Sur le tournage d’un documentaire à propos des orques

J’avais très rapidement laissé entendre au détour d’une phrase que lors de mon mois à Grundarfjörður à travailler pour Orca Guardians, il se préparait peut-être quelque chose de très chouette, et le communiqué de presse est tombé – je vais donc le traduire rapidement plutôt que broder (l’original est disponible ici)…

Orca Guardians Iceland commence à tourner un documentaire sur la conservation des orques dans la péninsule de Snæfellsnes

Le 15 avril dans la péninsule de Snæfellsnes, Orca Guardians Iceland a commencé à tourner un nouveau documentaire qui a pour titre de travail : « Les orques de l’ouest de l’Islande et leur protection : comment la vision du prédateur marin suprême évolue parmi les communautés islandaises locales. »

Ce récit bilingue (islandais – anglais), qui met en avant une approche non-invasive des orques, se focalise sur les liens entre habitants et animaux, ainsi que sur le développement des mouvements de conservation au sein des communautés islandaises.

Les deux facettes fondamentales du projet, la vie sauvage et les êtres humains, seront mis en avant à travers la question suivante : comment les communautés locales ont-elles évolué depuis 2010, date à laquelle davantage d’orques ont été aperçus autour de la péninsule ?

Le documentaire vise à inciter les spectateurs à agir contre la pollution et les perturbations de la faune, tant à l’échelon local qu’international, en mettant en avant des mesures pratiques de protection. Des gens de tous horizons, liés à l’histoire des orques, ont été conviés à participer à des entretiens.

Le documentaire est produit par Orca Guardians Iceland en coopération avec Xu Media Production et Wild Sky Productions, et rassemble une équipe internationale aux membres originaires d’Islande, de Chine/Canada, de Grande-Bretagne, de France et d’Allemagne. Le tournage se poursuivra jusqu’au 6 mai 2018 et est parrainé par Láki Tours Whale Watching. Ce projet est rendu possible grâce à l’apport d’une subvention de la National Geographic Society.

Me voilà donc, en plus d’assistant de terrain pour la recherche sur les orques, à prêter main-forte à un documentaire sur la conservation et la protection des orques. Il y a en moi un gamin de huit ans avec des étoiles dans les yeux qui n’en revient pas.

2018-04-16T23:11:20+02:00mardi 17 avril 2018|Carnets de voyage|10 Commentaires

La malchance, une forme de chance (… dans l’observation de la nature)

Bien arrivé à Grundarfjörður dans le cadre de mon mois de travail auprès d’Orca Guardians, mais une météo peu coopérative retarde les sorties en mer…

Foraging orcas

… du coup, c’est le temps de réfléchir à ce que les impératifs du climat et du monde sauvage signifient dans notre monde développé de gratification instantanée. C’est en anglais, à lire sur le blog officiel d’Orca Guardians.

2018-04-11T00:08:15+02:00mercredi 11 avril 2018|Carnets de voyage|Commentaires fermés sur La malchance, une forme de chance (… dans l’observation de la nature)

De Paris à Grundarfjörður via Reykjavik

Un petit mot pour dire que je suis vivant, et bien en place dans le pays des volcans aux noms imprononçables. Hier, c’était la partie facile : me poser dans l’avion puis à l’hôtel que j’ai pris à deux pas de l’aéroport. Il faut en effet savoir que l’aéroport de Reykjavik ne se situe pas près de la capitale, mais à trois quarts d’heure de route environ, à Keflavik.

https://www.instagram.com/p/BhTrmpvjxGQ/?taken-by=wildphinn

Grundarfjörður, ma destination finale, se situe à quatre cars de Reykjavik (plus la navette qui relie à l’aéroport), et les horaires sont ainsi faits que je ne pouvais accomplir tout le trajet en une fois. C’est aujourd’hui que le voyage va nécessiter une hypnotique quantité de manutention pour entrer, sortir, entrer, sortir ma valise des soutes, surveiller les horaires et ma position GPS par prudence, et je me suis efforcé d’apprendre à prononcer vaguement correctement le nom de mes escales (Mjódd, miaod. Grundarfjörður, greundarfyeurthour).

J’ai grande hâte de poser à nouveau les yeux sur les paysages islandais, où il subsiste un peu de neige malgré la saison, et que j’ai bizarrement retrouvés à travers un épisode de Black Mirror alors que je me trouvais de l’autre côté de la planète. Y a plus de saisons, ma bonne dame, en tout cas pour moi.

