Si vous suivez cet endroit de perdition depuis quelque temps, vous savez que j’ai un problème de longue date avec les réseaux commerciaux. De manière générale, les réactions instinctives qu’ils suscitent, leur métrique fondée non pas sur la qualité des interactions mais sur leur nombre (ce fichu « engagement ») fonde un système voué à favoriser la colère, la peur et la désinformation. Je ne nie pas qu’il peut en sortir de belles choses – j’en ai vécu aussi – mais je pense de longue date que ce n’est pas grâce à la plate-forme, c’est parce qu’il y a des gens formidables.
J’ai donc décidé de quitter Facebook. En plus du rôle nocif des réseaux sur le monde, ils interagissent mal avec ma santé mentale. Autant j’ai à peu près réussi à apprivoiser Twitter, autant, de toutes les entreprises du domaine, je ne peux plus supporter l’impact de Facebook sur le monde, et continuer à me regarder en face en conservant une présence souriante sur la plate-forme.
Facebook a montré à répétition son mépris complet pour la vie privée de ses utilisateurs et son attitude destructrice envers la démocratie (dont le scandale Cambridge Analytica ne forme que le sommet visible d’un énorme iceberg). Malgré les vœux pieux de Mark Zuckerberg, Facebook continue à donner une voix à la haine et à la désinformation, au point que la NAACP et d’autres associations de défense des droits de l’homme américaines ont appelé les entreprises à y suspendre leurs campagnes publicitaires. Facebook tolère les négationnistes du réchauffement climatique et combien, combien d’autres messages destructeurs, tout cela au nom de bénéfices publicitaires alimentés par la peur, la colère et la bêtise.
Facebook est une entreprise criminelle et je refuse de continuer à alimenter son système.
Mon compte personnel et ma page auteur seront désactivés sous quinzaine. Dans l’intervalle, je reste présent sur Twitter et évidemment ici. Pour mémoire, le site est entièrement accessible par flux RSS (et si vous ignorez ce que c’est, je vous encourage vivement à reprendre en main le flux de votre information) et évidemment il y a toujours la lettre d’information.
Pour le contact personnel, je reste disponible par mail (mes initiales @ mon nom de domaine point com ou bien le formulaire du site). Hélas, pour raisons professionnelles, je ne peux pas entièrement quitter Facebook Messenger pour l’instant, mais pour tout échange, je vous invite fortement à privilégier n’importe quel autre moyen de contact.
Merci de m’avoir suivi sur cet espace pendant plus de dix ans,
Et on reste ici, et n’importe où ailleurs !
Je t’offre ici aussi un demi aussi frais que virtuel.
Merci pour ce post lumineux qui nous éclaire sur ton exfiltration du côté sombre.
Tu as ton jardin, ici, continue d’y faire pousser des plantes aux fleurs odorantes et y viendront les bzzz… bzzz…
/me s’imagine en abeille et décide de cesser de consommer de l’eau gazeuse
Merci beaucoup pour le deuxième demi qui fait un entier bien frais ! Et merci à toi pour ta compréhension.
Quoi qu’il arrive, cet espace subsistera et plus je cesserai de consacrer mon attention à ces autres plate-formes, mieux je pourrai m’en occuper. C’est aussi le but !
Bzz bzz ! 👍
Bravo !
Il y a quelques temps je me suis fait un cadeau d’anniversaire en clôturant intégralement mon compte. FB/Messenger. Je te souhaite le même sentiment de libération que j’ai eu alors 😊
Le genre de décision qui prend son temps pour mûrir (il faut), puis qui pose une deadline en la regardant droit dans les yeux avant de s’apercevoir, sitôt appliquée, que ça va en fait.
Merci ! Déjà, je suis très content d’avoir à me soucier de ça de moins. Je suis sincèrement curieux de voir l’effet que ça aura dans les mois à venir, par exemple sur les lectures du site, la communication autour des livres…
Parce que, forcément, je commence à regarder Twitter avec l’œil torve maintenant 😁
Quand j’ai fait ça il y a deux ans, j’ai mis bien une semaine avant de ne plus ressentir de manque. J’y passais bien trois heures par jour mine de rien ! L’an dernier, j’ai décidé de m’y remettre parce que tout le monde me taguait dans des photos ou partageait des infos sur des salons et que je préfère avoir le contrôle dessus. Mais j’ai trouvé une solution : c’est mon compagnon qui gère ma page, et il ne la visite que pour le strict nécessaire ! Je vis beaucoup mieux depuis et me rends compte aujourd’hui d’à quel point j’étais devenue une personne angoissée, aigrie et jalouse alors que ce n’est pas du tout pas personnalité. Et puis j’ai redécouvert les longues plages d’écriture non polluées par le drama du jour 😛 (Mais pour ça, en te lisant ici j’ai compris que tu étais bien plus discipliné que moi :)) Ce retrait ne pourra qu’être bénéfique !
