J’ai eu le grand honneur et l’immense plaisir d’un long entretien au long cours dans le podcast Processus, qui s’intéresse à une question fascinante : interroger créateurs et créatrices sur leur approche pratique de leur travail afin de comprendre comment leurs réalisations s’accomplissent.
Vu que je suis un brin bavard (un peu) et que le sujet me passionne (si peu) j’ai quelque peu explosé le format de l’émission (ce n’est pas comme si ça m’arrivait dans d’autres domaines) et ce qui devait être une émission unique s’est transformé en trois (ce qui n’est jamais arrivé dans d’autres domaines). Les volets porteront :
- L’écriture et sa méthode, part 1
- L’écriture et sa méthode, part 2
- Musique électronique, parallèles et divergences avec l’écriture
Merci mille fois à Alix M. Dehenne de m’avoir invité dans le podcast et d’avoir reçu avec enthousiasme la longueur et la technique de mes développements. Ce premier épisode peut s’écouter sur toutes les plate-formes où l’on écoute des podcasts, ou bien simplement ci-dessous.
Et à bientôt pour la partie 2.
Toujours passionnant de t’entendre discourir sur les processus créatifs. Merci pour ce partage précieux.
J’aimerai partager ici une de mes réflexions, on ne sait jamais cela peut servir d’étincelle à des réflexions plus importantes pour celleux que ça intéresse (attention possible que ce soit un peu foutraque, mais je ne prétends pas écrire un essai ici) :
Tu en parles ici du fait d’écrire sans te préoccuper de la qualité et tu as longuement disserté sur l’utilisation de ta freewrite, et ce n’est pas que je ne sois pas du même avis que toi, mais en réalité je pense que tu as raison : pour toi, à ce moment précis de ta carrière. Je m’explique.
Tu évoques un petit démon éditeur (et non pas tu invoques) qui surveille ce que tu écris et qui peut bien souvent briser l’élan de l’écriture. Je pense que ce démon est d’autant plus pénalisant que ton expérience est grande (car ce démon trouve sa force dans ton expérience). Tu dis que trop s’attarder sur la qualité d’un premier jet peut être une source de blocage. C’est vrai parce que tu as tellement intégré des réflexes techniques que tu vois les défauts au moment où tu le fait. Un/e jeune auteurice non. D’autant que lorsqu’on débute et qu’on déborde d’idées et de volonté, le problème n’est pas le démon qui surveille, mais l’absence de maîtrise de certaines techniques. J’aurais tendance à penser qu’un/e jeune auteurice devrait être relativement vigilent/e à son premier jet pour sortir un truc potable et que quelqu’un d’expérimenté devrait s’en foutre parce que ce serait quand même potable au final. En plus, comme tu le dis, l’étape(s) de correction(s) sert à tout affiner (raffiner ?), mais là encore, quand tu es expérimenté tu peux partir de plus loin en termes de qualité. Un/e jeune auteurice n’a pas toujours les armes nécessaires pour corriger un premier jet moisi, je le sais, j’ai abandonné des corrections car je partais de trop loin et je n’avais pas les outils (par manque d’expérience) pour sauver un premier jet (que je sauverai peut-être un jour, plus tard, quand je serai devenu un auteur expérimenté).
Conclusion : vos solutions d’aujourd’hui ne sont pas vos solutions de demain. Votre processus d’écriture peut évoluer avec vous, le remettre en question pour toujours être en phase avec soi-même peut être utile.
Conclusion bis : faites ce que vous voulez, éclatez-vous. Lionel le dit dans le podcast, on peut le répéter autant qu’on veut. Prenez plaisir à ce que vous faites, c’est de loin le plus important.
Tu as entièrement raison sur le stade où j’en suis et que mon avis est aussi fonction de cela. Sur ce point, j’en parle dans mon test de la Freewrite.
Je modérerais cependant pour les jeunes auteur.rices. Le démon qui surveille existe aussi pour un nombre colossal d’entre eux, qui ne finissent jamais leur projet en étant paralysé.es par la peur de mal faire (c’est pourquoi Robert Heinlein en fait une de ses règles, la deuxième : “You must finish what your write.”).
Quoi qu’il en soit, entièrement d’accord avec tes conclusions, bien sûr. Merci pour ton écoute 🙂