Et demain, au boulot sur le bateau, si la météo consent !

https://www.instagram.com/p/BhUI0Btj5s6/?taken-by=wildphinn

2018-04-08T22:44:58+02:00lundi 9 avril 2018|Carnets de voyage|4 Commentaires

En avril avec les orques d’Islande

Pour ceux et celles qui ont rejoint le navire il y a moins de six ans (où je parlais un peu plus du truc), dans une vie antérieure, j’étais biologiste marin (ingénieur halieute, pour être exact). En gros, il s’agit de l’agronomie de la mer, sauf que moi, je voulais protéger les baleines et les dauphins, parce que. Et les orques, surtout. En 2011, j’ai été éco-volontaire un mois et demi au Pays de Galles avec Sea Watch Foundation, en 2012 en Écosse avec le Hebridean Whale and Dolphin Trust (les liens vous amèneront sur les carnets de voyage correspondants). Divers raisons (boulot, écriture, vie personnelle un peu dans tous les sens) m’ont empêché de répéter l’expérience chaque année comme j’en avais l’intention, mais certaines choses doivent se prendre à bras le corps et décider d’être faites, et, auguste lectorat, je repars donc à la fin de la semaine, pour un mois de volontariat en Islande, cette fois, auprès des orques et pour le compte de la fondation Orca Guardians. Yeah !

Orca in the fjord

J’avais déjà parlé de loin en loin d’Orca Guardians en ces lieux, la raison étant que j’ai d’abord découvert la fondation comme touriste et que j’avais eu par le passé l’occasion de travailler avec sa présidente, Marie Mrusczok. La méthode de travail d’Orca Guardians m’intéresse particulièrement car il y a une position très forte contre toute forme de recherche pouvant être considérée invasive : il s’agit uniquement d’observer, de photographier et d’apprendre et d’inférer le maximum via des sorties presque quotidiennes. La fondation est en effet soutenue par Láki Tours, entreprise de whale watching éco-responsable, qui donne à Orca Guardians un point de vue assez unique dans le domaine. (Si vous passez dans la région, c’est là qu’il faut aller pour voir des animaux !)

Iceland_location_map.svg: NordNordWest & Виктор В (CC-By SA)

La fondation Orca Guardians est basée à Grundarfjörður, dans la péninsule de la Snæfellsnes (je sais, je sais : j’ai mis une carte). C’est la 36e ville la plus peuplée d’Islande… avec seulement 836 habitants (à titre de comparaison, la capitale Reykjavik en compte 119 000). Veillée par le très photogénique et photographié mont Kirkjufell, située à l’orée d’un fjord où le hareng riche attire les cétacés, Grundarfjörður dégage cette impression à la fois d’âpre sérénité et de chaleur humaine unique à l’Islande. Le volontariat écologique tient toujours pour moi aussi de la retraite monacale.

Mes tâches consisteront principalement à prêter assistance lors des sorties pour la récolte de données (photos et observation), à contribuer à ce que les passagers aient une belle expérience, et à prêter main-forte à l’animation du blog et des réseaux sociaux (je vous recommande vivement la page Facebook d’Orca Guardians, régulièrement mis à jour, avec des photos incroyables). Et d’autres trucs très très cools pourraient se profilent aussi, mais j’attends de voir comment ça s’organise et si je peux en parler pour, euh, en parler.

L’une de mes tâches consistant expressément à écrire pour le compte d’Orca Guardians (yeah !), je vais m’efforcer de bloguer un peu plus que les fois précédentes si j’y arrive. Au moins, pour les anglophones, il devrait y avoir des choses à se mettre sous le croc.

Il va me falloir 48h de voyage pour rallier Grundarfjörður depuis Paris (je décolle dimanche, j’arrive théoriquement lundi). Ça s’annonce comme une équipée bien plus compliquée qu’avec une voiture de location en simple touriste pour un séjour de dix jours, mais ça fait partie de l’aventure. Si je trouve du wifi, je vous parlerai de bus.

