Trois saisons de Procrastination, trois fils de forum

Si tu l’ignorais, auguste lectorat, ne l’ignore plus : Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes à Mélanie Fazi et Laurent Genefort et moi, est hébergé par Elbakin.net, site de référence francophone sur la fantasy. Nous leur devons un fier chapeau, ou leur tirons une chandelle, car ils s’occupent de toute la diffusion et la promotion tandis que nous, tels des dandys 2.0, pouvons nous concentrer sur nos gaies discussions quant à l’art de dire des trucs avec des mots (ce qui est quand même la raison pour laquelle on les a inventés, c’est bien moins facile de dire des trucs avec des plantes, à part « je t’aime » si c’est des roses, mais les roses passent mal à la radio, et de toute façon, ça réduirait très sévèrement l’audience du podcast, même si on vous aime, mais bon vous voyez c’est pas pareil quoi, bref, aaah).

Si j’en parle, c’est parce que c’est important, je dis toujours des trucs importants, le paragraphe précédent en est l’exemple même, hein. Bon, en fait : si vous voulez transmettre des retours / questions / commentaires sur l’émission, le meilleur endroit pour ce faire est sur le forum d’Elbakin.net.

Or, les gentils administrateurs ont tout mis bien dans l’ordre et chaque saison dispose à présent de son propre fil de forum dédié :

Nous n’intervenons pas forcément beaucoup mais nous gardons un œil sur ces sujets ; si remarques et questions peuvent composer des sujets d’épisodes, nous les mettons au chaud, ou au frais, fonction de la saison ; s’il s’agit de questions ponctuelles ou de commentaires, nous en parlerons dans les épisodes feedback, qui sont, pour mémoire, la nouveauté de cette saison.

Donc n’hésitez pas à lâcher vos coms, wesh (et c’est là qu’on voit que je suis né à la fin des années 1970).

2018-10-25T17:42:45+02:00lundi 29 octobre 2018|Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Trois saisons de Procrastination, trois fils de forum

Procrastination podcast S03E03 : « Le sous-texte »

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « Le sous-texte« .

Exploration progressive d’une notion complexe à définir, cette semaine : le sous-texte, ou bien ce qu’un texte contient de volontairement implicite. Laurent précise la définition, Lionel la discute, Mélanie s’interroge. Mais l’histoire se finit bien : les trois auteurs conviennent que c’est dans le sous-entendu, dans le non-dit, que le gros de la communication fictionnelle réside.

Références citées
– Roger Zelazny, « Les Furies »
– George Orwell, 1984

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

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2019-05-04T18:45:56+02:00mardi 16 octobre 2018|Procrastination podcast, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Procrastination podcast S03E03 : « Le sous-texte »

Procrastination et motivation des auteurs : la présentation en ligne

Cette fois, j’ai essayé de ne pas trop oublier (GTD powa), le diaporama sur la procrastination et la motivation des écrivains est disponible au téléchargement sur la page idoine ou en cliquant sur la jolie n’image ci-dessous. Pourquoi les écrivains procrastinent-ils ? Pourquoi la pratique artistique peut-elle se révéler difficile, d’où vient le fait que l’on évite parfois ce que l’on considère comme une passion, et comment franchir ces réticences et ces angoisses ?

Vous n’aurez évidemment pas ma douce voix mélodieuse pour aller avec1, mais si vous étiez aux Utopiales l’année dernière ou aux Aventuriales il y a dix jours et que vous voulez prolonger / vous replonger (vous reprolonger, donc) dans l’ambiance, ou même pour grappiller des idées, parce qu’il y a quand même du texte en plus des photos de petits chats, c’est, donc, en ligne, téléversé, disponible, bref.

  1. Pour une certaine valeur de douceur et de mélodie.
2018-10-09T11:38:58+02:00mercredi 10 octobre 2018|Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Procrastination et motivation des auteurs : la présentation en ligne

Procrastination podcast S03E02 : « Pourquoi écrire (2) »

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « Pourquoi écrire (2)« .

Suite et fin des questionnements sur le rôle de l’écriture et de l’écrivain, tant dans le monde que pour la personne. Lionel se hasarde vers la mystique, en parlant du rôle créateur de sens de la fiction ; Mélanie évoque l’autre versant, les contraintes relatives à la profession d’auteur, et la manière dont le plaisir peut s’articuler et évoluer au fil de la carrière. Laurent prolonge cette réflexion sur le dépassement des premiers écrits, parfois issus d’un jaillissement primal : car c’est dans cette persévérance que peut se trouver l’écrivain professionnel.
Nos excuses pour l’invitée surprise, la perceuse du troisième étage, et ses interventions inarticulées.

