Créer un monde imaginaire : techniques avancées [tout nouveau stage intensif chez Les Mots]

Après avoir proposé pendant plusieurs années un stage intensif sur la création de monde imaginaire à l’école Les Mots, je me suis rendu compte d’un truc : il y a certainement de la place – et apparemment de l’intérêt – pour une plongée avancée dans ces techniques. Des choses destinées à des auteurs et autrices qui connaissent déjà extrêmement bien l’imaginaire, l’aiment, sont familiarisé·es avec ses défis et ses difficultés, et veulent trouver de quoi les appréhender et peut-être les franchir. Bref, pour une conversation pointue où l’on se demande comment établir de la meilleure manière les règles de son monde imaginaire, comment l’environnement nourrit et influence la narration, et où l’on réfléchit à ce qui constitue du carburant à histoires et des éléments d’atmosphère (sachant que c’est bien aussi, l’atmosphère).

Bon, tu te doutes, auguste lectorat, que si j’en parle, c’est que… 

… ce stage est maintenant prévu, et il se déroulera les 4 et 5 septembre prochains à l’école Les Mots (4 rue Dante, Paris) ou en visio.

Qui ne connaît pas le célèbre « Luke, je suis ton père », le pouvoir terrifiant de l’Œil de Sauron ou encore que Winter is coming ? Des succès planétaires de « Star Wars » au Seigneur des Anneaux, de « Game of Thrones » à Harry Potter, l’imaginaire forme la première culture mondiale, transcendant les générations et les nationalités. 

Parler des « littératures de l’imaginaire » est en réalité un raccourci pour désigner les littératures des mondes imaginaires. Ces réalités fictionnelles peuvent être proches de la nôtre dans le cadre du fantastique ou de la fantasy urbaine, ou bien totalement disjointes comme dans le cas de la Terre du Milieu ou de Westeros. Ce qui régit ce monde, qu’il s’agisse de l’horreur indicible des Grands Anciens de Lovecraft, des systèmes magiques extrêmement poussés et complexes de Brandon Sanderson ou de la science du voyage spatial et des relations entre espèces extraterrestres dans « Star Trek », constitue ce que l’on peut appeler « l’hypothèse de monde » imaginaire. 

Or la construction d’un monde imaginaire est une entreprise créative à part entière, mais pour laquelle l’auteur ou autrice doit ménager un équilibre délicat : proposer une réalité complexe, tangible et intéressante, sans pour autant ensevelir l’intérêt de son récit sous l’exposition. 

Cet atelier vise à explorer les difficultés spécifiques de cette approche à travers des exercices et techniques opérantes afin d’étoffer ses mondes imaginaires, d’y rechercher de nouvelles occasions narratives, et surtout de dynamiser ses histoires et d’esquiver les pièges les plus courants. 

Il n’est pas nécessaire d’avoir assisté à l’atelier « Créer un monde imaginaire » pour suivre celui-ci, même s’il y forme une bonne introduction. Il est en revanche indispensable : 

– de posséder une familiarité de base avec l’imaginaire et ses genres (science-fiction, fantasy, fantastique), que ce soit sous forme littéraire, cinématographique et/ou ludique ; 

– d’arriver à l’atelier avec une proposition succincte d’hypothèse de monde imaginaire (une demie-page minimum définissant les grandes règles du fonctionnement de la réalité fictionnelle en question selon les intérêts de l’auteur ou autrice : réalité géographique, physique, magique, ou bien sociale, ou encore un peu de tout cela à la fois). Elle servira de base au travail du stage. 

J’insiste spécialement sur les prérequis – bon, normalement, si vous avez l’info ici, ça ne devrait pas vous faire peur. À vue de nez, je mettrai pas mal l’accent sur l’embûche principale de l’imaginaire à mon sens, c’est la présentation du monde. (Protip : ça ne se présente pas. Enfin pas vraiment. Enfin vous verrez. Ha.)

Les places sont limitées à 10, mais l’atelier ne se tiendra qu’à 7 participants inscrits, donc ne tardez pas !

