Tempête de cerveau

Mardi dernier, le risque de feu de forêt a atteint le seuil où le bon sens dicte de ne pas rester à la maison pour des raisons de sécurité (la question méritera un article à part entière), et je me suis donc délocalisé pour la journée à mon deuxième bureau… l’Apple Store, ha.

Sauf que.

ABC News, Simon Winter

Pendant que de graves feux de brousse se déclenchaient à l’ouest de l’État, une tempête a balayé tout l’est de Melbourne, déclenchée par l’inversion des fronts de température. Victoria est sujet à l’influence des vents du désert (auquel cas il fait chaud et beau) ou de l’Antarctique (auquel cas il fait froid et moche), et quand le système s’inverse, ce qui arrive à peu près tous les 5-7 jours, on a souvent droit à du vent et des orages, mais là, quelqu’un a oublié de coller un limiteur sur la table de mixage.

Dans le sillage d’une tempête qui a duré quelques heures, 500 000 maisons étaient sans électricité (dont la nôtre) et le problème d’habiter dans un joli endroit au milieu de la nature, c’est que tu es le premier à perdre le courant et le dernier à le retrouver. On n’a rien sans rien, ma bonne dame. À l’heure actuelle, la situation devrait se restaurer mercredi (soit une semaine plus tard…). La situation pourrait être pire : on est en été, la dernière tempête de cette importance il y a quelques années a laissé notre coin SEPT SEMAINES sans énergie, nous n’avons subi aucun dégât et la pizzeria du bled d’à-côté a un four à bois.

Je reste toujours étonné de la différence de réaction à ces aléas climatiques entre la France et l’Australie. Ici, grands espaces obligent, tout le monde met la main à la pâte – si tu as une tronçonneuse et que tu sais t’en servir, tu sors couper les arbres dans ton coin, tu installes une circulation alternée dans ta rue, etc. Tout cela est normal et fait partie de la vie, peut-être un reliquat de l’esprit pionnier du pays, en tout cas une belle démonstration de la culture globalement accueillante et fraternelle de l’Australie.

Dans l’intervalle, par contre, forcément le boulot créatif doit ralentir un brin, mais je n’ai jamais été autant à jour sur mes mails… 

Pour en savoir davantage :

2024-02-16T05:43:14+01:00lundi 19 février 2024|Journal|Commentaires fermés sur Tempête de cerveau

Kaiko Fidgets – les meilleurs déstresseurs pour personnes neurodivergentes (ou juste stressées)

J’ai failli intituler cet article “les meilleurs déstresseurs pour adultes”, mais je me suis dit ensuite, je vois venir avec votre esprit mal branché – OUI BON ÇA VA

Il était une fois ton humble serviteur, auguste lectorat, en vadrouille à la Comic Con de Noël de Melbourne, où il se trouve que Kaiko Fidgets avait un stand, et cette édition de la convention étant restreinte, ton humble serviteur (OK bon cette formulation n’est pas pratique, on va changer) était déterminé à causer à tout le monde parce que y avait tout le temps. La gentille madame du stand m’a dit “hé, prends ça en main, c’est en démo” et –

EXPLOSION DE DOPAMINE DROGUÉE AUX STÉROÏDES DERRIÈRE MES GLOBES OCULAIRES

Sans déconner, immédiate sensation de détente, afflux de bien être, tout ça parce que je faisais tournicoter une bouboule dans ma main. Le plaisir. La joie. L’effacement du monde devant la transcendance suprême du doux chuintement d’une roulette bien calibrée. Rhaaaa. J’étais bien. Le calme avait toujours été en moi, je le cherchais vainement à l’extérieur dans des casques réducteurs de bruit.

But how ?

Juste une pierre ? Non, un galet parfaitement poli à la forme calculée pour la pression du pouce. HA !

