Quelle est la meilleure application de notes ? (Spoiler : aucune n’est parfaite)

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Knowledge worker! (ça sonne beaucoup comme une harangue d’Arlette Laguiller.) Knowledge workers, knowledge workeuses, ou bien travailleur.ses du savoir, selon la définition popularisée par Getting Things Done, l’application de notes est le cœur, le nœud de notre système de productivité digital numérique (bordel).

À la fois base de données de connaissances, rappel d’informations nécessaires à garder sous la main, petit calepin Moleskine cossu et boîte à idées, l’application de notes, devenue ubiquitaire grâce au smartphone, est la clé de voûte de la gestion de son travail personnel. C’est d’autant plus vrai pour les créatifs, évidemment, et les auteurs en particulier, qui, après tout, gèrent et produisent en premier lieu du texte. Il y a véritablement une avalanche de séminaires / formations / chaînes YouTube vous expliquant en long en large et en travers comment organiser Evernote / Notion / pourquoi en fait vive le minimalisme et SimpleNote ça suffit.

Auguste lectorat, je suis parti dans une quête spirituelle à la recherche de l’application ultime et parfaite. Celle-ci, idéalement, offrirait toutes les fonctionnalités dont on rêve de manière à n’utiliser plus qu’un seul outil, une seule approche, merci beaucoup, prenez mon argent et laissez-moi travailler – mais je peux te l’annoncer tout de suite : elle n’existe pas. Cependant, mon polygone de contraintes est probablement différent du tien, alors histoire que tout ce temps passer à procrastiner rechercher le système de productivité parfait ne soit pas perdu, viens : tel le père Castor, je vais te parler d’applications de référence, et si avec ça tu t’endors pas, ben zut.

Qu’est-ce qu’on cherche au juste ?

Commençons par définir à mon sens ce qui constitue(rait) l’application de notes parfaite.

Réellement ubiquitaire. Soit : fonctionne sur toutes les plate-formes (pour moi : iOS et macOS). Mais aussi : propose les mêmes fonctionnalités sur chacune (ou peu s’en faut) ; et aussi, permet de stocker les données en local sur l’appareil (histoire d’avoir accès à ton billet d’avion dans la zone internationale de Plan-de-Cuques). Et avec une synchronisation au poil, cela va sans dire.

Gère tous les types de données. On peut lui envoyer ce qu’on veut, quelle que soit la taille, quelle que soit la donnée, l’application la reçoit, la digère, la synchronise, et dit merci.

Permet de formater correctement ses notes. « Correctement » est subjectif, mais l’idée est quand même d’avoir quelques styles de texte à se mettre sous la dent pour ne pas réduire chaque note à un mur de texte monotone et déprimant.

Facilite la capture. L’idée d’une application de prise de notes consiste à pouvoir saisir une information au vol : si la capturer est ne serait-ce qu’un peu compliqué, on laissera vite tomber.

Permet d’organiser les données avec simplicité et fluidité. Parce que je veux pouvoir retrouver et comprendre mes notes en 2035.

Respecte la vie privée. Parce que mes notes personnelles, c’est… heu… oui, voilà.

Agréable d’emploi. C’est subjectif, mais c’est important : c’est l’équivalent d’avoir un joli stylo et un carnet sympa. Ça donne envie de s’en servir.

Permet de lier les notes les unes aux autres. Ça a l’air très facultatif mais à mon sens, c’est indispensable. Pouvoir lier les notes ouvre deux possibilités : 1. Réaliser un wiki personnel autour de n’importe quoi, et 2. Référencer les notes depuis l’extérieur (comme depuis son gestionnaire de tâches).

Possède un vrai web clipper. La majorité des informations viennent du Net aujourd’hui. Il me paraît indispensable de pouvoir facilement piocher une information sur une page et la mettre de côté, avec son formatage respecté, dans ses notes pour référence ultérieure.

Automatisable. Prolongement de ce qui précède : une tâche répétitive doit pouvoir être automatisée dans son application de notes. C’est le rôle même d’un ordinateur, à la base.

Le verdict

Attention attention, j’utilise pour la première fois un tableau sur ce site, merci WordPress 5, je décline toute responsabilité en cas de fracture du CSS, mais pour tout compiler, ça sera plus simple. Et je n’entre pas dans les détails, parce que sinon j’en aurais pour quinze pages (… maiiiis si tu le souhaites, auguste lectorat, je pourrais, dans des articles dédiés).

Comment lire ce chose :

On va faire simple, chaque application est évaluée selon quatre emojis (parce que c’est bientôt 2020) :

  • ✅ : oui, très bien, parfait, même mieux que ça, j’en demandais pas tant.
  • ❌ : non, ne le fait pas, ou pas bien, ou prétend le faire mais c’est insuffisant.
  • 🆗 : fait le minimum syndical, n’en demandez pas trop mais c’est là et ça passe, okay.
  • 🤷‍♂️ : désolé, j’ai pas testé jusque là, parce que je suis tombé sur un dealbreaker avant.