➡️ Infos et inscriptions

2021-06-23T10:56:31+02:00lundi 5 juillet 2021|À ne pas manquer|2 Commentaires

Dédicace ce samedi à La Dimension fantastique (Paris)

Profitons qu’on puisse à nouveau sortir un peu ! Ce samedi, je serai en dédicace à la librairie La Dimension fantastique à Paris, de 15h à 17h, pour tout Évanégyre, notamment « Les Dieux sauvages » et évidemment L’Héritage de l’Empire. Tout se fera bien entendu dans le respect des gestes barrière, c’est-à-dire que je serai tout emballé dans une rubalise jaune clamant « Writer line – do not cross » et qu’un AirTag accroché à ma veste vociférera des mises en garde en allemand dès qu’on s’approchera à moins d’un mètre cinquante.

➡️ La Dimension fantastique, 106 rue de la Fayette, 75010 Paris. Événement Facebook

2021-05-17T18:05:27+02:00lundi 10 mai 2021|À ne pas manquer|Commentaires fermés sur Dédicace ce samedi à La Dimension fantastique (Paris)

Vendredi : conférence sur l’organisation en solitaire pour les créateurs et créatrices

Oyez, oyez : si vous voulez tout savoir de ce que j’ai pu apprendre ces dix dernières années dans le domaine de la productivité appliquée à la créativité en l’espace de deux heures, venez à :

« J’écrirai… demain. » Qui n’a jamais connu ce découragement, cet épuisement intellectuel face à l’envergue parfois intimidante que représente l’écriture ? Surtout que nos vies modernes nous bombardent d’informations, d’impératifs et d’injonctions. La charge mentale de nos existences est sans précédent dans l’histoire humaine et ce tumulte est hélas bien peu compatible avec le silence et la persévérance dont se nourrissent la création littéraire. Atteindre la détente et la clarté d’esprit qui permettent de créer sereinement est difficile ; le faire seul.e, sans pression extérieure, l’est encore davantage. Dès lors, comment progresser sur un roman l’esprit libre ?

La clé réside dans une rigueur suffisante pour progresser régulièrement, mais qui conserve la liberté et la joie d’écrire. À travers la psychologie de la création, les principes de productivité personnelle et même les outils technologiques, cette conférence expose des méthodes simples et ancrées dans la pratique pour organiser son art au quotidien :

– Gérer tous ses projets ;

– Clarifier et organiser ses connaissances et ses idées pour construire son livre

– (… et prévoir les suivants).

Si vous suivez ce lieu, en résumé, je causerai de :

  • L’intérêt des cadres et des systèmes dans la vie artistique
  • La méthode Getting Things Done et ce qu’elle apporte à l’écriture
  • Le paradigme Zettelkasten de prise de notes et gestion de la connaissance (heh, je n’en ai encore jamais parlé ici, pas eu le temps de développer, faut venir !).

J’ai donné cette conférence pour la première fois aux Aventuriales il y a deux semaines et je peux vous dire que c’est dense, on n’est pas là pour manipuler de grandes idées vaines sur l’organisation : c’est précis, c’est technique, et c’est immédiatement applicable.

Bref, si ça vous branche, les inscriptions se déroulent ici. Vendredi 9 octobre, 19h, à l’école Les Mots, 4 rue Dante, 75005 Paris.

(L’atelier sur la scène d’action qui se déroule ce week-end est par ailleurs complet)

2020-10-12T18:32:58+02:00mardi 6 octobre 2020|À ne pas manquer|4 Commentaires

Nouveau stage intensif aux Mots : Écrire une scène d’action !

[Pour mémoire, activité toujours réduite sur le blog pour cette raison.]

