It was fun while it lasted.
En fait, non, c’était pas entièrement fun. Surtout les dernières années.
Je ne pensais pas prendre cette décision si vite mais au bout d’un moment, bon, ça n’est pas surprenant, j’ai quitté Facebook, je quitterai Twitter avec sous quinze jours, et tout ce qui est assimilé « réseau social ». (Le compte restera présent mais verrouillé pour éviter le cyber-squatting, et pour conserver l’accès à la messagerie privée qui reste un moyen de communication nécessaire pour certains contacts.)
La raison ? Ma foi, toujours la même : les réseaux sont, d’une, dans mon cas très personnel, un aspirateur à temps de cerveau disponible, de deux, comme les trois polémiques à la semaine le prouvent, il est impossible d’avoir une discussion construite en 280 caractères quand le système est littéralement conçu pour nourrir les réactions instinctives et les outrages.
Concernant Twitter, je ne jette tout de même pas le bébé avec l’eau du bain. Certains mouvements capitaux y sont nés (#MeToo), j’ai pu échanger avec certaines de mes idoles de jeunesse et j’y ai rencontré et échangé avec plein de belles personnes (merci à vous – j’espère qu’on se retrouvera tous ici).
Je tiens spécialement à remercier tous les lecteurs et lectrices, blogueurs et blogueuses, Instagrameurs et chroniqueuses de tous horizons qui aiment les livres, en parlent sur leur fil et à leur communauté voire leurs clients – votre travail au long cours est capital pour faire connaître des auteurs. Merci !
Mais hélas, en ce qui me concerne, en l’espace d’un an et demi, j’ai été : insulté gratuitement, harcelé à deux reprises, et je ne compte plus le temps consacré à modérer des fils qui partaient en sucette ou à essayer de raccommoder des rapports humains mis à mal par un mauvais like ou un mauvais RT. J’ai énormément de mal à lâcher l’affaire dans ce genre de cas, je me bouffe la rate en sauce et avant d’avoir compris ce qui m’arrivait, j’ai passé deux heures obsessionnelles-compulsives à jouer à tape-la-taupe avec mes mentions.
Au bout d’un moment, pourquoi m’infligé-je ça ? Autant quitter Facebook a d’abord été pour moi un geste politique (à ma minuscule échelle, on est d’accord, mais be the change you want to see in the world, tout ça), quitter Twitter est davantage un geste d’hygiène mentale. Je pense en plus qu’il y a de bien meilleures manières de :
- communiquer avec les gens : dans des espaces plus calmes comme des forums ou des commentaires de blogs ;
- parler de son travail : par des événements, des conférences ;
- accomplir son travail, tout court : en bénéficiant du silence et de la temporalité libérées pour se concentrer sur le vrai métier – qui est, et c’est tout : produire, régulièrement, des œuvres de qualité.
Pour paraphraser le temple de Salomon, savoir, oser, écrire… et se taire.
Écrire consiste à s’immerger dans la narration et l’esprit des temps pour en tirer des choses à rapporter à sa tribu ; à se documenter en profondeur, à réfléchir, à imaginer ; l’artiste est pour moi un chaman, et ce chaman-ci a beaucoup plus de mal à entrer en contact avec le Mystère s’il s’inquiète qu’un imbécile comprenne un tweet de travers et lance une campagne d’ostracisation et de désinformation à son égard.
Donc, dorénavant, en ce qui me concerne :
The amateur tweets. The pro writes.
Steven Pressfield, Turning Pro (chroniqué ici)
Je réitère que le site, le blog et Procrastination ne vont nulle part – c’est tout le contraire. Je compte consacrer davantage de temps à mes espaces, au podcast, et proposer toujours davantage de contenu construit (des choses vont arriver en ce sens).
Pour cela, je vous invite forcément très vivement à vous inscrire à la lettre d’informations dont le formulaire se trouve en bas à droite. Un seul mail par mois, juste entre nous, dense et récapitulant l’activité du site sur la période passée, avec toutes les actualités, et quelques réflexions plus personnelles sur l’écriture et les projets en cours !
On se retrouve… très exactement ici, demain matin.
Je suis vraiment désolée pour vous que vous ayez eu à vivre ce genre de situations (harcèlement, insultes, etc). Effectivement, les réseaux sociaux peuvent souvent devenir un véritable pugilat et peut devenir pesant à la longue. Vous avez bien raison de vouloir vous préserver et de passer plus de temps sur vos projets. Je suivrai votre newsletter mensuelle avec intérêt et j’espère avoir le plaisir d’échanger avec vous lors de salons. Bonne continuation et merci pour vos écrits.
Merci beaucoup Yohanna pour votre compréhension et votre suivi ! Et avec très grand plaisir pour discuter sur les salons, n’hésitez surtout pas à passer ! 😊
Chapeau de reprendre le contrôle de ton énergie mentale de manière aussi radicale !
Je remets ici mes réactions sur Twitter, où je te suis depuis plusieurs années avec grand plaisir :
Nous sommes des êtres pensants, émotionnels, pourvus d’une sensibilité et empathie plus ou moins élevées (très élevées, chez moi). Le besoin de maintenir un espace de respiration sain (plus encore depuis le début du confinement en mars dernier, pour ma part) est indispensable.