Les applications en lice sont :

Evernote (indépendant)
http://evernote.com/
Mac, iOS, Android, Windows, Web, Linux
OneNote (Microsoft)
http://onenote.com/
Mac, iOS, Android, Windows, Web
Bear (indépendant)
https://bear.app
Mac, iOS
Simplenote (indépendant et open source)
https://simplenote.com
Mac, iOS, Android, Windows, Web, Linux
Notes (Apple)
https://support.apple.com/en-us/HT205773
Mac, iOS
DEVONthink (indépendant)
https://www.devontechnologies.com
Mac, iOS
Notion (indépendant)
https://www.notion.so
Mac, iOS, Android, Windows, Web
Roam (indépendant)
https://roamresearch.com
Web
Keep (Google)
https://keep.google.com/
Android, iOS, Web
Parité, ubiquité, offline🆗🆗🆗🆗🆗
Gère tout🆗🆗🆗🆗
Formatage🆗🆗🆗🆗🆗
Capture🆗🆗🤷‍♂️🆗🆗🤷‍♂️
Orga🆗🆗🆗🆗
Vie privée🆗🆗🆗🆗🆗🆗🆗🆗
Agréable🆗🆗🆗🆗🆗
Liens🆗🆗🆗🤷‍♂️
Web clipper🤷‍♂️🆗
Automa-
tisable
🆗🤷‍♂️🤷‍♂️🆗🤷‍♂️🤷‍♂️

Quelques explications sur ce qui précède :

  • De manière générale, un ✅ pour la vie privée signifie que les données sont chiffrées avec une clé personnelle inconnue du service en question (zero knowledge). La plupart de ces applications utilisant leur cloud personnel ou bien ceux de Google ou Apple, les données restent théoriquement lisibles par des tiers. Il est bien possible de chiffrer ponctuellement du texte (Bear, OneNote et Evernote) mais on voudrait voir la capacité de chiffrer des fichiers entiers et/ou des portions entières de l’arborescence. Voire, que tout soit illisible par défaut. Donc, 🆗 signifie l’usage d’un service de cloud classique – avec les mises en garde dont on a maintenant l’habitude aujourd’hui.
  • OneNote obtient un ❌ pour la parité parce que la synchronisation reste lourdingue sur mobile.
  • Bear et Notion prétendent posséder un web clipper mais ils se contentent de récupérer le texte brut et/ou l’adresse du site d’origine. À ce stade, autant copier-coller. Celui de OneNote ne vaut pas beaucoup mieux (il propose en sus… un screenshot du site). Celui d’Appel Notes colle juste un signet. Donc, pour tous : ❌
  • DEVONthink possède bien une application iOS (DEVONthink To Go) mais elle est très limitée par rapport à la version Mac et surtout, il est quasiment impossible d’y formater correctement du texte. La force de DEVONthink est sa capacité à se soustraire au système de fichiers et à employer l’intelligence artificielle pour rapprocher des éléments entre notes ou même, carrément, des documents entiers. On est, pour être honnête, à l’extrême limite de la définition d’une application de notes.
  • Roam est un cas particulier qui mise sur l’hypertexte, et l’application est encore très jeune. Elle est exclusivement web. Mais si vous aimez son paradigme réellement fascinant, vous vous ficherez de toutes ses limitations.
  • Je n’ai pas mentionné Keep It (Mac et iOS) parce que l’application n’a pas arrêté de buguer et planter tout le temps où j’ai voulu m’en servir.

Un choix : Evernote

C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleurs au-feux. La seule qui n’écope pas d’un ❌ quelque part à mon sens reste Evernote. L’application conserve encore une interface d’un autre âge, certaines parts en sont désagréablement lourdes, on voudrait la capacité de mieux chiffrer ses données, mais si l’on cherche un couteau suisse où il demeure possible de coller à peu près toutes ses idées et de les organiser simplement (ce qui est quand même le but à la base), avec en plus le meilleur web clipper du marché, cette application reste le ténor incontesté. Surtout que la nouvelle direction a travaillé dur sur un réel rajeunissement du service dont on devrait voir les fruits d’ici quelques mois. Pour vous (re)familiariser avec le service, passez par exemple par ici. Tout ce que j’aimerais d’Evernote, en 2020, ce serait un réel chiffrement zero knowledge pour y coller tout mon administratif personnel (comme la santé) et un rafraichissement de son API pour une meilleure automatisation, mais en-dehors de ça, moyenne partout, excellente nulle part (sauf pour le web clipper), cette application est comme la vieille 2CV de tatie Plectrude : elle a vécu, elle n’a aucun des gadgets modernes à la mode, mais bon dieu, elle fait le taf qu’on lui demande et elle est indestructible. (La 2CV, pas tatie Plectrude. Quoique.)

Et sinon ?

