Bye bye Copains d’avant

Juste un quickie pour signaler, au cas où certains se poseraient la question, que, d’un coup de poing rageur sur le bouton « supprimer », j’ai pulvérisé ma fiche Copains d’avant (dieu que ce nom de service est ridicule). La raison: Copains d’avant a fusionné avec L’Internaute – Journal du Net – Super Walazoo Multimedia Web Interactif 2.0 Qui Renseigne (moi aussi je peux faire des noms hype qui sonnent désespérément années 90) et m’a inscrit de force sur JDN Réseau, le réseau professionnel des gens sérieux (avec une interface beige qui va bien). Je n’ai rien demandé, et surtout pas à être inscrit sur un réseau professionnel de gens sérieux qui manipulent des concepts comme des abonnements Platinum et des interfaces beige. Donc, adios.

En même temps, oui, on s’en fout un peu, je suis bien d’accord.

(J’avais des mails très en retard sur ce service, mais je les ai soigneusement sauvés.)

Bon on dirait que je n’ai plus d’excuses pour ne pas m’inscrire sur Facebook, maintenant…

2011-02-02T13:15:23+01:00vendredi 8 août 2008|Expériences en temps réel|Commentaires fermés sur Bye bye Copains d’avant

Les yeux qui tournent et les couleurs qui parlent

So I went to see Bridget Riley’s exhibition…
J’adore cette formulation du « so » si courante et commode sur les forums et les blogs anglophones. « Alors je suis allé faire un truc. » Faire un truc qui ne m’a pas laissé indifférent mais sur lequel je n’ai pas encore assez de recul / de contexte pour donner un avis intelligent – mais le but de ces expériences en temps réel, c’est de s’efforcer
de trouver ensemble, hein?

J’ai honte, mais je dois admettre que ma sensibilité picturale est plutôt mal dégrossie. J’aime l’image, j’adore m’y projeter, mais cela me demande généralement une démarche plus consciente que la littérature et la musique, qui sont pour ma sensibilité des formes d’art « immédiates » – ça me rentre direct dans l’inconscient. C’est donc avec un oeil de béotien – et l’envie d’apprendre – que je suis allé au Musée d’Art Moderne voir la rétrospective Bridget Riley.

Movement in Squares, 1961

Riley est une des figures de proue de l’op’art mais son travail et sa réflexion vont bien plus loin que de « simples » illusions d’optique (qu’elle n’a d’ailleurs jamais étudié). Elle cherche d’abord à explorer les effets de la couleur et de la forme sur les perceptions humaines, faisant appel à des primitives extrêmement simples, d’abord en noir en blanc, puis faisant peu à peu intervenir des teintes dans la composition. (Plus d’infos sur le site du musée ci-haut mentionné – qui fait le travail de monographie bien mieux que moi.)

Dans les intervalles, dans les courbes, des mouvements et des couleurs inexistantes se forment, révélant au spectateur à quel point son oeil l’abuse, et faisant naître chez lui des émotions, des ambiances particulièrement intenses, non verbalisées, mais bien réelles. Tout est évidememment question d’illusion, thème millénaire, mais Riley y renvoie avec une intensité rarement égalée.

Cataract, 1967

Un des éléments les plus frappants de son art, c’est son aspect mathématique, à la fois bien présent et très simple. Les formes sont gouvernées par des rapports de proportion, des répétitions et des déséquilibres et je ne peux m’empêcher de penser que, si ses tableaux les plus épurés datent des années 60, il s’y trouve une véritable idée de la modernité et que ses compositions sont la véritable expression artistique du XXIe siècle. Nous vivons dans une époque curieuse aux rapports ambigus avec la technologie: nous sommes presque tous reliés au Net, avec des iPod, voire, pour certains, des Palm, des ordinateurs portables, des GPS dans la voiture, etc. Et pourtant, par sa forme arrondie, sa couleur claire, son côté « kawai », la machine cache aujourd’hui son rôle – sa sémantique. Comme pour adresser un signal silencieux: je suis inoffensive. Quand, dans les années 70 et 80, la machine proclamait sa fonctionnalité: la voiture était carrée, grosse; l’ordinateur était rectangulaire, couleur plastique; un listing de langage machine constituait la suprême idée de la modernité (rappelez-vous les clips kitsch de Jean-Michel Jarre et Kraftwerk). Elle affirmait alors: je suis l’avenir.