 

 

 

 

2018-04-04T10:58:48+02:00mercredi 4 avril 2018|Carnets de voyage|9 Commentaires

Worldcon 2017, jours 3, 4 & 5

Et wala, auguste lectorat, me voici dans ma chambre d’hôtel avec du Master Boot Record en fond à m’efforcer de récapituler ce que je pourrais bien raconter et partager d’intense tant il y a de chose…

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De manière générale, je pense qu’il faut vraiment saluer l’organisation. Organiser une Worldcon est un défi, le faire dans un pays européen peu connu des Américains multipliait les difficultés. J’avoue que le premier jour, devant les nombreuses difficultés d’accés aux tables rondes et un espace de vente assez dépeuplé, j’ai eu un peu peur. Mais en une seule journée, l’organisation a réagi avec une efficacité exemplaire et cette Worldcon, il me semble, se termine sur un succès qui n’aurait à envier à Londres et Montréal que davantage d’affluence étrangère – mais ce n’est certainement pas la faute de l’organisation ici qui a fait, en tout cas vu de l’extérieur, tout le nécessaire pour rassembler les conditions du succès.

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J’ai résolument placé l’accent, pour moi, sur trois dimensions : le plaisir, l’écriture et (un peu) de « boulot » quand même (c’est-à-dire, le versant plus éditorial et économique) pour me tenir au courant de ce qui se fait hors de nos frontières géographiques et linguistiques.

Côté plaisir, c’était très chouette d’assister par exemple à une présentation sur la demoscene – avec laquelle j’ai grandi à l’époque de l’Amiga, mais quel meilleur endroit que le pays de l’Assembly pour entendre parler de prouesses artistiques et technologiques ? Je garde le souhait lointain de m’investir un jour davantage dans le milieu, côté musique évidemment, parce que niveau codage, je suis un tout petit peu largué. J’ai été bluffé par une démo réalisée sur… une console de mixage, où les faders eux-mêmes étaient animés par le programme.

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Le plaisir, dans les Worldcons, c’est aussi et surtout les rencontres et les retrouvailles, des contacts que l’on voit parfois une fois tous les trois ans ou plus, avec qui l’on continue à échanger tout au long de l’année grâce à Internet, mais avec qui on se retrouve avec la même chaleur ; et puis les nouveaux amis qu’on se fait après une table ronde ou en discutant dans les couloirs. Pas de name-dropping, auguste lectorat, tu sais que ce n’est pas mon genre (ça me donne l’impression de me la raconter), mais voilà, c’était chouette, et je veux juste dire un grand kiitos à Sini pour avoir merveilleusement brisé les glaces et comblé les distances géographiques.

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Un autre côté agréable des Worldcons est l’accent sur la technique de l’écriture et la disposition des intervenants à entrer dans le détail de leurs processus de travail. Ainsi que l’existence de présentations parfois très techniques pour transmettre des connaissances aux auteurs présents (on a beaucoup ri – heureusement – à la conférence sur la mécanique des blessures plus ou moins mortelles et les manières de les représenter de façon réaliste). La Worldcon proposait aussi beaucoup d’interventions sur l’écriture pour les fictions interactives (textuelles ou jeux vidéo) et j’en ressors avec quelques applications supplémentaires sur mon iPhone ainsi que des idées bien consolidées sur ce qu’il est intéressant ou pas de faire dans ce contexte. Ça m’a aussi parfaitement expliqué pourquoi la série de jeux Lifeline, bien qu’intéressante en surface, m’a rapidement lassé.

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Niveau éditorial, il semble que la traduction de fictions étrangères en anglais connaisse un frémissement. Alors attention, ce n’est pas la porte ouverte à toutes les fenêtres, c’est juste un frémissement, mais la reconnaissance d’une nécessité d’ouverture des marchés (principalement de langue anglaise) est, en tout cas, exprimée. Ça ne change pas grand-chose à ce que je disais il y a trois ans (pour être traduit, la voie royale reste de faire un best-seller ou de la payer soi-même), mais au moins, le sujet est évoqué, et aussi de la part d’intervenants des maisons américaines majeures. Une statistique pour mettre les choses en contexte : 3% de la littérature publiée aux USA provient de traductions – dont probablement moins d’1% de littérature de genre.

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Il reste à ce que ces intentions soient suivies d’effet, bien entendu ; un de ces quatre, dans un futur billet, je serai assez remonté pour parler de déséquilibres linguistiques mondiaux et de la nécessité de sauvegarder les langues, mais là, je comate un peu trop.