Vos goûts et vos besoins ne sont pas forcément les miens, alors voici quelques autres recommandations d’applications de qualité (à mon sens) pour des usages légèrement différents. Si vous… 

  • Êtes sous Apple et n’avez pas besoin d’un web clipper : Apple Notes.
  • Êtes sous Apple et cherchez avant tout une belle expérience textuelle : Bear.
  • Cherchez à organiser clairement un grand nombre d’informations (wiki), pour un usage éventuellement collaboratif : Notion.
  • Mettez avant tout l’accent sur la vie privée : DEVONthink (j’avais initialement placé Simplenote, mais on me signale que les notes ne sont pas chiffrées sur les serveurs d’Automattic).
  • Cherchez un outil de réflexion et d’organisation puissant avant tout : Roam.
  • Cherchez un outil de gestion et de classement d’une vraie bibliothèque dématérialisée : DEVONthink.

Et voilà. Pfiou. Comme disait l’autre, je ferais pas ça tous les jours, mais j’espère que ça vous servira.

De manière générale, si l’envie d’acheter cet outil (ou l’un des autres présentés sur ce site) vous vient, n’oubliez pas de passer par les liens proposés ici – vous contribuez à financer le temps passé à rédiger ces articles gratuitement. Merci ! 

2024-01-20T01:03:25+01:00jeudi 12 décembre 2019|Lifehacking|6 Commentaires

Un thème solarisé personnalisé pour l’écriture

Petit retour sur les thèmes solarisés pour les longues sessions d’écriture (rappel : les thèmes sombres sont mauvais pour l’attention, du coup le solarisé représente un bon compromis entre fatigue oculaire et contraste). Il m’apparaît de plus en plus à l’usage, à mon humble avis, que le solarisé est quand même conçu pour les terminaux et le code ; c’est-à-dire, des applications nécessitant des couleurs différentes de texte pour mettre en valeur différentes parties de la syntaxe (highlighting).

Ulysses en solarisé (thème Solar Cobalt Dark)

C’est valide quand on écrit en Markdown, par exemple avec Ulysses, mais si l’on utilise un éditeur de texte riche type Scrivener1, ces couleurs différentes perdent de leur usage, appelant un contraste plus fort, notamment, à mon goût, en mode composition (plein écran).

Plusieurs applications proposent des modes solarisés à leur propre sauce. Par exemple, le mode solarisé de Drafts est assez différent du canon fixé par Ethan Schoonover, concepteur de Solarized, mais propose une couleur de sélection de texte plus visible (et moins choquante à l’écran que le bleu standard) :

En conséquence de quoi, voici ce que je propose pour un mode solarisé plus contrasté sous Scrivener, avec les codes correspondants :

  • Fond de page : Comme Solarized ($base3, soit #FDF6E3). Soit, dans Scrivener : couleur « Éditeur » de l’éditeur principal, et en mode Composition : couleur « Éditeur » et couleur « Arrière plan de l’écran » (ce qui mime le mode plein écran d’Ulysses au passage) ;
  • Texte : Noir pur (#000000), pour un contraste maximal ;
  • Sélection de texte : Comme Drafts (#DECCBA) ;
  • Surlignage de la ligne actuelle : Comme Solarized ($base2, soit #EEE8D5)2.

Ce qui donne quelque chose d’assez confortable et harmonieux à mon goût, qui n’attire pas l’œil sur le formatage de la page mais reste malgré tout utilisable sans peiner à repérer la sélection :

De cette manière, on arrive à émuler avec Scrivener le principal intérêt d’Ulysses qui est son minimalisme. Et du coup, en bonus, trois raccourcis clavier indispensables pour dégager son espace de travail de l’interface quand on n’en a pas besoin – soit toujours « commande-majuscule-quelquechose » :

  • Commande-majuscule-F : passer en / sortir du mode composition (F comme « focus »)
  • Commande-majuscule-I : afficher / masquer l’inspecteur (I comme « inspecteur » – duh)
  • Commande-majuscule-B : afficher / masquer le classeur (B comme « binder »).

Maintenant, plus de prétexte pour jouer avec les couleurs : écrivez !

  1. Scrivener gère le Markdown, mais ce n’est quand même pas l’usage le plus courant.
  2. Personnellement, je ne m’en sers pas, cela me déconcentre plus qu’autre chose ; j’ai tendance à sculpter les paragraphes comme un ensemble plutôt que phrase à phrase.
2019-12-02T22:10:48+01:00mardi 10 décembre 2019|Best Of, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Un thème solarisé personnalisé pour l’écriture

Procrastination podcast S04E04 : Les clichés

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « S04E04 – Les clichés« .

L’attribution de « cliché » à une œuvre est probablement l’une des critiques les plus sévères que l’on puisse faire à son encontre, et l’une des plus grandes consternations pour son auteur. Comment éviter de tomber dedans ? Lionel avance une différence avec le concept d’archétype ; Estelle la prolonge en ajoutant la notion de contexte historique et culturel. Mélanie explore ce qu’on peut en tirer, et comment elle se relie à l’originalité personnelle évoquée dans l’épisode précédent.