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2019-05-04T18:45:56+02:00lundi 1 octobre 2018|Procrastination podcast, Technique d'écriture|1 Commentaire

À découvrir : une sélection des meilleurs podcasts sur l’écriture par la Guilde française des Scénaristes

Huit podcasts sur l’écriture et la narration, pas un de plus (ou peut-être un ou deux, allez, à mesure que cette page sera mise à jour, mais c’est pour dire que d’une, il y a une sélection, et de deux, ce qui suit est donc un insigne honneur) : c’est ce que propose la Guilde française des scénaristes sur cette pageProcrastination y figure (merci !), aux côtés par exemple de Jeff Goldsmith, ce qui est un insigne honneur, mais ça, vous le savez déjà, si vous n’êtes pas du genre à sauter ce qui a écrit dans les parenthèses.

Merci, donc ! 

La sélection de podcasts sur l’écriture et la narration par la Guilde française des Scénaristes

2018-09-23T15:04:30+02:00mardi 25 septembre 2018|Technique d'écriture|2 Commentaires

Quelles sont les meilleures applications de prise de notes manuscrites ?

Ouais, bon, pardon.

Alors voilà, c’est beau : on a une marotte, genre on passe chez Apple parce qu’on trouve qu’on a passé l’âge de régler la fréquence du front side bus sur le coefficient multiplicateur du CPU watercoolé à l’encre de Chine, on veut que quand on écrive, ça marche, alors on s’achète des iPad Pro, et puis là, bim ! C’est le drame. L’article sur la meilleure tablette pour prendre des notes devient l’un des plus populaires du blog. Même que y a des gens qui suivent mon conseil et me disent que j’ai raison, bordel, alors que puis-je faire, hein ? Hein ?

À part répondre à la question qui va derrière, à savoir : c’est quoi les meilleures applications de prise de notes ? 

Ben ouais.

C’est quoi, prendre des notes sur tablette ?

Tu prends ton burin et ta dalle de grès et…

Minute. *Avance son horloge de 20 siècles*

Donc. Tu as une tablette, auguste lectorat, typiquement un iPad Pro (ou pas / plus : l’iPad de 2018 est compatible avec le fantastique Pencil, pour un prix réduit de plus de 50% par rapport au modèle pro) et tu as besoin, comme ton humble serviteur, de griffonner des mickeys de laisser libre cours à tes réflexions à travers l’acte de l’écriture manuscrite, établissant quelques plans ici et là à l’occasion. On en a parlé, balader une petite tablette est infiniment supérieur à 15 kg de notes. L’iPad étant désigné, par unanimité avec moi-même, comme la meilleure tablette de prise de notes, on va parler de l’écosystème Apple, même si j’essaierai d’avoir quelques mots pour les victimes des écosystèmes Windows et Android, car j’ai compassion.

Ensuite, on va réduire encore la portée de cet article, car déjà, c’est une arme balistique lourde, et ensuite, il y a clairement des domaines dont je ne puis parler, manquant un poil d’expérience. Réglons tout de suite le problème de l’éléphant dans la pièce : la reconnaissance manuscrite de l’écriture. La joie, à lire certains retours qui me reviennent (ou me retournent, ça serait plus logique, mais en fait non, ils me font plaisir, ils ne me retournent pas, hé, que la langue française est rigolote), ce serait de pouvoir rédiger ses notes en pattes de mouche tel un brillant médecin, puis que la machine décode tout ça en texte que l’on pourrait copier-coller à l’envi, genre dans une autre application (genre dans Scrivener, au hasard, hein, total, le hasard).

À l’heure actuelle du jour d’aujourd’hui, la plupart des applications ténor offrent une forme de support de la reconnaissance manuscrite. Mais, bon : c’est forcément imparfait, et son efficacité dépend lourdement de votre handicap graphologique. M’est avis qu’espérer travailler exclusivement de la sorte, écrire à la main pour recomposer ensuite sous traitement de texte, n’est pas la meilleure idée du monde question efficacité. En plus, ça ne se synchronise pas facilement avec quoi que ce soit, donc faut copier-coller, bref, c’est lourdingue.