La logique dicterait donc que nous vivions dans une ère beaucoup plus cérébrale et mathématisée qu’elle ne l’est, or c’est tout le contraire: nous semblons fuir toute déclaration technologique. Pourquoi? Par peur, probablement. Mais, chez Riley, je perçois – très personnellement – au contraire, une étude de la pureté des formes d’une modernité éblouissante et ce, trente-cinq ans avant la démocratisation progressive du Net et de l’informatique. Son art reste terriblement moderne pour notre société aux rapports ambigus avec sa technologie (débat très actuel, moyen d’oppression contre corne d’abondance).

Et c’est assez étonnant parce que Riley, en un sens, a suivi la même évolution: son oeuvre récente introduit des formes plus douces, des couleurs plus nombreuses, souvent pastel – ce qui la rend, à mon sens, un peu moins intéressante.

Shadowplay, 1990

L’autre qualité qui m’a frappé est encore plus personnelle (mais comme dit Mélanie Fazi, faire de l’ego-trip, c’est une des fonctions d’un blog – vous serez prévenus…) et profondément, j’en ai l’impression, liée à ma façon d’envisager le monde et l’art. Dans une salle passionnante, le musée a exposé des études et des croquis préparatoires de Riley: courbes tracées sur papier millimétré, évoluant peu à peu jusqu’à ce que le jeu des formes devienne intéressant, essais de couleurs, de motifs, de répétitions. Le tout bardé de notes, du genre (je cite de mémoire, tout cela est fictif):

Pattern: AB BC CA CD – or CA CD?
Slow evolution from middle left to upper right.
Uses: Y, R, B, W.
Shapes exiting the frame?
[Y, R, B, W signifiant par exemple jaune, rouge, noir, blanc]

Maintenant, jouons un peu, si vous le voulez bien.

Mythe bien connu du public. Jeux référentiels possibles sans risquer être abscons.
[…]
OK. Ns avons archétypes incarnés pr donner voie à humanité – ou humanité les a incarnés pour s’en donner une – on sait plus bien, aucune impce: humanité EST archétypes et inversemt.

Ceci est tiré verbatim (comme les abréviations l’indiquent) de mes notes préparatoires pour L’Île close (c’est ainsi que je travaille: je réfléchis à l’écrit comme si je parlais à haute voix, je me raconte tout ce qui me passe par la tête, prenant une foule de notes pour marteler la matière jusqu’à dégager une forme – une idée – de la gangue de néant conceptuel qui l’entoure).

J’ai été pris – fort humblement – d’un étrange écho en considérant combien Riley narrait eses compositions et ses notes, fait d’autant plus inattendu dans le cas de l’op’art, normalement abstrait. Avant que je ne comprenne ce qui m’arrive, ses notes et ses croquis se sont transformés sous mes yeux en histoires avec des personnages. La bande de rouge à côté d’une bleue n’était plus une bande de rouge à côté d’une bleue, mais elle était une entité animée d’une volonté propre, comme un personnage bien conçu se doit de l’être, et elle avait une raison bien précise d’être à côté de la bleue – une relation d’amour-haine comme seules peuvent l’entretenir une couleur chaude et une couleur froide. J’ai eu la sensation très bizarre – et complètement péremptoire, je l’admets – que leur progression dans l’espace échappait tout autant à l’artiste qu’un personnage, parfois, choisit de faire ce qu’il veut dans un récit et pas ce qui arrange l’auteur. Retrouvant la bande rouge et la bande bleue dans un autre tableau, j’avais l’impression d’une suite à l’histoire – leurs relations avaient changé, l’aube d’un nouveau récit, d’un nouveau conflit s’installait aux prémisses de la lecture du tableau.

