Dans les détails de la technique d’écriture (republication entretien de 2014 pour DraftQuest)

Au hasard des republications du site sur les réseaux commerciaux, cet article est ressorti et tu m’as fort justement fait remarquer, auguste lectorat, que le site de DraftQuest a déménagé et l’entretien a apparemment disparu au passage. (C’est à ce genre de trucs que je commence à constater que je fais ce métier depuis beaucoup trop longtemps. Ou bien que ce site est beaucoup trop vieux. Moi pas, par contre.) Vous m’exprimâtes des regrets quant à ladite disparition, et comme j’ai un OCD bien ancré, j’ai retrouvé l’entretien dans les entrailles de mon klaowde, afin de pouvoir le reposter ci-dessous dans toute sa splendeur âgée de presque une décennie.

À vos risques et périls, etc.

Dans les détails de la technique d’écriture, avec DraftQuest, entretien avec David Meulemans (2014)

David MEULEMANS: Lionel Davoust, vous avez écrit plusieurs romans. Vous semblez désormais consacrer l’essentiel de votre temps à l’écriture. Pouvez-vous-nous décrire une journée type de Lionel Davoust?

Lionel DAVOUST: C’est effectivement le cas, à l’écriture de fiction, principalement, et parfois un peu de traduction ou d’éditorial. De manière générale, je ne suis pas du matin (le matin est un endroit froid et hostile où le seul réconfort s’appelle café). Du coup, je me réveille doucement en entretenant le lien avec la communauté sur les réseaux sociaux, le site, puis en m’occupant de ce que j’appelle les « affaires courantes » : courrier électronique, et les dizaines de petits à-côtés dont il faut s’occuper quand on est travailleur indépendant (contrats, articles brefs, relations avec presse etc.). Je fais une pause à midi et je coupe toute distraction l’après-midi pour me consacrer pleinement à l’écriture sans interruption, autant que possible, m’interdisant cette fois toute incursion en ligne. En phase de rédaction, je me fixe en général un quota d’écriture, allant de 15 à 20 000 signes en fonction de la sévérité de la date-butoir et de mon énergie. 

C’est mon organisation depuis des années mais j’avoue qu’elle ne me satisfait pas entièrement : le plus important, là-dedans, c’est écrire ; la logique voudrait que je commence donc par là, mais l’expérience me montre que j’ai du mal à me concentrer quand je sais que dix petites choses rapides attendent que je les règle. Je m’en occupe donc d’abord pour avoir l’esprit libre – mais j’évite aussi qu’elles prennent trop d’importance. 

DM: Parallèlement à l’écriture de romans, vous exposez avec beaucoup de franchise et un vrai sens pratique vos méthodes. (Vous êtes notamment un connaisseur de la méthode « Getting Things Done »). Si vous deviez donner quelques conseils de travail à des écrivains en herbe, quels seraient-ils?

LD: En un mot comme en cent : arrêtez de tergiverser et mettez-vous-y. (C’est une version moins diplomate que la première règle de Robert Heinlein, « you must write », tu dois écrire.) Oui, étudier les auteurs qu’on aime, faire des recherches sur son sujet, travailler la technique, réfléchir à l’organisation de son travail aide à se donner confiance et c’est bien. Mais, à un moment, il n’y a pas de méthode magique, d’eurêka où les choses deviennent moins impressionnantes, même avec l’expérience. La méthode, la vérité de l’écriture, c’est à l’auteur lui-même d’aller les chercher, conformément à qui il/elle est. Ce grand livre dont vous rêvez ne s’écrira pas si vous n’allez pas l’écrire, si vous n’allez pas vous confronter à la difficulté, si vous ne descendez pas dans la salle des machines et mettez, kilomètre après kilomètre, phrase après phrase du charbon dans le fourneau. Écrivez. Plantez-vous. Recommencez. Écrivez encore. C’est la meilleure école – et c’est la seule qui vous rapproche du but final : avoir écrit. 