Je pense que la prise de notes manuscrite sur tablette doit se considérer comme l’équivalent numérique d’un beau cahier Clairefontaine. On griffonne, on rature, on surligne, on réfléchit librement, on met au point. En gros, on décide. Ensuite, on rédige. C’est dans cet esprit-là que je vous propose mes recommandations.

Applications intégrées à tout faire (OneNote, Evernote, Apple Notes) : mouaiiis

Les applications de prise de notes généralistes sus-citées proposent à peu près toutes un module de prise de notes manuscrites. Alors ça marche, à peu près bien, et pour consigner les prochaines actions à faire au cours de la réunion trimestrielle de guidance relative à la roadmap de livraison du plus-produit investissement, c’est nickel. Par contre, pour l’émulation de l’épais cahier de notes cher à l’écrivain, ça n’est pas le plus adapté. Pourquoi ? Parce que :

Evernote charrie toujours son héritage d’application web et desktop. La dernière fois que j’ai testé, le module de détection du Pencil était peu agréable, et Evernote a un paradigme d’organisation des données bien à lui qui rend difficile l’écriture au long cours sans une maintenance certaine. Et en plus, les rumeurs sur la santé de l’entreprise sont actuellement funestes (même si peu surprenantes, vu comme l’application est à l’ouest depuis quelques années, on ne va pas se mentir).

OneNote est un super outil ruiné par une synchronisation mobile atroce et une politique de confidentialité hautement discutable. Voilà, c’est dit, et c’était même dit là.

Apple Notes est chouette, si on ne dépasse pas la poignée de pages. Le support du Pencil est évidemment parfait, vu que l’application est développée par Popole, mais même problème qu’Evernote : ce n’est pas très évident d’enchaîner les pages, à mon avis.

Des applications dédiées : oui

Du coup, il vaut mieux utiliser, à mon sens, des applications qui ne font que de la prise de notes manuscrite, qui permettent de mélanger aisément sur la page photos, captures d’écran, texte tapé au clavier et évidemment gribouillis au Pencil. Il en existe beaucoup (beaucoup beaucoup) mais, dans le domaine, les deux ténors sont GoodNotes et Notability, qui offrent le meilleur compromis entre robustesse et ensemble de fonctionnalités. Les deux applications sont très proches, et le choix dépendra de petits détails qui auront, ou pas, de l’importance pour vous. (J’ai longtemps alterné entre le deux jusqu’à me fixer sur Notability.)

Ce qu’elles ont en commun : multiplateforme sur iOS (avec notamment une application compagnon sur Mac, pour visualiser et éditer ses notes sans avoir besoin de l’iPad) ; pléthore de styles de crayons, surligneurs, gommes ; reconnaissance de l’écriture manuscrite ; plusieurs modèles de page ; insertion aisée de photos, textes tapés au clavier ; synchronisation dans le nuage ; export et sauvegarde en PDF ; zoom facile avec les gestes de pincement à deux doigts.

GoodNotes.

Là où GoodNotes excelle : GoodNotes me semble avoir un moteur de détection du Pencil un poil meilleur, ce qui rend l’écriture plus agréable. Les modèles de documents par défaut sont aussi bien, bien meilleurs : le lignage est notamment parfait pour les différentes tailles d’iPad, ni trop grand pour le 12.9, ni trop piti pour le 9.7. La gomme permet aussi d’effacer une partie seulement d’un tracé, au lieu d’un tracé entier réalisé au Pencil (comme sur Notability) : si vous dessinez beaucoup, ça peut avoir son importance.

Là où GoodNotes pèche1Gros point noir, la synchronisation par iCloud a longtemps été polluée de bugs. Après avoir perdu un document entier, j’ai lâché l’affaire ; il SEMBLE cependant que ce soit réglé depuis un moment. Mais je ne m’y risque plus, car : GoodNotes présente ses pages sur l’écran entier, ce qui est un peu agaçant, je trouve. En gros, quand vous arrivez vers le bas de la page, le poignet ne repose plus confortablement sur l’écran, et risque de toucher le bouton d’accueil sans faire exprès. Pendant des mois, quand j’utilisais GoodNotes, je posais donc mon iPad à l’envers sur mon bureau pour éviter ça. (Lifehack!) Ce qui choque mon sens de l’esthétique.

J’ai donc choisi Notability, qui offre un défilement des pages en continu.