Merci beaucoup pour ton retour d’expérience ! Le problème – et j’ai encore pu le constater hier – c’est que toute la discipline du monde ne change rien aux dramas : j’ai encore passé 30′ à modérer du fil Twitter hier soir. Les réseaux sont un vrai bouffe-temps, comme tu dis, sur la concentration – alors que notre métier consiste à écrire et proposer de chouettes bouquins, pas à faire les guignols pour alimenter un système dont je ne suis même pas sûr qu’on retire le moindre bénéfice… Les réseaux ont-ils une vraie influence sur la promotion de nos travaux ? En fait, je n’en sais rien.
Je t’avoue que je ne te suivais déjà plus que via ta news letter, ce qui m’a permis d’arriver sur cet article. Je suis encore présent sur Facebook (pour des raisons pro entre autres, mais pas que), mais j’ai coupé mon flux de news. Je ne vois plus rien apparaître… Après, je n’ai pas une communauté comme la tienne à gérer, ça simplifie drastiquement les choses (couper le flux de news n’empêche pas les gens de réagir – et c’est bien normal – à nos propres publications…).
En tout cas, essentielle la réflexion de l’impact des réseaux sur la promotion de nos travaux.
Ton article tombe à pic pour alimenter ma réflexion. Je suis actuellement en plein dans la question : clôturer mon compte ou non. Pendant le confinement, j’ai décidé une mise à distance et interviens sur FB et Instagram de manière aussi parcimonieuse que possible. Et surprise… je vis beaucoup mieux 🙂
Ma seule appréhension : qu’est-ce que cela changerait au niveau de ma visibilité professionnelle ? Comme je refuse de jouer le jeu en postant régulièrement, cela ne changera sans doute pas grand-chose.
Sur un plan perso, lorsqu’il m’arrive de me faire happer par mon fil d’actualité malgré mes bonnes résolutions, j’en sors consternée, frustrée ou énervée. En fait, pas (ou peu) d’apport positif. Et sur un plan plus large, je suis dégoutée par l’attitude de Mark Zuckerberg et les faux et vains débats d’idées qui ont cours.
Vive le temps passé à discuter, écrire et réfléchir vraiment !
De façon générale, je crois que nous sommes aux prémisses d’un changement de modèle regardant les réseaux. J’ai été surpris, sur les forums tech que je fréquente, de voir le nombre de membres qui avaient déjà quitté Facebook depuis des années – les mêmes « early adopters » qui y avaient été probablement dans les tous débuts. Quand les utilisateurs chevronnés commencent à quitter une plate-forme en masse, c’est mauvais signe pour ladite plate-forme.
Maintenant, nous ne sommes plus à l’aube d’Internet où les early adopters faisaient ou défaisaient un marché, donc cette tendance ne se concrétisera peut-être pas (ou pas avant des années). Mais l’étau législatif se resserre de plus en plus autour de Facebook. Allez, je tente une prédiction (on verra si l’avenir me donne raison) : Facebook (le service) est à son apogée. (L’entreprise, c’est une autre histoire, elle est très intelligemment gérée et a déjà montré sa capacité à préparer l’après en acquérant Instagram et WhatsApp.)
Je me rends compte que j’ai été très active sur Facebook à partir de 2009 et pendant de nombreuses années, et que la façon de l’utiliser a changé : au début, y avait pas de vidéos, ni de partage de photos, alors les gens essayaient de produire du contenu intéressant et original (beaucoup d’amis avaient des rubriques quotidiennes politiques/comiques), et petit à petit, comme la moindre opinion faisait venir des hordes de trolls, il y a ceux qui ont continué au risque de se bouffer la santé, ceux qui ont fini par poster des photos/vidéos d’animaux mignons, puisque c’était le seul sujet qui ne faisait pas débat, et ceux qui, comme moi, ont lâché l’affaire. Les jeunes nés avec ce réseau ont remplacé les plus vieux qui l’ont apprivoisé, et je me rends compte qu’ils arrivent bien moins à s’en détacher que nous et qu’ils sont plus prompts à exprimer leurs avis sans réfléchir (et qu’ils utilisent davantage Instagram). De mon côté, les discussions intéressantes ont maintenant lieu en-dehors des réseaux.
