Amazon entube la chaîne du livre : la vente d’ebooks d’occasion

fail_fish(Finalement, ma dent ne serait qu’un problème périphérique. Je suis donc en mesure de revêtir mon armure antiémeute et de lancer à un post à polémique.)

D’après cet article d’Actualitté, Amazon étudie la vente de livrels1 de seconde main. C’est-à-dire, la possibilité de transférer un livre acheté par un client à un autre contre un coût. Le fichier disparaît du compte du premier, pour arriver sur celui du second (avec une commission au passage pour Amazon). Magie, se dit le client content : enfin, on me permet de disposer de mon livre comme je l’entends, et de le revendre comme bon me semble. Justice !

Non, Amazon entube tout le monde. La chaîne du livre, l’éditeur en premier, et l’auteur avec. Mais le public – vous – aussi. Démonstration.

Ce qui scandalise les acteurs du livre

C’est simple : Amazon semble bien placé pour créer une économie parallèle du livre, où les fichiers s’échangeront hors du circuit traditionnel. Éditeurs et auteurs veulent une part de ces échanges, si Amazon prélève sa commission. Cela scandalise en retour le public, qui ne voit pas pourquoi ceux-ci toucheraient quoi que ce soit sachant que le fichier a été déjà acheté. Et le marché de l’occasion traditionnel fonctionne sans. Alors, qu’est-ce qu’ils veulent, ces vilains auteurs et éditeurs déjà pleins aux as ? (HINT : pour la majorité, ils ne le sont pas.)

Le problème, c’est que nous parlons de dématérialisé, et non de biens physiques.

Le dématérialisé pose un problème de propriété et de consommation

adam_appleLes activistes du dématérialisé répètent à l’envi que ce marché obéit à des règles différentes du marché physique (d’accord) et que donc, pour les plus extrémistes d’entre eux, les gens qui voudraient gagner de l’argent de leur travail n’ont qu’à fermer leur gueule (pas d’accord). Les questions et les problèmes nouveaux que posent ces marchés ne se résolvent pas d’un coup de baguette magique (pour les activistes) ni par la transposition d’un modèle existant (pour les conservateurs). Nous sommes face à de vrais dilemmes dont il convient d’étudier les fondements si l’on veut pouvoir construire une réflexion.

Quel est le principe de l’idée de consommation ? La destruction du bien. Consommer, c’est détruire. À plus ou moins long terme, et en fonction de l’usure susceptible du bien. Une pomme s’use plus vite qu’une voiture, mais l’idée est la même : au bout d’un moment, elle ne sera plus (ou plus utilisable), j’en aurai retiré toute la jouissance potentielle.

C’est l’idée fondatrice du marché de l’occasion. Un bien dont un tiers a déjà joui sera usé, donc perdra de sa valeur, et un acheteur de seconde main peut accepter ce compromis contre un prix réduit. C’est le cas avec le livre : un livre qui a tourné entre de nombreuses mains est défraîchi, il a peut-être été abîmé, et le deuxième acheteur accepte cette perte de valeur au profit de l’oeuvre qui s’y trouve. Additionnellement, le nombre fini d’exemplaires physiques crée une rareté artificielle qui va donner, ou non, une valeur à l’oeuvre imprimée.

Mais dans le cas du dématérialisé, cette clause de destruction, d’obsolescence, fondamentale au principe de consommation disparaît. (J’aimerais d’ailleurs bien que les Benjamin Bayart et consorts, qui exposent très bien le mécanisme, poussent un peu leur réflexion sur le bouleversement économique fondamental que cela implique – c’est rien moins que toute la théorie économique, fondée sur la notion d’usure, qui fout le camp.) Si je copie un livre, de la musique, rien de tout cela ne s’use. Je consomme mes produits culturels autant de fois que je le souhaite, ils ne s’usent pas. Le matériel employé pour ce faire s’use, lui, mais le support physique devient découplé du contenu (et avec la généralisation du cloud, on n’aura bientôt même plus à se soucier d’espace de stockage, juste d’un terminal léger). Si vous voulez faire fortune aujourd’hui, ne fondez pas les Beatles : fabriquez des iPhone.

L’occasion en dématérialisé équivaut à du neuf

Quand un éditeur de jeu vidéo, qui fournit un support physique, réclame sa part d’une vente en occasion ou s’efforce de la circonvenir par des mécanismes de clés à usage unique, on hurle au scandale, et à juste titre. Un support physique obéit aux principes de consommation énoncés ci-dessus, et la circulation du contenu (ainsi que son usage) connaîtra une fin plus ou moins proche en fonction du soin apporté au média. C’est le risque inhérent aux biens de seconde main.

Mais que l’on se mette à vendre d’occasion des fichiers numériques : c’est exactement la même chose que de vendre le contenu neuf. Il peut circuler dans un nombre infini de mains, dans un état identique à son premier jour. Le mot « occasion » devient par là même fallacieux. C’est la raison pour laquelle, si les contenus sont indistingables du neuf, les acteurs du livre – auteur et éditeur – réclament leur pourcentage, si Amazon – ici simple diffuseur et plate-forme d’échange – prélève sa commission.

Les droits du consommateur bafoués

boromir-handcuffs-meme-generator-one-does-not-simply-handcuff-superman-5be09aAmazon semble séduire le consommateur en lui proposant un service laissé pour compte jusqu’ici dans l’économie numérique : disposer de son fichier comme bon lui semble. C’est effectivement un problème : actuellement, un « bien » numérique (livre, jeu vidéo acheté sur Steam par exemple, même votre épée légendaire de Diablo III) n’est pas un bien réel, au titre d’un livre dont vous disposez souverainement, que vous pouvez prêter, donner, utiliser pour caler un meuble. C’est un accord de licence – le fournisseur de contenu vous octroie une licence d’utilisation révocable sur le contenu dont vous avez acheté, non pas la propriété, mais l’usage. Rien ne l’empêche d’effacer votre bibliothèque s’il considère que vous avez violé les termes de cette licence (voir cette affaire kafkaïenne).