Beaucoup de choses à annoncer autour d’ateliers et de formations sur l’écriture dans les semaines à venir, et commençons par celle-ci : le week-end du 18-19 avril, à Paris, j’aurai le plaisir de proposer une toute nouvelle formation à l’école d’écriture Les Mots :

Écrire une scène d’action

L’action dans la narration est directement reliée à la notion de tension : qu’elle soit physique ou psychologique, elle place directement les personnages face à des enjeux immédiats et intenses qu’ils doivent résoudre d’urgence. Son dénouement entraîne des répercussions d’envergure – parfois irréversibles – sur la suite du récit. 

Mais retranscrire l’action par des mots seuls dans notre monde actuel saturé d’images représente un véritable défi. Il faut communiquer le danger, maintenir le suspense, faire partager au lecteur la nervosité des personnages, le tout avec une clarté et une concision plus marquées que dans tout autre volet du récit. Une scène d’action réussie constituera un moment fort dont le lecteur se rappellera longtemps – quand son échec entraînera l’effondrement de toute une histoire pourtant bien construite. 

Par la confrontation avec divers archétypes célèbres de l’action romanesque, cet atelier conduira les stagiaires à prendre conscience de toutes les facettes étroitement imbriquées dans l’écriture de telles scènes, et comment rythme et tension peuvent être induits dans la texture même du texte. L’idéal : découvrir comment susciter chez le lecteur des sensations approchant le vertige cinématographique. 

Cet atelier est idéal pour vous si : 

  • Vous cherchez une approche structurante avec des notions théoriques qui vont vous apporter un cadre
  • Vous avez envie de sortir de votre zone de confort et aimez l’inattendu ! 

Méthodologie : 

  • Cet atelier propose des exercices différents à chaque séance pour s’entraîner et découvrir !
  • Cet atelier ne requiert pas d’arriver avec une histoire en tête ou des éléments narratifs déjà construits.

L’atelier s’organisera autour de principes théoriques et de six exercices réalisés en groupe et commentés par la suite. Une occasion parfaite de rencontrer d’autres auteurs, de recevoir des retours sur son travail, et de se frotter à cette technique fondamentale de la littérature populaire.

Horaires et inscriptions

2020-04-18T08:54:04+02:00mercredi 19 février 2020|À ne pas manquer|Commentaires fermés sur Nouveau stage intensif aux Mots : Écrire une scène d’action !

Samedi, rendez-vous à Sèvres !

Note bien, auguste lectorat ! Les événements relatifs à l’imaginaire sont finalement assez rares en région parisienne, et du coup, il ne faut pas rater ce samedi les Rencontres de l’imaginaire, installées à Sèvres depuis plus de quinze ans. C’est bien seulement samedi, et non dimanche : ne te trompe pas (mais ça veut dire que tu pourras aller déjeuner avec mamie Plectrude tranquille dimanche).

C’est un très bel événement auquel j’aurai le plaisir d’être là toute la journée : s’y dérouleront des tables rondes (dont un entretien sur l’édition indépendante d’imaginaire), des expositions, des dédicaces, bref, tu as absolument besoin de venir samedi pour affronter ton déjeuner avec mamie Plectrude. (Tu le sais, qu’elle va encore te parler des Hugobertides pendant des heures.)

Programme complet et infos pratiques

2019-12-02T08:50:36+01:00lundi 25 novembre 2019|À ne pas manquer|4 Commentaires

Comment écrire une histoire grâce au conflit ? [Atelier d’écriture en décembre]

Heads up! En décembre, j’aurai le plaisir de proposer à nouveau un de mes ateliers favoris sur la notion de conflit en narration, qui représente pour moi l’épine dorsale de tout récit (un récit, en son cœur, repose sur une volonté et un parcours, fussent-ils métaphoriques, ce qui sous-entend l’idée de résistance, donc de conflit).