DM: Dans la communauté DraftQuest, nous disons souvent qu’il faut abandonner l’inspiration – et penser davantage en termes d’enthousiasme et de travail. Je crois que c’est une position qui n’est pas éloignée de la vôtre. Mais pouvez-vous nous dire la place de l’inspiration dans votre travail?

LD: Ah, je vais encore me faire des amis… ! Je ne crois pas à l’inspiration – si on la définit comme ce moment de grâce où l’écriture se déroule avec facilité et lumière. C’est-à-dire, oui, elle se produit (heureusement) mais elle n’est pas la règle et il ne faut surtout pas espérer qu’elle le soit. Sinon, on produit trois pages dans une année. Si l’on veut écrire sérieusement, je crois qu’il faut privilégier la discipline, et là, peut-être, peut-on espérer apprivoiser l’inspiration. (Je sais que cette position est castratrice pour certains auteurs, donc je la recommande avec prudence : c’est ma façon de fonctionner, si vous avez besoin comme moi de vous cadrer avec une main de fer pour produire, menez-vous un train d’enfer – mais si vous sentez que c’est contre-productif, prenez de la hauteur.) Je crois pour ma part, très fermement, que l’écriture se travaille, dans tous ses aspects : dans le style, la narration, mais aussi, de façon générale, dans l’attitude, le regard, la façon de penser. Plus que de l’enthousiasme, je pense qu’il s’agit d’envie. Il convient de se sonder soi-même, de traquer sa propre matière, d’observer le monde en ces termes : j’écris, mais pourquoi ? Qu’ai-je à dire, à raconter, qui me fasse envie, où est ma vérité et quelle est-elle ? Quel est mon carburant, la foi qui me motive à coucher ces mots sur le papier, jour après jour ? C’est un travail d’introspection  qui ne s’achève jamais (et c’est un des grands plaisirs du métier… ou une grande torture, pour ceux qui n’aiment pas trop plonger en eux-mêmes) et c’est là qu’on trouve sa voix, son originalité, et la motivation d’écrire, pendant des mois, parfois des années, à plein temps sur un projet. Si l’envie est là, je crois qu’elle attire l’inspiration. Et pour les jours où elle se dérobe, l’envie facilite quand même le travail. 

DM: Il y a une idée qui m’est chère, mais que je peine à faire comprendre. Je pense que l’on devient « écrivain » quand on arrive à sortir de « l’expression de soi » (qui est souvent la raison première des draftquesters pour se lancer dans l’écriture) à « raconter aux autres ». Mais, en même temps, je suis bien conscient qu’il faut parler de soi, ou plutôt, puiser en soi. Comment voyez-vous cette articulation, entre se tourner vers soi, et se tourner vers les autres?

LD: Je crois que cela revient un peu à l’envie mentionnée plus haut. C’est un exercice de funambulisme constant. Toute pratique artistique qui désire sortir de la confidentialité (au sens : être présentée au monde, à un regard autre que le sien et que celui, bienveillant, de son chat et de sa maman) porte en elle, je crois, cette contradiction entre l’élan personnel et l’obligation d’accessibilité. Dans le cadre de la littérature, il s’agit avant tout d’être compris-e. Attention, tout le monde ne place pas l’accessibilité au même niveau – tout le monde n’a pas la même tolérance aux longues descriptions, par exemple – mais, dès lors que l’on n’écrit plus uniquement pour soi, il convient de faciliter l’entrée du lecteur dans son univers, dans son histoire, de le prendre par la main et de le guider, parce qu’il est, bien sûr, fondamentalement extérieur. 