Une étrange épiphanie, vraiment, qui m’a fait entrevoir comme une idée de réalité fondamentale à nous tous et que nous transcririons par les pauvres canaux limités de notre parole, ou cherchant à l’affiner et à la rechercher sans relâche par l’intermédiaire d’un art. Je ne refais pas Platon, simplement, je ne me suis jamais senti aussi proche de la vision de l’art comme expression de la réalité véritable selon Schopenhauer (idée avec laquelle je ne suis normalement pas trop d’accord)…

Je pousserais bien la réflexion plus loin mais, pour l’heure, j’en suis incapable et je ne voudrais pas tuer le plaisir par une surabondance de verbalisation, donc je vais m’arrêter là sur le sujet, mais une citation de l’artiste dans une conférence (merci Wikipedia) me fait entrevoir que je n’ai peut-être pas tapé tellement loin:

« When Samuel Beckett was a young name in the early Thirties and trying to find a basis from which he could develop, he wrote an essay known as Beckett/Proust in which he examined Proust’s views of creative work; and he quotes Proust’s artistic credo as declared in Time Regained – ‘the tasks and duties of a writer [not an artist, a writer] are those of a translator’. This could also be said of a composer, a painter or anyone practising an artistic metier. An artist is someone with a text which he or she wants to decipher.
Beckett interprets Proust as being convinced that such a text cannot be created or invented but only discovered within the artist himself, and that it is, as it were, almost a law of his own nature. It is his most precious possession, and, as Proust explains, the source of his innermost happiness. However, as can be seen from the practice of the great artists, although the text may be strong and durable and able to support a lifetime’s work, it cannot be taken for granted and there is no guarantee of permanent possession. It may be mislaid or even lost, and retrieval is very difficult. It may lie dormant and be discovered late in life after a long struggle, as with Mondrian or Proust himself. Why it should be that some people have this sort of text while others do not, and what ‘meaning’ it has, is not something which lends itself to argument. Nor is it up to the artist to decide how important it is, or what value it has for other people. To ascertain this is perhaps beyond even the capacities of his own time. »

(Riley parle de « texte » pour tout phénomène sujet à une interprétation, comme des perceptions, pas seulement des documents écrits.)

Il va sans dire que la mention d’un travail de « traducteur » me met particulièrement la puce à l’oreille. Encore de quoi alimenter des réflexions personnelles.

Tout cela est absolument fascinant.

2011-02-01T18:41:43+01:00mercredi 6 août 2008|Expériences en temps réel, Humeurs aqueuses|Commentaires fermés sur Les yeux qui tournent et les couleurs qui parlent

Rasade d’humanité dans un monde surréaliste (L.VII – VIII)

Livre VII

« Monsieur, poursuivit mon interlocutrice de ce ton enjoué qui, à l’accoutumée, ne sied qu’aux démarcheurs, j’ai seulement lu à l’instant votre missive de résiliation de notre entente commune car elle ne fut pas portée à ma connaissance plus tôt. L’eussé-je connue, monsieur, que je vous en aurais parlé la veille, lors de notre rencontre! »

Je dois avouer que, tel un jockey lecteur de Lao-Tseu saisi en plein élan d’une interrogation métaphysique sur les chemins et les destinations au point de douter du bien-fondé de l’idée de course hippique, je commençais à me sentir désarçonné. Comme l’oiseau en vol à qui la volonté propre manque, pris d’une langueur qui le condamne à une chute aussi résignée que fatale, entrevoyant les nébuleux prémisses d’un existentialisme aviaire fondé sur l’idée de gravitation universelle.

« Je tenais, en toute sincérité, à vous faire part de mon profond amusement et de mon admiration, poursuivit-elle. Ainsi qu’à saluer courtoisement l’humour dont vous fîtes preuve. Quelle audace! Écrivez-vous donc, monsieur? »

Il me fallut bien, timidement, lui répondre par l’affirmative. Étrange jeu des circonstances! Mais elle ne tarissait pas d’éloges et la joie dans sa voix a achevé de faire fondre ma morgue.

