À Melbourne

Me voilà arrivé à bon (aéro)port, avec pas tout à fait les yeux en face des trous (8h de décalage horaire, qui deviennent 10 quand les saisons s’inversent), mais ça va se tasser, comme toujours – arrivé donc à Melbourne, capitale de l’État de Victoria, considérée aussi comme la capitale culturelle et sportive du pays, et l’une des villes où la vie est la plus agréable au monde. Le Parisien repenti que j’étais jadis ne peut qu’être d’accord.

L’Australie est un État fédéral, comme les États-Unis, quoique avec beaucoup moins de parties constituantes : six États et dix territoires. Melbourne est située en Victoria, au sud-est ; et, contrairement à l’idée reçue, il n’y fait pas une chaleur à crever. Car l’Australie, c’est GRAND – à peu près la taille de l’Europe, d’Oslo à Rabat du nord au sud, de Brest à Moscou d’ouest en est. Vous savez qu’il ne fait pas le même temps en Norvège et au Maroc, et comme nous sommes dans l’hémisphère sud, les saisons sont inversées – Melbourne étant au sud, il y fait un temps beaucoup plus proche de la Bretagne (pluies incluses) que des chaleurs désertiques.

Melbourne, située sur la terre ancestrale des Wurundjeris, était à l’origine une région marécageuse qui a été drainée par les colons. La ville s’organise en quartiers qui sont en réalité autant d’agglomérations semi-indépendantes, comme sur le modèle londonien ; les zones urbaines s’articulent autour de Port Philip Bay, où se mêlent des plages très prisées comme à St Kilda, des parcs naturels à part entière comme celui de Point Nepean vers Sorrento et des quartiers résidentiels en plein développement comme dans la région de Cranbourne, vers le sud-est.

Dans le Central Business District (CBD), le « downtown » de Melbourne, sur le fleuve Yarra
Point Nepean
Point Nepean national park

Vers l’est et le nord-est, le paysage change radicalement, au point qu’il est difficile de croire qu’on se trouve dans la même ville (pour tout dire, c’est surtout une commodité administrative) : ce sont les hills (collines) où les forêts, parcs naturels et champs rendent l’urbanisation à la fois ardue et peu intéressante en comparaison des vastes plaines entourant Port Philip Bay. Les agglomérations, séparés par des kilomètres de bush et de retenues d’eau douce, y deviennent là des villages à part entière, dont la plupart se résument à quelques rues commerçantes rassemblant le bureau de poste, la bakery locale, le fish and chips (il y a toujours un fish and chips) et le comptable (il y a toujours un comptable). Rayonnent alors des rues résidentielles dont la plupart ne sont pas goudronnées, aux maisons de plus en plus isolées, voire en autonomie complète. Les hills montent progressivement en altitude vers le parc national des Yarra Ranges, où s’amorce la chaîne de montagnes qui remonte sur des milliers de kilomètres le long du flanc est du pays, en passant notamment par les Australian Alps dans le nord de Victoria.

Emerald, dans les hills

Après y avoir fait plusieurs adresses, c’est dans les hills que nous avons eu la chance de pouvoir nous installer à demeure, ce qui nous place en pleine nature, mais nous situe néanmoins à portée d’à peu près tout. Le centre de Melbourne se trouve à 1h30 de route, la mer aussi, la montagne à 4-5h, le désert à 10 – cela semble beaucoup pour la France, mais à l’échelle de l’Australie, ce n’est rien du tout ; tout est tellement vaste qu’à moins de vivre en plein cœur de Melbourne, la voiture est obligatoire pour le moindre déplacement, et les pickups et gros 4×4 sont omniprésents. Dans notre village, la poste australienne juge que nous vivons trop loin pour qu’on nous livre le courrier ; n’ayant alors pas de véhicule, j’ai un jour décidé de descendre à pied pour récupérer un colis, ce qui m’a demandé… 1h30 de marche aller-retour.