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Comme toujours, une Worldcon est épuisante, mais une telle fête de l’imaginaire, totalement décomplexée, sous toutes ces formes, est toujours une célébration pleine de positivité, d’énergie et de frat/sororité. La prochaine est en Californie, mais 2019, ce sera à Dublin, et j’ai déjà mon accréditation (surtout que l’Eurocon suivra juste après). 2020 promet d’être la Nouvelle-Zélande… mais là, c’est un peu plus compliqué. Et rappelons que la France, avec Nice, propose sa candidature pour 2023.

Maintenant, retour au boulot, j’ai des signes à écrire (beaucoup…), mais cela fait vraiment du bien de sortir un peu la tête du guidon !

2017-08-13T20:03:31+02:00lundi 14 août 2017|Carnets de voyage|4 Commentaires

Worldcon 2017, jour 2

OK, auguste lectorat, je rentre donc à mon hôtel et je l’annonce, je n’ai plus de pieds. Bien sûr, on passe son temps à déambuler en convention, mais là, en plus, parce que j’aime la complication et parce que c’est bon pour ce que j’ai, et aussi parce que prendre le bus en finnois me paraît plus compliqué que de déambuler avec mes pieds sans rien dire, je ne fais que marcher pour aller partout. Ce soir, j’ai participé au AfterDark Motel – une animation théâtrale mi-horreur mi-escape room, qui était super bien mais donc je ne dirai rien pour ne pas divulgâcher – et c’était à une heure de mon hôtel, donc, pieds.

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Cette deuxième journée de convention a été largement plus satisfaisante que la précédente : il semble que l’organisation ait reçu un certain nombre de retours concernant la gestion de l’affluence et a réagi très rapidement pour fluidifier les choses. Bravo !

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Parce qu’on apprend à tout âge, à tout moment, et qu’il n’y a guère que dans les conventions d’ascendance américaine où je retrouve l’approche technique que j’affectionne, je me suis humblement inscrit comme stagiaire à l’atelier d’Ellen Kushner et Leena Likitalo sur les scènes. Un certain soulagement de constater que les outils que j’ai mis au point tout seul dans ma cabane avec l’expérience et des lectures techniques glanées ici et là tiennent le choc et sont opérants. Je me donne donc le droit de transmettre tout ça, auguste lectorat : on est à peu près d’accord sur les notions fondamentales de la narration. (Après huit bouquins, faut l’espérer un peu quand même, mais l’auteur est parfois une petite chose fragile qui se dit qu’elle n’a jamais rien compris à rien.) Ellen et Leena ont fait preuve d’un enthousiasme et d’une générosité fantastiques pendant les échanges et rien que ça, ça vous donne envie de rentrer chez vous, d’écrire et de transmettre à votre tour cet enthousiasme à ceux à qui vous pouvez enseigner des trucs. (Pour mémoire, demain c’est mon tour : à midi, salle 215, je propose ma conférence sur les outils informatiques de l’écriture.)

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Doute et chose fragile : la table ronde la plus émouvante et la plus forte pour moi a été celle sur les méthodes de motivation des auteurs. Un certain nombre d’outils ont été passés en revue, des choses dont on a parlé sur ce blog comme la méthode Pomodoro, mais je veux tirer mon chapeau à Sebastien de Castell qui a partagé avec une grande sincérité et une grande générosité (là encore) ses propres difficultés, son syndrome de l’imposteur, les luttes qu’il affronte pour avancer, et comment il les transcende simplement en étant doux et bienveillant avec lui-même, en cherchant le ravissement chaque jour dans ce qu’il fait, au lieu d’éprouver la culpabilité du manque de productivité. Pour attaquer ses blocages au lieu de s’attaquer lui-même, selon ses mots. Ses paroles ont profondément résonné avec le public, et si l’on sait intellectuellement que tout auteur, à n’importe quelle étape de sa carrière, galère et que c’est NORMAL, je t’avoue, auguste lectorat, que ça fait toujours du bien de commisérer un peu collectivement.