Je comprends totalement le besoin de distanciation de ces réseaux dont le seul but n’est pas de socialiser mais de générer du temps de présence et donc du profit (pour eux, sur notre temps).
Pour ma part, quitter les réseaux me titille depuis des mois (bien avant cette année 2020 de folie). Pourtant je me sentirais bien isolée sur mon seul site/blog de créatrice… Les visites sont plutôt là, mais les interactions y sont hélas absentes…
En tous cas, je suis ton blog depuis pas mal de temps, maintenant, Lionel, et toujours avec plaisir : je ne manquerai pas d’y réagir comme je le fais déjà – à savoir quand je pense que mon propos peut enrichir le dialogue. 😉
Merci beaucoup Maïm – et merci de tes interventions déjà riches ici ! 🙂 Quand le calcul est devenu clair, la décision l’était aussi ; c’est à la fois une question de temps et d’énergie. J’espère bien, justement, pouvoir développer davantage cet endroit et le rendre plus riche et accueillant encore.
Et merci de ta compréhension. 😊
Les gens ne commentent pas les blogs lorsqu’ils nous trouvent sur les réseaux sociaux, mais si vous les quittez et vous réappropriez votre espace, il y a fort à parier que les débats et commentaires reviendront 🙂
Maïm, je me retrouve dans tes mots. J’aimerai quitter les réseaux, surtout fb et twitter. Insta est l’exception pour moi car ça me fait du bien : pas de polémique, pas d’échanges haineux, en tout cas pour les zones où je traine mes savates.
Je me sens très dépendante des réseaux pour le blog, d’autant que je n’ai pas d’activité pro. En plus, comme toi, j’ai des contacts qui se lient exclusivement sur ces plate-formes. J’ai des amis et des connaissances qui ne communiquent par ce biais. Alors, je limite beaucoup mon nombre de contacts, je tri une foi par an ma liste « d’amis » sur fb. Comme je suis un p’tit machin quasi-invisible, à la différence de Lionel, je n’ai pas connu de harcèlement. Je crois que je n’y résisterai pas.
Déjà, certaines de mes interventions sur des sujets « polémiques » ont causé des réactions disproportionnées et violentes. Le simple fait de relayer un article de réflexion ou d’avis par ce que tu cogites sans avoir de réponses tranchée est une agression pour certains et certaines. S’interroger à voix haute, en public, ne créer pas une dialogue mais un débat avec une dualité immédiate, pas de zone grise, pas de fluctuation, pas d’ouverture. Pire, cela peut générer des injonctions à te taire : tu es blanche DONC tu n’as pas le droit de parler de racisme… et j’en passe.
Ce que fait Lionel est un acte qui demande beaucoup de courage, mais je le trouve salutaire. Qui sais, je trouverai peut-être moi aussi une solution pour me réapproprier ce temps et cette énergie que les Gaffa nous vole impunément.
Marianne, se préserver est vital, en effet, c’est pourquoi la démarche de Lionel est saine et positive.
Nous avons tous une manière personnelle et unique d’aborder la communication et le partage, et de créer et nourrir des liens. Et c’est une connexion qui évolue selon nos limites et les interactions mutuelles ou extérieures. Nous sommes tous plus ou moins conscients de cela, et l’important est de nous y retrouver, nous, de conserver du respect pour nous même autant que pour les liens que nous chérissons.
Belle route à toi ! 🙂
Pour moi qui ai quitté Twitter depuis quelques jours, ta décision me parait tout à fait raisonnable. Le temps destiné à la création prime sur les disputes et débats. Je suis aussi en quête d’alternatives aux réseaux sociaux pour mon activité artistique. Je n’ai pas encore trouvé comment m’en passer définitivement, mais j’y travaille. Autant te dire que je soutiens totalement ta démarche et je suivrai tes actus ici et sur ta newsletter.
Merci beaucoup Aemarielle et bravo pour ta propre décision ! Je crois que nous avons tout intérêt à nous réapproprier nos modes d’échange et de communication, plus encore en tant que créateurs et créatrices, plutôt que de continuer à verser toutes nos données à ces réseaux qui monétisent notre attention et nos peines. Merci pour ton suivi, et excellente quête à toi ! 😊
Pour tous ceux qui comme moi ont envie de continuer à lire tes articles de blog de manière régulière, d’avoir de tes nouvelles plus qu’une seule fois par mois, je vous conseille d’utiliser feedly, très pratique pour s’abonner aux flux RSS et qui permet en plus de lire les publications. Il suffit ensuite d’aller consulter le site feedly, où on retrouve toutes les nouvelles publications (et plus anciennes d’ailleurs) des sites que l’on suit ! On a un peu perdu l’habitude de le faire avec l’apparition des réseaux sociaux mais ça marche très bien !
Vive le pouvoir du RSS ! 😃 Merci Claire pour ton retour, content que tu aimes le système. Il faut vraiment que je refasse un tuto digne de ce nom sur le sujet.