Reférences citées
– Laurent Genefort
– Harry Potter
– Carl Gustav Jung
– The Boys, de Garth Ennis et Darick Robertson
– Alexandre Aja, Piranha 3-D
– La Cabane dans les bois (Cabin in the Woods), de Drew Goddard
– Friends, de Marta Kauffman et David Crane
– Alien, de Ridley Scott
– Street Trash, de J. Michael Muro
– Mulberry Street, de Jim Mickle (le film avec les rats mutants !)

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2020-10-19T11:35:23+02:00lundi 2 décembre 2019|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast S04E04 : Les clichés

De l’expansion de texte à la macro de texte

Auguste lectorat, il y a quelques mois, je t’avais proposé de gagner quelques licences de TextExpander via la liste de diffusion. L’accueil autour de cet outil me semble tristement tiède ; mais je comprends, il y a plusieurs années, quand j’ai croisé un logiciel semblable sous Windows, je n’en avais pas vu le plein potentiel. (Pour relire le test d’origine, voir ici.)

Alors que bon :

Je ne sais plus quand j’ai remis le compteur à zéro. Mais bon. Presque 700 000 signes, c’est l’équivalent d’un roman entier
Sauf des Dieux sauvages
Je sais

Si son métier consiste un tant soit peu à rentrer du texte, on se doit, à mon sens, d’avoir un logiciel d’expansion de texte (et TextExpander est pour moi le meilleur de sa catégorie). Et pour aller plus loin, auguste lectorat, laisse-moi te parler d’un truc qui me fait gagner un temps fou : les macros de texte.

Parce que bon, étendre du texte, c’est déjà bien (surtout quand tu as la bonne idée d’intituler un texte « Faisabilité et intérêt zootechniques de la métamorphose de masse », taper juste « fiz », ça aide), mais aller à l’étape suivante : constituer des sortes de véritables mini-programmes autour du texte, c’est encore plus rigolo et efficace.

TextExpander comporte la possibilité de personnaliser ses extraits de texte à la volée. Par exemple…

Un message-type peut être personnalisé avec le nom du destinataire (utile pour décliner des demandes fréquentes autour d’un même sujet, ou pour personnaliser un message d’information qui n’appelle pas nécessairement de réponse).

Une tâche à effectuer peut être personnalisée en fonction du contexte. Par exemple, je me refuse catégoriquement à utiliser Facebook comme un système de messagerie instantanée mais toujours comme un courriel (et encore, franchement, le moins possible), du coup, une macro toute bête que j’utilise fréquemment pour stockage dans ma liste de tâches (OmniFocus) est :

(… mais s’il vous plaît, ne m’écrivez pas sur Facebook Messenger autant que possible, du moins pas si vous voulez une réponse avant l’an prochain. Je suis déjà mauvais à suivre ma correspondance, alors avec Facebook que je désapprouve fermement…)

Mais même, de véritables articles entiers peuvent être paramétrés à la volée avec le contenu du presse-papiers sur la base d’un modèle. Je m’en sers tous les quinze jours pour annoncer les épisodes de Procrastination, par exemple1, puisque c’est à chaque fois la même annonce, la seule chose qui change est le contenu de l’émission :

J’ai pas envie de taper tout ça à chaque fois (avec en plus le formatage qui va bien).

Plus fort encore, une de mes fonctions favorites, TextExpander permet également d’insérer automatiquement date et heure dans un extrait, et de réaliser des opérations mathématiques dessus. Dans les faits, cela signifie par exemple :

… que je peux me laisser une note future pour me rappeler à qui j’ai demandé quelque chose et quand, pour savoir à qui m’adresser, le cas échéant, pour suivre un dossier. (On remarquera que TextExpander me propose même de replacer mon curseur où je veux pour continuer à taper sans m’interrompre) :

… que je peux me rappeler de faire quelque chose, ou de relancer quelqu’un sans réponse, par exemple d’ici dix jours (un délai standard qui me paraît civilisé quand on n’est pas soi-même un foudre de la correspondance) :

Je l’ai dit plus haut, il me paraît impensable d’avoir une activité textuelle (avec un T, bande de dégueulasses) sans logiciel d’expansion de texte. Les écrivains en bénéficient forcément mais là où, finalement, TextExpander accélère le plus mon travail, c’est dans les tâches annexes : correspondance, commercialisation, communication. J’ai un extrait pour les titres et les liens sur le site de tous mes bouquins ; pour le numéro de ma carte week-end, pour ma date de naissance – des informations fréquemment demandées pour le défraiement des déplacements en festival –, pour mon numéro de téléphone, pour les formules de politesse administratives type « Veuillez agréer, Messieurs, l’expression de mes salutations distinguées » (ça va plus vite de taper « saldis » et la CAF ne le saura jamais), et j’en passe.

