Il ne s’est rien passé

Aujourd’hui : Glasgow -> Tyndrum (car) -> Oban (car) -> Craignure (ferry) -> Tobermory (bus).

Auguste lectorat,

J’ai le regret de t’annoncer que, malgré tous mes efforts et ceux des compagnies de transport ainsi que des planificateurs d’urbanisme, il ne s’est strictement rien passé aujourd’hui, je suis sain et sauf, arrivé à bon port et sans histoire. La preuve :

  • Des Écossais qui attendaient le car m’ont confirmé d’eux-mêmes que la ligne allait bien où je le souhaitais sans rien avoir à demander.
  • Bien que seules cinq minutes séparaient mes deux premiers cars à la correspondance, et que le premier avait été retenu par des travaux sur la route, j’ai attrapé le deuxième sans la moindre inquiétude.
  • Arrivé sur le quai d’Oban, je ne suis même pas mort de faim, puisqu’une gentille dame d’une échoppe artisanale m’a proposé de goûter à son saumon fumé maison en me voyant m’interroger sur ses sandwiches. Il se trouve que c’était le meilleur poisson fumé que j’aie mangé depuis dix ans (des filets de harengs fumé achetés directement au producteur dans le port d’Helsinki). J’ai mangé ça assis sur ma valise en plein air, sur le quai.
  • Et d’ailleurs, je n’ai même pas attrapé froid sur le quai en déjeunant face à la mer, ni sur le ferry, puisqu’il n’a même pas plu, alors qu’on est quand même en Écosse, bordel de merde.
  • Je ne suis même pas mort dans une collision frontale entre le bus et un van lancé à vive allure sur les routes de l’île de Mull, puisque les freins de chaque véhicule ont fonctionné parfaitement et qu’il faut le savoir, les routes sur Mull sont quasiment toutes à une seule voie, avec, de temps en temps, une aire de repos pour permettre le croisement, mais bon, seulement de temps en temps, hein, c’est pas comme si on utilisait la voiture ici, de toute façon (on marche, on fait du vélo, on prend son bateau, mais la voiture, quelle inélégance).
  • Je n’aurai même pas à chercher la distillerie de Tobermory pour goûter et rapporter le whisky local vu que le bus m’y a obligeamment déposé et que c’est à cinq minutes à pied de mon logement (je vois ça comme un signe).
  • Je ne dormirai même pas dehors puisque ma carte du village était d’une clarté limpide et que j’ai trouvé mon logement du premier coup (j’avoue quand même que la côte finale à 35% en tractant la valise à excédent de poids qui n’a pas fini à Taipei, c’était un peu dispensable).
  • Je ne mourrai même pas de faim puisqu’en plus, les supermarchés sont ouverts le dimanche. Moi qui me voyais déjà contraint de dîner dans un restau sur le front de mer. Zut.

J’attaque le boulot demain, sans trop savoir à quoi m’attendre, si ce n’est que le HWDT a une jolie boutique sur le front de mer, avec un fish’n’chips juste à côté des quais (comportant un surréaliste autocollant « LES ROUTIERS » : WTF) où je risque de finir plus d’une fois quand le temps le permettra.

Un point m’a attiré l’oeil : le tableau des observations récentes d’animaux en mer signale déjà une rencontre avec des orques la semaine dernière.

We shall see.

(Photos prises avec mon portable pour des raisons d’encombrement, donc bien pourries.)

2012-08-01T19:54:33+02:00dimanche 8 juillet 2012|Carnets de voyage|11 Commentaires

Léviathan : La Nuit chez Lorhkan

Couv. service artistique Seuil Image © Bertrand Desprez / Agence VU

Roman sur le libre arbitre, les manipulations, avec en filigrane une réflexion sur les religions, trouvant un délicat équilibre entre fantastique et ancrage dans notre réalité, « Léviathan, la nuit » est une grande réussite. Surpassant le déjà très bon premier tome, sa conclusion laisse le lecteur pantois, témoin d’une puissance démesurée que rien ne semble pouvoir stopper, et impatient de découvrir le fin mot de l’histoire.