« Sachez, Monsieur, que je suis une amoureuse des lettres et que votre beau langage a séduit la passionnée de culture que je suis! Je vais conserver avec soin votre missive par-devers moi et la présenter à tous mes amis férus de littérature afin qu’ils partagent mon amusement. Si j’avais connu cette lettre, monsieur, je vous en aurais parlé hier. Je tire ma révérence à votre talent. C’était la seule raison de mon coup de fil! »

Madame sait que je ne suis pas un affamé de la louange; je donc suis convaincu qu’elle me croira quand je lui affirmerai que cette retranscription est nécessaire à la compréhension de cette aventure et qu’il ne s’agit point de la vantardise creuse d’un ego insatisfait passé à son insu en contrebande. Mais, que me damné-je! Madame a l’esprit plus vif et fin que je ne saurais le dire; cette précision est superflue, elle aura déjà compris le fin mot de ce piètre divertissement, et la lecture du livre suivant, le dernier, lui sera donc superflue.

Au revoir, Madame, et merci!

Livre VIII

Diantre! Madame me fait trop d’honneur en daignant lire ce dernier livre, malgré son inutilité!

Ainsi, donc, se terminèrent mes relations avec cette agence, qui s’étaient entamées sous le signe le plus rigoureux et déshumanisé des documents justificatifs et autres feuilles d’impôts. Je dois admettre à Vos Excellences, car c’est mon modeste projet que de mettre à nu mon âme sous leurs yeux critiques et vigilants, que je restai hébété de cette communication aussi inattendue qu’élogieuse. Il y avait une leçon à en tirer, me dis-je. Elle est double.

Moi qui, précédemment, me posais en fier parangon du locataire opprimé par la machine administrative et ses lois aveugles, tel un Don Quichotte d’opérette – ce qui n’est pas peu dire -, fièrement dressé dans mon armure de bohême, jean, T-shirt et cheveux longs, voilà que mon interlocutrice posait sur moi un tout autre regard.

La lecture même de ce regard ne vaut-elle pas qu’on s’y attarde quelque peu? Si je l’avais accueillie avec méfiance, peut-être, et sans effort vestimentaire, ce n’était pas parce que j’étais une sorte de va-nu-pieds irrespectueux, pensa-t-elle à coup sûr. Mais j’étais simplement devenu pour elle un excentrique tel qu’on les imagine dans la plus
grandiose des traditions romantiques. Qu’étais-je, si ce n’était l’incarnation même de l’Artiste, cette entité intellectuelle volant au-dessus du monde, dévouée entièrement au Beau et dont le destin et la fantaisie ne suivent de loi que la sienne propre? Ainsi, ma montre illisible au bracelet mordillé par des chiens pestiférés sortis d’égoûts méphitiques* n’était plus l’indice d’un léger laisser-aller mais la marque d’une indépendance d’esprit – que dis-je! C’était une déclaration de guerre face à l’ordre établi, une oeuvre en soi, une prise de position politique! Une mode future, à n’en pas douter.

Ah, tristesse, malheur des préjugés qui font d’un vaurien un aventurier ou d’un prince un oppresseur!

Mais ce jeu de regards n’est qu’un épiphénomène car, Madame, celui qui fut le mieux pris au piège, ce fut votre humble serviteur, et qu’il subsiste en ces mots déposés sur ces lieux électroniques, ce vent magnétique soufflé du néant la trace que moi, Lionel Davoust, me suis fendu d’un vaste et grand sourire en raccrochant le combiné, riant de la rasade d’humanité que venait de me renvoyer la graine de surréalisme que j’avais plantée en ce monde. J’ai fait mes aveux en prélude et les ai répétés moult fois lors de ce récit, ma missive originale était teintée d’une morgue homéopathique, comme une pirouette à la face du destin aveugle, mordillant par jeu, mais sans griffer. C’est la vérité.

Et voilà que la machinerie aveugle – car la raideur et l’attitude hautaine de la structure n’étaient en rien une illusion – que je m’amusais à tancer courtoisement venait de renvoyer à ma propre image le simple message que j’espérais lui faire parvenir: tout simplement, qu’elle traitait avec des êtres humains, faillibles certes, mais aussi – quand ils ne l’oublient pas – capables d’individualité, et donc, en tant que tels, séparés et différents de la machine dont ils ne sont en définitive
qu’un faible rouage.