Amazon n’offre que le mirage d’un marché de l’occasion et d’une liberté de transfert de vos biens (qui n’en sont pas). En effet, pour qu’un tel système fonctionne, cela implique

  1. L’usage de DRM (on en a parlé ici) pour recréer un simulacre de rareté (laquelle induit de la valeur)
  2. La création d’un marché clos de formats compatibles (l’écosystème Amazon)

Ce qui entraîne :

  1. Non, vous ne disposez pas de votre contenu comme bon vous semble (puisque restriction d’accès par DRM)
  2. Vous êtes enchaîné(e) à Amazon, puisque vous ne pouvez transférer le bien (ou accord de licence) qu’au sein de son écosystème.

Droits du consommateur, vraiment ?

I have a dream

Il semble juste de posséder ce que l’on paie. Qu’on puisse en disposer comme bon nous semble ; mais, dès lors que tout transfert de propriété numérique est impossible (comme les activistes ne manquent pas de le marteler, copier n’est pas voler), puisque je transmets à l’identique ce que je possède, on ne peut que donner. Il découle que tout marché de l’occasion, fondé sur l’idée d’obsolescence et de transfert, ne peut exister dans un monde numérique. Et que toute tentative de l’instaurer, comme semble vouloir le faire Amazon, nuit à tous, du créateur au consommateur – sauf à la plate-forme, qui bénéficie d’une source de revenus illégitime tout en enchaînant davantage les consommateurs à son écosystème. Il s’agit là d’une manoeuvre démagogique et grotesque.

Un tel marché, à tout le moins, ne pourrait s’imaginer qu’avec un système de DRM unique, fonctionnel, interopérable, de manière à le dégager de tout fabricant. Autant dire qu’on ne le verra jamais, et qu’il est probablement plus souhaitable de trouver de nouvelles manières de rémunérer et faire vivre la création en tirant avantage des fantastiques possibilités d’échange que permet le numérique plutôt que calquer les principes très mal adaptés de l’économie classique de la rareté et de l’obsolescence.

  1. Livres électroniques, pour se passer du disgracieux anglicisme « ebook ».
2013-02-19T22:23:50+01:00mercredi 20 février 2013|Le monde du livre|14 Commentaires

Créer du lien : spécial édition début 2013

slowestreaderHoulà, il s’en passe des trucs dans le milieu de l’imaginaire en ce moment, et étant en phase de retravail avancée sur Léviathan : Le Pouvoir, j’ai un peu décroché. Alors remettons-nous en pendules à l’heure.

Comme tous les ans, Livres Hebdo a publié un dossier sur les chiffres du secteur de l’imaginaire en librairie sur l’année passée. Deux sites reviennent sur cette étude en détail et pemettent de prendre la température du domaine. À voir chez ActuSF, ainsi que chez Elbakin.

Édition toujours : trois éditeurs, ActuSF, Mnémos et les Moutons électriques fondent un collectif nommé « les indés de l’imaginaire » dans le but d’allier leurs forces et leurs ressources, tout en conservant bien entendu leurs spécificités. « Nous partons du principe qu’ensemble nous serons plus visibles et que notre regroupement au sein d’un collectif est une manière d’essayer de répondre aux problématiques de l’édition et de la librairie aujourd’hui. » Pour tout savoir, le communiqué de presse est disponible à cette adresse.

Les éditions Mnémos lancent d’ailleurs une collection de livres de poche, baptisée Hélios. Nathalie Weil, directrice, répond aux questions de Jérôme Vincent sur ActuSF.

Le jury du Grand Prix de l’Imaginaire a révélé sa présélection. Félicitations à tous !

Plus générique mais à lire, cet intéressant article qui révèle en quoi le droit d’auteur se trouve actuellement menacé dans le cadre du conflit opposant la presse à Google.

Et quand même, signalons que c’est officiel, J. J. Abrams réalisera le nouveau Star Wars (à sortir en 2015). Quand on voit le bon travail qu’il a fait sur Star Trek, cela donne envie de voir comment il pourra remonter le niveau de la licence. Et quand on voit le bon travail qu’il a fait sur Star Trek, et qu’on a toujours été plus trekkie dans l’âme, on le voit quand même partir avec un peu d’amertume.

2013-01-28T18:46:49+01:00jeudi 31 janvier 2013|Le monde du livre|6 Commentaires

Compte-rendu de l’audition du Droit du Serf par la misson Lescure

artist_freeLe Droit du Serf (page Facebook) est un « collectif de réflexion et d’action créé en octobre 2000 pour faire respecter le droit des auteurs à jouir décemment de leurs œuvres, réactivé fin 2009 pour faire valoir ce droit dans la commercialisation numérique de leurs ouvrages ». La mission dite « Pierre Lescure » portant sur l’exception culturelle réfléchit aux nouveaux modes de diffusion et d’exploitation des oeuvres, dont les conclusions informeront ensuite le législateur.

Le Droit du Serf a rencontré la mission récemment, et a produit un compte-rendu très intéressant de cette rencontre, que je vous propose de découvrir ci-dessous. Le gras est de mon fait ; le texte étant un peu long, pour les personnes pressées, j’ai pris la liberté de souligner les points qui mettent bien en relief les enjeux actuels.