Un article de Lorhkan à lire sur son blog.

2012-07-01T21:23:49+02:00dimanche 8 juillet 2012|Revue de presse|Commentaires fermés sur Léviathan : La Nuit chez Lorhkan

Le plus dur, c’est demain

Aujourd’hui : Rennes -> Paris (train) -> Amsterdam (avion) -> Glasgow (avion).

La zone indus de l’aéroport de Glasgow, prise depuis une fenêtre qui s’ouvre pas, avec mon reflet dedans. Bref, une photo pourrie.

Auguste lectorat,

Je me trouve actuellement dans le salon wi-fi d’un hôtel de la zone industrielle de l’aéroport de Glasgow, ce qui signifie que j’ai accompli la moitié de mon périple pour atteindre le village de Tobermory, situé au bout de l’île de Mull, elle-même située au bout de l’Écosse. (Pour mémoire, voici pourquoi.) Je ne sais pas si je pourrai bloguer comme ça régulièrement mais j’aimerais bien. Ce fut une longue journée sans grand événement ni intérêt, à part la succession de bizarreries aléatoires qui s’entrechoquent dans les gares et les transports. Il y a le gamin qui montre une DS miniature – la voiture – à sa fille au pair en l’appelant GPS, bonjour le coup de vieux. Il y a la surtaxe pour excédent de poids à payer due au matériel nécessaire pour survivre en mer ET à terre – bottes de navigation, cirés, sacs de mer et tout le toutim, et ensuite les deux vols retardés au départ parce que, deux fois, un voyageur ne s’est pas présenté à l’embarquement et qu’il faut donc retirer son bagage de la soute – et moi de psychoter en craignant d’être concerné, qu’on n’ait pas enregistré mon paiement, qu’une erreur d’adressage quant aux correspondances n’envoie ma valise à Taipei ou Duban, avant de me dire que, attends, elle ne peut pas non plus partir deux fois à Taipei de deux aéroports différents.

Ou alors, j’ai vraiment la lose.

Impression renforcée par le fait que je lis l’intégrale de Poe en alternance avec une relecture de celle de Lovecraft, ce qui donne une coloration parfois un peu surréaliste à l’environnement, surtout quand on débarque dans la section « Essais » de Poe juste après Arthur Gordon Pym et qu’on découvre qu’il en a écrit un sur la philosophie de l’ameublement, où figurent des gemmes telles que :

Les Hollandais ont, peut-être, une vague notion qu’un rideau n’est point un légume.

Ou encore

Un juge de droit commun peut être un homme ordinaire ; un bon juge en matière de tapis de doit d’être un génie.

Et un autoportrait pour faire plaisir à Mélanie Fazi.

Tant de fulgurance me pénètre.

Journée conclue par un peu d’errance sur la si riante zone industrielle de l’aéroport de Glasgow en quête de mon hôtel, sachant que ce genre d’endroit n’est absolument pas conçu pour les piétons, encore moins pour les piétons tractant une putain de valise à roulettes pour lesquelles ils ont payé une surtaxe pour excédent de poids : les roulettes, sur les trottoirs couvert d’herbe, ça roule pas super bien. Je sais, ma vie est passionnante. J’ai le vrai, le profond, le grand sens de l’aventure.

Demain, je m’éloigne des grandes villes pour traverser l’Écosse au fil d’une succession de transports toujours plus rares, avec un accent écossais probablement toujours plus dense, et j’espère que mon intense pratique de Star Trek en VO avec son délicieux Scotty m’aura suffisamment entraîné. Tant qu’on me dit I cannae push her any farther cap’n or she gunna blow, je suis au taquet.

Allez, assez de couillonnades, je file, auguste lectorat, ça passe Game of Thrones sur la BBC. J’aime les pays de langue anglaise. Sauf que je peux pas regarder, j’ai rien vu de la saison 2 encore.

Mais c’était juste pour te faire râler.

2012-08-01T19:54:58+02:00dimanche 8 juillet 2012|Carnets de voyage|8 Commentaires
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