Liseuse, tablette, quoi t’est-ce, que prends-je ? (3)

Retrouvez les précédents articles de cette série : Introduction, nécessité ou non d’un livre électronique

Hier, nous discutions de l’intérêt du livre électronique (livrel) ; aujourd’hui, nous allons parler du matos en soi et des deux supports rois de la lecture sur support informatique, la tablette, et la liseuse, une distinction souvent mal comprise.

La tablette (qui n’est pas du chocolat)

Une tablette, c’est facile à définir. Vous voyez un smartphone ? Vous voyez un ordinateur portable ? C’est le chaînon manquant entre les deux. Une tablette fait souvent fonctionner un système d’exploitation hérité du monde mobile (Android, iOS, maintenant Windows 8) et en récupère la polyvalence des applications (Internet, bureautique, courriel, jeux…) ainsi que l’autonomie et la simplicité d’usage. Là-dessus, on peut, comme sur un smartphone ou un ordinateur, importer et lire des fichiers numériques, ainsi qu’installer les applications de lecture propriétaires des grandes librairies numériques (Kindle). Une tablette est donc un appareil polyvalent mais assez cher (quelques centaines d’euros), équipée d’un écran classique, ce qui, dans l’optique de la lecture, n’est pas le plus agréable. En résumé, avec une tablette, on fait plein de trucs, dont lire.

La liseuse (qui n’est pas une lampe)

Au contraire, la liseuse est un appareil avant tout destiné à la lecture. À cette fin, elle est équipée, non pas d’un écran, mais d’encre électronique, et ça fait vraiment toute la différence. L’encre électronique est visuellement identique à une page imprimée ; des billes microscopiques bicolores insérées dans l’épaisseur du support se disposent de manière à composer la page consultée, à la manière de gouttes d’encre que l’on pourrait réagencer comme on le souhaite. Le résultat équivaut au confort du papier, il est même supérieur, tant l’« impression » est fine. On n’a pas le désagrément de la luminosité du rétroéclairage comme sur un écran classique ; cela se lit parfaitement en plein soleil – en contrepartie, si la clarté ambiante est basse, il faudra une lampe d’appoint (une… liseuse). Exactement comme avec du papier. Si le but est avant tout de lire, il faut une liseuse, pas de doute là-dessus. En plus, elles sont bien moins chères que les tablettes (on commence à voir des modèles à moins de 100 euros). Certaines commencent à importer des fonctionnalités des tablettes – lecteur de musique, navigateur Internet, applications de prise de notes – mais c’est un luxe.

Tactile ou pas tactile ?

Les liseuses se déclinent de plus en plus en modèles d’entrée de gamme, non tactiles, et modèles avancés, tactiles. Il apparaît que le tactile reste un luxe superflu si le simple but est de lire : tourner les pages d’un bouton et naviguer dans les menus d’un curseur n’est guère plus inconfortable que de le faire au doigt. On pourra en revanche se poser la question dans le cas de la prise de notes. Prendre des notes avec une liseuse non tactile et sans clavier équivaut à lire Guerre et Paix en le recopiant à la main. C’est tellement fastidieux qu’on approche de l’impossible. Si vous désirez pouvoir griffonner dans la marge tout ce que vous inspire votre lecture ou que vous souhaitez prendre des notes sur l’intégrale de Michelet pour votre agreg’, alors un modèle tactile (ou doté d’un stylet) pourra s’imposer.

Jusqu’ici, nous ne sommes toujours pas entrés dans ce qu’on pourrait considérer comme le vif du sujet : les fabricants. Ce sera le sujet de lundi, avec le nœud du problème : les DRM. Quant à toi, auguste lectorat, qu’est-ce qui te fait envie entre les deux approches ?

2014-08-30T16:35:31+02:00vendredi 14 décembre 2012|Le monde du livre|8 Commentaires

Congrès à Bordeaux sur la SF et la métaphysique

Hop, une petite info qui mérite qu’on la fasse tourner : du 21 au 23 novembre se tiendra à Bordeaux un colloque universitaire intitulé « Les dieux cachés de la science-fiction française et francophone : métaphysique, religion et politique ? (1950-2010) ».

Plusieurs spécialistes interrogeront les multiples inspirations d’un genre littéraire qui questionne autant les champs du réel qu’il explore les possibles de l’au-delà.

A l’occasion de ce colloque, la bibliothèque Mériadeck mettra en valeur, par des présentations d’ouvrages, le foisonnement de la littérature de science-fiction.

Le programme promet d’être riche d’interventions pointues et éclairées sur ce confluent de thèmes qui sous-tend une part importante des littératures de l’imaginaire, mais qui est pourtant rarement évoqué.

Toutes les informations pratiques sont sur cette page.

2012-11-26T22:33:05+01:00jeudi 22 novembre 2012|Le monde du livre|2 Commentaires

2e baromètre du livre numérique : nouveaux usages, pas de nouveaux lecteurs

Or doncques, la SOFIA, le SNE et la SGDL réalisent périodiquement un baromètre des usages du livre numérique, une enquête fort utile pour savoir où nous mettons les pieds. Que veulent les lecteurs, que font-ils, où va-t-on ? Les conclusions sont résumées dans un petit PDF de deux pages, et point ne vais davantage résumer la chose qu’elle ne l’est déjà, mais on note quand même, dans les grandes tendances, un certain attachement au téléchargement légal (l’installation des plate-formes bien ancrées comme Apple et Amazon nous aiderait-elle à proposer une offre facile d’emploi ?) par respect du droit d’auteur (yeah, merci !), et une progression de l’ebook, avec une érosion de la réticence. Cela ne me surprend guère : une grande part de celle-ci, je pense, provient d’une méconnaissance des liseuses, qui offrent un confort de lecture certain, qu’on n’imagine pas avant d’avoir essayé. Je rechignais moi-même avant de franchir le pas, de relire tout L’Aiglon dans un voyage en train et me dire : ah ouais, quand même, wow.