Je recommande vraiment d’essayer de se mettre la tête dedans et de rentrer un certain nombre d’extraits. Pour ma part, je ne peux plus utiliser une application iOS qui n’a pas d’intégration à TextExpander, et un Mac qui n’a pas mes raccourcis installés me semble cassé. (Mais l’application existe aussi sous Windows.) Si vous me croyez pour Scrivener, croyez-moi pour TextExpander.

Découvrir TextExpander et ouvrir un compte d’essai

De manière générale, si l’envie d’acheter cet outil (ou l’un des autres présentés sur ce site) vous vient, n’oubliez pas de passer par les liens proposés ici – vous contribuez à financer le temps passé à rédiger ces articles gratuitement. Merci ! (Et oui, ça aussi, c’est un message-type qui figure dans mon TextExpander.)

  1. Pour info, rien que dans cette phrase, j’ai déjà utilisé trois extraits – « prc » donne Procrastination, « p.ex » donne « par exemple » et j’insère le lien de la page de l’émission via le raccourci personnel « lprcsite »
2019-11-25T18:36:09+01:00mardi 26 novembre 2019|Best Of, Lifehacking|Commentaires fermés sur De l’expansion de texte à la macro de texte

Mise à jour majeure du seul autre manuel de productivité nécessaire après GTD

Il y a deux, je n’hésitais carrément pas à me jeter les pieds dans l’eau du bain en qualifiant Creating Flow with OmniFocus, de Kourosh Dini, comme « le seul autre manuel de productivité nécessaire après Getting Things Done« . Cet épais volume de 1000 pages, abondamment fourni en captures d’écran, transformait les conseils parfois peu orientés sur la pratique de l’opus de David Allen en les appliquant à OmniFocus (le Photoshop de la productivité personnelle). Bien plus qu’une prise en main détaillée de l’application, non seulement Creating Flow jetait les bases d’un véritable système opérant de productivité fondé sur OmniFocus, mais Dini, psychiatre, couplait ses propositions à sa connaissance de l’esprit humain pour expliquer en quoi cela fonctionne, les pièges à éviter, et à des techniques pour déjouer l’anxiété et la procrastination liées aux tâches complexes.

Entre temps, OmniFocus a évolué vers une nouvelle version majeure (3), apportant une foule de nouveautés comme des tags multiples remplaçant les contextes (enfin !), des outils de création de perspective incroyablement raffinés, une version pour le web, et j’en passe.

Dini a donc sorti une troisième édition de son manuel, adaptée à OmniFocus 3 et développée sur la base de sa pratique et des commentaires reçus autour des éditions précédentes. Et cette édition 3, fichtre, vaut très, très amplement la dépense.

Il ne s’agit pas d’une simple version étoffée et remise au goût du jour avec les nouveautés d’OmniFocus : c’est carrément une refonte en profondeur, un nouveau livre repensé de bas en haut, conservant les forces de l’édition précédente, c’est-à-dire une prise en main douce de cette application extrêmement complexe à travers des cas précis, mais qui fait apparaître de manière sous-jacente une véritable méthodologie de productivité personnelle allant du plus simple vers le plus détaillé. (Ci-contre, un certain nombre de perspectives en cours de reconstruction dans mon propre système, fondées sur les propositions du livre.)

Je regrettais un peu dans l’édition précédente que certaines techniques, destinées aux vies les plus complexes aux rôles les plus divers (comme l’idée d’un projet de haut niveau, « Land & Sea », servant de plate-forme de lancement vers des espaces de travail dédiés à certaines activités) ne soient pas plus développées (je me sentais un brin concerné). Dini a précisément répondu à ces commentaires en détaillant pas à pas un panorama de techniques entièrement fonctionnelles permettant :

  • De réduire chaque jour la charge de travail à une liste de taille humaine,
  • Capable de prendre en compte les projets de toute complexité (allant de « faire une lessive » à « progresser sur mon super roman »),
  • Sans rien perdre au passage.

Rien qu’en commençant à installer une poignée de ses idées, j’ai eu la sensation de déblayer des mois de vase accumulée dans les canaux de productivité de mon système et à sentir l’énergie couler à nouveau. Ces propositions étaient déjà présentes dans la v2 du livre ; mais ici, Dini y a accordé un soin presque maniaque pour s’assurer que déjà, l’on pouvait prendre et laisser des parties de ses propositions en fonction de la complexité requise, et surtout, que c’était parfaitement clair en pratique, sans oublier d’y apporter les raffinements acquis au fil des ans.

C’est clairement l’énorme bénéfice de cette mise à jour (qui démontre aussi, au passage, pourquoi OmniFocus reste inégalé malgré les sirènes des concurrents qui se prétendent tout aussi puissants – je vous regarde, Things et Todoist). Bien sûr, OmniFocus présente toujours la même exigence : une vie complexe et multiple nécessite une réflexion poussée sur la manière dont on veut la gérer sainement, et l’application ne fait que renvoyer l’utilisateur à ce besoin (au lieu de le leurrer dans un faux sentiment de clarté, comme les concurrents). Creating Flow with OmniFocus établit une passerelle tant dans les usages que dans la réflexion jusqu’à transformer l’application en véritable centre de contrôle personnel adapté à chacun.