Mais, dus-je m’interroger, n’avais-je pas aussi légèrement péché de même en confondant légèrement le « Messieurs » de la structure avec la « mademoiselle » qui mania le coupe-papier incisant l’enveloppe de mon courrier?

Quoi qu’il en soit, voilà un dénouement tout aussi surréaliste et absurde que la lettre que j’avais envoyée et qui débuta tout. Que la vie vous renvoie une certaine forme de synchronicité, de grand rire cosmique au visage, n’est-ce pas la joie suprême de la folie, de l’impulsion – son euphorie? N’est-ce pas le véritable grand plaisir de la magie, de l’introduction volontaire du surréalisme dans le quotidien? Que Vos Excellences acceptent dès à présent de me pardonner pour cette si longue diatribe traînant depuis des mois. Je doute que cette leçon vale bien un fromage, sans doute, mais, qu’elles daignent me l’accorder, je pense qu’elle ne vaut pas non plus un coup de règle sur les doigts.

J’ai hâte de recommencer ce genre d’expérience et de voir ce qui se produira.

Je suis, Madame, incorrigible.

FIN
Shandy Hall, le 15 juillet 1768
(Ou du moins, à quelques siècles et à quelques kilomètres de là,
avec mes profonds respects à Sterne,
qui n’aurait, je pense, pas froncé les sourcils sur mes emprunts.)

(Enfin, j’en sais rien, mais moi, je me suis bien marré.)

* J’exagère peut-être un peu. Mais j’ai quand même changé de montre. (Note de l’auteur)

2011-02-01T19:23:52+01:00mardi 15 juillet 2008|Expériences en temps réel|Commentaires fermés sur Rasade d’humanité dans un monde surréaliste (L.VII – VIII)

Rasade d’humanité dans un monde surréaliste (L.V – VI)

Livre V

Que Votre Honneur daigne excuser l’inconstance dont je fais preuve; je sais qu’il s’interroge depuis des mois sur la conclusion étrange de ces péripéties anodines. Ou bien, pire encore, qu’il a abandonné, de dépit, le tortueux cheminement de ces divagations. Mais avant de me condamner ainsi que ma modeste entreprise, je l’implore de m’accorder encore une parcelle de confiance. En vérité, craindrais-je d’affaiblir mon propos par la dilution dont il fait l’objet? Ou bien, renforcé par le creuset de la réflexion, par la lente maturation au sein de l’athanor mental, s’en trouve-t-il purifié, affermi, plus éclatant? Que votre Honneur daigne pardonner cette faiblesse orgueilleuse, mais je le crois. La lenteur avec laquelle ces réflexions se trouvent livrées les aiguise comme un cimeterre sarrasin et la salutaire sagesse que m’accorde le Temps leur octroie, au-delà du filtre narratif, le lustre du recul.

Car le Seigneur, dans son infinie miséricorde, a certes donné à mon âme la patience et la tolérance, mais l’état d’irritation que m’avait laissé l’nspection des lieux que je quittais se perpétuait en moi comme une oppression pulmonaire, une forme de consomption mentale dont la gravité n’avait d’égale que mon impuissance à y répondre. Ô, tristes victimes des injustices! Qu’ai-je en cet instant compris votre malheur! Mais, loin du regard furieux que j’adressais au mastic jauni et durci du joint de baignoire, aveugle pomme de discorde entre la bohême du locataire et la machinerie aveugle de l’agence, réification d’un conflit moderne, je ne me doutais point que les Parques, dans leur malice, tresseraient de nouveau les trames de nos Vies et de nos Existences d’une bien surprenante façon.

Livre VI

Car, Madame, à peine décolérais-je, le lendemain matin, non sans fourbir les armes modernes du guerrier – ô, sainte Trinité! Code des Usages, Coordonnées du Tribunal, Recommandé avec Avis de Réception! – que je recevais une extraordinaire communication téléphonique. C’était, Madame, la représentante de la machinerie de l’agence; celle-là même qui, la veille, se faisait l’essence de la réprobation, la gardienne des convenances, avatar d’une divinité vengeresse aux yeux bandés aussi ancienne que la méchanceté et la désinvolture.