Là où Notabilty excelle : Le défilement, donc. L’interface que je trouve moins intrusive (plus « flat« ). La synchronisation en béton armé (j’ai fait des tests de conflits volontaires et je n’ai pas réussi à la mettre en défaut). Pour les étudiants, un point intéressant : Notability comporte un micro permettant d’enregistrer et de synchroniser le son avec la prise de notes, ce qui est intéressant pour les cours, ainsi que pour les écrivains narcissiques aimant se parler tout haut, ou bien expliquer leur génie à leur chat.

Là où Notability pèche : Certains modèles par défaut de documents sont stupides. Il y a notamment un lignage tellement serré que seul un peintre sur figurines adroit doit pouvoir y écrire quelque chose, même sur le grand iPad de 12,9 pouces. Le lignage suivant est exploitable sur 9,7, mais paraît GRAAAAND sur 12,9. Et donc, la gomme n’efface que les tracés entiers, ce qui décevra les dessinateurs doués (pas moi, donc). Enfin, je trouve l’icône kitschos. Mais bon.

Notability.

Vous pouvez passer par ici pour découvrir et acheter ces deux applications sur l’App Store : GoodNotes / Notability.

Bonus : des bizarreries ou étrangetés intéressantes

J’ai aussi envie de vous mentionner deux applications qui sortent un peu des sentiers battus ; qui ne sont pas aussi polyvalentes et bien finies que les deux précédentes à mon goût, mais qui peuvent répondre à un besoin précis, si c’est votre besoin, précisément :

MyScript Nebo met en avant précisément la reconnaissance de l’écriture manuscrite, des schémas, équations etc. Si c’est vraiment ça que vous cherchez, c’est probablement la meilleure.

Zoomnotes propose un paradigme différent du cahier Clairefontaine : un immense tableau effaçable sur lequel on peut zoomer à l’infini. Création fractale ?

Et si j’ai pas d’iPad, m’sieur ?

Franchement, au prix où se trouve l’iPad de 2018 (359€ pour le modèle le plus basique), si tu cherches vraiment à écrire avec un stylet sur un écran pour t’affranchir des chemises à sangles et entrer de plain pied dans le XXIe siècle, fais-moi plaisir, vends cette Surface pourrie qui surchauffe avec son stylet qui ne détecte que les lignes droites et prends un iPad avec un Pencil sur le refurb, quoi. Cependant, CEPENDANT, oh là là, du calme, quoi, j’ai quand même une application à proposer – sans engagement formel de ma part, car j’ai rejoint le côté en aluminium brossé de la force depuis deux maintenant, et je ne suis plus très à jour. J’utilisais avec un plaisir sincère Squid (anciennement Papyrus), très proche de GoodNotes, disponible sur Android et – aux dernières nouvelles – sur le Windows Store2.

Et hop. Te voilà armé, auguste lectorat, pour dessiner des phallus donner libre cours à tes méditations sur l’art d’écrire sur un écran, et ainsi embrasser pleinement la liberté créative de la vie en mobilité.

De manière générale, si l’envie d’acheter cet outil (ou l’un des autres présentés sur ce site) vous vient, n’oubliez pas de passer par les liens proposés ici – vous contribuez à financer le temps passé à rédiger ces articles gratuitement. Merci ! 

  1. À la ligne. Manuscrite. OUARF.
  2. Hahahaha. Pardon. C’est nerveux.
2019-06-01T14:36:47+02:00mercredi 19 septembre 2018|Best Of, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Quelles sont les meilleures applications de prise de notes manuscrites ?

Procrastination podcast S03E01 : « Pourquoi écrire (part 1) »

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Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, fait sa rentrée ! Nous attaquons notre troisième saison – encore merci pour votre suivi et votre fidélité. Le premier épisode de cette troisième année est disponible, au programme : « Pourquoi écrire (part 1)« .

C’est toute la question, n’est-ce pas ? D’où vient le besoin humain de communiquer par l’écrit, de transmettre et de raconter des histoires, tant à l’échelle de la culture, que du parcours de l’individu, et de sa quête ? Un vaste sujet qui occupera les deux premiers épisodes de cette saison 3 de Procrastination (merci pour votre fidélité !). Pour commencer, Laurent rappelle la notion fondamentale du plaisir, tant de la lecture que de l’écriture ; Mélanie prolonge avec un lien vers l’adolescence, la structuration de l’individu et les possibilités d’expression offertes par la forme écrite. Lionel fait un petit détour vers la vertu thérapeutique de l’acte d’écrire, et tous trois mettent en avant la dimension temporelle de l’écrit, et sa valeur première comme communication et comme art.