Mais oserais-je une outrecuidante prospective ? On constate que l’ebook, d’après l’enquête, crée de nouveaux usages et non de nouveaux lecteurs (cela signifie qu’un des grands espoirs rêvés pour le média, rendre la lecture sexy, n’est pas – encore – atteint). Personnellement, j’aime ma liseuse, mais, après des mois d’usage quasiment ininterrompu, j’en ai un peu marre. J’ai envie de retrouver du papier, la facilité de consultation qu’elle implique, le fait d’avoir un objet un peu sexy entre les pattes. Je vais faire un truc absurde, généraliser mon expérience, mais je pense qu’on est encore dans une phase de découverte du média, et que, comme toujours quand une nouveauté apparaît, elle va croître jusqu’à se stabiliser et cohabiter avec le papier, voire refluer un peu une fois établie. C’est un pressentiment totalement fondé sur du vent, hein. Mais je crois de plus en plus à la cohabitation entre papier et électronique, ce que n’ont pas réussi musique et cinéma dans une grande mesure, pour une raison simple : le livre, de base, est diablement plus attirant qu’un CD tout froid, et qu’il existe une tradition séculaire de beaux objets dans le métier ; qu’une bibliothèque sera à jamais belle alors qu’une CD-thèque c’est juste du plastoc qui prend de la place une fois le tout numérisé et balancé sur l’iPod ou Google Music. Et, pour aussi pratiques que soient les liseuses, le livre l’est aussi. Ce qui revient, comme le dit l’enquête, qu’on crée de nouveaux usages.

L’enquête tend enfin à démontrer que la lecture numérique décolle surtout grâce à la généralisation des tablettes. Une tablette, c’est cool (c’est tactile, et tout ce qui est tactile est rigolo – je sais ce que vous pensez, bande de dégueulasses), on peut faire plein de trucs avec, genre poker de la meuf sur Facebook ou consulter le cours du titane de carbone sur Les Échos, et avec, se rend-on compte, ho mais tiens donc, on peut lire. C’est la démonstration de ce que tous ceux qui suivaient l’action de près sentaient : pour vendre du livre électronique, il faut d’abord vendre l’écosystème qui va autour de l’équipement (voir Apple et son i-mode-de-vie et Amazon qui défonce les prix à coups de masse sur les Kindle). Étonnamment, on ne vend pas du livre électronique en vendant des livres, dans un premier lieu. Donc, maintenant que les supports arrivent, incidemment, on s’aperçoit qu’on n’est pas limité à liker des vidéos de lolcats mais qu’on peut aussi DL tout Schopenhauer pour avoir un truc à dire au moment d’aller serrer la fille du galleriste que nous avons déjà mentionnée.

2012-11-20T10:02:38+01:00lundi 19 novembre 2012|Le monde du livre|19 Commentaires

Palmarès des prix remis aux Utopiales

Affiche Nicolas Fructus

Car il est important que ces informations circulent. Information prise chez Gromovar, et j’en profite pour signaler l’article qu’il signale en lien, la rencontre avec les robots Nao, chez Traqueur Stellaire. C’est très étrange (et même un peu inquiétant, s’il faut en croire Terminator) de voir une image de la SF commencer véritablement à prendre vie.

  • Prix Utopiales Européen : Mordre le Bouclier de Justine Niogret
  • Prix Utopiales Européen Jeunesse : Saba Ange de la mort de Moira Young
  • Prix Julia Verlanger 2012 : La Route de Haut Safran de Jasper Fforde
  • Prix spécial du jury de la bande dessinée : Big Crunch de Rémi Gourrierec
  • Prix du Meilleur Album de SF 2012 : Daytripper de Gabriel Ba et Moon Fabio
  • Prix SyFy du public (compétition internationale de cinéma) : Iron Sky de Timo Vuorensola
  • Grand Prix du Jury (compétition internationale de cinéma) : Eega de S. S. Rajamouli
  • Prix Utopiales de la Compétition Européenne des courts métrages : La Mysterieuse disparition de Robert Ebb de Francois Xavier Goby, Clement Bolla et Matthieu Landour
  • Prix du meilleur scénario de jeu de rôle : Héros de guerre de Victor Bret
  • Prix Game Jam de création de jeux vidéos en 48h : ex aequo Thanks for playing et 2012 le jeu
  • Prix Planet-SF des blogueurs 2012 ; La fille automate, de Paolo Bacigalupi, traduit par Sara Doke.
2012-11-13T09:21:42+01:00mardi 13 novembre 2012|Le monde du livre|5 Commentaires

L’avenir appartient à ceux qui se lèvent aux Utos

De retour de Nantes et des Utopiales, avec lesquelles je vous ai bassinés pendant dix jours, mais cela le vaut bien, car il faut y venir, et ensuite, il faut y revenir.

