On est en 2025, iCloud remarche : meilleures pratiques pour Scrivener

L’année dernière, iCloud m’avait fait une petite blagounette : les fichiers modifiés sur un fuseau horaire différent (lors de mon passage en France par rapport à ma base en Australie), avec le MacBook que j’utilise en déplacement, ne se synchronisaient pas sur mon Mac principal (enfin, il a fallu trois semaines). J’ai refait l’expérience en 2025 et : hosanna sur terre et dans les clouds, le service a correctement et rapidement synchronisé mes données ! Si bug il y avait, il semble résolu.

Ce genre de blague est évidemment fâcheux, mais c’est surtout un énorme risque quand on utilise Scrivener. En effet, pour accommoder des projets colossaux sur des machines modestes, il utilise un format de fichiers particulier, les package files, et ces fichiers sont extrêmement sensibles aux algorithmes de synchronisation employés par les services cloud. La règle d’or est : tout projet Scrivener doit être impérativement disponible intégralement en local, ou bien la corruption des données est quasi-certaine. Les développeurs fournissent même une page de précautions à respecter comme les tables de la loi au retour vénère de Moïse.

Le problème central se situe dans les algorithmes supposément intelligents de synchronisation : les services cloud déchargent de votre machine les fichiers moins couramment utilisés pour faire de la place. Or, ils peuvent décharger des fichiers à l’intérieur du projet Scrivener, parfois même alors qu’il est ouvert, conduisant à ce qu’on appelle, en termes techniques précis, un bordel sans nom. Pour cette même raison, il est également crucial d’attendre que la synchronisation d’un projet soit terminée avant de l’ouvrir sur une autre machine.

Il convient donc d’adopter :

Jusqu’à l’année dernière, il était donc impératif de s’assurer que ladite synchronisation intelligente ne soit PAS activée dans les préférences d’iCloud, appelée ici « Optimisation du stockage ». C’était la seule façon de forcer iCloud à toujours conserver les données en local, mais cela impliquait d’avoir un disque interne suffisamment gros (et on sait qu’Apple se rince bien là-dessus), parce qu’iCloud vit obligatoirement sur le disque interne :

Heureusement, depuis les mises à jour 2024 des systèmes (iOS 18 / macOS Sequoia), une nouvelle option est ENFIN disponible. Si l’on laisse iCloud le soin d’optimiser le stockage du Mac, on peut néanmoins forcer le système à conserver dossiers et/ou fichiers en local d’un simple clic-droit, ce qui règle le problème de la taille du stockage :

On prendra donc un soin obsessionnel à conserver tous ses projets Scrivener en local de la sorte (pour faire simple, on pourra conserver tout son dossier « Écriture », où l’on mettra tous ses projets). Pour ma part, j’utilise iCloud avec un GROS projet Scrivener (le projet « Les Dieux sauvages » pèse environ 1,5 Go à l’heure actuelle) et, en suivant toutes les recommandations d’usage, je n’ai eu aucun problème de fonctionnement. iCloud est donc tout à fait utilisable avec Scrivener, et c’est bien beau de râler, il faut aussi dire quand les trucs (re)marchent.

Mais au final, pourquoi utiliser iCloud ? Il existe de bonnes alternatives (j’ai utilisé Filen une bonne partie de l’année 2024). Principalement pour deux raisons : c’est intégré au système, ce qui réduit le nombre de solutions techniques à maintenir ; et mes données sont chiffrées de bout en bout (avec la Protection Avancée des Données, que j’ai adoptée dès sa disponibilité en Australie), ce qui est à mon sens un impératif de nos jours (et ce que Dropbox ne fournit pas).

(J’ai un troisième argument, qui concerne surtout ma situation personnelle, mais c’est le prix : j’utilise la formule Apple One avec le stockage et tous les services fournis comme Music, TV+, Arcade et Fitness+ ; la version australienne me donne en plus Apple News+, soit un abonnement illimité à des tas de magazines comme National Geographic ou Scientific American, et j’en rêvais depuis sa sortie aux US. Le stockage, mon utilisation intensive d’Apple Music, mon utilisation régulière de News+ et mon picorage des autres services rendent l’opération rentable, ce qui revient moins cher que l’abonnement pour chaque service à part. On peut faire le même genre de calcul en France, mais le nombre de services disponibles étant beaucoup plus restreint, cela rend le calcul moins certain.)

2025-08-02T04:02:06+02:00mercredi 6 août 2025|Geekeries, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur On est en 2025, iCloud remarche : meilleures pratiques pour Scrivener

N’ajustez pas vos horizontales (de la barre de progrès de La Succession des Âges)

Je ne sais pas vraiment si les « barres de progrès » dans la colonne à droite sont réellement utiles (dites-le moi en commentaires comme si on était en 1999), mais si elles le sont et que vous les surveillez, vous avez sans doute remarqué que celle de la rédaction de La Succession des Âges est restée bloquée au même endroit depuis des mois.

Cela ne signifie pas que le manuscrit n’avance pas ; je partage régulièrement des points d’étape qui me semblent plus utiles, à ce stade des choses, qu’un chiffre bête et méchant. En effet, l’estimation du volume total de ce livre s’est trouvée régulièrement explosée dans les grandes larges par la marche implacable de la narration, donc, en toute honnêteté, je suis incapable de quantifier précisément « j’en suis là ». Juste : j’ai un plan, j’avance, je progresse vers la fin, mais je ne sais plus rien sur le temps et le volume que ça va représenter. (Pour mémoire, j’ai déjà viré l’équivalent d’un petit roman entier dans le manuscrit.)

Cette estimation numérique est en plus délétère (je me suis moi-même fait prendre au piège de la rédaction comme seule métrique de la progression de la création), car, alors que j’approche quand même du dénouement, je peux passer un jour entier à vérifier la cohérence de fils narratifs en traquant des éléments à travers les quatre bouquins précédents qui représentent quand même de jolies briquettes. Pendant que je fais ça, le texte n’avance pas, mais il avance malgré tout ; ne serait-ce que par l’assurance que ce travail me donne d’avancer sur un terrain ferme, et pas des sables mouvants qui vont m’engloutir à la correction parce que je me suis forcé à progresser contre mes instincts. Mais bon, ça fait pas des mots, vous voyez.

Donc : n’ayez crainte. Par précaution, j’ai d’ailleurs supprimé les pourcentages de ces barres pour l’instant. Ils reviendront peut-être quand le manuscrit sera réellement bouclé, les corrections étant une phase largement plus facile à estimer ; mais même là, je me suis fait avoir (la progression vers la fin du roman révélant quelques corrections supplémentaires à faire, ce qui CASSE LES POURCENTAGES GODDAMMIT). Ça n’est peut-être pas la bonne manière de transmettre cette information. Bref, les choses avancent, elles sont juste inquantifiables en ce moment, indicibles, non-euclidiennes.

2025-08-02T03:04:38+02:00lundi 4 août 2025|À ne pas manquer|Commentaires fermés sur N’ajustez pas vos horizontales (de la barre de progrès de La Succession des Âges)
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