À titre personnel, je suis toutefois beaucoup plus favorable à une contribution prélevée sur les abonnements Internet, ou même payée en sus, pour rémunérer l’exception de copie privée, plutôt qu’une taxe supplémentaire sur la publicité en ligne. Je pense que taxer celle-ci pourrait freiner le développement de l’économie numérique, ce qui n’est pas souhaitable, alors qu’il me semble important que les fournisseurs d’accès, qui ont grandement profité de l’essor du téléchargement illégal, passent à la caisse. Il me semble aussi logique de faire porter le coût de la copie privée (= du téléchargement) sur le consommateur final, qui est celui qui profite des oeuvres pour lesquelles, quand il y a lieu, il ne s’est pas acquitté de la contrepartie financière exigée.

Même si ce n’est pas, il me semble, l’intention du collectif, la solution proposée par le Droit du Serf a toutefois l’intérêt de ne pas faire de cette contribution une « licence a télécharger » dans l’esprit du consommateur en déportant le mécanisme financier loin de lui. Parce que j’entends d’ici les cris d’orfraie de Numerama et autres médias de mauvaise foi si l’on se met à toucher au prix de l’abonnement Internet… Et honnêtement, ce qui compte au point où on en est, c’est que cet argent revienne dans la chaîne culturelle d’une manière ou d’une autre – peu importe comment.

Bref, assez de mon bavardage, voici le compte-rendu.

Audition du collectif par la Mission Culture Acte 2 de l’exception culturelle.

Le collectif était représenté par Sara Doke, Gérard Guéro et Ayerdhal.

La mission était représentée par Pierre Lescure, Juliette Mant et Raphaël Keller.

En préambule, nous avons présenté Le Droit du Serf, en insistant sur la diversité des acteurs du monde du livre qui le composent et les avantages qu’offre cette solidarité multidisciplinaire en matière de réflexion. Puis nous avons rappelé que la filière économique du livre est en France la 1ère des industries culturelles en matière de chiffre d’affaire, alors que, paradoxalement, la situation des créateurs en matière littéraire (auteurs, traducteurs, dessinateurs, etc.) est financièrement la plus précaire de celle de tous les créateurs culturels et artistiques. En effet, avec un revenu moyen avoisinant les 600 € mensuels, les 55 000 auteurs recensés, dont 25 000 publient régulièrement et moins de 1200 gagnent plus que le smic, sont de très loin les acteurs les plus pauvres de toute la chaîne du livre, alors que le fruit de leur travail génère 80 000 emplois salariés dans l’ensemble du secteur.

Nous nous sommes ensuite concentrés sur ce qui concerne spécifiquement la Mission Culture Acte 2 de l’exception culturelle qui, pour mémoire, peut se résumer à « formuler des propositions de dispositifs d’action publique permettant de favoriser le développement des œuvres et des pratiques culturelles numériques et d’assurer l’accès de tous à celles-ci, de soutenir la création et la diversité, de valoriser leurs retombées économiques pour le territoire national, et de lutter contre la contrefaçon commerciale. »

Nous avons ainsi fait valoir que :

– Par l’abaissement conséquent des coûts de fabrication, de stockage, de promotion et de diffusion, la publication numérique des œuvres littéraires offre l’opportunité de rééquilibrer les relations économiques et contractuelles entre les différents acteurs de la chaîne du livre et, conséquemment, celle de valoriser financièrement le travail des auteurs. Il convient donc de trouver un modus vivendi et de prendre des dispositions qui rendent ce rééquilibrage possible, ce que les nouvelles exceptions introduites dans le Code de la propriété intellectuelle mettent en péril puisqu’elles affaiblissent le droit de l’ayant droit moral au profit de celui de l’ayant droit patrimonial. Le discours du Syndicat national de l’édition est sur ce point symptomatique, particulièrement lorsqu’il prétend que la question du support de l’œuvre est seconde pour revendiquer un droit de suite éditorial exclusif sur toutes les formes d’exploitation de l’œuvre.

– Si le numérique permet théoriquement aux auteurs d’améliorer leur situation et leur condition, il génère ses propres écueils dont le seul médiatisé, sous le terme générique et abusif de piratage, est la contrefaçon commerciale. La contrefaçon commerciale ne doit pas être confondue avec la notion de partage, que celui-ci soit légal, donc entre dans le cadre de l’exception de copie privée, ou illégal, c’est-à-dire sortant du cercle de famille ou d’amis proches, même sans contrepartie financière.

Le Droit du Serf se sent très concerné par les dangers que la contrefaçon commerciale fait peser sur la pérennité du métier d’auteur, puisque aucune œuvre culturelle ou artistique ne pèse moins lourd en nombre d’octets qu’un ouvrage littéraire qui, quelle que soit la méthode employée, peut circuler sous forme numérique à une vitesse extraordinaire, sans déperdition de contenu (par rapport aux fichiers audio, visuels ou audiovisuels que l’on est obligé de compresser, donc d’appauvrir, pour faciliter le transfert). Ainsi, techniquement, il ne faut pas plus de temps ni d’espace mémoire pour transférer 1000 romans impeccablement numérisés qu’un seul film mal encodé, or il existe déjà des packs de centaines de titres réunis en un seul répertoire qui circulent sur le web, et ce seront peut-être de véritables bibliothèques qui leur succéderont.

– Le Droit du Serf a aussi une conscience aiguë de l’impossibilité d’empêcher les contrefaçons numériques d’être diffusées sur la toile ou par d’autres voies numériques sans recourir à des lois, à des techniques de surveillance et à des rétorsions tellement coercitives qu’elles s’apparenteraient aux mesures liberticides à laquelle aucune démocratie ne devrait s’abaisser. Le collectif se demande d’ailleurs sur quelle base légitime le partage d’œuvres, qu’il s’agisse d’un don ou d’un prêt, pourrait être légal sous la forme matérielle et illégal sous une forme immatérielle. En outre, puisque la pénalisation du partage ne permettrait pas d’assurer l’accès à tous des œuvres culturelles numériques, il est d’autant plus aberrant d’incriminer le lecteur « fautif » que plusieurs études ont montré que les utilisateurs de contenus illégaux sont aussi les plus gros consommateurs légaux de biens culturels et qu’ils participent pour beaucoup à leur diffusion au sens promotionnel du terme.