Non, si tu galères, ce n’est pas que tu n’es pas taillé pour ça. Respecte ton processus et ton rythme. Et, selon les mots de Rob Carlos, « deviens la meilleure version de toi-même qui soit ». Des choses qu’on sait, mais qu’il est doux, et réchauffant, d’entendre redites par d’autres. Et rien que pour le soulagement, l’émotion ressentie par certains dans la salle en s’entendant dire que oui, ils peuvent bosser comme ils l’entendent, et que oui, parfois c’est difficile, je continuerai à défendre l’enseignement de la technique de la création littéraire, n’en déplaise aux esprits chagrins. Si je peux moi aussi avoir, humblement, un peu de cet effet positif dans le monde, à aider à propulser comme on m’a propulsé moi-même il y a des années, cela contribue à rendre mon séjour en ce monde un peu moins vain. Et puis flûte, c’est quoi, la littérature, à part une conversation millénaire ?

La Worldcon, c’est aussi des conférences sur des sujets incroyables :

https://www.instagram.com/p/BXnT3UJj2vS/?taken-by=wildphinn

J’y suis entré un peu par hasard, et si les parallèles étaient parfois un peu ténus à mon goût, ce n’est pas grave ; c’était l’occasion de célébrer, dans les deux univers, ce qu’il y a de positif, d’héroïque et d’altruiste ; la foi et la confiance, non pas dans les puissants, mais dans ceux auxquels nul ne prête attention de prime abord, et qui ont néanmoins en eux le pouvoir de sauver le monde, qu’ils s’appellent Bilbon Bessac ou Donna Noble. Et ça aussi, ça réchauffe le cœur.

À tel point que dans le AfterDark Motel, plutôt que de partir en hurlant comme tu dois faire quand tu joues le jeu, j’ai essayé de montrer de la compassion aux monstres. Que ferait le Docteur dans ce cas-là ? Oh, hello. You’re beautiful. 

(J’ai aussi vu un cosplay juste incroyable du 10e Docteur, j’ai vraiment cru un instant avoir affaire à Tennant – j’aurais bien pris une photo, mais j’étais à la bourre.)

Bref, que de la chaleur, de la gentillesse, de la joie, de la communauté dans cette journée, et j’espère en rendre un peu à mon tour demain.

2017-08-10T21:56:43+02:00vendredi 11 août 2017|Carnets de voyage|13 Commentaires

Worldcon, jour 1

Me voilà de retour à mon hôtel pour un bilan de ce premier jour de Worldcon en Finlande. Déjà, il me faut tout de suite mentionner que c’est un pays à la pointe de la civilisation, car LE CARRELAGE DE LA SALLE DE BAINS EST CHAUFFANT. Oui madame. Rien de meilleur quand tu prends ta douche les yeux pas en face des trous et que le monde te paraît hostile et froid sorti de la couette.

https://www.instagram.com/p/BXkOLgxDbrs/

Mais ces considérations n’intéressant guère que Jacob Delafon, la convention en elle-même, donc. Le Messukeskus (centre de congrès) (j’ai toujours tendance à lire « mais qu’est-ce qu’y a ») se situe dans un sympathique parc de loisirs et terrains de sport, et on y retrouve les étapes habituelles de toute Worldcon qui se respecte : salles de conférence, expositions, stands d’éditeurs et vendeurs en tous genres…

Eh bien, cela m’embête un peu de te dire ça, auguste lectorat, parce que je mesure tout le travail que représente l’organisation d’un événement de cette ampleur, et rien que l’audace de le faire mérite le respect ; peut-être suis-je fatigué, blasé, aigri, trop vieux, mais, voilà – je retire de ce premier jour une petite impression de frustration que je n’avais pas eue à Montréal et Londres. Alors attention, ça reste un splendide événement et les premiers visiteurs en auront indubitablement plein les mirettes – mais certains aspects sont venus un peu se mettre en travers du wow factor. En premier lieu, le rapport entre l’affluence et la taille des salles : sur tout le planning que j’avais prévu, je n’ai pu faire que la moitié des débats (ce qui est assez courant dans une Worldcon) mais souvent pour découvrir au dernier moment, après une demie-heure de queue scrupuleuse en tête de file devant la salle, que non c’est toujours complet en fait merci de trouver autre chose à faire (ce qui là, n’est pas top). L’espace commercial et les expos sont nettement en retrait par rapport aux Worldcons en territoire au moins partiellement anglophone, ce qui soulève clairement à la fois le courage et le risque d’organiser une convention mondiale en Europe dans un pays peu connu des Américains (certains d’entre eux ayant probablement eu peur du voyage).