Bien des écoles de création littéraire américaine résument la notion d’histoire à celle de conflit. Où est l’adversaire ? Qui les personnages doivent-ils vaincre ? Mais cette notion est souvent mal comprise, résumée à une opposition binaire entre deux camps et à une confrontation souvent fondée sur la violence. Or, dans le contexte de la création narrative, elle est bien plus vaste : elle représente l’énergie fondamentale de tout récit, tandis qu’elle exprime, de façon globale, la notion de difficulté et de tension, qui sous-tend toute intrigue romanesque. 
À la fois question préparatoire féconde et boussole pour s’extirper d’une impasse littéraire, la notion de conflit en narration forme un socle dont la compréhension profonde aide l’auteur à rendre ses récits plus efficaces, plus prenants, tout en simplifiant son travail en lui fournissant les questions cruciales qui l’aideront à progresser dans son histoire. Et, loin d’un affrontement binaire de film à grand spectacle hollywoodien, elle lui permettra au contraire, s’il le désire, de complexifier ses intrigues et ses personnages sans jamais sacrifier le suspense et l’intérêt du lecteur. 

Cela se déroulera comme toujours à l’école parisienne Les Mots, dans le Ve arrondissement, les samedi 14 et dimanche 15 décembre. Un week-end très studieux en perspective, mais c’est le but, hein ?

Pour les horaires précis et modalités d’inscription, rendez-vous sur cette page. Attention, l’atelier est limité à 12 places.

2019-11-07T23:33:37+01:00mercredi 25 septembre 2019|À ne pas manquer, Technique d'écriture|4 Commentaires

Ce samedi, rencontrons-nous autour de l’imaginaire à Sèvres !

Sèvres ! C’est proche de Paris ! (Et pas de Babylone, je vous ai vu venir, humph.) Et c’est bien, car il n’y a pas tant que cela d’événements relatifs à l’imaginaire dans la ville-lumière, et nous allons nous éclairer mutuellement de notre clarté… Je… Cette métaphore est naze.

MAIS l’événement est l’opposé de mes métaphores de blog (soit : l’opposé de naze), à ce que j’ai entendu dire, car devinez quoi ! Ce sera ! Ma première fois là-bas ! (Toute toute première fois.) Yeah.

Rendez-vous donc ce samedi, à la médiathèque de Sèvres dès 10h, ainsi qu’à tous les lieux indiqués sur l’affiche ci-contre, là → ou bien là ↑ si vous êtes sur mobile, enfin un mobile pas trop grand, parce que sinon après ça dépend, et ça peut, oui, oui, bel et bien dépasser.

Bref. Sèvres. Samedi. Super chouette. Venez. Sinon je continue cet article, et aucun de nous n’en envie de ça, on est bien d’accord.

Télécharger le programme complet de l’événement (en PDF). 

2018-11-15T17:12:55+01:00lundi 19 novembre 2018|À ne pas manquer|25 Commentaires

Les stages d’écriture organisés aux Mots : pourquoi, comment (entretien avec Marjorie Stachetti)

Les Mots est une école d’écriture construite sur un modèle unique à ma connaissance en France, qui se rapproche un peu de l’apprentissage « à l’Américaine » (stages techniques, ateliers aux long cours visant à développer une facette du métier). Tu as peut-être vu, auguste lectorat, qu’il m’arrive d’y proposer des conférences et des stages ; notamment, il y a un mois environ, j’en proposais un sur la création de monde imaginaire.

Marjorie Stachetti y a participé et, « dans le cadre d’un projet sur les ateliers d’écriture », recherche des « retours d’expérience des auteurs qui animent les ateliers et les stages ». Ce fut l’occasion d’une discussion pour lever un peu le voile sur la manière dont on prépare ce genre de session, et comment cela s’organise, en tout cas de mon humble point de vue. Peut-être cela vous donnera-t-il envie de vous joindre à l’aventure une prochaine fois ?

Quel est votre parcours de vie en quelques moments clés, suivant la ligne directrice qui vous a mené à l’écriture et à la publication ?