J’aimerais bien avoir quelque chose de malin à raconter et à dire, comme toujours, mais j’avais déjà plus ou moins promis des photos tweetées et tout ce que j’ai pu envoyer, c’est une photo de l’affluence dans la Cité des Congrès, une du diorama Lego construit par d’incroyables artistes, et un tweet informant le vaste monde que la friteuse du Novotel avait pris feu.

Ce qui est vital, on en conviendra.

À quoi ressemblent mes Utos ? Eh bien, paradoxalement, vous en voyez largement plus que moi. Pour un auteur, les Utos sont un grand rassemblement où l’on retrouve les copains, les contacts (un contact n’était que quelqu’un avec qui vous avez des idées communes et qui deviendra donc un copain) mais où, aussi, on discute. Beaucoup. Souvent avec des bières. On discute de projets à venir, des siens et de ceux des autres ; les informations utiles, optimistes ou non, du métier ; et surtout, on revoit tous ceux qu’on ne voit qu’une ou deux fois par an, mais avec qui on correspond toute l’année. Bref, plus ou moins consciemment, on prend le pouls de la SF, mais on contribue aussi à ce pouls, on en fait  partie – de ce que Roland C. Wagner appelait, ainsi qu’il a été justement rappelé lors de l’émouvant hommage qui lui était dédié, le « peuple de la SF » – quel autre genre s’appelle le « peuple » de lui-même ? Peuple du polar ? Peuple du roman sentimental ? La SF – l’imaginaire – a quelque chose de particulier, c’est une famille avec ses embrassades et ses gueulantes le soir de Noël, et c’est ce qui la rend belle. D’ailleurs, ce pouls, me semble-t-il au vu de ces Utos, va extrêmement bien : j’ai vu une affluence comme rarement dans les couloirs (objectif des 50 000 visiteurs atteints d’après Elbakin !) ; des salles pleines (voire débordantes) pour les tables rondes, même à 10h du matin ; des libraires qui semblaient satisfaits ; un intérêt des grands médias pour la SF, et beaucoup de petits qui vous posaient d’excellentes questions.

Je suppose que les débats enregistrés seront bientôt mis en ligne ; je vais guetter l’information. Dans l’intervalle, je veux juste dire un chaleureux merci à toute l’organisation qui continue à renouveller cet événement avec des surprises d’année en année, aux bénévoles, aux copains, aux contacts, aux journalistes, blogueurs, et à vous, bien sûr, pour toutes les rencontres de ce week-end.

Et maintenant, pour ceux qui n’y étaient pas et qui nous ont manqué, retombées à suivre !

2012-11-12T14:22:44+01:00lundi 12 novembre 2012|Le monde du livre|21 Commentaires

Le racket de Facebook (suite) : j’ai payé pour un article et multiplié mon trafic par… 100

 

Moi aussi, je peux être démago et utiliser des bébés pour faire passer mon message.

Lundi, je parlais du racket de Facebook, comment le premier réseau social mondial prenait en otage ses utilisateurs en les forçant à payer pour récupérer le trafic auquel ils avaient légitimement droit – qu’il s’agisse des utilisateurs individuels, simplement désireux de communiquer avec leur famille, mais aussi des blogs, écrivains, groupes informant leur communauté de leur actualité et  créant aussi des discussions sans rapport, ou même des entreprises travaillant leur image. En résumé : les administrateurs de pages, mais aussi les utilisateurs simples (comme votre humble serviteur) voyaient décroître depuis un moment les interactions de leurs amis (et/ou fans) avec leur contenu. Le chiffre de 15% a été annoncé. Pour donner aux posts davantage de vie, Facebook a sorti comme par magie la « parade » : pour toucher les 85% restants, payer. C’est là que le bât blesse : c’est un public qui doit légitimement entendre ce que l’on a à dire, puisqu’il s’agit d’amis, ou de « fans » qui ont « liké » une page, ce qui est une expression d’intérêt, et donc un assentiment à recevoir de la communication de l’entité correspondante. De nombreux animateurs, webmestres et entrepreneurs, découvrant l’article, ont confirmé par leur expérience en commentaires.

Lundi, pour faire passer le message, j’ai payé les 5.80$ demandés par FB pour promouvoir l’article dénonçant cette manigance. Cinq jours plus tard, je vous propose de partager les résultats. C’est éloquent. J’ai multiplié mon trafic habituel par 100 (oui, CENT), mais je vous donne les chiffres en détail. Il convient aussi, parce que l’article, de fait, est devenu presque viral (à ma totale surprise) de répondre aux critiques idiotes comme de relayer les remarques fondées qui ont circulé un peu partout en réaction.

Petite présentation pour ceux (et ils sont nombreux vu les stats, salut, bonjour, hola que tal) qui débarquent et se demandant qui est le type qui leur parle : salut, moi, c’est Lionel Davoust. Mon métier, à la base, c’est ingénieur halieute reconverti en écrivain. Je ne suis pas un communicant, un expert SEO, mais un auteur de fiction (fantasy et thriller, ma série Léviathan, qui mélange aventure et occultisme documenté, a eu les honneurs de la télévision, de la radio et de la presse nationale comme Le Point, ou Le Nouvel Obs et de blogs un peu partout sur la toile) doublé d’un geek. J’aime le Net, et j’aime le fait de pouvoir créer une communauté autour de mon boulot et de nos goûts communs : c’est pour ça que je tiens un blog, un site, que je suis sur les réseaux sociaux. Je parle de SF & fantasy, d’édition, de technique d’écriture et de voyages. Si ces articles et ce blog vous ont intéressé, peut-être voudrez-vous en découvrir plus sur mon « vrai » travail par les liens de ce site, chez votre libraire préféré ou en ligne. Fin de l’encart pub.