Par contre, les services publics doivent lutter aussi efficacement contre la contrefaçon commerciale numérique que contre la contrefaçon commerciale physique, et mettre en place un dispositif juridique qui pénalise fortement la marchandisation illégale des œuvres numériques. En sus de la poursuite des sites qui tirent profit de la contrefaçon, de manière directe (ventes ou abonnements) ou indirecte (revenus publicitaires), ce dispositif permettrait de condamner lourdement les annonceurs qui financent les contrefacteurs par le biais de la publicité, de l’annonce ou de liens vers leurs propres sites. Les amendes ainsi récoltées seraient reversées à une société de gestion qui se chargerait de les répartir aux ayants droit.

– D’une manière plus générale, plutôt qu’instituer une taxation supplémentaire de tous les usagers d’outils numériques ou de tous les clients de fournisseurs d’accès pour contrebalancer l’éventuel manque à gagner des ayants droit provoqué par les échanges numériques non marchands et non « sponsorisés », le Droit du Serf propose de créer une taxe supplémentaire sur la publicité en ligne. Cette taxe serait elle aussi versée à une société de gestion chargée de la répartir aux ayants droit.

– Même si cela sort quelque peu de la problématique propre à la création numérique, l’augmentation régulière des cotisations et des contributions sociales, ainsi que l’apparition plus récente d’une contribution à leur propre formation, le tout pendant que leurs revenus ne cessent de diminuer, participent aussi à la paupérisation des auteurs. Or, puisque les auteurs sont les premiers contributeurs à la culture et à l’éducation de tous les citoyens et que la Mission a pour vocation de soutenir la création, il ne serait pas inconvenant de soumettre les revenus d’auteur à un abattement fiscal supplémentaire plafonné et d’instituer un crédit d’impôt majoré pour les auteurs non-imposables.

– Un pourcentage significatif du prix de vente HT des œuvres tombées dans le domaine public et commercialisées par voie d’édition physique ou de diffusion numérique devrait être versé à une société de gestion qui se chargerait de sa répartition auprès des auteurs en activité.

Le livre numérique ne doit pas être assimilé à une licence d’utilisation (cf. celle des applications logicielles), en l’occurrence de lecture, mais être la propriété de l’acquéreur qui bénéficiera au même titre que l’acquéreur du livre physique de l’exception de copie privée. La différence entre les deux supports consistant dans l’interdiction de revente d’un ouvrage numérique, assimilable à une contrefaçon. Ce, bien que le livre physique soit l’objet d’un commerce d’occasion sur lequel les auteurs ne perçoivent heureusement aucun droit (équivalant par exemple au droit de suite concernant les œuvres graphiques et plastiques de l’Article L122-8 du Code de la propriété intellectuelle).

Dans une deuxième phase, nos interlocuteurs nous ont posé des questions sur les sujets que nous avons abordés pour préciser différents points, notamment pour comprendre pourquoi nous préférons le principe de la société de gestion à celui de la subvention (type CNL) et comment nous envisageons la répartition. Ce qui nous a permis d’expliquer que l’équité de répartition, par opposition à la répartition au chiffre de vente, est la seule garantie que ceux dont la situation est la plus précaire bénéficieront utilement des sommes reversées.

Avant de se quitter, Pierre Lescure a suggéré que Juliette Mant reste en contact avec nous et nous tienne informés de l’avancée des travaux de la Mission, se réservant la possibilité d’une autre rencontre courant février pour approfondir certains points.

En conclusion, nous avons le sentiment d’avoir été écoutés par des gens qui ont une bonne connaissance du sujet, sont sensibles aux problématiques que nous avons abordées et semblent avoir été intéressés par certaines de nos propositions.

2013-01-16T09:01:10+01:00mercredi 16 janvier 2013|Le monde du livre|4 Commentaires

Une nouvelle collection de rééditions SF chez Le Passager Clandestin

Joyeux solstice d’hiver (à peu de choses près). Et comme c’est le solstice d’hiver, les fêtes, qu’on a survécu à la fin du monde, je répercute une info qui fait plaisir.

La maison d’édition Le Passage Clandestin, âgée de cinq ans et spécialisée en critique sociale, lance dès le début de l’année prochaine une nouvelle collection de rééditions de SF, intitulée Dyschroniques et prolongeant les sujets d’intérêts de la maison.

Au programme, de sombres débutants, comme on peut le constater :

  • Le testament d’un enfant mort, Philippe Curval (en janvier)
  • La tour des damnés, Brian Aldiss (en janvier)
  • Un logique nommé Joe, Murray Leinster (en février)
  • Le Mercenaire, Mack Reynolds (en février)

Signalons une politique de prix très basse qui fait plaisir, de 4 (!!) à 8 euros. La maison espère publier quatre autres titres en 2013. J’espère que la collection rencontrera un vif succès et nous permettra de (re)découvrir des titres peut-être méconnus pour éclairer notre présent grâce à l’avenir.

2012-12-25T09:01:56+01:00mardi 25 décembre 2012|Le monde du livre|2 Commentaires

Liseuse, tablette, quoi t’est-ce, que prends-je ? (3)

Retrouvez les précédents articles de cette série : Introduction, nécessité ou non d’un livre électronique

Hier, nous discutions de l’intérêt du livre électronique (livrel) ; aujourd’hui, nous allons parler du matos en soi et des deux supports rois de la lecture sur support informatique, la tablette, et la liseuse, une distinction souvent mal comprise.