Références citées
– David Lynch

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

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2019-05-04T18:45:57+02:00lundi 17 septembre 2018|Procrastination podcast, Technique d'écriture|3 Commentaires

Il est interdit de douter de soi

Allez, ça nous arrive tous plus ou moins. Dans sa litanie contre la peur, même Elizabeth George l’admet ; elle transforme l’angoisse en foi. Elle fera ce qu’elle été appelée à faire : mettre des mots sur la page.

Quand j’étais à la convention mondiale de SF de Helsinki l’année dernière, j’ai entendu une image qui semble assez courante dans le milieu littéraire anglophone. Un auteur suit un théorème parmi deux :

  • Théorème A : Tout ce que je fais est génial, car c’est moi qui le fais.
  • Théorème B : Tout ce que je fais est merdique, car c’est moi qui le fais.

Devinez celui auquel j’appartiens.

Je sais que je ne suis pas le seul (sinon je n’aurais pas dans mon catalogue de conférences une sur la procrastination et la motivation des auteurs, dont le diaporama est disponible, heureux hasard, ici, hint, hint). En fait, je crois que beaucoup de créateurs sont des ceintures noires de l’auto-enfonçage. En mode : « Oh, là, là, ce que je fais est vraiment trop mauvais, personne n’aimera ça, je ne pige rien à ce que je fais, au secours, y a-t-il un pilote dans l’avion ? »

Ce n’est pas de l’affectation ; on pourrait même dire que cela part de l’intention la plus pure du monde. Je vais créer quelque chose et le proposer à des gens – qui suis-je, quel genre de fou de mégalomane, pour imaginer que ça puisse leur plaire ? Quelle audace. Quelle outrecuidance. Surtout que, MAMAN, AU SECOURS, je n’ai foutrement aucune idée de là où je vais. (Cependant, si vous êtes Théorème A, ça devient : « Maman ! Regarde, c’est moi qui pisse le plus loin. » Ou quelque chose du genre.)

J’ai deux trucs à dire à ça, dont une prise de conscience plus ou moins récente, ou en tout cas seulement récemment assumée.

D’abord :

La création, c’est bordélique.

On en parle régulièrement ici, dans Procrastination, mais l’essence de la création, c’est défricher ce qui n’existe pas. C’est tracer un chemin nouveau dans la grande jungle du rien. Donc, oui, c’est flippant, et oui, nécessairement, c’est empreint d’erreurs. Ça pique, parfois on jette du matériel, parfois on se tape la tête contre les murs en se demandant où aller – mais c’est normal. John Gardner, dans The Art of Fiction (chroniqué ici), parle de « rumination » (et pas de rémunération, dommage) dans la construction d’intrigue. OK, on voudrait minimiser la partie erreur de la technique « essai-erreur », mais l’angoisse est compréhensible, l’effort souvent palpable, et la règle.

Ne prenez pas cela comme la marque que vous ne savez pas ce que vous faites, car…

Vous n’avez pas le droit de douter de vous.

Douter de soi est la chose la plus contre-productive qui soit. Sans devenir Théorème A – je suis génial, parfait, tout ce que je fais est le bonheur donné à un public en émoi – il y a une différence entre questionner son travail et se questionner soi-même. Qui êtes-vous ? Vous-même. (Merci, captain Obvious !) Non mais sans déconner : vous n’êtes ni plus, ni moins, que vous-même, et si vous écrivez, faites-le, ou ne le faites pas, mais il n’y a pas d’essai, comme disait Yoda lors de son exil à Saint-Hélène.

Il est tout à fait autorisé – et pertinent, et recommandé – d’interroger son travail. (C’est ce qui ne fait pas de vous un Théorème A.) Ai-je bien servi cette histoire ? Ai-je bien campé ce personnage ? Ce passage est-il efficace ? Pourrais-je corriger, réécrire plus fidèlement à mes intentions ? Tout cela sont des questions d’artisanat, d’efficacité quant au projet et même de satisfaction quant à l’idéal qu’on se fixe. Parfaitement légitime, et même indiqué pour réaliser un bouquin qui tabasse. (Enfin, autant qu’on l’espère.)