J’ai trouvé un usage dorénavant indispensable à ma montre connectée : OmniFocus me tient compagnie tout au long d’une journée de travail, me rappelant gentiment au programme que j’ai décidé. (Si vous vous demandez ce qu’est un McKenzie, c’est un exercice pour le dos.)

On y retrouve évidemment, développés là aussi, les réflexions du psychiatre sur le flow, les causes du stress et de la procrastination, l’intérêt de la régularité et de la routine pour des projets de long terme, et comment GTD et OmniFocus aident à installer davantage de sérénité. En bon psy, Dini ne vous prend pas par la main, mais pointe précisément où sont les questions difficiles à se poser, et vous place devant vos responsabilités en mettant ces outils formidables à votre portée. À vous de voir, ensuite, ce que vous comptez en faire.

Bref, Creating Flow with OmniFocus maintient sans mal dans mon esprit son titre de meilleur manuel de productivité après GTD, et je remercie encore son auteur de l’avoir écrit : depuis que je l’ai fini, il y a seulement deux semaines, les subtils déblocages causés par sa lecture m’ont rendu déjà plus serein… et surtout plus créatif. Ce qui reste toujours, au bout du compte, ce que je demande à ces techniques : qu’elles gèrent à la place de mon cerveau ce dont il n’a pas besoin de se souvenir, afin de me laisser un maximum de bande passante mentale pour créer des trucs.

Creating Flow with OmniFocus est disponible directement auprès de son auteur ici.

(Full disclosure : Je suis un des affiliés de Dini, et j’en suis fier – c’est après avoir lu la qualité de son travail que je lui en ai fait la demande. De manière générale, si l’envie d’acheter cet outil, ou l’un des autres présentés sur ce site, vous vient, n’oubliez pas de passer par les liens proposés ici – vous contribuez à financer le temps passé à rédiger ces articles gratuitement. Merci !)

2019-11-15T00:05:56+01:00mardi 19 novembre 2019|Best Of, Lifehacking|2 Commentaires

Procrastination podcast S04e03 – Faire original

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « Faire original« .

Une question fréquente (voire une angoisse) des auteurs, jeunes et parfois moins jeunes : si tout a (paraît-il) déjà été dit, fait, écrit, comment faire pour être original dans sa création ? Mélanie confirme que la question de l’originalité des idées était très importante pour elle au début, mais s’est vite rendue compte que ce n’était pas ce qui restait des textes ; et surtout, que beaucoup de thèmes, idées et images étaient traités depuis la nuit des temps. Estelle renchérit en abordant le piège fréquent de ne pas vouloir se constituer une culture, surtout dans les genres, pour « ne pas subir d’influence » ; alors qu’en vérité, on s’inscrit plutôt dans une lignée de créateurs. Lionel renchérit sur l’intérêt de connaître les tropes, à la fois dans son genre mais aussi à l’extérieur, pour voir quelle exploitation personnelle, authentique, en faire, car l’originalité connaît bien des facettes en réalité, y compris dans le traitement.

Reférences citées
– Frankenstein, Mary Shelley
– Orson Scott Card
– Alien, film de Ridley Scott
– H. R. Giger
– Alejandro Jodorowsky 
– Philip K. Dick
– Troma Entertainment
– Fabrice Colin
– Vladimir Nabokov
– Catherine Dufour
– Marguerite Yourcenar
– Francis Berthelot
– Le Seigneur des Anneaux, J. R. R. Tolkien
– Harry Potter, J. K. Rowling
– Game of Thrones, G. R. R. Martin
– John Cleese on Creativity In Management, https://www.youtube.com/watch?v=Pb5oIIPO62g

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2020-10-19T11:35:24+02:00vendredi 15 novembre 2019|Procrastination podcast|2 Commentaires

Savoir ce pour quoi l’on est fait (comme écrire)

L’atelier à distance sur la création de monde imaginaire s’est récemment conclu, avec beaucoup de travail et de réflexions pour tout le monde, moi y compris (merci à tous les participants pour leur fidélité et leur dur labeur). Un certain nombre de questions ont été soulevées bien au-delà de la thématique, et parmi celles-là, l’une d’elles m’a semblé particulièrement importante et universelle, sur la vocation et le bien-fondé d’écrire, au point de mériter un développement à part entière (la « résistance » évoquée est en référence à La Guerre de l’Art, chroniqué ici, soit : cette force qui bizarrement nous détourne de toutes les tâches créatrices que nous sommes censés vouloir faire).