La tablette (qui n’est pas du chocolat)

Une tablette, c’est facile à définir. Vous voyez un smartphone ? Vous voyez un ordinateur portable ? C’est le chaînon manquant entre les deux. Une tablette fait souvent fonctionner un système d’exploitation hérité du monde mobile (Android, iOS, maintenant Windows 8) et en récupère la polyvalence des applications (Internet, bureautique, courriel, jeux…) ainsi que l’autonomie et la simplicité d’usage. Là-dessus, on peut, comme sur un smartphone ou un ordinateur, importer et lire des fichiers numériques, ainsi qu’installer les applications de lecture propriétaires des grandes librairies numériques (Kindle). Une tablette est donc un appareil polyvalent mais assez cher (quelques centaines d’euros), équipée d’un écran classique, ce qui, dans l’optique de la lecture, n’est pas le plus agréable. En résumé, avec une tablette, on fait plein de trucs, dont lire.

La liseuse (qui n’est pas une lampe)

Au contraire, la liseuse est un appareil avant tout destiné à la lecture. À cette fin, elle est équipée, non pas d’un écran, mais d’encre électronique, et ça fait vraiment toute la différence. L’encre électronique est visuellement identique à une page imprimée ; des billes microscopiques bicolores insérées dans l’épaisseur du support se disposent de manière à composer la page consultée, à la manière de gouttes d’encre que l’on pourrait réagencer comme on le souhaite. Le résultat équivaut au confort du papier, il est même supérieur, tant l’« impression » est fine. On n’a pas le désagrément de la luminosité du rétroéclairage comme sur un écran classique ; cela se lit parfaitement en plein soleil – en contrepartie, si la clarté ambiante est basse, il faudra une lampe d’appoint (une… liseuse). Exactement comme avec du papier. Si le but est avant tout de lire, il faut une liseuse, pas de doute là-dessus. En plus, elles sont bien moins chères que les tablettes (on commence à voir des modèles à moins de 100 euros). Certaines commencent à importer des fonctionnalités des tablettes – lecteur de musique, navigateur Internet, applications de prise de notes – mais c’est un luxe.

Tactile ou pas tactile ?

Les liseuses se déclinent de plus en plus en modèles d’entrée de gamme, non tactiles, et modèles avancés, tactiles. Il apparaît que le tactile reste un luxe superflu si le simple but est de lire : tourner les pages d’un bouton et naviguer dans les menus d’un curseur n’est guère plus inconfortable que de le faire au doigt. On pourra en revanche se poser la question dans le cas de la prise de notes. Prendre des notes avec une liseuse non tactile et sans clavier équivaut à lire Guerre et Paix en le recopiant à la main. C’est tellement fastidieux qu’on approche de l’impossible. Si vous désirez pouvoir griffonner dans la marge tout ce que vous inspire votre lecture ou que vous souhaitez prendre des notes sur l’intégrale de Michelet pour votre agreg’, alors un modèle tactile (ou doté d’un stylet) pourra s’imposer.

Jusqu’ici, nous ne sommes toujours pas entrés dans ce qu’on pourrait considérer comme le vif du sujet : les fabricants. Ce sera le sujet de lundi, avec le nœud du problème : les DRM. Quant à toi, auguste lectorat, qu’est-ce qui te fait envie entre les deux approches ?

2014-08-30T16:35:31+02:00vendredi 14 décembre 2012|Le monde du livre|8 Commentaires

Congrès à Bordeaux sur la SF et la métaphysique

Hop, une petite info qui mérite qu’on la fasse tourner : du 21 au 23 novembre se tiendra à Bordeaux un colloque universitaire intitulé « Les dieux cachés de la science-fiction française et francophone : métaphysique, religion et politique ? (1950-2010) ».

Plusieurs spécialistes interrogeront les multiples inspirations d’un genre littéraire qui questionne autant les champs du réel qu’il explore les possibles de l’au-delà.

A l’occasion de ce colloque, la bibliothèque Mériadeck mettra en valeur, par des présentations d’ouvrages, le foisonnement de la littérature de science-fiction.

Le programme promet d’être riche d’interventions pointues et éclairées sur ce confluent de thèmes qui sous-tend une part importante des littératures de l’imaginaire, mais qui est pourtant rarement évoqué.

Toutes les informations pratiques sont sur cette page.

2012-11-26T22:33:05+01:00jeudi 22 novembre 2012|Le monde du livre|2 Commentaires

2e baromètre du livre numérique : nouveaux usages, pas de nouveaux lecteurs

Or doncques, la SOFIA, le SNE et la SGDL réalisent périodiquement un baromètre des usages du livre numérique, une enquête fort utile pour savoir où nous mettons les pieds. Que veulent les lecteurs, que font-ils, où va-t-on ? Les conclusions sont résumées dans un petit PDF de deux pages, et point ne vais davantage résumer la chose qu’elle ne l’est déjà, mais on note quand même, dans les grandes tendances, un certain attachement au téléchargement légal (l’installation des plate-formes bien ancrées comme Apple et Amazon nous aiderait-elle à proposer une offre facile d’emploi ?) par respect du droit d’auteur (yeah, merci !), et une progression de l’ebook, avec une érosion de la réticence. Cela ne me surprend guère : une grande part de celle-ci, je pense, provient d’une méconnaissance des liseuses, qui offrent un confort de lecture certain, qu’on n’imagine pas avant d’avoir essayé. Je rechignais moi-même avant de franchir le pas, de relire tout L’Aiglon dans un voyage en train et me dire : ah ouais, quand même, wow.