Mais il est facile, trop facile, de déborder vers des interrogations portant sur la pertinence de la personne (vous, si vous suivez) au lieu de son travail. Sur sa légitimité. Comme si l’on se distribuait à soi-même des attaques ad hominem1, au lieu de parler de la réalisation. Êtes-vous autorisé.e à écrire ? Êtes-vous « fait.e » pour ça ? Who the fuck knows? Et qui le pinnipède peut le dire ? Personne (on en a parlé dans le dernier épisode de la saison 2 de Procrastination, Talent Vs. Travail). Les questions de cet ordre servent une fin bien précise :

Tavu, moi aussi je mets des GIF animés dans mes articles en mode Buzzfeed.

Ou, plus exactement, elles vous sapent le moral, la confiance, ce qui est l’anti-sexe absolu pour la créativité, et surtout, elles n’ont pas de réponse.

Répétez après moi :

Mes questionnements sur mes capacités inhérentes ne connaîtront jamais de réponse, alors je les bannis. 

Autant reporter cette énergie sur le fait de faire, puis de questionner ce qui a été fait. Cela ajoute le bénéfice de réfléchir à la pertinence de ce qui a été fait, de manière assez détachée et dépassionnée, de manière à le faire, si nécessaire, mieux. Non pas parce qu’on doute de soi, non pas parce qu’on pense qu’on est un gros naze, mais que, comme tout le monde, on a parfois besoin d’itérer pour parvenir à quelque chose de convenable, et que, bloody hell, c’est le putain de processus, tu vois.

Dorénavant, douter de vos capacités inhérentes est interdit. Il n’y a que a) le sens que vous désirez mettre à votre création, qu’elle soit publiée ou pas, et b) la meilleure manière de la faire. 

Tout le reste est l’affaire de la postérité, et par définition, on sera morts, donc c’est quand même vachement pas très intéressant.

  1. Les attaques Ad Eminem, en revanche, sont autorisées si les voix nasillardes vous portent sur le System of a Down.
2019-06-01T14:37:25+02:00mercredi 12 septembre 2018|Best Of, Technique d'écriture|10 Commentaires

Gardez le style et l’orthographe pour la toute fin des corrections (quand passer Antidote ?)

Donc, lundi, on a parlé d’Antidote, et c’était chouette. Une des raisons pour lesquelles il était temps que j’en parle, c’est aussi en rapport à une question auxiliaire que j’ai vu passer très souvent ces derniers temps. Il semble qu’à l’heure où j’écris ces mots, l’intégration entre Scrivener et Antidote soit un peu cassée, et donc, comment faire ? Cela cache une question plus profonde : quand corriger style et orthographe, en fait ? 

Mon avis, si vous m’en croyez (mais rappel : vous faites bien ce que vous voulez, bordel), c’est que la la correction de détail devrait représenter l’ultime étape de correction d’un manuscrit. Il y a beaucoup, beaucoup (trop) à faire avant, et notamment, finir le premier jet, s’assurer que l’histoire ait le bon rythme, qu’aucun fil narratif ne reste en plan, qu’il ne manque pas une scène (ou qu’il n’y en ait pas trop), etc. Tout cela, dans le métier, on appelle ça la passe narrative (ou la passe de fond, de scénario, d’histoire, etc.) (ou les, parfois – souvent ?). Corriger le style, nettoyer les répétitions, les fautes, c’est la (ou les) passe stylistique et donc, cela devrait s’effectuer sur une narration déjà validée (a minima par l’auteur elle-même).

Car à quoi bon retravailler un peaufiner un style qu’il faudra peut-être démonter, réécrire parce que Bob le poissonnier doit devenir charpentier, parce que le moment de la journée, les lieux doivent changer, parce qu’en fait non, c’était un cycliste ? Et si la scène disparaît tout simplement sans laisser de traces ? Ou que des longueurs exigent d’en couper un quart ? Pourquoi tout ce boulot ?

Oh, bien sûr, rien n’interdit de peaufiner le style en cours de route (et puis pourquoi pas, si cela vous aide à mieux sentir l’histoire), rien n’interdit rien, on est d’accord, mais si cela me semble une certaine perte de temps, il rôde surtout là un danger : on peut s’attacher davantage à un passage que l’on a corrigé en raison du temps qu’on y a passé, ce qui peut empêcher de voir l’évidence – à savoir, c’est pas bon, point, et ça doit gicler. (« Kill all your darlings », comme disait Fitzgerald.) Cela revient à vouloir peindre une maison dont on n’a même pas encore terminé les plans… Et c’est un structurel / architecte qui vous dit ça.

