Procrastination podcast s07e09 – Plier son traitement de texte à son écriture

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “s07e09 – Plier son traitement de texte à son écriture“.

Après un message informatif obligatoire de l’Église Prosélytiste des Guillemets à Chevrons et du Scrivener, cet épisode propose de voir comment exploiter au maximum les traitements de texte grand public (Microsoft Word, LibreOffice) pour l’écriture romanesque. Mélanie apprécie Word pour sa simplicité et son accessibilité immédiate. Estelle également, ainsi que pour l’immédiateté des échanges avec ses bêta-lecteurs, très importants dans sa pratique. Lionel explique pourquoi il déteste écrire sous Word, tout en rappelant sa grande force sur la concurrence – le suivi des modifications pour le travail éditorial.

Références citées

  • Microsoft Word, https://www.microsoft.com/fr-fr/microsoft-365/word
  • LibreOffice, https://www.libreoffice.org
  • Scrivener, https://www.literatureandlatte.com/scrivener/overview
  • Ulysses, https://ulysses.app
  • Stephen King, Écriture
  • BetterTouchTool, https://folivora.ai

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2023-01-29T23:33:35+01:00lundi 16 janvier 2023|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s07e09 – Plier son traitement de texte à son écriture

13 raisons pour lesquelles je déteste Microsoft Word comme outil romanesque

On m’a demandé de l’expliquer de loin en loin, genre, “oh, mais t’écris sous Scrivener, c’est tellement compliqué, Word fait bien le boulot” – NAN NAN NAN arrêtez vous me faites mal à la tête. Word est adéquat pour écrire une lettre. Mais écrire un rapport ou un roman sous Word, c’est comme écrire à la Remington avec des maniques de four – OKAY OUI tu peux faire le job et quelque part, maximum respect à toi d’y arriver. Mais franchement, est-ce que tu préfères faire une rando poursuivi par des hyènes affamées avec des chaussures remplies de verre pilé ou bien, heuuuu… rester chez toi à manger des chips ?

OKAY C’EST UNE COMPARAISON BIEN POURRIE mais je hais Word quand même et parce que :

1. Le ruban. Des années maintenant qu’on se tape cette interface, qu’on la hait collectivement, et que Microsoft, dans une parfaite attitude microsoftienne, continue à nous l’imposer.

2. Le chargement progressif des fichiers. Nous avons des machines qui ridiculisent d’un facteur mille ou dix mille les engins utilisés pour les premières missions lunaires, et Word n’est toujours pas foutu, sur mon Mac M1, de charger un tome entier de « Les Dieux sauvages » d’un million et demi de signes en un temps inférieur à PLUSIEURS FUCKING MINUTES.

3. Il ne fonctionne pas avec la correction système de l’orthographe de macOS.

4. Pas de « bip » ou de message si aucun résultat de recherche n’est trouvé (du coup, t’es jamais sûr qu’il ne s’est pas endormi au volant).

5. Copier une quinzaine de pages, commande-N pour créer un nouveau fichier prend DIX SECONDES. On rappelle, avec une machine qui aurait pu gérer cent programmes Apollo.

6. Dis-moi, Word, tu es tellement mal codé que si j’ai copié quelques pages, tu dois me demander si tu veux garder le contenu dans le presse-papier à l’extinction ? Genre, ça va étouffer un téraoctet d’espace disque ?

7. Remplacer un mot surligné fait apparaître au hasard le surlignement dans le texte en mode suivi des modifications, notamment les caractères portant des accents circonflexes. POURQUOI ? PARCE QUE C’EST PLUS JOLI COMME ÇA ?

8. Cette façon atroce de dire « nous » (dans tous les programmes Microsoft récents). « Nous n’avons pas trouvé de résultats de recherche. » Je suis en train d’utiliser un logiciel, pas de recevoir un courrier de l’URSSAF Limousin.

(Ça m’évoque d’ailleurs cette vieille capture d’écran surréaliste de Windows.)

9. J’essayais juste de taper le caractère « û » dans « mûr », quand soudain :

Ça veut dire quoi ? Sous le pavé de texte, la plage ?

10. Quand tu échanges en suivi des modifications avec un Word étranger, il TE MET ÇA PARTOUT PARCE QUE TU AS VISIBLEMENT CHANGÉ DE LANGUE TROIS MILLIONS DE FOIS

12. Tu fais une simple recherche dans un texte, quand soudain

13. Cette purge coûte 70 balles par an dans l’abonnement Office, alors que Scrivener en coûte 50 une fois pour toutes.

Évidemment, l’honnêteté intellectuelle me pousse à rappeler cet épisode de Procrastination où Laurent Genefort explique travailler sous Word. J’ai aussi vu Brandon Sanderson travailler sous Word. Mais franchement ! Hein !

Et puis il faut dire aussi que le mode suivi des modifications est passable.