Mais oserais-je une outrecuidante prospective ? On constate que l’ebook, d’après l’enquête, crée de nouveaux usages et non de nouveaux lecteurs (cela signifie qu’un des grands espoirs rêvés pour le média, rendre la lecture sexy, n’est pas – encore – atteint). Personnellement, j’aime ma liseuse, mais, après des mois d’usage quasiment ininterrompu, j’en ai un peu marre. J’ai envie de retrouver du papier, la facilité de consultation qu’elle implique, le fait d’avoir un objet un peu sexy entre les pattes. Je vais faire un truc absurde, généraliser mon expérience, mais je pense qu’on est encore dans une phase de découverte du média, et que, comme toujours quand une nouveauté apparaît, elle va croître jusqu’à se stabiliser et cohabiter avec le papier, voire refluer un peu une fois établie. C’est un pressentiment totalement fondé sur du vent, hein. Mais je crois de plus en plus à la cohabitation entre papier et électronique, ce que n’ont pas réussi musique et cinéma dans une grande mesure, pour une raison simple : le livre, de base, est diablement plus attirant qu’un CD tout froid, et qu’il existe une tradition séculaire de beaux objets dans le métier ; qu’une bibliothèque sera à jamais belle alors qu’une CD-thèque c’est juste du plastoc qui prend de la place une fois le tout numérisé et balancé sur l’iPod ou Google Music. Et, pour aussi pratiques que soient les liseuses, le livre l’est aussi. Ce qui revient, comme le dit l’enquête, qu’on crée de nouveaux usages.

L’enquête tend enfin à démontrer que la lecture numérique décolle surtout grâce à la généralisation des tablettes. Une tablette, c’est cool (c’est tactile, et tout ce qui est tactile est rigolo – je sais ce que vous pensez, bande de dégueulasses), on peut faire plein de trucs avec, genre poker de la meuf sur Facebook ou consulter le cours du titane de carbone sur Les Échos, et avec, se rend-on compte, ho mais tiens donc, on peut lire. C’est la démonstration de ce que tous ceux qui suivaient l’action de près sentaient : pour vendre du livre électronique, il faut d’abord vendre l’écosystème qui va autour de l’équipement (voir Apple et son i-mode-de-vie et Amazon qui défonce les prix à coups de masse sur les Kindle). Étonnamment, on ne vend pas du livre électronique en vendant des livres, dans un premier lieu. Donc, maintenant que les supports arrivent, incidemment, on s’aperçoit qu’on n’est pas limité à liker des vidéos de lolcats mais qu’on peut aussi DL tout Schopenhauer pour avoir un truc à dire au moment d’aller serrer la fille du galleriste que nous avons déjà mentionnée.

2012-11-20T10:02:38+01:00lundi 19 novembre 2012|Le monde du livre|19 Commentaires

Palmarès des prix remis aux Utopiales

Affiche Nicolas Fructus

Car il est important que ces informations circulent. Information prise chez Gromovar, et j’en profite pour signaler l’article qu’il signale en lien, la rencontre avec les robots Nao, chez Traqueur Stellaire. C’est très étrange (et même un peu inquiétant, s’il faut en croire Terminator) de voir une image de la SF commencer véritablement à prendre vie.

  • Prix Utopiales Européen : Mordre le Bouclier de Justine Niogret
  • Prix Utopiales Européen Jeunesse : Saba Ange de la mort de Moira Young
  • Prix Julia Verlanger 2012 : La Route de Haut Safran de Jasper Fforde
  • Prix spécial du jury de la bande dessinée : Big Crunch de Rémi Gourrierec
  • Prix du Meilleur Album de SF 2012 : Daytripper de Gabriel Ba et Moon Fabio
  • Prix SyFy du public (compétition internationale de cinéma) : Iron Sky de Timo Vuorensola
  • Grand Prix du Jury (compétition internationale de cinéma) : Eega de S. S. Rajamouli
  • Prix Utopiales de la Compétition Européenne des courts métrages : La Mysterieuse disparition de Robert Ebb de Francois Xavier Goby, Clement Bolla et Matthieu Landour
  • Prix du meilleur scénario de jeu de rôle : Héros de guerre de Victor Bret
  • Prix Game Jam de création de jeux vidéos en 48h : ex aequo Thanks for playing et 2012 le jeu
  • Prix Planet-SF des blogueurs 2012 ; La fille automate, de Paolo Bacigalupi, traduit par Sara Doke.
2012-11-13T09:21:42+01:00mardi 13 novembre 2012|Le monde du livre|5 Commentaires

L’avenir appartient à ceux qui se lèvent aux Utos

De retour de Nantes et des Utopiales, avec lesquelles je vous ai bassinés pendant dix jours, mais cela le vaut bien, car il faut y venir, et ensuite, il faut y revenir.

J’aimerais bien avoir quelque chose de malin à raconter et à dire, comme toujours, mais j’avais déjà plus ou moins promis des photos tweetées et tout ce que j’ai pu envoyer, c’est une photo de l’affluence dans la Cité des Congrès, une du diorama Lego construit par d’incroyables artistes, et un tweet informant le vaste monde que la friteuse du Novotel avait pris feu.

Ce qui est vital, on en conviendra.

À quoi ressemblent mes Utos ? Eh bien, paradoxalement, vous en voyez largement plus que moi. Pour un auteur, les Utos sont un grand rassemblement où l’on retrouve les copains, les contacts (un contact n’était que quelqu’un avec qui vous avez des idées communes et qui deviendra donc un copain) mais où, aussi, on discute. Beaucoup. Souvent avec des bières. On discute de projets à venir, des siens et de ceux des autres ; les informations utiles, optimistes ou non, du métier ; et surtout, on revoit tous ceux qu’on ne voit qu’une ou deux fois par an, mais avec qui on correspond toute l’année. Bref, plus ou moins consciemment, on prend le pouls de la SF, mais on contribue aussi à ce pouls, on en fait  partie – de ce que Roland C. Wagner appelait, ainsi qu’il a été justement rappelé lors de l’émouvant hommage qui lui était dédié, le « peuple de la SF » – quel autre genre s’appelle le « peuple » de lui-même ? Peuple du polar ? Peuple du roman sentimental ? La SF – l’imaginaire – a quelque chose de particulier, c’est une famille avec ses embrassades et ses gueulantes le soir de Noël, et c’est ce qui la rend belle. D’ailleurs, ce pouls, me semble-t-il au vu de ces Utos, va extrêmement bien : j’ai vu une affluence comme rarement dans les couloirs (objectif des 50 000 visiteurs atteints d’après Elbakin !) ; des salles pleines (voire débordantes) pour les tables rondes, même à 10h du matin ; des libraires qui semblaient satisfaits ; un intérêt des grands médias pour la SF, et beaucoup de petits qui vous posaient d’excellentes questions.