https://www.instagram.com/p/BXkgFwCDLNw/

Ce qui souligne d’ailleurs la vivacité de la communauté finlandaise – et suscite le respect, ainsi, que j’avoue, venant d’un pays à la langue largement plus répandue que le finnois, une pointe d’envie. Alors certes, la Finlande a pour texte fondateur, entre autres, le Kalevala quand la France a les Rougon-Macquart, ça vous sensibilise assurément un inconscient collectif à l’épopée et à la fantasy, mais quand même. Avec tout ce que le bruit que l’on fait avec la Francophonie, je pense qu’on est en droit de se demander pourquoi, chez nous, bon sang, on n’a pas d’équivalent de la SFWA (les Finlandais en ont un, la STK), des traductions plus nombreuses à l’étranger (les Finlandais y arrivent – un peu), des éditions reliées cartonnées qui semblent faire partie du circuit normal (et pas que des éditions luxe)… Bref, ce sont des questions qui nous agitent en ce moment dans le milieu français – la reconnaissance de l’imaginaire dans les médias (laquelle influe nécessairement sur le rayonnement économique du secteur). C’est très difficile d’avoir une opinion intelligente sur la question quand on n’est là que pour quatre jours et qu’on voit les choses par le petit bout de la lorgnette, et ma perception est peut-être faussée ; mais le fandom finlandais semble assurément avoir un rayonnement à l’international que nous n’avons pas. C’est tant mieux pour eux ; mais cela pousse à se poser des questions pour soi-même – sans réponses, on est d’accord.

https://www.instagram.com/p/BXkcK31DHAQ/

Bon, sinon, l’ambiance est toujours aussi agréable, où votre connaissance de dix minutes à un workshop se met à discuter avec vous avec le naturel de si vous étiez un pote de dix ans. Cela m’avait fait ça la première fois à Anticipation en 2009 à Montréal, huit ans plus tard, je pense toujours, sans cesse, en déambulant dans les couloirs, à l’expression de Roland C. Wagner, « le peuple de la SF ». Et mon camarade de workshop, américain, a probablement eu le bon mot qui m’a fait, pour ma part, ma journée : « La tristesse de notre pays, c’est qu’on a élu un président chaotique mauvais. Et le pire, c’est que son vice-président est certainement loyal mauvais. »
Il n’y a que dans une Worldcon qu’on peut échanger des analyses aussi claires et incisives de la politique internationale (et qu’on peut les partager avec des gens qui les comprennent).

Bon, demain (enfin, aujourd’hui pour toi, auguste lectorat), je vais m’efforcer de voir si je peux mieux louvoyer avec le programme.

2017-08-10T15:52:45+02:00jeudi 10 août 2017|Carnets de voyage|7 Commentaires

Worldcon 2017, jour 0

Et voilà, auguste lectorat, fidèle à la tradition, voici un premier petit mot pour signaler que je suis à pied d’œuvre. (Ce qui ne veut pas dire que je loge en bas d’un monument.) Long trajet pour faire Rennes – Helsinki, deux trains et un vol, beaucoup de temps morts, mais je loue à nouveau la mobilité acquise avec les appareils mobiles – un iPhone, un iPad Pro, et j’ai pu écrire mes mails, continuer à prendre des notes sur La Fureur de la Terre au crayon avec presque autant de facilité que si j’étais posé chez moi. Et avec la fin des frais d’itinérance, je débarque à Helsinki avec mon forfait 4G identique à celui de la France.

C’est peut-être (certainement) un détail pour vous, mais c’est à ce genre de petits détails que je mesure l’évolution du monde (un truc dont on ne se rend pas forcément compte – le smartphone moderne n’a que dix ans). En 2009, à ma première Worldcon à Montréal, j’avais trimballé un gros ordi portable, je luttais pour transférer mes photos depuis mon smartphone pourrave et j’étais tributaire du wi-fi payant à la demi-heure (oui madame) de l’hôtel. Aujourd’hui, je suis quasiment parti les mains dans les poches, confiant en la capacité de Google Maps à m’indiquer la bonne ligne de métro à l’arrivée et en celle de mon Apple Watch pour me guider discrétos à pied jusqu’à l’hôtel. Ce qui a marché, puisque je suis là et vivant (enfin, je crois).