Quand on écrit que la résistance est souvent présente quand on veut se réaliser en tant qu’artiste, qu’en est-il de ce principe qui dit qu’on devrait faire ce pour quoi on est doué, ce qu’on fait facilement sans trop d’effort, en gros savoir où est notre talent ? (Un des 4 piliers de l’Ikigai). La résistance masque-t-elle le talent ? La résistance est-elle la preuve que l’activité ne doit pas être poursuivie selon ce principe ? Comment sais-tu que tu es fait pour écrire ?

Photo by Florian Klauer on Unsplash

De manière très frontale, je ne crois ni

  • Au talent
  • Ni à la vocation.

C’est-à-dire que je ne crois pas à des forces externes, « imposées » d’en-haut par une forme de prédestination, qui dicteraient ce qu’il est recommandé, ou, disons, possible de faire avec plus ou moins de facilité1. Je n’y crois pas de la manière suivante : je ne crois pas que ces forces, si elles existent, soient accessibles et donc opérantes pour former un parcours qui a du sens. Donc, autant les remiser avec le mystique – c’est comme l’idée de dieu : si il ou elle existe, okay, mais mon sentiment et ma quête vis-à-vis de ce concept, pour le bien que je peux en retirer, ne m’aidera pas à changer ma roue crevée ni à écrire mon livre (à part, précisément, par le bien que ça me fait d’y penser).

Le sens, le talent, la vocation, à la place, se recherchent (et, pour part, se décident).

Sur la question du talent. Les facilités existent peut-être cependant, mais elles ne servent à rien tant que l’on ne cherche pas à les mettre en application ; elles ne sont par ailleurs rien, à mon humble avis, devant le travail (Mozart a quand même dû apprendre le solfège). Or, comme le travail est la seule variable d’ajustement à notre disposition (voir l’épisode s03e20 de Procrastination, « Talent Vs. Travail »), que le talent existe peut-être, ou pas, mais qu’on ne l’influe pas, alors il vient que la question, pour moi, ne sert pas la pratique créatrice, et qu’il sera toujours plus pertinent de consacrer un éventuel temps perdu à s’interroger sur l’existence ou pas d’un talent à travailler dur, c’est-à-dire non pas se demander ce pour quoi l’on serait fait, mais à travailler ce que l’on veut faire.

Par rapport à ces facilités (ce « talent » ?), faisons également une distinction entre l’activité et l’ambition. À quarante balais, avec une protrusion discale et des épaules qui rouillent, c’est probablement foutu pour me lancer dans une carrière internationale d’haltérophilie, en revanche rien ne m’empêche, si je le souhaite, de pratiquer dans mon garage, dès lors que je suis réaliste vis-à-vis de mes ambitions. Heureusement, l’activité intellectuelle offre beaucoup moins de limitations (presque aucune, suis-je tenté de dire). Mais attention : tout le monde peut-il écrire ? Oui, bien sûr, et y trouver du plaisir et du sens, tout à fait. Tout le monde peut-il écrire quelque chose susceptible d’intéresser des lecteurs qui paieront pour – en gros, en faire une activité professionnelle ? Je n’en sais rien, mais je sais une chose : pour y parvenir, il faudra un certain investissement de travail (que, pour ma part, j’ai toujours pensé accessible à toutes et à tous). Bref, tout le monde peut dessiner des bonshommes bâton, mais on s’accordera pour dire que ça ne fera pas forcément le concept art du prochain Disney sans un boulot conséquent pour relier le départ à l’arrivée.

Sur l’idée de vocation. Beaucoup de travaux récents tendent à montrer que l’on n’est pas tant passionné par quelque chose dont l’on peut ensuite faire une activité, mais que l’on devient passionné par ce que l’on fait bien – soit, ce que l’on travaille.

En résumé, je ne sais pas que je suis fait pour écrire, parce que je ne sais pas si je suis fait pour quoi que ce soit dans l’absolu ; la question ne m’intéresse pas, ne m’intéresse seulement que ce que je veux faire, et ce pour quoi je suis prêt à me donner les moyens d’avancer (cela va ensemble ; le désir doit s’accompagner d’une bonne dose de volonté).

Il vient ici un point capital à préciser : je ne sais absolument pas si j’ai même raison de fonctionner ainsi. En revanche, je sais que cette façon d’agir m’offre de l’expérience, c’est-à-dire à l’enseignement retiré de l’action, ce qui est, en fin de compte, la seule chose que l’on puisse tester, observer, ressentir, et donc apprendre, pour évoluer. J’aime les trucs opérants qui m’enseignent des leçons parce que cela dessine l’étape suivante.

Soit :

  • L’action commence toujours par une certaine mise en danger, suscitée par une sortie de la zone de confort ;
  • L’enseignement est ce que l’on retire de l’action, informant les actions suivantes.

Or, l’enseignement est à la fois

  • Externe (que faire pour mieux agir sur cette chose que je veux faire – qu’ai-je appris ?)
  • Interne (que ressens-je à l’application de cette action ; en gros, a-t-elle du sens ?).