Je suppose que les débats enregistrés seront bientôt mis en ligne ; je vais guetter l’information. Dans l’intervalle, je veux juste dire un chaleureux merci à toute l’organisation qui continue à renouveller cet événement avec des surprises d’année en année, aux bénévoles, aux copains, aux contacts, aux journalistes, blogueurs, et à vous, bien sûr, pour toutes les rencontres de ce week-end.

Et maintenant, pour ceux qui n’y étaient pas et qui nous ont manqué, retombées à suivre !

2012-11-12T14:22:44+01:00lundi 12 novembre 2012|Le monde du livre|21 Commentaires

Le racket de Facebook (suite) : j’ai payé pour un article et multiplié mon trafic par… 100

 

Moi aussi, je peux être démago et utiliser des bébés pour faire passer mon message.

Lundi, je parlais du racket de Facebook, comment le premier réseau social mondial prenait en otage ses utilisateurs en les forçant à payer pour récupérer le trafic auquel ils avaient légitimement droit – qu’il s’agisse des utilisateurs individuels, simplement désireux de communiquer avec leur famille, mais aussi des blogs, écrivains, groupes informant leur communauté de leur actualité et  créant aussi des discussions sans rapport, ou même des entreprises travaillant leur image. En résumé : les administrateurs de pages, mais aussi les utilisateurs simples (comme votre humble serviteur) voyaient décroître depuis un moment les interactions de leurs amis (et/ou fans) avec leur contenu. Le chiffre de 15% a été annoncé. Pour donner aux posts davantage de vie, Facebook a sorti comme par magie la « parade » : pour toucher les 85% restants, payer. C’est là que le bât blesse : c’est un public qui doit légitimement entendre ce que l’on a à dire, puisqu’il s’agit d’amis, ou de « fans » qui ont « liké » une page, ce qui est une expression d’intérêt, et donc un assentiment à recevoir de la communication de l’entité correspondante. De nombreux animateurs, webmestres et entrepreneurs, découvrant l’article, ont confirmé par leur expérience en commentaires.

Lundi, pour faire passer le message, j’ai payé les 5.80$ demandés par FB pour promouvoir l’article dénonçant cette manigance. Cinq jours plus tard, je vous propose de partager les résultats. C’est éloquent. J’ai multiplié mon trafic habituel par 100 (oui, CENT), mais je vous donne les chiffres en détail. Il convient aussi, parce que l’article, de fait, est devenu presque viral (à ma totale surprise) de répondre aux critiques idiotes comme de relayer les remarques fondées qui ont circulé un peu partout en réaction.

Petite présentation pour ceux (et ils sont nombreux vu les stats, salut, bonjour, hola que tal) qui débarquent et se demandant qui est le type qui leur parle : salut, moi, c’est Lionel Davoust. Mon métier, à la base, c’est ingénieur halieute reconverti en écrivain. Je ne suis pas un communicant, un expert SEO, mais un auteur de fiction (fantasy et thriller, ma série Léviathan, qui mélange aventure et occultisme documenté, a eu les honneurs de la télévision, de la radio et de la presse nationale comme Le Point, ou Le Nouvel Obs et de blogs un peu partout sur la toile) doublé d’un geek. J’aime le Net, et j’aime le fait de pouvoir créer une communauté autour de mon boulot et de nos goûts communs : c’est pour ça que je tiens un blog, un site, que je suis sur les réseaux sociaux. Je parle de SF & fantasy, d’édition, de technique d’écriture et de voyages. Si ces articles et ce blog vous ont intéressé, peut-être voudrez-vous en découvrir plus sur mon « vrai » travail par les liens de ce site, chez votre libraire préféré ou en ligne. Fin de l’encart pub.

Non, cela ne concerne pas que les pages, mais tous les utilisateurs

« Ouaiiiis, je peux pas y croire, ça ne concerne que les fan pages de toute façon. » Ben non, les gens. Je suis un utilisateur lambda comme vous, parce que je n’aime pas l’idée d’une fan page, et que je me refuse donc à en créer tant que je n’aurai pas atteint les 5000 amis maximum permis par Facebook sur un profil personnel. Donc, si, cela concerne les fan pages, mais aussi les profils personnels. Vous, oncle Hugues, tata Simone.

La promotion n’est pas l’Edgerank

Je l’avais déjà cité à demi-mot dans l’article d’origine en note de bas de page, mais revenons-y : la promotion (payer) n’est pas l’Edgerank. L’Edgerank c’est l’algorithme de FB qui vous montre, dans le flux d’actu, les nouvelles qui sont censées être les plus pertinentes pour vous ; en particulier, cela représente les posts qui génèrent le plus d’interaction. Cela semblait une façon raisonnable de trier le contenu, et beaucoup de community managers ont investi là-dessus pour créer des interactions saines et constructives avec leur communauté (valeur ajoutée pour tout le monde, yeah !). La promotion n’a rien à voir, et passe allégrement au-dessus de l’Edgerank pour vous proposer, eh bien, de la « pub » payée.