Non, cela ne concerne pas que les pages, mais tous les utilisateurs

« Ouaiiiis, je peux pas y croire, ça ne concerne que les fan pages de toute façon. » Ben non, les gens. Je suis un utilisateur lambda comme vous, parce que je n’aime pas l’idée d’une fan page, et que je me refuse donc à en créer tant que je n’aurai pas atteint les 5000 amis maximum permis par Facebook sur un profil personnel. Donc, si, cela concerne les fan pages, mais aussi les profils personnels. Vous, oncle Hugues, tata Simone.

La promotion n’est pas l’Edgerank

Je l’avais déjà cité à demi-mot dans l’article d’origine en note de bas de page, mais revenons-y : la promotion (payer) n’est pas l’Edgerank. L’Edgerank c’est l’algorithme de FB qui vous montre, dans le flux d’actu, les nouvelles qui sont censées être les plus pertinentes pour vous ; en particulier, cela représente les posts qui génèrent le plus d’interaction. Cela semblait une façon raisonnable de trier le contenu, et beaucoup de community managers ont investi là-dessus pour créer des interactions saines et constructives avec leur communauté (valeur ajoutée pour tout le monde, yeah !). La promotion n’a rien à voir, et passe allégrement au-dessus de l’Edgerank pour vous proposer, eh bien, de la « pub » payée.

Tu as vraiment multiplié ton trafic par 100 ?

Oui. Je suis très transparent sur mes stats de visite, parce que ce blog s’appelle (ça doit encore être écrit quelque part) Expériences en temps réel et que je me suis toujours promis, si je me lançais dans l’entreprise égocentrique de l’autofiction, d’en faire une zone de risque et de non-prise au sérieux. Donc, je ne me la joue pas personal-branding-ouais-j’ai-500000-visites-uniques. On ne confond pas les hits et les visites uniques, mec. Bref.

Quand vous promouvez un article sur FB (5.80$, on le rappelle, pour un utlisateur lambda avec – dans mon cas – environ 1100 amis), celui-ci vous fournit obligeamment le graphique suivant (capture d’écran prise mercredi soir, la proportion ne bouge plus énormément) :

« Paid views. » Vous mordez l’esprit ? « Paid views. » Alors qu’en principe, les abonnés à mes mises à jour, mes amis, sont plutôt intéressés parce que j’ai à raconter. Pourquoi dois-je payer pour les atteindre ? On remarque que je n’ai pas le ratio annoncé par l’étude de Dangerous Minds qui m’a servi de source, mais que j’ai presque une proportion de 2/3 contre 1/3, ce qui reste énorme.

Maintenant, accrochez-vous au siège. Voici les stats de lecture relevées ici par WordPress (toutes les images s’agrandiront si vous cliquez dessus).

Pas de stats sur les jours précédents ? Je n’ai rien fait le reste du temps ? Non. C’est juste que mes stats habituelles sont tellement faibles en comparaison que cet article promu éclipse le reste. Je ne me plains évidemment pas que la nouvelle ait circulé à ce point (même si j’en suis presque effrayé) ni que l’article soit devenu, pour ainsi dire, viral (il est arrivé jusqu’à Doctissimo et c’est ma fierté) ; par contre, payer pour, je ne suis pas d’accord. Alors, je pourrais attribuer le succès de cet article à son sujet brûlant, à sa qualité de rédaction, à mon charisme naturel, bien sûr, ce dont personne ne doute ici, c’est l’évidence, n’est-ce pas, mais je suis un peu plus cynique (ça me perdra). Sur trois jours, l’article a généré 3998 + 15961 + 7139 lectures, soit un peu plus de 27 000. En 2011, mon article le plus populaire (hors circonstance particulière) a généré 500 lectures sur un an ; en moyenne, je reçois dans les 300 lectures à l’année sur un article (300 x 100 = 30 000). Et là, nous parlons de trois jours. Par curiosité, j’ai regardé les stats de visite dans la demi-heure suivant la publication de l’article – cela ne pouvait pas déjà être encore viral – et j’étais à 600 lectures. Contre une vingtaine habituellement.

D’où vient ce trafic ?

Je repose la question : prise d’otage, quelqu’un ?

La parade ?

Merci à Ayerdhal, qui a fort intelligemment et le premier souligné une parade intégrée dans FB, mais très peu documentée : les listes d’intérêt. Pour parer à ce filtrage automatique de votre flux d’actu, vous pouvez créer des listes d’intérêt pour classer vos amis et pages suivies en groupes où, normalement, vous recevrez toutes les mises à jour. Pour ce faire, cliquez sur la roue crantée en haut à droite du profil suivi et cliquez « Ajouter à une liste d’intérêt » (on vous proposera d’en créer une si vous n’en avez pas). Vous avez intérêt à faire ça au plus vite avant que Nike, MacDo et Coca n’inondent votre flux d’actu d’images toutes lol à faire tourner pour lutter contre l’infarctus de l’auriculaire. Néanmoins, cela reste une manoeuvre bien compliquée pour ce qui était à l’origine simple et naturel ; et qu’est-ce qui empêchera FB, si l’envie lui prend de changer la donne à nouveau, d’appliquer le même système qu’au flux d’actu sur les listes ? Choisissant à votre place ce que vous verrez ?