Je divise assez clairement les choses pour ma part : entre fond et forme. Mais avant de préciser comment, un mot sur votre notion « expression de soi » : je ne sais pas exactement comment vous le voyez, mais je voudrais contredire l’adage américain qui préconise « write what you know » (écrivez ce que vous connaissez). Je crois que la clé, c’est « write what you are » (écrivez ce que vous êtes). Écrire permet de vivre mille destins, de traiter mille questions, de rêver même à l’échelle de galaxies entières si l’on va en science-fiction ; il ne faut pas s’en priver et suivre ces mille chemins conformément à ses envies, et le faire avec fierté et joie. Je crois qu’il est absurde de prétendre connaître un auteur à partir des réponses qu’il donne dans sa fiction ; les réponses appartiennent à ses personnages. Par contre… on entrevoit bien mieux ce qu’il est à travers les questions qu’il pose, car il se les pose probablement aussi. 

Ceci étant posé, la différence entre l’expression de soi et le raconter aux autres, donc : pour ma part, je place la division assez simplement entre fond et forme. Le fond, les questions, les personnages, les événements de l’histoire, c’est mon envie, c’est ma matière, c’est la raison pour laquelle j’écris ce livre-là, et ce n’est globalement pas négociable. La forme, c’est mon obligation d’accessibilité, c’est mon devoir d’écrivain de vous faire voir les scènes, de vous emmener dans mon histoire avec facilité (si vous êtes mon type de lecteur et que je suis votre type d’auteur), de maîtriser mon rythme pour que mes effets fonctionnent, bref, de vous conter le récit et de vous emporter. Bien sûr, forme et fond se répondent et se conjuguent, et il s’agit aussi de faire en sorte qu’ils se servent mutuellement. 

Finalement, pour quel lecteur écrit-on ? Pour soi, je crois, pour proposer au monde les livres qui n’existent pas et qu’on aurait aimé trouver. Et il faut savoir appliquer à son propre travail cette lucidité et cet état de critique impitoyable avec laquelle on juge les livres des autres : voilà, je crois, une étape de maturation importante dans le parcours d’un auteur, et c’est là que se conjugue l’envie – personnelle – et le regard extérieur – qui juge. Les deux se déroulent en deux temps séparés : d’abord, l’écriture, égoïste, personnelle, fantasque. Ensuite, et seulement ensuite, juge-t-on au moment des corrections. 

DM: Un débat dans notre communauté, c’est l’écriture sur papier contre l’écriture sur clavier. D’un côté, les écrivains en herbe semblent davantage se lâcher sur le papier. D’un autre côté, écrire sur ordinateur permet de mieux manier le texte. C’est un sujet que vous avez évoqué sur votre blog. Pouvez-vous dire à nos écrivains en herbe comment la place que ces deux supports occupent dans votre écriture?

LD: Avant toute chose, je veux répéter le mantra que je martèle en atelier d’écriture : apprendre à écrire, c’est apprendre à se connaître. Il n’y a pas de méthode idéale autre que celle qui vous convient à vous. Vous aimez écrire sur des cahiers reliés de cuir avec un stylo plume à 200 euros au milieu de la forêt dans le calme absolu ? Si c’est votre truc (et que vous avez les moyens), allez-y. Vous préférez les outils informatiques dernier cri et emporter votre ordinateur et votre clé 3G dans les cafés parisiens et baigner dans l’agitation ? Hé, tant que ça vous fait écrire, tous les moyens sont bons. 

Pour ma part, je travaille au papier et à l’ordinateur, et chaque média correspond à une étape différente de mon avancée. Le papier est réservé aux réflexions les plus libres, où je « malaxe » les idées, les décortique sous tous les angles, jusqu’à parvenir au cœur de l’envie, pour recueillir sans contrainte tout ce que m’inspire mon sujet, mes personnages. Une fois que je sens un début de structure émerger, je passe ensuite à un outil informatique pour mettre tout cela en ordre grâce aux facilités de mise en page, de disposition qu’il offre et structurer davantage mes idées. Et enfin, une fois l’histoire planifiée, je rédige (sur ordinateur). Mais il m’arrive de revenir au papier si nécessaire ; quand j’arrive à une étape de l’histoire que je n’ai finalement pas assez développée et que j’ai besoin de m’aiguiller à nouveau, ou quand je perds le lien avec mon récit et ai besoin d’y réinjecter un peu d’envie et d’énergie, je traque et m’explique, au papier, ce dont j’ai besoin pour progresser. 