Je crois que j’ai toujours voulu écrire. Ou que je n’ai rien su vouloir d’autre ! Quand j’ai découvert dans ma petite enfance la nature de l’écrit, j’ai trouvé que c’était le pouvoir le plus fantastique du monde : vous voulez dire qu’on peut laisser des messages à des gens, et qu’ils peuvent les recevoir en votre absence ? Rien n’est plus puissant que ça ! J’ai tanné mes parents (lecteurs d’imaginaire tous les deux, d’ailleurs) pour apprendre à lire et écrire avant l’âge légal. De là, raconter des histoires était un pas naturel que j’ai franchi très vite.

Bien sûr, il y avait tout un monde entre ces premiers récits balbutiants et l’écriture professionnelle ! J’ai toujours été passionné aussi par les grands espaces et la faune marine. Je suis devenu ingénieur agronome spécialisé en halieutique (en gros, biologiste marin) et une fois mon diplôme en poche, constatant que j’étais peut-être plus taillé pour raconter la poésie du monde que pour la quantifier, je me suis lancé (avec beaucoup d’inconscience mais aussi de bonne volonté) dans la littérature. J’ai abordé le domaine de manière systématique, puisque c’était l’approche que j’avais apprise dans mes études d’ingénieur : d’une, j’ai voulu faire tous les métiers possibles pour acquérir une vision globale ; de deux, je suis allé apprendre en ligne auprès des Américains les bases de la technique narrative (parce que, il y a bientôt vingt ans, quasiment personne en France ne s’en souciait). J’ai ainsi été un temps critique littéraire, j’ai dirigé une revue de fantasy (Asphodale), fait beaucoup de traduction littéraire (avec grand plaisir, une expérience très riche d’enseignements)… Il m’a fallu trois ans pour publier mon premier texte de manière professionnelle (« Tuning Jack » dans la revue Galaxies, en 2004). J’ai commencé à placer des nouvelles régulièrement, jusqu’à publier mon premier roman (La Volonté du Dragon, en 2010). Je me suis centré de plus en plus vers l’écriture pure au fil de ces années, et à partir de là, j’ai commencé à publier environ un livre par an, un rythme qui me convient bien.

Dans quelles circonstances êtes-vous entré en contact avec Les Mots ? Comment s’est présenté l’idée d’un atelier d’écriture ?

Une de mes anciennes éditrices, Stéphanie Chevrier, qui dirige les éditions Don Quichotte et qui a publié ma trilogie « Léviathan » (La Chute, La Nuit, Le Pouvoir), était en contact avec l’équipe fondatrice des Mots. Elle savait que je réfléchis beaucoup à la technique littéraire et à comment la transmettre : comme je le disais, quand j’ai appris les fondamentaux de la narration, autour des années 2000, on ne trouvait des ressources quasiment qu’en anglais. Sur mon blog, par des ateliers et des conférences (et plus récemment à travers le podcast Procrastination que nous animons avec mes camarades Mélanie Fazi et Laurent Genefort), je m’efforce depuis près de dix ans de transmettre en langue française ce que j’aurais aimé trouver quand j’ai commencé ce métier. Stéphanie nous a ainsi mis en relation avec Les Mots, et comme je n’habite pas à Paris, nous nous sommes efforcés de trouver un format d’intervention qui soit compatible avec un relativement bref séjour, soit celui du stage intensif.

Quels sont les ateliers et stages que vous avez animés ? Intitulé, résumé, but recherché.

J’ai proposé deux conférences aux Mots : une sur les littératures de l’imaginaire de manière générale et une sur les outils numériques d’aide à l’écriture et à la création. J’anime actuellement deux stages intensifs sur un week-end : la création de monde imaginaire (descriptif détaillé) et la notion de conflit en narration (descriptif détaillé).

Comment avez-vous préparé ces ateliers ou stages ?