Scrivener, malgré tout l’amour passionnel que je lui voue et les nuits que je passe avec lui (le pire c’est que c’est parfois authentique), est avant tout un outil de conception et de rédaction. Son boulot consiste à vous aider à écrire, à dominer vos idées, à mettre de l’ordre dans le chaos. Échanger avec autrui ? Peaufiner le style et la mise en page ? Absolument pas sa tâche. Antidote, lui, est un outil de correction et de polissage stylistique, OK : traque des répétitions, des verbes faibles, des répétitions, des erreurs orthographiques, des répétitions. Il s’agit donc de peaufiner un texte déjà cohérent, construit, fonctionnel narrativement, avec des personnages et une histoire qui tiennent debout.

Donc, à mon sens, la passe Antidote (ou de correction de détail au sens large) se réserve pour la toute fin, une fois la compilation du manuscrit effectuée, sur un fichier au kilomètre rassemblant l’ensemble de son travail. Et de là, on peut l’effectuer dans son traitement de texte classique favori, Word, LibreOffice, Pages, dont l’intégration avec Antidote est éprouvée et solide. À titre personnel, je ne savais même pas que l’intégration entre Scrivener et Antidote ne fonctionnait plus aussi bien, parce que je ne m’en sers jamais, par choix.

2019-06-01T14:37:43+02:00mercredi 22 août 2018|Best Of, Technique d'écriture|1 Commentaire

Antidote est-il bien cet outil ultime (mais cher) d’aide à la correction ? [la boîte à outils de l’écrivain]

Il y a des synchronicités curieuses sur les réseaux, et en ce moment, cela tourne beaucoup autour des outils d’aide à la correction (et donc, par rebond, à la rédaction). À savoir : existe-t-il un logiciel qui me permettrait de détecter mes erreurs de frappe ou de conjugaison, qui pourrait m’orienter sur la qualité de mon texte, qui me donnerait un dictionnaire de qualité, le tout sans nécessiter le réseau de neurones d’un Terminator parce que j’ai pas envie qu’on m’abatte à ma première erreur d’accord de participe passé ?

Ou bien – c’est la question inverse : j’ai entendu parler d’Antidote. Est-ce que ça vaut le coup ?

La machine à tout faire

Antidote est probablement le plus connu, mais aussi l’un des plus chers des logiciels de correction : dans les 90 € pour la version de bureau. Nous avons une belle langue, mais complexe, et ses pièges sont multiples ; aussi la promesse d’un logiciel qui pourrait réellement aider à traquer les fautes et les impropriétés est-elle tentante, mais vu le prix (le double d’un Scrivener, par exemple), on peut raisonnablement se demander ce que cache Antidote, et s’il remplit ses promesses.

Le logiciel s’organise principalement selon deux axes : des références et un correcteur.

Les références sont la partie émergée de l’iceberg, la plus simple d’emploi et la plus aisément compréhensible : un ensemble de dictionnaires allant du simple au complexe – définitions, synonymes bien sûr, mais aussi conjugaison, étymologie et même citations. Bien sûr, ces dictionnaires sont extrêmement fournis, et rivalisent sans mal avec les références du domaine, voire dépassent le Petit Larousse ou Robert standards ; on y ajoute l’équivalent d’un Bescherelle, d’un dictionnaire visuel, le tout facile à emporter dans son ordinateur – et l’on pourrait arguer que l’investissement égale sans peine l’équivalent en livres papier.

Un dictionnaire analogique de qualité…
… et de nombreux guides de rédaction.

Bon, OK, mais si j’ai déjà ces bouquins, ça vaut peut-être pas le coup, non ? D’accord, la consultation en dématérialisé, c’est pratique, mais j’ai pas cent balles à coller tous les jours dans du logiciel. Je fais quoi, je rentre chez moi ?

Eh bien, auguste lectorat, tu peux, et à un moment, il faudra, parce qu’il se fait tard à force, mais si tu m’écoutais un peu, tu saurais que j’ai parlé de deux versants, alors tiens, prends donc cette camomille, stay a while and listen.