DM: Une dernière question – qui est courte, mais dont la réponse peut s’avérer longue. Pouvez-vous nous parler de la genèse d’un de vos romans? Concrètement, par exemple, sur le premier volume du « Mystère Léviathan »: quand avez-vous eu l’idée? combien de temps vous  pris l’écriture du premier jet? une fois le premier jet achevé, est-ce que vous avez beaucoup dévié du projet initial? avez-vous eu des premiers lecteurs à qui vous avez soumis le texte pour avoir des corrections? est-ce que l’éditeur vous a suggéré des corrections? 

LD: Le Mystère Léviathan est un cas un peu particulier parce que le projet remonte à très, très longtemps – plus de quinze ans. De manière générale, je traque donc toujours l’envie, et dans ce cas, lui donner forme a pris un temps certain ! La trilogie n’est pas tellement née d’une idée précise que d’un faisceau de thèmes et de personnalités / personnages que j’avais envie de traiter (l’immortalité, l’initiation, la quête de soi, la fascination pour la mer, la fantasy urbaine, la transcendance du réel), d’où la lente maturation. L’univers s’est construit ainsi, par lente accrétion, et aussi au fil de mes recherches et intérêts personnels, dont la série se nourrit aussi. En revanche, l’écriture en elle-même est allée raisonnablement vite une fois la forme arrêtée. Quand je me suis senti prêt à me jeter à l’eau, pour ainsi dire, la planification et l’écriture du premier volume ont pris une grosse année, puis environ six mois par volume ensuite, tout compris (écriture et corrections), ce qui peut sembler très rapide, surtout pour des livres aussi épais, mais, une fois lancé, je savais précisément où j’allais. Je n’ai pas tellement dévié du projet général de la série, à part dans certains détails de scènes, de personnages, qui ont suivi leur propre cheminement et m’ont permis de présenter les choses de manière plus efficace que je ne le pensais dans mes synopsis. Je fais effectivement appel à des beta-lecteurs pour tous mes textes, des proches qui apprécient mon travail et mes univers tout en étant impitoyables (une combinaison précieuse et idéale ! et j’en profite pour les remercier à nouveau). Bien sûr, l’éditeur suggère toujours des corrections, cela fait partie du processus. Je ne prétends pas rendre un premier jet parfait, et le regard éditorial constitue une étape à mon sens indispensable pour donner au récit – et surtout aux intentions qui l’animent – la forme la plus aboutie possible. Nous en discutons, décidons des corrections (il m’arrive de ne pas être d’accord avec ce qu’on me propose, mais je m’efforce de comprendre ce qui coince et de revenir avec une version différente, qui règle la faiblesse qui a été détectée, mais d’une autre manière qui me convienne). Savoir comprendre et accepter ces retours, retravailler en fonction, mais aussi détecter les rares moments où il convient de dire non pour rester fidèle à l’esprit de son projet, cela aussi fait partie de l’apprentissage. 

2023-03-03T04:35:29+01:00jeudi 9 mars 2023|Best Of, Entretiens, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Dans les détails de la technique d’écriture (republication entretien de 2014 pour DraftQuest)

Bientôt des nouvelles pour 2023, en vidéo

D’habitude, je propose un petit article « roadmap » en début d’année sur ce qui se prépare, mais là, mon âme entière étant consumée par le gouffre indicible et non-euclidien qu’est « Les Dieux sauvages », plus de gros changements de vie que j’évoque depuis des années mais qui vont ENFIN se concrétiser : l’article n’a pas eu lieu, comme la Guerre de Troie (enfin, si) (pour la seconde) –

Il y a beaucoup de trucs d’envergure à raconter, et pour changer, et pour vous expliquer, et vous donner des nouvelles, ce sera pour une fois en vidéo (Davoust découvre le XXIe siècle en 2023). Avec des jolis trucs dedans, en principe, pour partager ma life, ce que, si vous traînez ici depuis un moment, vous savez que je ne fais JAMAIS. En général. Mais là, bon !