Pour ce qui est de l’influence sur les ventes, j’avoue qu’en dix ans ça n’a rien changé du tout pour moi. Ce sont mes maisons d’édition qui ont fait ma publicité, et je suis toujours étonnée du nombre de lecteurs qui me suivent et viennent me voir en salon sans savoir que je suis sur Facebook 🙂
Merci pour ton retour : c’est rassurant de voir que Facebook n’a pas d’influence sur tes ventes et qu’il y a d’autres manières de procéder… ce que je crains, c’est que nous ayons donné tellement d’importance à ces plate-formes qu’elles deviennent des passages obligatoires pour tous créateurs – avec, effectivement, les innombrables problèmes que ça implique. Et si c’est pour poster des photos de chats pour juste éviter les ennuis (ce qui est un peu devenu, par lassitude, mon mode de fonctionnement aussi), quelle est la finalité : nous vendrons nos livres sur la popularité de nos chats ?! (je sais que le raisonnement est extrême et limite vieux con, mais je pense tellement fort que tout cela n’est que distraction…)
Merci pour ton partage d’expérience! Je n’ai pas (encore) l’impression d’être polluée par Facebook, qui me sert surtout à voir l’actu de mes auteurs préférés et à communiquer la mienne auprès de mes amis et ma famille essentiellement. Donc pas d’embêtements côté commentaires 😀
Par contre, je n’ai jamais mis les pieds du côté sombre de Facebook, et ce que tu dis va m’inciter à me renseigner. Mais avant, j’ai une nouvelle à écrire! (sinon, je passe ma vie à me renseigner… le serpent qui se mord la queue… :s)
Pour suivre les informations, j’ai entamé une bascule vers la réactivation des flux RSS et je préfère aller directement sur les sites des créateurs. Cela permet de filtrer énormément le bruit, et surtout : c’est moi qui choisis ! (C’est encore en cours de construction, mais je trouve beaucoup de plus de paix et de plaisir à consulter les infos comme ça.)
Pour le côté sombre de Facebook, John Gruber a particulièrement collectionné du dossier :
https://duckduckgo.com/?q=site%3Adaringfireball.net+facebook&ia=web
Citons, parmi les choses les plus graves, Cambridge Analytica bien sûr, l’inaction (malgré nombre d’avertissements) tandis que des génocides s’organisaient au Myanmar littéralement sur la plateforme, et maintenant l’inaction envers les groupes ouvertement racistes qui trouvent sur Facebook un refuge.
Fuck Facebook. Voilà. 🙂
Bienvenue dans un monde sans ce « livre de gueules » devenu… ivre des engueules.
Je ne pesne pas que, de ce que vous en dites, l’échange « au gré des électrons sur les mers déchaînées des entropies sauvages », vous manque d’ici peu. Oyez néanmoins, si vous ne le sachiez point déjà (forts doutes), qu’il existe un petit coin du « démat’monde » (le monde « dématérialisé » mais en rien virtuel !), qui est globalement dénommé le fédivers, « un univers de fédérations » (pas tout à fait asimovien), où les échanges existent sans être capturés par des « droits » (règle par défaut du CC0,ou à peu près, je crois), et où diverses modalités d’échanges en « réseau social » ont été ± recréeés, sur des bases plus saines, je veux le croire. Ainsi, l’analogue (fonctionnel) de « Tw » s’appelle Mastodon, et il lui existe, par construction, plusieurs ports d’accès (on parle de « pods »), comme par ex. « https://mamot.fr/ » auprès de la Quadrature du Net, ou « https://framapiaf.org/ » auprès de FramaSoft (fermeture annoncée en 2022), etc. etc. L’analogue (fonctionnel) de « FB » s’appelle « Diaspora » (« D » en court), et il lui existe, par construction, plusieurs pods d’accès, comme par ex. « https://diaspora.psyco.fr/ » ou « https://framasphere.org/ ». Sur les mêmes bases de fédération, le système Peertube, pour /alternativer/ « YT », etc. d’autres systèmes fédérés que je n’utilise pas… (il y a peut-être là un peu de la « philosophie des RSS », finalement, du moins tel que pratiqués par les blogs).
Peut-être au plaisir d’échanger au bord d’un flux fédéré, ou sinon dans une prochaine convention.
Merci pour la recommandation et pour le guide détaillé ! J’en avais déjà entendu parler et je sais que l’éditeur la Volte, par exemple, est parti là-bas. J’ai été sur Diaspora il y a bien longtemps… et j’en suis parti parce que c’était désert (mais c’était il y a des années).
Mais mon problème avec les réseaux est double : il y a d’abord les entreprises et les modes de fonctionnement derrière (ce à quoi le fédivers répond, et la raison première pour laquelle je quitte Facebook). Mais aussi, à plus long terme, je suis en train de m’interroger énormément sur le principe même de réseau social et sa compatibilité avec a) mon boulot et surtout b) ma concentration et ma paix d’esprit de façon générale.
Le blog ne s’en ira nulle part. C’est chez moi, et j’aime m’en occuper. Mais je ne suis pas entièrement sûr de conserver à long terme une présence sur les réseaux sociaux, quels qu’ils soient.
Au plaisir donc de se voir ici, ou en vrai, en effet ! 🙂