Antidote intègre une fonctionnalité de tueur, et c’est son moteur de correction. Dans les applications compatibles (et il y en a beaucoup), Antidote peut analyser le texte qu’on lui soumet et fournir davantage d’outils d’analyse et de rectification qu’on pourrait décemment en demander. Repérage des adverbes, des termes sémantiquement faibles, des phrases longues, de verbes faibles, des répétitions, il fait tout et de manière impressionnante. Surtout, Antidote a l’extrême intelligence de ne jamais partir du principe qu’il sait (contrairement au correcteur grammatical grotesque de Word) : à moins d’une erreur flagrante, dans 2/3 des cas, il se contentera de souligner en orange une possible erreur et – c’est là qu’il est extrêmement précieux – d’expliquer le problème qu’il a repéré. À l’utilisateur de décider en son âme et conscience d’une éventuelle correction à apporter à son texte, et surtout, il en ressort en ayant appris quelque chose. Et ça, c’est assez génial.

Je fais, parfois, ici, c’est vrai, des ruptures de construction.
Répéter le mot « répétition », est-ce se répéter ?

Rien que le module de détection des répétitions vaut son pesant d’or. Et administre à chaque utilisation un grande leçon de modestie : on est persuadé d’avoir nettoyé son texte… mais Antidote découvre toujours quelque chose de putain de FLAGRANT, et pousse l’auteur à se flageller en psalmodiant « I’m not worthy« . C’est sérieusement renversant.

Faut-il avoir Antidote ?

C’est toute la question, hein ? À lire visiblement le bien que j’en pense, on pourrait parier que la réponse serait oui, grave, casse ta tirelire.

Eh bien, je suis un peu modéré là-dessus. Déjà, Antidote est tellement puissant qu’il est facile de le sous-exploiter, en fait. De plus, même s’il fait très bien son boulot, j’ai tendance à militer pour un apprentissage actif de toute technique artistique, et je pense qu’il est meilleur, à long terme, pour un auteur de se discipliner à corriger lui-même toutes les failles qu’un Antidote repère : répétitions, verbes faibles, etc. Cela aiguise son regard, le pousse à davantage d’exigence et, au bout du compte, à produire plus vite des textes qui sont d’emblée de meilleure qualité. C’est un peu comme la différence entre apprendre les règles de la perspective et décalquer une photo en apprenant à reproduire ; le premier est plus long et laborieux, mais donne, au bout du compte, davantage de liberté créative1.

Après, une fois cette passe personnelle faite, cela n’empêche pas de passer un coup d’Antidote pour enlever les dernières scories, bien évidemment.

Bon, ceci dit, bien évidemment, tous les auteurs pros ou presque ont un Antidote, tous les éditeurs ont un Antidote, j’ai moi-même un Antidote d’où je sors mes captures d’écran, donc on peut arguer que c’est aujourd’hui dans la profession un outil aussi fondamental qu’un dictionnaire, et c’est probablement vrai. Je m’en sers une centaine de fois par jour rien qu’à travers son intégration avec Alfred, qui me permet de chercher des définitions et des synonymes d’une simple combinaison de touches (parmi les innombrables gains de temps formidablement précieux que j’ai découverts en passant sous Mac).

Donc oui, à un moment, faut y passer. Et d’ailleurs, l’on écrit du texte scientifique ou technique où les tournures fleuries n’ont pas leur place, l’achat me semble prodigieusement indiqué pour gagner du temps. En revanche, pour un jeune auteur aspirant à une maîtrise poétique et stylistique, j’aurais curieusement tendance à dire de retarder un peu l’achat pour acquérir de la hauteur sur son art. De toute façon, je crois qu’il y a des outils plus pressants quand on veut se lancer sérieusement dans l’écriture de fiction : un outil d’écriture, un outil de prise de notes, à tout le moins. Antidote est un outil de référence mais aussi de correction et, par définition, avant de corriger, il faut avoir appris à produire un peu.

La page d’Antidote sur le présent site. Le logiciel existe en version de bureau (Mac, Windows et même Linux !) ainsi que mobile (iOS, ce qui s’associe très bien avec – vous l’aurez deviné – la version iOS de Scrivener).

De manière générale, si l’envie d’acheter cet outil (ou l’un des autres présentés sur ce site) vous vient, n’oubliez pas de passer par les liens proposés ici – vous contribuez à financer le temps passé à rédiger ces articles gratuitement. Merci ! 

  1. Je dis peut-être n’importe quoi en dessin, je suis une quiche au thon en dessin, mais bon, vous voyez l’idée, nesse-pa ? Antidote has quit: non, là, faut pas abuser non plus.
2019-06-01T14:38:18+02:00lundi 20 août 2018|Best Of, Technique d'écriture|10 Commentaires
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