Kaiko Figets conçoit et fabrique des “jouets” à manipuler pour déstresser, occuper les mains, passer l’anxiété pour enfants et adultes. Forcément, cela parlera spécialement aux personnes neurodivergentes, mais quelqu’un cherchant un peu de retour tactile pour occuper sa nervosité ou son stress est concerné, et un petit machin du genre sur le bureau, bien choisi, peut occuper les doigts tandis que l’esprit cavale. L’entreprise a été en partie fondée par le jeune Kai, sur le spectre de l’autisme et dyslexique, et la qualité de fabrication, le soin, l’intelligence de la conception témoignent clairement que, ouais, tout cela a été fait par quelqu’un qui est directement concerné et qui sait parfaitement ce qui marche ou pas. Rien à voir avec les bidules à trois balles vendus chez le marchand de journaux. (Il existe encore des marchands de journaux ? Je ne suis pas sorti de chez moi depuis 2003.)

Mon tourvenis sonique de Docteur. La roue crantée montée sur roulement fait un merveilleux rrrrrrrr et tourne jusqu’au siècle prochain. C’est du bonheur pur. Les boutons font clic clic. J’ai envie d’embrasser un arbre tellement je suis joie rien que d’y penser.

J’ai déjà joué avec des fidgets divers et variés achetés ici et là en ligne, mais ceux de Kaiko n’ont absolument rien à voir. Tout ou presque est en métal, lourd et satisfaisant en main, avec des roulements à bille que j’imagine de qualité aérospatiale, un calibrage au micron de cheveu, la diversité de l’offre est ahurissante avec des variantes sur quasiment tout en termes de texture, poids, taille pour adapter les bidules à toutes les mains et toutes les sensibilités, du soyeux tout apaisant jusqu’au truc un peu pointu pour te picoter et focaliser ton attention. C’est pas compliqué, j’ai failli acheter la boutique, chaque fois que la madame me mettait un truc en main, j’étais comme un chat face à un pointeur laser, me demandant quelle était cette sorcellerie, en réclamant encore et criant la bave aux lèvres “METTEZ-M’EN DOUZE”.

Plus étonnant encore, depuis que j’ai mon attirail de jouets à chat sur mon bureau, j’ai constaté qu’un certain nombre de mes compulsions liées à l’OCD avaient grandement diminué, parce qu’au lieu, mettons, de me bouffer un ongle, j’ai un truc vachement plus rigolo et satisfaisant pour occuper mes sens et mes mains. Lesquelles, honnêtement, n’ont jamais eu l’air en aussi bon état depuis des années. Je n’ai même pas fait exprès : je suis naturellement plus attiré par mes jouets rigolos que par le fait de me faire un mal superficiel. C’est le seul truc qui ait jamais marché de toute ma vie.

Ça tourne. Ça tourne dans tous les sens. Ça pèse son poids. C’est beau et bon en main. Ça m’hypnotise. Ça me reconcentre en une dizaine de secondes.

Kaiko est une entreprise australienne, ce qui rend évidemment difficile le fait de tester et manipuler les bidules pour choisir le meilleur, mais si vous connaissez un modèle que vous aimez et que vous voyez l’équivalent chez eux, foncez, c’est sans nul doute le même en trouze fois mieux. J’écris cet article sans affiliation ni sponsoring d’aucune sorte, juste parce que la qualité et l’intelligence de conception sont renversantes, et que je crois que ça peut parler un petit peu par ici. Bien sûr, ils expédient quasiment dans le monde entier. Je n’aurais jamais cru que ce genre de chose puisse faire une telle différence, mais : oui. Ça fait, réellement, du bien.

➡️ Visiter Kaiko Fidgets

2024-01-20T06:33:31+01:00mercredi 24 janvier 2024|Juste parce que c'est cool|Commentaires fermés sur Kaiko Fidgets – les meilleurs déstresseurs pour personnes neurodivergentes (ou juste stressées)

La photo de la semaine : Diable de Tasmanie

Très différent de Taz. Dont j’ai appris que le prénom était Claude. Fantastique.