« Monsieur, me dit-elle d’un ton enjoué qui me prit aussitôt au dépourvu, je vous rappelle afin de bien me faire confirmer votre identité. Êtes-vous bien Lionel D., qui avez résilié votre bail il y a de cela trois mois?

— Fi donc, Madame, vous vîntes la veille même; fouillez votre mémoire. Si les agneaux du Seigneur peinent tant à trouver un toit pour abriter leur fratrie en ces temps funestes, tant que notre Sauveur lui-même, s’il était de retour, n’aurait probablement d’autre choix que de promettre quelque grâce éternelle aux Offices du Logement afin de ne pas souffrir de pneumonie, je ne saurais croire à une telle activité de la part de votre corporation qu’elle vous fasse oublier notre entrevue. »

À ce stade, je dois l’avouer – qu’on me pardonne! -, la méfiance présidait à mon attitude. De quel autre forfait allait-on m’accuser? Eussé-je dû changer les vitres ou bien les ampoules, par une quelconque et fort ésotérique mesure de précaution édictée en loi?

Diantre, que me harcelait-on encore?

2011-02-02T13:25:43+01:00mardi 8 juillet 2008|Expériences en temps réel|Commentaires fermés sur Rasade d’humanité dans un monde surréaliste (L.V – VI)

Alerte sur le prix unique du livre

« Communiqué

L’Association des Traducteurs Littéraires de France s’associe au communiqué publié le 22 mai 2008 par la Société des Gens de Lettres, le Syndicat National de l’Edition et le Syndicat de la Librairie française pour défendre l’intégralité de la loi actuelle sur le prix unique du Livre.

Les traducteurs littéraires considèrent avec inquiétude les tentatives de remettre en cause une loi qui assure depuis plusieurs décennies une stabilité de l’édition et de la librairie que les pays n’ayant pas adopté ce type de mesure ont totalement perdue. »

Contact: www.atlf.org »

Copie du communiqué SNE/SFL/SGDL:

COMMUNIQUE DE PRESSE

Alerte sur le prix unique du livre

Dans le cadre de l’examen du projet de loi sur la modernisation de l’économie à l’Assemblée nationale, des Députés ont élaboré des propositions d’amendements visant à supprimer l’une des dispositions majeures de la loi du 10
août 1981 relative au prix du livre en réduisant de deux ans à six mois le délai durant lequel les soldes de livres sont interdits.

L’intervention de la Ministre de la culture et de la communication, Christine ALBANEL, et de ses services, ainsi que la mobilisation commune des auteurs, des éditeurs et des libraires à travers leurs organisations professionnelles
(Société des Gens de Lettres; Syndicat National de l’édition,
Syndicat de la librairie française) a permis d’alerter les parlementaires sur les dangers extrêmes de ces amendements et a favorisé le retrait de celui défendu par un membre du groupe UMP. Il semblerait néanmoins que le second amendement, porté par un Député du groupe « Nouveau Centre », puisse encore être maintenu malgré le vote négatif de la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, ce que dénoncent avec la plus grande fermeté les auteurs, les
éditeurs et les libraires.

En effet, si cette disposition était adoptée par le Parlement, elle signerait la fin du prix unique du livre et amorcerait un bouleversement total du marché du livre.

La SGDL, le SNE et le SLF rappellent que les conséquences d’une dérégulation du marché du livre seraient, en premier lieu, pénalisantes pour les consommateurs et les lecteurs. En effet, comme cela s’est vérifié à l’étranger – au
Royaume-Uni en particulier où le prix unique a été supprimé en 1995 -, la dérégulation du marché du livre emporterait au moins trois effets négatifs : un appauvrissement de l?offre éditoriale, de nombreux titres ne pouvant plus être publiés par les éditeurs, une augmentation du prix moyen du livre
préjudiciable au pouvoir d?achat des lecteurs, les éditeurs étant contraints de compenser le manque de recettes lié aux soldes par une augmentation globale de leurs prix et, enfin, des obstacles supplémentaires pour le public dans son accès
au livre du fait de la disparition de librairies en centre-ville. Des livres en moins grand nombre, plus chers et moins accessibles, le consommateur, contrairement aux idées reçues, a tout à perdre à cette dérégulation.

