Parlons sérieusement d’Internet (5) : vers l’infini et au-delà

Les débats sur Hadopi sont actuellement figés jusqu’au 24 septembre – le temps pour nous de souffler un peu avant la reprise de cette navrante pantalonnade. D’ici là, ce blog sera loin, j’espère, avec une reprise à peu près normale du cours de ces expériences en temps réel. Je m’efforcerai d’ailleurs de trouver un accès wifi dans les jours qui viennent pour vous faire partager un peu l’ambiance de la Worldcon, ce qui sera hautement plus marrant.

Mais avant, bouclons cette série d’articles. Dans les entrées précédentes, nous avons plaidé contre Hadopi, contre le principe de loi visant à contrôler ou réprimer la circulation de l’information sur Internet (rappellons-nous le vieux mantra hacker : « Information wants to be free »). Mais l’on ne peut évidemment laisser la création dans la crise économique où elle se trouve, car, au-delà des innombrables emplois concernés dans la filière, la culture est une composante fondamentale de toute société humaine ; or elle ne se travaille, ne s’affine et ne s’améliore convenablement que si le contexte économique, la rémunération, le lui permet.

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2010-02-01T18:27:57+01:00lundi 3 août 2009|Humeurs aqueuses|2 Commentaires

Parlons sérieusement d’Internet (4) : Hic sunt squalii

Contrairement à certaines rumeurs, le PS compte bien saisir le Conseil Constitutionnel, et même le Conseil d’État, si Hadopi passe. Le parti conduit actuellement une véritable politique d’obstruction (plus de 500 amendements déposés, dont voici les plus gratinés) qui aura le mérite de ralentir les débats, faisant de cette loi un bourbier toujours plus liquide où le gouvernement s’enlise véritablement. Je suis quand même navré de toute cette affaire, du projet aux tactiques auxquelles il faut recourir pour s’opposer à l’un des plus gros scandales de notre pauvre société démocratique (cf part trois) et personne n’en sortira grandi, certainement pas nous.

Bref, prenons de la hauteur tel l’ULM décollant pour révéler par ses photos aériennes la beauté bucolique du bocage, loin des bouses et de la diagonale du vide, pour réfléchir maintenant aux solutions et surtout aux données de fond du problème en repartant de la base.

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2010-02-01T18:28:09+01:00lundi 20 juillet 2009|Humeurs aqueuses|3 Commentaires

Parlons sérieusement d’Internet (3) : pose cette loi, tu vas te faire mal

Je vis depuis ce matin un cauchemar croissant en mesurant avec une consternation mêlée de colère l’imbécilité crasse de nos parlements – ou leur danger, choisissez. La nouvelle loi Hadopi, qui vise à compléter le dispositif décapité par le Conseil Constitutionnel, a été votée ce matin par le Sénat dans l’indifférence totale et le calme le plus complet. Alors, que, quand même, rappelons que cette loi :

  • Oblige l’internaute à sécuriser sa ligne (donc à installer un logiciel espion sur son poste, comme présenté en part deux)
  • Ouvre la boîte de Pandore de la surveillance de la correspondance électronique privée (infos par exemple ici)

Je crois qu’il est maintenant indiscutable que le droit d’auteur est le simple épouvantail rhétorique (comme l’est la pédophilie pour la loi LOPPSI 2) visant à établir une surveillance et un filtrage odieusement disproportionnés par rapport à l’objectif visé. La technique de manipulation est simple : brandir un argument irréfutable (qui s’opposerait aux droits des artistes ? à la protection de l’enfance ?) pour installer des mesures abusives et souvent sans commune mesure avec le but proclamé.

Je t’avoue, ô auguste lectorat, ma fatigue et mon écoeurement en cette matinée estivale, mais, tel un gouvernement sourd et aveugle, je continuerai, implacable, ma route et ma démonstration par l’absurde ; pour ce qui est de l’activisme, d’autres font ça bien mieux que moi.

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2010-02-01T18:28:35+01:00jeudi 9 juillet 2009|Humeurs aqueuses|4 Commentaires

Parlons sérieusement d’Internet (2) : l’absurdité HADOPI

Le problème avec cette série d’articles, c’est que l’actualité va bien trop vite pour mes maigres doigts. Peu importe ; il existe des sites d’informations bien spécialisés dont c’est le travail… si l’on lit entre les lignes et qu’on résiste à la démagogie un peu anarchiste qui les teinte parfois. Notre but ici, ensemble, consiste à nous efforcer de voir à tête reposée tous les points de vue pour en tirer des leçons et, peut-être, des solutions. Cela impliquera un temps, pour les besoins du raisonnement, d’adhérer à des opinions discutables, afin de traquer les incohérences où qu’elles se trouvent.

Je t’ai laissé, ô lectorat haletant, suspendu à la promesse d’une approche différente, tel un homme politique en campagne électorale ou le spectateur découvrant que le wagon où s’est faufilé Fox Mulder vient d’être bombardé à la fin de la saison 2 d’X-Files.

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2010-02-01T18:28:42+01:00mercredi 1 juillet 2009|Humeurs aqueuses|2 Commentaires

Parlons sérieusement d’Internet (1) : caveats et prolégomènes

Pour conserver du respect pour les saucisses et les lois, il ne faut point les regarder faire. – Bismarck

Le conseil constitutionnel a décapité le concept de riposte graduée de la loi HADOPI, le gouvernement prépare une nouvelle étape dans la régulation d’Internet (loi LOPPSI 2), les ventes de disques sont en chute libre, le livre s’intéresse à l’édition électronique, the times, they are a-changin’…

Les débats sur le téléchargement, la consommation de la culture, l’information et l’expression en ligne durent depuis une bonne dizaine d’années, de la bulle Internet (qui fit un retentissant ploc) aux autoroutes de l’information en passant par le jeu en ligne, les réseaux sociaux, la mutation de la presse. Seulement, récemment, le législateur français a  décidé de s’y intéresser de près, d’abord avec la loi DADVSI et surtout avec la tristement célèbre loi Création et Internet, dite HADOPI, qui fait encore des vagues.

Sauf qu’il fait un peu nawak.

Et que, pendant que nos députés s’amusent à comprendre la différence entre un pare-feu et un logiciel de bureautique (« Mais sur les logiciels libres vous pouvez également avoir des pare-feux […] Par exemple, nous au ministère, nous avons un logiciel libre, qui s’appelle Open Office » – célèbre bourde de Christine Albanel) , qu’ils s’efforcent de réglementer un système dont leur ignorance crasse ne vaut que celle de leurs prétendus experts, la culture, ses acteurs et ses artistes se débattent en nombre pour garder la tête hors de l’eau et s’efforcer de survivre (« Nous allons continuer à nous battre contre le droit des auteurs » – Malencontreux lapsus de la même).

Et ça, ça me rend méchant.

Bref, on n’est pas là pour déconner.

Euh… bref.

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2010-02-01T18:28:48+01:00lundi 22 juin 2009|Humeurs aqueuses|3 Commentaires
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