 

Je n’ai pour ainsi dire rien vu d’Helsinki à l’arrivée, la faute au décalage horaire +1 qui m’a mangé une partie de la soirée ; mais une supérette a le bon goût d’avoir élu domicile en face de mon hôtel, ce qui signifiera que je ne serai jamais mort de faim, sauf à minuit, mais si je rentre à minuit sans avoir mangé en ville, c’est que je l’aurai cherché, hein, on est d’accord. Observation quand même, je dis ça je dis rien, mais les trains de banlieue d’Helsinki sont juste impeccables de propreté, sentent bon, et tu peux charger ton téléphone dedans. Je commence à avoir assez voyagé pour quand même ressentir une petite pointe de teuhon quand je rentre à Roissy, j’avoue, surtout pour le pays qui se veut capitale du tourisme.

 

Bref. Maintenant le touriste c’est moi, et demain, je vais essayer d’arriver assez tôt pour récupérer mon accréditation et voir des trucs et des machins, à suivre sur Instagram (ou le lendemain matin si tu es allergique à l’info en temps réel, et ça se comprend, ça se comprend). J’annonce la couleur, j’ai prévu d’aller surtout voir des tables rondes bien pointues au point que ça pique sur la technique d’écriture. Faudra donc que je meuble ces articles avec des blagues. On est mal barré.

2017-08-09T11:46:03+02:00mercredi 9 août 2017|Carnets de voyage|10 Commentaires

En route pour la convention mondiale de science-fiction !

Terve!

Cette semaine, c’est la convention mondiale de science-fiction, la Worldcon pour les intimes. Si nos Imaginales et Utopiales sont les grands-messes de l’imaginaire en France, les worldcons le sont pour le moooonde. Entier. De la planète.

J’avais eu le plaisir d’aller à celles de Montréal en 2009 et Londres en 2014, et j’avais chroniqué un peu comme j’avais pu ce que j’avais vu et découvert de rigolo et/ou intéressant (perds-toi dans les archives, auguste lectorat, en 2009 et en 2014, mon dieu, je suis vieux de l’Internet). Je vais cette année encore tenter de bloguer, avec un jour de décalage (vous saurez le lendemain matin ce qui a pu se passer la veille) et sans promesse pour le week-end (c’est le jour du Seigneur. Ou celui, d’expérience, de la fatigue). Ça veut probablement dire aussi que les déclencheurs de la semaine prochaine seront reportés au mardi, et il n’y aura pas de photo de la semaine, mais hey ! C’est ça, le journalisme ! On est prêt à tout, y compris chambouler le planning du blog.

Cette année, level up, parce que je participerai à une table ronde sur la traduction (des joies et difficultés de traduire l’imaginaire), mais je donnerai aussi une conférence sur les outils informatiques pouvant aider à l’écriture. Si vous étiez au cours du soir des Utopiales l’année dernière, c’est à peu près la même, à de petits raffinements près, un peu de plus un peu de moins, et en le tout en anglais, évidemment. Fun!

Cliquez pour agrandir si nécessaire. Ouais. Probablement nécessaire.

C’est aussi, évidemment, le genre de voyage qui se prête totalement à plein de bêtises sur Instagram et Twitter. Je sais que mon compte Insta (comme on dit) est un peu en jachère, mais c’est pas hyper oufissime, la vie d’un auteur chez lui qui passe le plus clair de son temps à regarder défiler son document Scrivener. Bref, on va essayer de voir ce qu’on peut faire ce week-end. Et oui, Maman, tu peux suivre aussi si tu as peur que je me fasse enlever par des vikings1.

Ah, et puis le site officiel de l’événement est .

https://www.youtube.com/watch?v=hBNH8qub_vI

  1. Je déconne, hein, on sait tous que les vikings c’est pas là-bas.
2017-08-03T23:06:38+02:00mardi 8 août 2017|Carnets de voyage|12 Commentaires

Islande 2017

Travail intense oblige, je n’ai plus autant l’occasion de partir en volontariat qu’auparavant – non pas que je me plaigne : dans mon domaine, avoir du boulot est une excellente chose ! Cependant, la mer et ses drôles d’habitants noirs et blancs, aussi tendres et joueurs que redoutables au squash à l’otarie commençaient à me manquer puissamment, or doncques, une partie de la semaine dernière, j’ai délocalisé la machine à écrire à Grundarfjörður en Islande.