Bref : c’est envoyé à Critic, qui la publiera incessamment. Restez tunés.

2023-03-03T04:34:36+01:00mardi 7 mars 2023|Dernières nouvelles|2 Commentaires

Comment écrire de la fiction ? à nouveau disponible, à petit prix pour une durée limitée

Après quelques mois d’épuisement pour les premiers tirages, Comment écrire de la fiction ? Rêver, construire, terminer ses histoires est de retour en librairie – merci pour votre patience et votre enthousiasme pour ce titre ! Et le meilleur, c’est que le livre est temporairement relancé à 10€ seulement, tarif uniquement applicable jusqu’à fin mai.

Vous voulez écrire un roman et vous ne savez pas comment vous y prendre ?

Vous avez commencé plusieurs histoires et vous n’en avez terminé aucune ?

Vous avez terminé plusieurs manuscrits et vous peinez à passer à l’étape supérieure ?

Dans cet essai, Lionel Davoust partage son expérience sur le métier d’écrivain, ses anecdotes, ses conseils, ses avertissements. Il évoque autant le travail quotidien de l’écriture – SPOILER : oui, l’écriture, ça s’apprend – que les techniques fondamentales à maîtriser (point de vue, personnages, promesse / paiement, le « show don’t tell », etc.) pour y parvenir. Il donnera quelques clés pour formaliser vos idées, travailler votre inspiration, affiner votre vision et construire votre intrigue. Enfin, il s’attardera aussi sur la discipline indispensable à l’achèvement d’un manuscrit ainsi que sur l’étape obligatoire des corrections.

Couv. Xavier Collette

L’ouvrage est disponible chez votre libraire préféré et bien sûr sur les plate-formes habituelles, d’ici jusqu’à la galaxie GN-z11 (qui est la plus ancienne jamais observée, figurez-vous) (bon, du coup là c’est peut-être un peu sous réserve).

En espérant que ces humbles pages vous soient utiles sur votre chemin.

5/5. J’ai lu de nombreux ouvrages de ce style, mais c’est le premier que je trouve qui soit vraiment utilisable tant pour les jardiniers que pour les architectes.

Ana974 sur Amazon
2023-03-03T03:47:05+01:00lundi 6 mars 2023|À ne pas manquer, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Comment écrire de la fiction ? à nouveau disponible, à petit prix pour une durée limitée

Dans le podcast Processus : Musique électronique et liens avec l’écriture

Troisième et dernier volet de l’entretien au long cours que m’a très aimablement proposé le podcast Processus : cette fois, on y parle de musique électronique, de volets peu connus de son histoire (tracking et demoscene), et de la manière dont elle se fait dans le cadre du jeu vidéo.

Je remercie spécialement Alix M. Dehenne de m’avoir permis d’aborder mon alter ego, car c’est une partie de mes activités dont j’ai très rarement l’occasion de parler. Il y est également question de passerelles et de divergences d’approche créative entre musique électronique et écriture ; j’espère que ce sera intéressant. Ce dernier épisode peut s’écouter sur toutes les plate-formes où l’on écoute des podcasts, ou bien simplement ci-dessous.

2023-02-25T09:33:59+01:00lundi 27 février 2023|Alias Wildphinn, Entretiens|Commentaires fermés sur Dans le podcast Processus : Musique électronique et liens avec l’écriture

Dans le podcast Processus : Sur l’écriture au long cours, part 2

Deuxième partie de l’entretien au long cours sur l’écriture au long cours (y a comme un thème) que m’a très aimablement réservé le podcast Processus : on y parle de viscéralité, d’organisation sur une saga ou un univers, mais aussi, beaucoup, de patience dans l’écriture et la création (c’est pas très à la mode, je sais, désolé).

Encore merci à Alix M. Dehenne pour son enthousiasme autour de cette conversation qui a explosé les limites du format de son émission. Ce deuxième épisode peut s’écouter sur toutes les plate-formes où l’on écoute des podcasts, ou bien simplement ci-dessous.