Les librairies indépendantes, dont l?une des principales
spécificités consiste justement à offrir au public des ouvrages de plus de six mois, ne pourraient résister à l’émergence d’un marché du solde à grande échelle dans
les grandes surfaces comme sur Internet. Leur disparition serait dramatique pour la diversité de la création éditoriale et pour la vitalité des centres villes.

Les éditeurs, pour leur part, pâtiraient directement d’un report des achats de nouveautés dans l’attente des soldes, d’un « discount » sur les ouvrages du fonds de leur catalogue ainsi que de la fragilisation ou de la disparition de nombreuses librairies.

Quant aux auteurs, pour autant que le décompte de leurs droits soit praticable, ils ne mettraient pas longtemps à voir leur montant réduit à bien peu de chose : dans le meilleur des cas, l’exploitation de leurs ouvrages ne dépasserait pas la période considérée, et, le plus souvent, le public n’aurait que six mois à attendre pour acquérir un livre à un prix de liquidation. C’est dire que le système envisagé ne profiterait qu?aux auteurs de « best-sellers ».

La SGDL, le SNE et le SLF rappellent que la loi de 1981 a bénéficié depuis l’origine d’un très large consensus, parmi les professionnels comme au sein de la classe politique, la loi ayant été votée à l’unanimité, en 1981 comme en 2003 lors de son extension aux ventes aux collectivités.

Cette loi a incontestablement permis un essor du marché du livre grâce à un réseau très dense de points de vente qui garantit la diversité de l’offre éditoriale et, donc, la richesse de la création littéraire. Elle est une vraie loi de concurrence car les différents types de circuits de diffusion, des librairies indépendantes à la grande distribution, en passant par les grandes surfaces culturelles et les librairies en ligne, ont pu se développer sans que
l’un de ces circuits n?écrase pour autant ses concurrents. Cette densité et cette diversité des circuits de diffusion permettent à l’ensemble des secteurs éditoriaux de trouver leur public. Enfin, le prix unique a pour autre vertu de contenir l’augmentation du prix du livre. Ainsi, les chiffres de l’INSEE montrent que, sur les dix dernières années, l’indice du prix du livre a évolué deux fois moins vite que l’indice général des prix.

La loi du 10 août 1981 sur le prix unique du livre est une loi concurrentielle et, qui plus est, anti inflationniste. Elle constitue l’une des illustrations les plus éloquentes et les plus concrètes de la diversité culturelle. La guerre
des prix que certains veulent engager aboutirait à une liquidation de la culture. Les professionnels sont pleinement disposés à ouvrir la réflexion et le débat sur ce sujet avec les parlementaires mais en prenant le temps nécessaire pour mener des analyses pertinentes.

C’est pourquoi, les auteurs, les éditeurs et les libraires
demandent le retrait de l’amendement sur les soldes de livres et en appellent à l’ensemble des parlementaires et au Gouvernement afin qu’ils rejettent ces tentatives de déstabilisation du marché du livre qui seraient ruineuses et
irrémédiables pour l’économie du livre et pour la culture.

2011-02-01T19:40:23+01:00jeudi 5 juin 2008|Expériences en temps réel, Le monde du livre|Commentaires fermés sur Alerte sur le prix unique du livre

L’Europe génial c’est!

« Vous payez et telechargez le logiciel, il descend immediatement! Nous Vous avez tous – unc programmes pour PC MAC, dans tous les europeens
Langues! Nous ne vendons que des originaux versions completes, mais Guenstig!

Notre support technique se sont de plus en plus autour de vous kuemmern. Nous vous repondrons rapidement et vous recevrez egalement une Retour d’argent garanti. »

J’ai presque pitié.

2011-02-02T15:28:28+01:00mardi 22 avril 2008|Expériences en temps réel|Commentaires fermés sur L’Europe génial c’est!
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