N’oubliez pas que la solution la plus élégante, gratuite et libre pour suivre une actualité reste le flux RSS : on ne vous cache rien, vous choisissez l’information que vous voulez suivre, et sauter d’un article qui ne vous intéresse pas au suivant qui vous intéresse plus est immédiat. Sans compter que les flux ne mentionnent rien de Farmville.

Merci à Pierre, qui propose les liens suivants pour commencer à découvrir le RSS :

FIREFOX : http://www.francoismagnan.info/node/15

CHROME (pas testé) : https://chrome.google.com/extensions/detail/nlbjncdgjeocebhnmkbbbdekmmmcbfjd?itemlang=fr

AUTRES Le RSS est standardisé et de nombreuses solutions existent pour le lire. La plus populaire est probablement google reader, mais de nombreux autres logiciels existent pour s’en servir (une recherche d’agregateur RSS dans google vous aidera à trouver votre bonheur). https://www.google.com/reader/view/

Pour mémoire, le flux RSS de ce site habite ici, et il y a toujours la newsletter.

N’hésitez pas à continuer à partager votre expérience, vos parades en commentaires. Une seule directive ; je ne veux plus de pub à peine dissimulée pour TheChangeBook. Vous pouvez en parler, mais soyez constructifs et argumentés. Je supprimerai également sans préavis toute réaction qui emploiera l’expression « alternatif et engagé », parce que j’ai toujours regardé les dreadlocks comme un danger pour la santé publique.

Note de bas de page visant à la transparence : pour voir si le phénomène peut être réédité, je vais payer à nouveau pour cet article sur FB. Oui, c’est nourrir la main qui vous mord et le serpent qui se mange la queue, mais le scientifique en moi ne résiste pas à une expérience.

2012-11-02T12:06:40+01:00vendredi 2 novembre 2012|Le monde du livre|26 Commentaires

Mickey in outer space

Ça date d’hier : Disney a acheté Lucasfilm pour (accrochez-vous au siège) plus de 4 milliards de dollars. George Lucas, créateur de Star Wars, mentionne qu’il a toujours pensé passer le flambeau de la licence (on dit licence, sacredieu, pas franchise, « franchise » c’est en anglais, si je vous parle de franchise en français, c’est que j’ai un truc à vous dire et que je l’avoue sans détour, comme ici quand je vous confie qu’on dit licence en français, et pas franchise, sacredieu, KNOW THE DIFFERENCE IT CAN SAVE YOUR LIFE) à de nouveaux réalisateurs (c’est chiant de reprende le fil, hein ?) et que ce n’était pas plus mal que cela se fasse de son vivant.

Dans la foulée, Disney annonce un Star Wars 7 pour 2015. George Lucas sera « consultant créatif » sur les films, ce qui, en langage hollywoodien, signifie : « tu pourras regarder ce qui se trame, on associera ton nom au générique, on te demandera peut-être ton avis, mais rien ne nous oblige à l’écouter ». (Parfois, ils ajoutent « bâtard » en signant le contrat d’une main crispée, mais seulement entre leurs dents serrées, et pas trop fort.)

Le Net est en émoi face à ce rachat : Disney est devenu synonyme d’entertainment édulcoré à grand spectacle avec une coloration franchement niaise. Que va devenir Star Wars entre leurs mains ? Frissons d’angoisse, apoplexies, frémissements, etc.

J’ai envie de dire : « que peut devenir Star Wars de pire entre leurs mains qu’entre celles de George Lucas ? » Après Jar-Jar- Binks, les roulades dans les foins avec Natalie Portman, Anakin Skywalker le gamin magique qui remporte les batailles interstellaires en appuyant sur tous les boutons du cockpit, Anakin Skywalker l’adolescent tourmenté par ses hormones qui se la joue ANGST ANGST ANGST, Anakin Skywalker qui est gentil puis méchant puis gentil puis je vais péter la gueule à tout le monde, « Nooooo » ?

On craint une dérive vers une infantilisation de la licence, Star Wars étant considéré plus mature que d’autres, comme Tron. Plus mature ? Wat ? Replaçons-nous un instant en 1978, dans le contexte de la première trilogie. Deux robots duettistes mignons, des petits extraterrestres rigolos qui font « ouh tchen di » ou, plus tard, des nounours en peluche qui se rangent du côté des gentils : à qui cela s’adressait, si ce n’est aux enfants ? Ce n’est pas pour dire que Star Wars est une licence jeunesse ; sa force a justement été de savoir s’adresser à tous les publics avec un beau dosage d’action, de personnages forts, d’images inoubliables. Mais C3-PO, R2-D2 et les Ewoks sont les icônes d’enfance des trentenaires d’aujourd’hui, qui ne les ont jamais quittés ; c’est un mécanisme classique de faire grandir ses héros avec soi, et donc de les considérer avec un oeil légèrement plus émerveillé que si, mettons, Star Wars 7 introduisait une peuplade de licornes magiques sur une planète arc-en-ciel. (Je prie qu’ils aient cette idée complètement idiote. Sérieusement. Que je leur colle un procès à la Harlan Ellison, maintenant que c’est écrit noir sur blanc et daté.)