2023-02-20T01:21:35+01:00mercredi 22 février 2023|Best Of, Entretiens, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Dans le podcast Processus : Sur l’écriture au long cours, part 2

L’Ouest Hurlant propose une journée de professionnalisation des auteurs et autrices

Le festival grand public des littératures de l’imaginaire de Rennes, l’Ouest Hurlant, revient en 2023, et il apporte avec lui une nouveauté qui fera sans doute grand plaisir à toutes celles et ceux qui n’ont pu faire les Masterclasses des Imaginales : une journée de professionnalisation originale, proposée par quatre intervenant.es sur des thèmes encore assez peu abordés. Je suis ravi d’en faire partie sur un sujet qui m’est cher !

Le programme

  • Tirer le meilleur parti de son manuscrit, Lionel Davoust
  • Connaître ses droits et ses démarches d’auteur.ice, Stéphanie Le Cam
  • L’envoi aux maisons d’édition et la négociation de contrat, Elisa Houot
  • La santé mentale et physique de l’auteur.ice, Betty Piccioli

La journée se tiendra le 28 avril 2023. Elle coûte 50€ de participation aux frais (ce qui est très bon marché), et exige des participant.es d’avoir un projet de fiction en cours avec volonté de le publier, sans avoir publié à ce jour plus de quatre œuvres de fiction.

Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 28 février, donc ne tardez pas !

➡️ Infos détaillées et inscriptions

Et on en profite pour admirer l’affiche du festival 2023 récemment dévoilée, réalisée par @Solennnnd !

2023-03-02T00:07:57+01:00lundi 20 février 2023|À ne pas manquer, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur L’Ouest Hurlant propose une journée de professionnalisation des auteurs et autrices

Dans le podcast Processus : sur l’écriture au long cours, partie 1

J’ai eu le grand honneur et l’immense plaisir d’un long entretien au long cours dans le podcast Processus, qui s’intéresse à une question fascinante : interroger créateurs et créatrices sur leur approche pratique de leur travail afin de comprendre comment leurs réalisations s’accomplissent.

Vu que je suis un brin bavard (un peu) et que le sujet me passionne (si peu) j’ai quelque peu explosé le format de l’émission (ce n’est pas comme si ça m’arrivait dans d’autres domaines) et ce qui devait être une émission unique s’est transformé en trois (ce qui n’est jamais arrivé dans d’autres domaines). Les volets porteront :

  1. L’écriture et sa méthode, part 1
  2. L’écriture et sa méthode, part 2
  3. Musique électronique, parallèles et divergences avec l’écriture

Merci mille fois à Alix M. Dehenne de m’avoir invité dans le podcast et d’avoir reçu avec enthousiasme la longueur et la technique de mes développements. Ce premier épisode peut s’écouter sur toutes les plate-formes où l’on écoute des podcasts, ou bien simplement ci-dessous.

Et à bientôt pour la partie 2.

2023-02-25T09:09:00+01:00lundi 13 février 2023|Best Of, Entretiens, Technique d'écriture|2 Commentaires

Pourquoi j’ai rouvert un compte Facebook

Je sais.

Le mal que je pense de Facebook est toujours aussi aigu. Je me sens un peu sale, et en même temps, j’imagine que c’est comme reprendre la clope (dit le mec qui a jamais commencé).

Mais pot de terre et pot de fer.

J’explique.

Pendant un an et demi, j’ai été sans réseaux d’aucune sorte. En plein période Covid, coincé tout seul chez moi, ce silence m’a fait le plus grand bien. Depuis six mois, j’ai repris une présence sur Twitter, car à la longue, les échanges avec la communauté me manquaient beaucoup.

Et puis Space Karen a racheté l’entreprise, et depuis deux mois, la plate-forme a explosé en immense n’importe quoi toxique dont les règles changent littéralement de semaine en semaine (jetez un œil à Twitter is Going Great). Twitter, qui semblait enfin redresser la trajectoire juste avant l’acquisition, semble déterminé à rattraper le niveau de gabegie de Facebook (je refuserai de les appeler Meta) en seulement quelques mois.