Tu as vraiment multiplié ton trafic par 100 ?

Oui. Je suis très transparent sur mes stats de visite, parce que ce blog s’appelle (ça doit encore être écrit quelque part) Expériences en temps réel et que je me suis toujours promis, si je me lançais dans l’entreprise égocentrique de l’autofiction, d’en faire une zone de risque et de non-prise au sérieux. Donc, je ne me la joue pas personal-branding-ouais-j’ai-500000-visites-uniques. On ne confond pas les hits et les visites uniques, mec. Bref.

Quand vous promouvez un article sur FB (5.80$, on le rappelle, pour un utlisateur lambda avec – dans mon cas – environ 1100 amis), celui-ci vous fournit obligeamment le graphique suivant (capture d’écran prise mercredi soir, la proportion ne bouge plus énormément) :

« Paid views. » Vous mordez l’esprit ? « Paid views. » Alors qu’en principe, les abonnés à mes mises à jour, mes amis, sont plutôt intéressés parce que j’ai à raconter. Pourquoi dois-je payer pour les atteindre ? On remarque que je n’ai pas le ratio annoncé par l’étude de Dangerous Minds qui m’a servi de source, mais que j’ai presque une proportion de 2/3 contre 1/3, ce qui reste énorme.

Maintenant, accrochez-vous au siège. Voici les stats de lecture relevées ici par WordPress (toutes les images s’agrandiront si vous cliquez dessus).

Pas de stats sur les jours précédents ? Je n’ai rien fait le reste du temps ? Non. C’est juste que mes stats habituelles sont tellement faibles en comparaison que cet article promu éclipse le reste. Je ne me plains évidemment pas que la nouvelle ait circulé à ce point (même si j’en suis presque effrayé) ni que l’article soit devenu, pour ainsi dire, viral (il est arrivé jusqu’à Doctissimo et c’est ma fierté) ; par contre, payer pour, je ne suis pas d’accord. Alors, je pourrais attribuer le succès de cet article à son sujet brûlant, à sa qualité de rédaction, à mon charisme naturel, bien sûr, ce dont personne ne doute ici, c’est l’évidence, n’est-ce pas, mais je suis un peu plus cynique (ça me perdra). Sur trois jours, l’article a généré 3998 + 15961 + 7139 lectures, soit un peu plus de 27 000. En 2011, mon article le plus populaire (hors circonstance particulière) a généré 500 lectures sur un an ; en moyenne, je reçois dans les 300 lectures à l’année sur un article (300 x 100 = 30 000). Et là, nous parlons de trois jours. Par curiosité, j’ai regardé les stats de visite dans la demi-heure suivant la publication de l’article – cela ne pouvait pas déjà être encore viral – et j’étais à 600 lectures. Contre une vingtaine habituellement.

D’où vient ce trafic ?

Je repose la question : prise d’otage, quelqu’un ?

La parade ?

Merci à Ayerdhal, qui a fort intelligemment et le premier souligné une parade intégrée dans FB, mais très peu documentée : les listes d’intérêt. Pour parer à ce filtrage automatique de votre flux d’actu, vous pouvez créer des listes d’intérêt pour classer vos amis et pages suivies en groupes où, normalement, vous recevrez toutes les mises à jour. Pour ce faire, cliquez sur la roue crantée en haut à droite du profil suivi et cliquez « Ajouter à une liste d’intérêt » (on vous proposera d’en créer une si vous n’en avez pas). Vous avez intérêt à faire ça au plus vite avant que Nike, MacDo et Coca n’inondent votre flux d’actu d’images toutes lol à faire tourner pour lutter contre l’infarctus de l’auriculaire. Néanmoins, cela reste une manoeuvre bien compliquée pour ce qui était à l’origine simple et naturel ; et qu’est-ce qui empêchera FB, si l’envie lui prend de changer la donne à nouveau, d’appliquer le même système qu’au flux d’actu sur les listes ? Choisissant à votre place ce que vous verrez ?

N’oubliez pas que la solution la plus élégante, gratuite et libre pour suivre une actualité reste le flux RSS : on ne vous cache rien, vous choisissez l’information que vous voulez suivre, et sauter d’un article qui ne vous intéresse pas au suivant qui vous intéresse plus est immédiat. Sans compter que les flux ne mentionnent rien de Farmville.

Merci à Pierre, qui propose les liens suivants pour commencer à découvrir le RSS :

FIREFOX : http://www.francoismagnan.info/node/15

CHROME (pas testé) : https://chrome.google.com/extensions/detail/nlbjncdgjeocebhnmkbbbdekmmmcbfjd?itemlang=fr

AUTRES Le RSS est standardisé et de nombreuses solutions existent pour le lire. La plus populaire est probablement google reader, mais de nombreux autres logiciels existent pour s’en servir (une recherche d’agregateur RSS dans google vous aidera à trouver votre bonheur). https://www.google.com/reader/view/

Pour mémoire, le flux RSS de ce site habite ici, et il y a toujours la newsletter.

N’hésitez pas à continuer à partager votre expérience, vos parades en commentaires. Une seule directive ; je ne veux plus de pub à peine dissimulée pour TheChangeBook. Vous pouvez en parler, mais soyez constructifs et argumentés. Je supprimerai également sans préavis toute réaction qui emploiera l’expression « alternatif et engagé », parce que j’ai toujours regardé les dreadlocks comme un danger pour la santé publique.

Note de bas de page visant à la transparence : pour voir si le phénomène peut être réédité, je vais payer à nouveau pour cet article sur FB. Oui, c’est nourrir la main qui vous mord et le serpent qui se mange la queue, mais le scientifique en moi ne résiste pas à une expérience.

2012-11-02T12:06:40+01:00vendredi 2 novembre 2012|Le monde du livre|26 Commentaires
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