Mais où trouver les idées ? Hé, Star Wars a été dès le début pensé comme une longue série, un univers dont Lucas n’a dévoilé qu’une infime partie. Mais, et la dérive merchandising ? Hé, vous rigolez ? Star Wars inonde le marché de draps Star Wars, de tasses Star Wars, de lance-flammes Star Wars (les enfants l’adorent) depuis 35 ans ; Lucas a même fondé sa fortune sur les droits dérivés.

Star Wars racheté par Disney ? Disney a montré, avec Pirates des Caraïbes et même Tron : Legacy qu’ils savaient faire de bons films.

Résultat, à mon sens, on ne court que deux risques : 1) d’avoir davantage de Star Wars alors que Lucas sortait les films au compte-goutte ; 2) qu’ils soient éventuellement meilleurs que La Menace Fantôme. En ma qualité d’atome de public, je trouve que c’est un bon deal.

2012-10-31T10:01:46+01:00mercredi 31 octobre 2012|Le monde du livre|14 Commentaires

Il faut cesser d’amalgamer droit d’auteur et copyright

Tandis que les anciens modèles économiques de distribution et de production de la culture se fissurent avec la dématérialisation et le téléchargement, un certain nombre de nouvelles théories émergent, des réflexions se forment, sur l’évolution de l’art et la rémunération de ses acteurs, du créateur au distributeur.

Parmi ces discussions, et puisque la plupart des initiatives viennent des États-Unis, on voit régulièrement la traduction, maladroite et erronée, de « copyright » par « droit d’auteur » en français.

Cet article vise à démontrer, de façon claire et définitive, pourquoi cet amalgame, en plus d’être une ânerie, représente un danger pour la création, et pourquoi, au lieu de considérer la question comme accessoire, les tenant du libre devraient au contraire s’en soucier au plus haut point.

Par ailleurs, cet article a été relu et validé par un spécialiste du droit d’auteur, qui étudie sur le plan juridique son application et les différences de régime entre US et France. Caveat : merci de ne pas venir protester en commentaires pour dire que les choses ne fonctionnent pas comme ça : mon métier me fait pratiquer cela au quotidien, ces questions font la profession de mon relecteur, ce qui, pardonnez-moi d’être abrupt, ne fait pas le poids face aux oui-dire, aux rumeurs et aux conceptions erronées.

Maintenant, avanti.

Quels sont les droits sur une oeuvre de l’esprit ?

Les droits relatifs à une oeuvre de l’esprit s’articulent selon deux axes.

Le respect de l’oeuvre : le droit moral

Le droit moral concerne la reconnaissance de la souveraineté du créateur sur sa création. Puisqu’il en est le créateur, sans qui rien n’existerait, il a tout pouvoir sur son oeuvre. Il peut notamment exiger que soit respectée l’intégrité de son oeuvre, et qu’elle ne soit pas exploitée d’une façon qui lui déplaise. Par exemple, le droit moral signifie, mais ne se limite pas aux points suivants :

  • L’oeuvre ne doit pas être altérée. (Le galleriste ne peut pas rajouter un Mickey sur mon tableau ; l’éditeur ne peut pas me sucrer un chapitre sans mon consentement.)
  • Elle doit être exploitée conformément à mes voeux. (Je peux refuser que Marine Le Pen utilise ma chanson pour introduire un de ses meetings si je déteste ses idées ; si un éditeur charcute une de mes traductions, je peux refuser que mon nom apparaisse pour ne pas être associé à ça.)
  • J’en suis le créateur et c’est inaliénable1. C’est le droit de paternité.

L’exploitation de l’oeuvre : les droits patrimoniaux

Avec les droits patrimoniaux, nous quittons le monde pur de l’idée. Quand une création est disséminée, elle est exploitée, et cela relève classiquement de la logique économique : le public va jouir de l’oeuvre, en retirer un plaisir (ou un avantage, si, par exemple, une entreprise veut illustrer sa publicité avec ma chanson), et va donner de l’argent en échange de ce travail. Sachant que dans la logique de marché2, la jouissance d’un produit se rapporte à l’achat de celui-ci, l’exploitation de la création se fonde, en première approche, sur la production d’exemplaires et leur commercialisation.

C’est ce que recouvrent les droits patrimoniaux : une oeuvre fait partie du patrimoine d’un créateur, droits qui sont exploités contre, espérons-le, rémunération. Notons que ces droits appartiennent à la base, eux aussi, au créateur ; mais que, la plupart du temps, il n’est pas armé pour les exploiter (on est rarement auteur, éditeur, distributeur et libraire à la fois), aussi va-t-il les céder, contre rémunération, à un acteur qui va, lui, les exploiter, et dont c’est le métier.

C’est pourquoi les contrats d’édition etc. s’appellent techniquement des « contrats de cession de droits d’exploitation ».

Maintenant, abordons les particularités des deux régimes : copyright et droit d’auteur.

Copyright Vs. Droit d’auteur

Même Wikipédia, en préambule de la page copyright, fait un distinguo clair :

Le copyright relève plus d’une logique économique et accorde un droit moral restreint, là où le droit d’auteur assure un droit moral fort en s’appuyant sur le lien entre l’auteur et son œuvre.

Entrons dans les détails.

Qu’est-ce que le copyright ?

Le copyright est une marchandise.

