me risque pas encore à donner des conseils à proprement parlé, des analyses c’est déjà pas mal), et je sais pas bien quoi faire pour être plus légitime (à part mettre plus de mes textes à disposition, et essayer d’être publié).
En tout cas je ne compte pas m’arrêter, au pire je serai un imposteur avec de bonnes intentions, rien de bien méchant. Et si ça se trouve, même si je dis des bêtises, ça fera peut être déclic chez des gens par contraste ^^
En tout cas, encore merci pour ton travail, ça fait toujours plaisir de te lire.
Porte toi bien !
Salut Jérôme et merci à toi de ton intérêt pour cet endroit 😊
Tu poses une excellente question. Ma réponse lapidaire ? Tant que tu n’essaies pas de vendre quoi que ce soit, et je dirais que tu es safe 😁
La réponse est contenue dans ta question : tu veux transmettre ce que tu as pu retirer de ton propre voyage. Il n’y a là aucune autre légitimité à avoir que celle de ton propre trajet, et du partage de ton expérience (dont d’autres pourront retirer quelque chose, à mesure que tu te l’expliques à toi-même). Voir la citation de Longfellow.
La question de la légitimité concerne en réalité surtout ceux et celles qui veulent apprendre (et donc potentiellement recevoir). Ce qui recouvre précisément deux situations :
– Si quelqu’un d’expérience vous dit un truc, ça vaut souvent la peine de surmonter ses préjugés pour réfléchir à ce qu’on peut en apprendre pour soi ;
– Si quelqu’un veut vous vendre des conseils (comme une formation), regardez simplement d’où il ou elle vient, et ce qu’on en dit, pour déterminer si ça vaut votre temps et votre argent.
C’est tout. Pour le reste, il n’y a pas de seuil de légitimité à partir duquel on a le droit de parler ou non, on dit bien ce qu’on veut, tant que c’est fait avec bienveillance et humilité, ce qui est ton cas, comme le prouve le simple fait que tu te poses cette question.
Have fun !