MAIS

FRANCHEMENT

HEIN.

2022-03-18T07:27:09+01:00mercredi 23 mars 2022|Humeurs aqueuses, Technique d'écriture|10 Commentaires

Apprenons à ponctuer des dialogues (1) : mise en place

dialog_wheelConfucius l’a dit, le dialogue, c’est la moitié de l’être (ou bien il a dit un truc approchant, j’ai la flemme de chercher une citation qui fasse genre, convenons ensemble que nous sommes épatés) et, dans la narration de fiction, c’est probablement une des formes les plus directes d’action, de dramatisation (au sens de mise en scène, selon la racine grecque drama – et oui, là je suis sérieux), puisqu’en temps réel, et démonstrateur d’échange entre personnages, entre voix. Or, dans les textes qu’il m’arrive de relire, de la part d’étudiants de traduction ou de jeunes auteurs, je remarque fréquemment que la typographie et la ponctuation sont dispersées un peu au hasard, avec la gêne visible de manier tout cet attirail de signes complexes, guillemets et tirets. Histoire de mettre les choses à plat, trois petits articles cette semaine pour que vous soyez totalement au taquet sur la question et que vos dialogues transcendent la clarté pure du cristal, comme disait Lao-Tseu. (Non, c’est pas vrai non plus, mais vous aviez deviné.)

Pourquoi typographier correctement un dialogue ?

Pourlamêmeraisonqu’unephrasesansespacesestillisible. Les signes de ponctuation, la disposition des répliques, participent de deux choses :

  • De la clarté. Qui parle à quel moment ? Qu’est-ce qui fait partie de la réplique et de l’action ? Il s’agit pour le lecteur de lire avec fluidité, sans s’arrêter en se disant : “Quoi ? J’ai rien compris.”
  • Du rythme. La disposition des paragraphes, des répliques, la longueur de l’action au sein du dialogue contribuent à l’ambiance et donc, relèvent d’un choix esthétique – le vôtre.

Schématiquement, dans un dialogue, l’auteur transmet les informations nécessaires à la compréhension de l’action par deux canaux différents. Il y a :

  • Les répliques. Tout ce que les personnages disent : Ça va / beau temps n’est-ce pas / où sont les microfilms espèce d’enfoiré / etc. ; et
  • Les didascalies. (C’est davantage un terme de théâtre, mais puisque le dialogue est avant tout une technique théâtrale, acceptons-le.) Il s’agit de tout ce qui relève des précisions scénaristiques et de mise en scène : qui parle, comment, que se passe-t-il entre deux échanges, ce peut être aussi bref que “dit-il” et aussi développé que “dit-il d’une voix suave comme un été du Pacifique avec un regard lourd de toutes significations brûlantes auxquelles Barbara n’osait penser par crainte d’attenter à sa bonne éducation de jeune fille du Michigan ».

La mission de l’auteur est cardinale : tout doit être fluide et clair. Si l’on confond les répliques avec les didascalies, il y a un problème. C’est à cela que sert, de la façon la plus transparente possible, la ponctuation des dialogues. Savoir la manier vous évitera des situations gênantes, par exemple le type dit “qu’il tire sur son voisin” alors qu’il devait vraiment le faire, ou bien la fille s’emmène toute seule au bout de la Terre alors qu’elle voulait le demander à ce beau jeune homme là-bas.

Il existe principalement deux systèmes de ponctuation de dialogues (les noms n’engagent ni le Littré ni le Bescherelle, c’est ma classification purement personnelle) :

  • Le formatage que j’appelle “classique », qui emploie guillemets (« ») et tirets (—).
  • Le formatage que j’appelle “moderne », qui n’emploie que les tirets (—) et appelle les parenthèses en renfort.

Nous verrons chacun d’entre eux dans les articles suivants. Il existe d’autres systèmes, plus ou moins composites entre les deux précédents, mais, de mes modestes expériences éditoriales, rien ne me prête à penser qu’ils soient en aucune manière standards et acceptés par l’usage. En gros, c’est moderne ou classique ; en-dehors, on n’est pas dans les règles.

Pour l’heure :

Quelques règles de base avant de commencer

Les guillemets en français sont les doubles chevrons. Point barre. Les guillemets “apostrophes” (soit ‘ ‘ ceci ‘ ‘ ) ne sont pas les guillemets français, mais anglais. On n’en s’en sert pas. (Ou alors, à l’intérieur d’autres guillemets déjà ouverts, mais restons simples sur cette série d’articles.) Les guillemets sont isolés du reste de la phrase par une espace1 insécable. Soit “chose” s’écrit en réalité «[]chose[]».

Si votre traitement de texte ne remplace pas automatiquement les guillemets anglais par les français, rien ne vaut de connaître le code caractère correspondant : sous Windows, maintenez la touche Alt, puis tapez le code sur votre pavé numérique. « : Alt + 0171. » : Alt + 0187.