J’avais quitté Facebook pour moins que ça, mais je me refuse à quitter Twitter, car j’ai décidé de revenir, et je m’y tiens : par respect le plus élémentaire pour vous, je ne veux pas me lancer dans une danse ridicule à désactiver et réactiver mes profils tous les six mois. C’est important qu’on sache où me trouver, et où je réponds. Cependant, l’énorme instabilité de Twitter, mon envie de me rendre disponible à la conversation et aussi la possibilité de relayer mes informations m’amène à un paquet de réflexions à l’heure actuelle, à commencer par : ne pas mettre tous mes œufs d’émeu dans le même panier, surtout quand celui de Twitter est en train de se découdre.

Faisons un bref détour par un petit retour d’expérience sur mes presque deux ans d’ascèse, qui m’ont enseigné deux leçons d’intérêt, en tout cas concernant ma position, à ce stade de ma carrière.

1. Les grands réseaux demeurent des relais incontournables d’information sur Internet. Pour être plus clair : en quittant Facebook et Twitter en 2020, je me suis privé de ces relais d’information, et la fréquentation du site a été divisée par deux, voire trois. Je m’y attendais. Mes lecteurs les plus fidèles m’ont suivi sans hésiter sur le site et la newsletter (merci à vous toutes et tous !), ce qui a permis d’avoir des conversations bien plus détendues. En revanche, j’ai clairement perdu une certaine visibilité : les outils comme les flux RSS restent des affaires pointues en comparaison de la facilité de voir passer un article sur un réseau.

Cependant, ça n’est pas un problème, autre que pour le plaisir de la conversation. Car :

2. C’est totalement découplé de l’intérêt accordé à mon travail (et c’est un soulagement). L’Héritage de l’Empire, un quatrième tome de série (ce qui est toujours difficile à vendre) est sorti en plein confinement d’automne 2020, mais s’est vendu peu ou prou aussi bien que les tomes précédents (ce qui est remarquable, et tellement rassurant – merci encore à vous toutes et tous). Le premier tirage de Comment écrire de la fiction ? Rêver, construire, terminer ses histoires a été épuisé en un an et demi, grâce au travail inlassable d’Argyll (et votre intérêt), pile quand j’étais absent de toutes les plate-formes. (Le second tirage arrive !)

Cela confirme donc ce que j’ai toujours pensé : le meilleur relais de promotion à l’heure actuelle pour faire connaître une œuvre n’est pas l’auteur lui-même, mais (sans aucune hiérarchie) son éditeur, ses communicants, les libraires, le bouche à oreille, les avis du lectorat et les médias identifiés (et merci encore à vous toutes et tous). Ce travail est infiniment plus efficace que s’échiner à partager sa vie sur Twitter. Il est aussi plus sensé : on se rend auprès d’un éditeur ou média quand on est déjà curieux de lire quelque chose. En revanche, je sais pas vous, mais quand je découvre un auteur, j’ai tout sauf envie qu’il me balance son pitch à la figure.

Ce qui pose alors la question à cent pièces d’or : pour quelle raison être sur un ou plusieurs réseaux, quand on connaît l’aspect addictif et toxique de ces mécaniques ?

Mon expérience renforce mon opinion fermement ancrée depuis la naissance de Facebook, soit : vouloir y faire connaître (ou vendre) son travail est en grande partie un miroir aux alouettes. L’énergie pour y parvenir est sans commune mesure avec ce qu’on en retire. Pire, cela donne l’illusion d’être actif, de s’occuper de sa promotion, alors que c’est certainement le canal le moins efficace pour ça (si l’on exclut quelques phénomènes isolés). Je n’y ai jamais cru, mais c’est tellement fréquemment brandi que j’insiste, persiste et signe : ne gaspillez pas votre énergie dans les réseaux dans l’espoir de vendre un ou deux livres. Organisez une dédicace, une lecture, des partenariats avec des blogs ; rapprochez-vous de votre maison d’édition si vous en avez une pour participer à des salons, intervenir dans des médias etc.