Le copyright, étymologiquement, concerne the right of the copy, ce qui n’est pas, contrairement à ce qu’on lit partout (autre ânerie), le droit de copie, mais le droit relatif à l’exemplaire, soit, en réalité, avant toute chose, le droit relatif à l’exploitation des oeuvres, soit les droits patrimoniaux. Le copyright, reconnu à l’échelle mondiale, mentionne un droit moral, mais celui-ci – et c’est toute l’importance du distinguo – est secondaire aux droits patrimoniaux. En d’autres termes, pour simplifier, pour qu’il existe une exploitation d’une oeuvre, il faut quelqu’un à qui l’attribuer, donc cela implique la nécessité d’un droit moral, mais celui-ci est réduit. Le droit moral, dans ce régime, peut être cédé de manière irréversible. Dans le régime du copyright, tout droit est achetable, et son acquéreur en fait ce qu’il veut. Je n’aime pas l’expression, mais le copyright est, pour simplifier, la loi de l’argent.

Par extension, le copyright peut s’appliquer à toute oeuvre de l’esprit originale – un logo, comme celui des Jeux Olympiques – et peut être déposé par un producteur, un éditeur, une entreprise, sur une oeuvre, collective ou non. C’est une première évidence qui fait de la traduction de « copyright » par « droit d’auteur » une absurdité : comment peut-il y avoir un droit d’auteur quand on a affaire à la création d’une entreprise américaine qui a acheté le droit de paternité d’une oeuvre, au point qu’il n’y a donc plus d’auteur ?

Pour résumer : Copyright = Droits patrimoniaux > Droit moral

Qu’est-ce que le droit d’auteur ?

Le droit d’auteur protège l’Homme.

Il protège avant toute chose, non pas l’oeuvre, mais les droits du créateur sur sa création. Ils sont inaliénables, et seuls les droits patrimoniaux sont cessibles.

Hérité du droit romain et repris en 1789 avec la Révolution, le droit d’auteur, en vigueur en France et dans certains pays européens, emploie la logique inverse du copyright. Il place le droit moral – donc le créateur, souverain sur son oeuvre, celui sans qui, rappelons-le, rien n’existerait – au centre du dispositif, et les droits patrimoniaux découlent de son désir d’exploitation. Seul un créateur dispose de droits d’auteur. Pas une compagnie, une entreprise, un acteur économique3, seulement un créateur (ou un groupe de créateurs), ce qui place l’art au centre du dispositif économique, et subordonne, autant qu’il est possible et contrairement au copyright, l’importance de la création aux impératifs de marché, et non l’inverse.

Selon le droit d’auteur, le droit moral est souverain, non pécuniaire, incessible et inaliénable.

Pour résumer : Droit d’auteur = Droit moral > Droits patrimoniaux

Pourquoi il faut faire la différence

Même si les deux régimes s’efforcent de répondre aux mêmes impératifs, ils le font de manière opposée, répondant à deux conceptions différentes de l’économie, l’une anglo-américaine et libérale, l’autre européenne et d’ascendance romaine. Dans le droit d’auteur, le droit moral prime, ce qui place la création avant la logique économique, alors que dans le copyright, les droits patrimoniaux priment, ce qui place l’économie avant la création.

Répétons-le :

Le copyright est une marchandise.

Le droit d’auteur protège le créateur.

Or, droit moral, par exemple, il ne pourrait exister les licences Creative Commons chères aux libristes. En effet, dans une licence CC-By, par exemple, un artiste abandonne ses droits patrimoniaux, MAIS – et c’est le pilier de la licence, une des façons par lesquelles bien des créateurs se sont faits connaître, comme Cory Doctorow – il exige que l’oeuvre lui soit attribuée. C’est encore plus prégnant dans le cas de la licence CC-By-SA, où l’auteur autorise à ce que son travail soit « remixé », adapté, édité, MAIS uniquement si la nouvelle oeuvre résultante est distribuée selon le même mode libre. C’est une expression très forte du droit moral.

Quelle équivalence ?

Il n’y en a pas, même si une certaine partie des régimes se calquent l’un sur l’autre. Mais, en défintive, c’est très simple.

Le « copyright » en anglais, c’est le « copyright » aussi en français, car, on l’a vu, cela fait appel à une conception et un régime anglo-américains des choses.

Le « droit d’auteur », c’est « author’s rights » en anglais. Car cela fait appel à quelque chose de différent de leur conception des choses.

Il est capital de faire la distinction car, quand nombre d’activistes veulent torpiller le copyright et qu’ils traduisent par droit d’auteur, ils s’attaquent justement au pilier qu’ils souhaitent valoriser et défendre le plus souvent : le droit moral. La loi est un domaine rigoureux, où le vocabulaire a un poids, un sens précis, et qui ne tolère par l’à-peu-près.

Si l’on veut parler de ces sujets, il convient de savoir exactement de quoi l’on parle et d’employer les mots justes, en sachant ce qui se place derrière, si l’on veut commencer à être écouté.

EDIT : Franck Macrez, juriste et spécialiste du droit d’auteur, apporte ces précisions à l’article : 

Dans le droit moral, il n’y a pas que le droit au respect, dommage de le réduire à cela (le droit de divulgation c’est fondamental). Dans les droits patrimoniaux, il y a reproduction et représentation (important car le copyright ne connaît que la copie, d’où les textes absurdes qui nous viennent de Bruxelles, p. ex. sur les copies provisoires).