La forme voulue par Les Mots s’articulait à chaque fois autour de six séances d’écriture suivies de lectures, échanges et débats sur les difficultés et réussites rencontrées lors de l’exercice. (Le tout sur deux jours.) J’ai à chaque fois en tête des notions bien précises que je m’efforce de faire passer, ou du moins manipuler aux stagiaires ; ce sont des outils que j’emploie moi-même quotidiennement dans ma pratique, que j’ai raffinés avec les ans, et qui me permettent d’avancer d’une manière qui me convient. Je construis donc mes six exercices en un parcours d’une difficulté et d’une complexité croissantes qui réutilisent à chaque fois les notions abordées aux étapes précédentes. Concrètement, j’ai une carte heuristique (« mind-map ») qui aborde le sujet par le maximum d’angles possibles et d’où découlent les consignes d’écriture que je donne aux stagiaires. Je propose également une liste de « déclencheurs » qui sont là pas des consignes, seulement des éléments facultatifs destinés à stimuler l’imaginaire pour fournir un point de départ à l’écriture (car il est difficile d’écrire sur commande).

Quels sont vos ressentis de ces ateliers ? Du travail de groupe ? De la relation avec les stagiaires ?

Excellents. Je suis souvent frappé par la maturité de réflexion qu’ont les stagiaires sur leur propre pratique et la créativité qu’ils arrivent à débloquer dans des conditions d’écriture exigeantes (dues à la forme d’un stage intensif). Je suis également très heureux de voir l’harmonie et la bienveillance entre les participants ; tout le monde offre des retours constructifs sur le travail des autres de manière à se tirer mutuellement vers le haut. C’est un vrai plaisir, qui peut aller jusqu’à une sincère émotion pour moi.

Que retirez-vous de l’expérience pour votre propre écriture ?

On raconte qu’on ne maîtrise réellement une notion qu’à partir du moment où l’on est capable de l’enseigner : réfléchir à mes propres outils de manière à les transmettre m’oblige à les conceptualiser de façon plus développée et exhaustive, ce qui contribue évidemment à faire avancer ma propre réflexion. Durant les stages, je suis très souvent réjoui par la liberté et la candeur dont les stagiaires font preuve dans leur propre entreprise de création ; quand on navigue à travers les exigences professionnelles de ce métier, c’est une fraîcheur que l’on peut parfois perdre un peu de vue. Voir le bel exemple de cette énergie, de cette audace débridée, représente pour moi un appel à me reconnecter moi-même à ces impulsions et à les nourrir dans mon propre travail avant toute autre considération.

Avez-vous déjà eu des difficultés avec un stagiaire ? De quel ordre ? Comment les avez-vous résolues ? Cela a-t-il eu une influence sur les ateliers suivants ?

Presque à chaque fois, un ou une stagiaire a abandonné presque dès le début, pour des raisons similaires : l’écriture n’arrivait pas pour un blocage ou un autre. La consigne d’un atelier représente un cadre qu’ils n’acceptent pas, ou qu’ils n’arrivent pas à adopter. Dans ce contexte, je ne peux pas faire grand-chose : les objectifs et la forme des stages sont très clairement présentés avant l’inscription. Dans tous les cas, j’ai eu l’impression que le blocage concernait de courants psychologiques profonds chez la personne, de son rapport à sa propre image, à la réalité du travail de l’écrivain ; je ne peux pas faire grand-chose là-dessus, car on n’est plus dans le domaine de l’écriture stricte. Je ne peux pas répondre à la place des gens à la question « Veux-je vraiment écrire ? Et y travailler sincèrement ? » C’est à chacun d’y répondre (si possible avant l’inscription !). Pour ma part, je me place résolument dans une optique professionnalisante – c’est-à-dire, on est là pour produire, apprendre et affronter des difficultés avant de se préoccuper de qualité ; je cherche à pousser les stagiaires à sortir de leur zone de confort pendant deux jours pour en retirer des enseignements dans leur propre pratique. Donc, oui… c’est du boulot !