Le tiret de dialogue est un tiret cadratin. C’est-à-dire que c’est un tiret long, le plus long de la police de caractères. Ce n’est pas un trait d’union (-) ni un tiret d’incise (semi-cadratin, plus long : –). Il s’obtient dans certains traitements de texte en tapant simplement deux tirets : — mais le plus efficace reste là aussi de connaître, sous Windows, son code caractère : Alt + 0151.

Les listes automatiques sont votre ennemi. Le dialogue s’aligne avec le reste du texte : même marge, même alinéa. Mais si vous commencez à taper des phrases qui commencent par des tirets cadratin, votre traitement de texte peut considérer qu’il s’agit d’une liste à puces et vous le formater comme tel – ce qui est exclu ici. Comparez :

dialogues-raccord

L’alinéa est matérialisé par la ligne rouge : dans l’exemple du haut, les tirets (qui ont été changés en semi-cadratins automatiquement par le traitement de texte) sont décalés par rapport au reste du texte. Ce n’est pas le cas en-dessous.

Rendez-vous donc dans les options de votre traitement de texte. Sous Word 2010 :

Cliquez pour un agrandissement

Cliquez pour un agrandissement

Désactivez l’option correspondante, et profitez-en, le cas échéant, pour activer les guillemets français et les tirets cadratins automatiques.

Nous voilà prêts à étudier les deux grands types de formatages de dialogue en français.

  1. Car oui, les espaces sont féminines en typographie. C’est joli, non ?
2014-08-05T15:13:13+02:00lundi 24 mars 2014|Best Of, Technique d'écriture|35 Commentaires

Question : logiciels de planification et mind-mapping

Je tente un nouveau truc : à la suite des ateliers d’écriture comme celui des Imaginales (pour mémoire les diaporamas de mes deux interventions sont toujours disponibles ici), il m’arrive de plus en plus fréquemment de recevoir des questions par mail sur des points précis de technique d’écriture. Plutôt que de répondre à une seule personne, je pensais éventuellement en faire profiter l’assistance : la question que l’un se pose, un autre se la posera peut-être aussi (c’est beau comme du Lao Tseu).

Je m’efforcerai donc de rééditer l’expérience si cela te séduit, ô auguste lectorat. Deux caveats à cela cependant :

Je n’ai pas la science infuse ni ne détiens la Solution Ultime. Je suis comme tout le monde, un auteur qui expérimente, tente des trucs, se plante, et je suis même très, très loin d’avoir l’expérience d’autres. En revanche, après de nombreuses discussions avec mes petits camarades, j’ai l’impression d’être l’un des plus structurels de tous ceux avec qui j’ai pu échanger. Mais je ne dois quand même pas être le seul dans le paysage : cet éclairage pourra peut-être servir à d’autres (et sinon, ça ne fait de mal à personne). En tout cas, je me réserve le droit d’être d’accord avec moi-même comme de ne pas savoir répondre.

D’autre part, n’hésitez pas à m’envoyer vos questions d’écriture si l’expérience vous tente (avec le caveat premier), mais je découvre, à mon grand regret, et il est temps que je l’affronte, que je ne peux pas faire relecteur dans ce cadre (c’est-à-dire à la suite des ateliers ou des interventions). Je suis ravi de garder le contact ; je veux m’efforcer autant que possible de transmettre ce que j’ai pu apprendre mais je n’ai tout simplement pas assez de temps dans une journée pour relire et commenter les textes qu’on m’envoie. Je le voudrais, vraiment. Mais à terme, il faut que j’avance moi aussi et l’expérience m’a prouvé que je peux passer la journée à cela et ne rien faire moi-même, ce qui n’est tout simplement pas possible. J’en veux pour démonstration que je n’arrive déjà plus à répondre personnellement que je n’en ai pas la possibilité. Croyez bien que je le regrette, vraiment, mais ce n’est pas humainement faisable, et il faut maintenant que je l’assume si je veux éviter de décevoir davantage ceux qui attendent et espèrent des réponses. Je vous présenterai mes excuses personnellement à chacun. J’ajoute par ailleurs que je n’occupe plus de fonctions éditoriales nulle part, ce qui ne me rend pas forcément très intéressant… et que mon avis ne vaut pas forcément mieux que celui d’un lecteur plus adapté à votre genre que je ne le suis.

Répondre aux questions, en revanche, c’est tout à fait possible, et tout le monde en profite. Je me dis que ça peut être un bon compromis pour m’efforcer de transmettre le peu que j’ai pu apprendre, sans perdre sommeil ni raison !

Allons-y, donc. (suite…)

2018-07-17T14:34:21+02:00mardi 6 juillet 2010|Technique d'écriture|6 Commentaires

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