Alors, qu’est-ce qu’on fait sur les réseaux ? C’est très simple :

  1. Pour le fun (ça a toujours été la base)
  2. Pour l’aspect professionnel, mais pas celui que vous croyez, donc.

La première est évidente. J’ai toujours adoré les échanges avec la communauté et les camarades que les réseaux permettent (avec tous leurs innombrables crimes) (les réseaux, pas mes camarades, ENFIN), et mon retour sur Twitter était à la base, très honnêtement, parce que vous me manquiez trop. En prenant malgré tout plus de distance avec la plate-forme et mon usage de celle-ci (ce qui est aidé par le fait que je ne suis pas actuellement sur le fuseau horaire habituel), j’ai réussi à conserver une approche plutôt équilibrée pour ma santé mentale monomaniaque en maximisant les bons côtés et en minimisant les mauvais (ce qui passe par un blocage systématique des mauvais coucheurs sans état d’âme). Pourvou qué ça doure, comme disait ma grand-mère avec cet étrange faux accent espagnol ou italien qui devait être une référence à quelque chose mais j’ai jamais su quoi.

L’autre aspect professionnel est celui du réseau… professionnel. Pour quelle raison pro être sur un réseau ? C’est un outil de communication, de veille et d’information devenu évident dans la vie de la majorité. Et voilà : les réseaux sont devenus une sorte de festival littéraire au long cours, dont les portes ne ferment jamais. Et cela fonctionne exactement de la même manière :

  • Il y a donc un volet public : on n’y va pas pour vendre, même si on n’est pas contre quand ça arrive. On y va pour faire des rencontres, discuter, se marrer, pas pour assommer les passants à coups de pitches.
  • Il y a un volet « off », professionnel, où l’on converse avec ses partenaires, où l’on suit l’actualité de son milieu, et où le milieu suit la vôtre. C’est l’équivalent d’une pause café continuelle (d’où l’importance d’à un moment retourner bosser).

J’enfonce probablement des portes ouvertes, mais il est devenu tellement acquis d’être sur un réseau, au point d’être une obligation tacite, qu’il est bon, surtout pour un auteur dont le travail consiste à rentrer des pages et pas à s’engueuler sur le dernier shitstorm du moment, de savoir exactement ce qu’on veut y faire, dès lors que l’argument commercial – présenté comme incontournable – est mensonger.

Et c’est là que réside l’aspect pot de terre, en toute transparence : je ne peux pas lutter à moi tout seul contre le poids qu’a Facebook dans les vies du monde, et pour soutenir mes propres projets, il n’est pas complètement malin de faire abstraction de l’aspect « off » de ce grand salon littéraire constant. Et puis, merde, ça me manque de discuter avec tout le monde, je me suis un peu mis au piquet tout seul, à force, et des changements merveilleux dans ma vie – dont je parlerai bientôt en détail – font que ce manque se fait un peu plus sentir. (Ça a à voir avec la différence de fuseau horaire.)

Résumons :

N’hésitez pas à m’insulter en commentaires.

2023-03-21T23:53:10+01:00lundi 6 février 2023|À ne pas manquer|7 Commentaires

Quel est l’ordre de lecture d’Évanégyre ?

La question revient de loin en loin et c’est une omission quasi-criminelle (carrément ouais) que de ne pas en dire un mot ici. Le portail naissant dédié au monde y répond donc enfin, et la réponse est : il n’y en a pas, hormis à l’intérieur des sagas, évidemment.

➡️ Article détaillé : il n’y a pas d’ordre de lecture dans Évanégyre

2023-01-28T01:48:55+01:00lundi 30 janvier 2023|Dernières nouvelles|Commentaires fermés sur Quel est l’ordre de lecture d’Évanégyre ?
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