Quelles sont les évolutions dans vos animations de stages ? (le choix des sujets, l’organisation des séances, la gestion de l’heure, du groupe, des exercices, des retours)

J’avais déjà proposé beaucoup de stages intensifs dans d’autres cadres avant de travailler avec Les Mots, donc j’avais une certaine habitude de ce genre de formule, que je pratique depuis des années. Je m’efforce globalement de m’adapter à la dynamique du groupe dont il est question, en fait. Certains sont plus bavards (il faut limiter le temps de parole), d’autres moins (c’est à moi de proposer davantage de commentaires, de questionner le groupe). Ce qui compte, c’est que tout le monde reparte en ayant au minimum l’impression de s’être un peu dégourdi le cerveau et d’avoir relancé sa créativité ; idéalement, que les techniques vues pendant le stage s’ancrent et fassent réellement progresser la pratique. J’ai adapté au fil du temps l’équilibre des horaires pendant la journée pour réserver des horaires confortables à chaque temps (création, restitution). Il y a ensuite encore un certain nombre de sujets sur lesquels je pense pouvoir apporter de la valeur, nourris par ma pratique des littératures de l’imaginaire et de la narration populaire, qu’on mettra peut-être en place au fil du temps, si cela intéresse l’école bien entendu !

Que se passe-t-il APRES le stage ? Y a-t-il eu des contacts durables avec certains groupes ? stagiaires ? des travaux en commun ? des écrits ? des anecdotes ?

Les jeunes auteurs demandent souvent où trouver des relecteurs pour leurs écrits, et je réponds toujours : gardez le contact avec vos camarades quand vous faites des ateliers, entraidez-vous ! Un groupe notamment a fondé une liste d’échange où les nouvelles et les encouragements mutuels tournent, ce que je trouve génial. Certains auteurs font même une jolie carrière dans l’autopublication, d’autres développent romans et nouvelles, et voir ces progrès ne peut que motiver les autres à se donner le courage d’écrire, à leur tour, les histoires dont ils rêvent. C’est émouvant pour moi aussi, comme je le disais plus haut, de voir que ce que je me suis efforcé de faire passer ait pu résonner avec d’autres et les aider. Sincèrement, c’est tout ce que j’espère arriver à faire.

À quel rythme faites-vous ces formations en atelier d’écriture ? Quelle place prennent-elles dans votre vie professionnelle ? Quelles sont les sources, s’il y en a, qui vous ont aidées à animer un de vos ateliers ?

J’en donne en moyenne trois à cinq par an ; je ne veux pas en faire une activité principale. Mon métier consiste à écrire des histoires, pas à enseigner (même si j’aime beaucoup ces moments). Je m’assure donc de conserver un équilibre en faveur de la création. Je n’utilise pas de sources particulières pour créer les stages ; je m’efforce de transmettre ce que j’ai pu comprendre, de mon côté ; de partager mes propres outils. Lesquels, bien sûr, se sont construits à travers tous les livres, articles, sur le sujet que j’ai pu lire, les ateliers que j’ai pu faire moi-même il y a des années, et surtout par l’expérimentation ; mais ce n’est pas « une » vision extérieure que je transmets, c’est (et je l’exprime très clairement au début de chaque stage) la mienne, distillée à partir de ce que j’ai pu apprendre et glaner un peu partout. J’encourage les stagiaires d’emblée à la questionner, à la tester, pour décider ce qui leur convient, ou non, là-dedans ; ce n’est qu’une piste, et j’espère qu’ils distilleront, à leur tour, leur propre vision personnelle, celle qui leur permettra d’écrire, et dans laquelle je ne serai, moi aussi, qu’une influence parmi mille autres !

Avez-vous eu connaissance du retour et des avis des stagiaires sur votre atelier/stage ? Correspondent-ils à vos attentes ? Vous en êtes-vous servis pour modifier votre atelier ? Dans sa structure ? son rythme ? ses exercices ? Autres ?

Non, je n’en ai pas eu connaissance en détail, mais les quelques échos que j’en ai eus ont été très positifs. Du coup, pas de nécessité de trop changer mon fusil d’épaule, je pense ! Mais bien sûr, je suis prêt à faire évoluer les choses en fonction des demandes.

Propos recueillis par Marjorie Stachetti.

2018-10-29T15:39:59+01:00mercredi 31 octobre 2018|Entretiens|3 Commentaires
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