Délocalisation couronnée de succès grâce à Láki Tours

Foraging orcas

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… au moins pour le premier jour, car, des trois jours suivants, aucune des sorties prévues n’a pu se faire. L’adage dit qu’en Islande, si l’on n’aime pas la météo, il suffit d’attendre cinq minutes pour qu’elle change, mais là, le vent est resté tenace pour le reste de mon (bref) séjour, empêchant toute autre expédition en raison de l’état de la mer (même s’il faisait grand beau).

Cela a été l’occasion de faire le tour de la péninsule du Snæfellsnes, du coup. L’Islande au printemps est étrangement semblable et différente à la fois de l’hiver ; la température y paraît presque plus froide, le vent est assurément plus coupant, mais la neige s’est retirée vers les sommets, et surtout, les journées sont déjà bien plus longues que partout ailleurs (coucher du soleil à 21h).

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La Snæfellsnes en avril ressemble parfaitement à l’image populaire qu’on se fait de l’Islande : de longues landes et champs de lave où rien ne pousse pendant des kilomètres, veillées par des montagnes abruptes qui jaillissent soudainement là où elles l’ont décidé. Le glacier du Snæfellsjökull règne sur la péninsule, régulièrement couronné de nuages, toujours inaccessible. Les oiseaux n’y sont pas encore nombreux, ils reviendront plus tard ; les touristes de l’hiver sont partis (tant mieux) ; contrairement à l’ambiance feutrée de décembre, il plane là une sorte de préparation, de métamorphose. J’ai rarement senti ailleurs – mais peut-être est-ce simplement l’effet du dépaysement – la justesse de ce cliché d’un printemps qui « retient son souffle » au retour de l’été.

Cliquez pour agrandir (et voir les deux langues des glaciers du sud-est)

Image qui n’est pas vraie en mer, car orques et cétacés, de manière générale, sont fréquents en cette saison : ils suivent les bancs de harengs, de retour en masse. Je fais l’objet d’une curieuse loi karmique, voire d’une malédiction : chaque fois que j’ai vu une espèce rare (orques, notamment) en milieu sauvage, je vois un échouage peu après ; chaque fois que j’assiste à un échouage, je vois une espèce rare. Malheureusement, ce voyage n’a pas fait exception ; au matin de partir en mer, j’ai repéré sur la plage d’Olafsvík une carcasse très fraîche de dauphin à nez blanc (Lagenorhynchus albirostris) que, de loin, je craignais être un jeune orque. Les vieux réflexes ont repris le dessus – en mode CSI échouage de dauphin –, bloquant toute émotion pour rassembler efficacement d’éventuelles informations précieuses, tandis que j’appelais la directrice d’Orca Guardiansancienne camarade de volontariat qui dirige l’organisation sur place, quant à d’éventuelles données qui pourraient lui être utiles, étant un brin dépourvu sans avoir le moindre kit d’analyse sur moi (évidemment). Vivent les smartphones qui permettent au moins de prendre quantité de photos détaillées. La mort devait remonter au plus à vingt-quatre heures.

D’après ma camarade, nous avons vus ce jour-là entre 30 et 40 orques, même si seule une dizaine restait non loin du bateau. Nous avons eu le plaisir de voir un tout jeune en bonne santé, nageant encore un peu maladroitement, pour une rencontre qui a duré, quoi, une heure ? J’ai perdu la notion du temps, tandis que je déclenchais l’appareil en rafale, sans me soucier du tri à faire ensuite (bilan : 750 images, ouch). Néanmoins sans oublier, parfois, de le mettre volontairement de côté, pour juste me pénétrer de l’instant, contempler le spectacle avec mes yeux, avec le cœur, sans penser à aucun artifice technologique.

Néanmoins, j’ai maudit ma malédiction.

En plus il s’agissait d’une troupe rare, ce qui donné à Marie, d’Orca Guardians, des données potentiellement précieuses (auxquelles j’espère avoir un peu contribué de mon côté, même si je ne cherchais pas à prendre spécialement des photos pour l’identification des individus). Je ne peux que vous recommander de jeter un œil au site de la fondation et à la page Facebook qui publie presque chaque jour des images et des récits stupéfiants de rencontres avec les géants des océans. Orca Guardians met un point d’honneur à n’effectuer que des recherches non-invasives (c’est-à-dire tirées uniquement de l’observation régulière et suivie).

 

2017-04-19T14:48:33+02:00jeudi 20 avril 2017|Carnets de voyage|2 Commentaires
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