Tasmanian devil (downsized)
Cliquez pour agrandir
2024-01-15T07:46:08+01:00vendredi 19 janvier 2024|Photo|Commentaires fermés sur La photo de la semaine : Diable de Tasmanie

La photo de la semaine : Tortue au long cou

Techniquement long-necked turtle (Chelonia rugosa), qui ne semble pas avoir de nom officiel en français.

Long-necked turtle
Cliquez pour agrandir
2023-12-22T07:21:43+01:00vendredi 12 janvier 2024|Photo|Commentaires fermés sur La photo de la semaine : Tortue au long cou

Vivre en Australie : les coupures de courant

Pouvoir faire l’expérience de ça… 

Cute visitor
Cliquez pour agrandir

… implique accepter l’expérience de ça.

L’Australie, c’est grand. On mesure difficilement à quel point quand on vient de l’Europe : il faut imaginer un territoire dont les échelles sont comparables aux États-Unis, mais avec une population DOUZE fois inférieure. (Certes, il y a beaucoup de désert au milieu, mais il n’y a pas grand-monde non plus qui vit dans la Vallée de la Mort.) Cela implique une conséquence toute simple : c’est très, très vide. Même pour l’agglomération générale de Melbourne (voir article ici), qui mêle certes le centre des affaires (CBD) à de vastes quartiers résidentiels à l’Américaine (pavillons + jardins) ; c’est très vite une succession de petits villages, puis plus rien. Là où, en France, il est quasiment impossible de conduire plus d’une poignée de kilomètres sans se taper un rond-point, l’Australie laisse très rapidement la place à de grandes routes traversant (en Victoria) la forêt, sans rien dedans (rappelant le nord du Québec). C’est vraiment difficile à appréhender pour un Européen, mais ici, dès qu’on s’éloigne des grandes villes, il n’est pas rare de conduire UNE HEURE sans rencontrer davantage qu’une station-service et une poignée d’arrêts de bus pour des fermes invisibles.

Cet étirement de la population implique nécessairement un étirement des infrastructures. Et même chez nous, à pourtant moins d’une heure de Melbourne, considérés comme faisant partie de la ville de Melbourne, un des désagréments avec lesquels il faut apprendre à vivre, ce sont : les coupures de courant.

Case in point : j’écris ça lundi 8 janvier à 11h46 heure australienne, parce que c’est à peu près tout ce que je peux faire en ce moment – les pluies diluviennes d’un nouvel été humide ont visiblement fait se toucher les câbles quelque part et il n’y a plus un électron qui circule dans la maison, ce qui implique forcément : plus d’Internet, et dans mon cas spécifique : plus de Mac fixe avec Scrivener dessus. La capture d’écran ci-dessus est tirée de Vic Fires, une des applications permettant de surveiller les urgences du pays ; de la pointe sud à Shepparton au nord, il y a environ 200 km à vol d’oiseau, et toutes les bouées symbolisent des demandes d’assistance des services de secours – ça donne une idée. Les panneaux « danger » quant à eux représentent les avertissements plus ou moins graves d’inondations reliées ; en ce qui nous concerne, nous sommes accrochés à flanc de colline en hauteur, ce qui nous place à l’abri, heureusement. Notre désagrément se limitera à une journée sans électricité, avec une estimation de remise en service vers 17h ; me voilà condamné à prendre mon portable (non synchronisé, ça serait trop simple…) sous le bras et bosser la journée dans un café. On a connu pire ; et nous nous en tirons très bien.

Mais ce qui serait une occurrence nationale et un événement unique en France représente ici plus ou moins l’habitude. Non pas qu’on s’inonde toutes les semaines (ne pas sortir cette phrase de son contexte), mais ce genre de choses est suffisamment fréquent pour ne pas nous surprendre (même si moi, ça me frustre, étant sous deadline).

On contourne, on fait avec, et on se dit qu’on rattrapera la journée à un autre moment. En tout cas, si je ne suis pas autant en ligne que je le voudrais en ce début d’année, tu sais pourquoi, auguste lectorat.

2024-01-08T02:08:18+01:00mardi 9 janvier 2024|Carnets de voyage|2 Commentaires

Titre

Aller en haut