  1. Pas aux USA – ou le droit de paternité est cessible.
  2. On peut vouloir changer de logique. On conviendra qu’avant de réformer le copyright, il va d’abord falloir une révolution bolchevique pour changer la société, et ce n’est pas le thème de cet article.
  3. Hormis dans le cas d’ayant-droits après décès du créateur, mais il s’agit d’un transfert de droits.
2014-08-30T18:32:02+02:00vendredi 19 octobre 2012|Best Of, Le monde du livre|27 Commentaires

Humble ebook bundle

Une initiative connue des amateurs de jeux vidéos indépendants débarque dans le monde du livre : pour deux semaines, le Humble eBook Bundle propose huit livres électroniques de grands auteurs d’imaginaire (Paolo Bacigalupi, Lauren Beukes, Cory Doctorow, Neil Gaiman & Dave McKean, Kelly Link, Mercdes Lackey et John Scalzi, excusez du peu) pour un prix fixé par les lecteurs. Il s’agit principalement de financer des associations caritatives, mais chaque contributeur décide de la répartition de son achat. Évidemment, tous les livres sont sans DRM.

Bien sûr, je me prends à rêver à une initiative semblable avec les grands noms de l’imaginaire français. Et là, quand on connaît les chiffres de vente de l’édition électronique dans notre langue (ils sont minimes), on réfléchit logiquement à une façon de communiquer efficacement autour d’un tel projet pour lui donner le maximum d’impact. Comment le Humble Bundle s’est-il fait connaître à l’origine, comment émuler leur succès dans notre langue ? À la base, c’est le jeu vidéo indépendant qui les a propulsés sur le devant de la scène : une immense population, à laquelle l’équipe a ensuite pu proposer des lots de musique indé, et maintenant de littérature.

Donc, avec des projets en anglais à l’origine.

À la fin des six premières heures de mise en vente, le Humble eBook Bundle totalisait déjà plus de 27 000 ventes – une diffusion proprement hors de portée à tout auteur de genre français normalement constitué. Ce qui me conduit à un sombre constat : ces chiffres, qui font rêver auteurs indépendants et micro-éditeurs, sont quand même grandement accessibles en raison de la langue anglaise, qui touche un public d’une envergure unique. Ce qui invalide certainement leur transposition chez nous. Je me demande de plus en plus quelle sera la survie économique de l’auteur (du créateur) de langue française, italienne, finnoise, dans un monde globalisé autour de l’anglais. Et, au-delà, des langues dont il est question. Ce qui pose l’importance de la traduction, mais si plus personne ne lit les langues source (on en a parlé un peu ici), qui les financera ? Le Net accélère tellement la cadence depuis dix ans que je me demande si je ne verrai pas le français réduit au stade du navajo avant ma disparition. Je ne suis pas inquiet pour mon avenir, je suis bilingue. Mais quid de l’immensité des auteurs qui ne le sont pas, quid du parfum particulier et du goût culturel des autres langues, quid, tout simplement de différents rythmes de vie, de différentes façons de penser ?

2012-10-10T11:38:33+02:00vendredi 12 octobre 2012|Le monde du livre|2 Commentaires

Prix Lacour de l’imaginaire 2013

Hop, une info à diffuser entre le jambon fromage et le cookie depuis la gare d’Angers : le prix Lacour de l’imaginaire 2013 est lancé. Cette initiative permet à de jeunes auteurs d’obtenir un premier contrat d’édition et donc de se mettre le pied à l’étrier .Le gagnant 2012, sélectionné parmi un trentaine de manuscrits, est Yvette Aumerman pour Le Chant du Strigoï.

Toutes les infos sont sur le site idoine (dont on regrette toujours un peu l’apparence très HTML 3).

Entrez dans LA COUR DE L’IMAGINAIRE….www.lacourdelimaginaire.com

Vous êtes auteur, débutant ou non, de nouvelles ou de romans relevant de l’Imaginaire (Science – Fiction, Fantastique, Fantasy ) ?

Un collectif d’auteurs et de lecteurs passionnés a créé, en partenariat avec les EDITIONS LACOUR de NÎMES, le PRIX LACOUR DE L’IMAGINAIRE destiné à récompenser un manuscrit émergeant par ses qualités d’écriture et son originalité créative.
Parmi la trentaine d’ouvrages reçus non seulement de France, mais de Belgique, de Tunisie et du Congo, nous avons retenu le roman d’Yvette AUMERAN : « LE CHANT DU STIGOÏ» dont vous pouvez déjà lire des extraits sur le site.
Il sera édité à la fin de l’année 2012 et entrera dans la collection spécifique fondée au sein de la Maison d’Edition, collection dirigée par Nadia HARLEY, Raymond et Josette ISS
La sélection pour le PRIX 2013 est ouverte et s’achèvera le 31 mars 2013. Vous pouvez adresser vos manuscrits à l’adresse postale indiquée sur le site internet qui comporte, outre le règlement du prix, une présentation du contrat (un vrai contrat d’édition, et non à compte d’auteur ).

Pour plus de détails ou pour poser une question rendez-vous sur http://www.lacourdelimaginaire.com

2012-10-01T19:15:34+02:00lundi 1 octobre 2012|Le monde du livre|Commentaires fermés sur Prix Lacour de l’imaginaire 2013
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