J’écris parce que je repère, dans cette activité pourtant difficile qui appelle très largement mes Résistances personnelles, une forme de sens, que je ne saurais pas définir, mais qui est, faute de mieux, important. C’est ainsi que je les surmonte, jour après jour. Peut-être s’effritera-t-il un jour ; si c’est le cas, il sera temps de passer à autre chose. Mais pour l’heure, je sens que l’écriture a encore bien des choses à m’apprendre, et m’offre l’occasion de partager toujours mieux un certain nombre de questions nécessaires. (J’insiste – de questions, pas de réponses.)

Pour moi, il y a deux types de difficultés :

  • La difficulté dans la réalisation, parce que l’on s’attaque à quelque chose de complexe et de difficile, mais où le sens se trouve, est bonne. J’adhère à la vision nietzschéenne selon laquelle « rien de ce qui est important ne vient sans surmonter quelque chose » (Ainsi parlait Zarathoustra) ; je pense en outre que la difficulté est inhérente à la création car il s’agit, justement, de défricher des terrains inédits, en tout cas pour soi (… c’est bien pour cela que c’est de la création – si le territoire était cartographié, où serait la création ?)
  • La difficulté viscérale, qui crie la révulsion, le hérissement, l’hostilité est mauvaise – elle est le signe d’une déconnexion entre, disons, l’aspiration personnelle et le moment. Cette révulsion (plutôt qu’une difficulté) est un indicateur précieux, tant dans la création (ce que je fais en ce moment ne correspond pas à mon intention, donc ça ne vaut rien) que dans l’activité (si écrire / peindre / jouer du violon ne m’apporte pas un sens ou une joie finaux, dans le sens de Marie Kondo2, en dépit de la difficulté, alors peut-être faut-il lâcher cette activité).

À chacun de savoir, de tester où il ou elle se trouve entre les deux ; mais cela, avancerais-je encore, ne se fait qu’au prix d’un peu d’effort et de persévérance, de confrontation au monde. Je pense fermement qu’agir, écrire, créer – et même, vivre – ne vient pas sans une forme d’effort et d’action.

En résumé : deux intellectuels assis vont toujours moins loin qu’un con qui marche. J’ignore si je suis intellectuel ou con donc, dans le doute, je marche.

  1. Pressfield va plus loin et dit même que la Résistance est un indicateur sûr de l’importance d’une tâche : qu’il faut aller là où elle est la plus forte. Je suis quand même partisan d’un certain principe de plaisir dans l’action ; voir plus bas.
  2. Citer Nietzsche et Marie Kondo dans le même article : check.
2019-11-12T07:59:35+01:00mercredi 13 novembre 2019|Best Of, Technique d'écriture|7 Commentaires

De jolies polices pour vos éditeurs de texte

Haaa la joie de la machine à écrire qui fait CLAC CLAC CLAC dans tes tympans, remplacée aujourd’hui par les claviers mécaniques à switches Cherry bleu à pois rose à retour de force pulsé, ou bien, pour les vrais esthètes parmi nous, bien sûr, un clavier le plus plat possible faisant le moins de bruit possible avec un casque à réduction de bruit sur les oreilles, mais bon, je ne juge pas, non non, pas du tout.

Bref : l’outil, c’est important. Cela participe de la joie dans la création, ou, et c’est déjà pas mal, cela réduit la barrière à l’entrée. Bien sûr qu’on peut écrire un chef-d’œuvre avec un gros fusain sur un envers de papier cadeau en vivant au pain sec et à l’eau, mais franchement, est-ce que ça vaut bien le coup de se faire mal ? Voilà qui me laisse, comme qui dirait… décontenancé. (Ha.) Donc, faisons-nous plaisir pour produire dans le confort, il y a déjà bien assez de difficultés comme ça, n’en ajoutons pas, et surtout si ça peut être gratuit.

Si l’on écrit, c’est qu’on aime le texte (duh) et souvent, donc, que l’on aime à quoi il ressemble. (D’ailleurs, la typographie, c’est important.) Oui, je sais, un formatage de manuscrit, interligne double, marges hénaurmes, ça fait pas super rêver, ou alors si (ça fait pro ?), cependant : si ça n’est pas votre came, il est tout à fait possible, lors de la production, de se proposer un joli (et reposant) environnement de travail, et je ne sais pas vous, mais pour moi, ça commence par la tronche de la page, et notamment la police de caractères. Il est toujours possible de la changer au dernier moment lors de la soumission à l’éditeur (et, si vous utilisez Scrivener ou Ulysses, le format d’export est de toute façon décorrélé de la fonte dans laquelle vous écrivez).

Bien sûr, en passant, vous vous serez assuré.e d’employer un thème solarisé au lieu de céder à la mode contre-productive des modes sombres.

Alors, qu’est-ce qui est joli ? Et lisible sur écran, surtout. Et peut être à peu près standard, aussi, tant qu’à faire. Et puis gratuit. Une brève sélection de font porn :

Polices type « livre »

Soit : ma page ressemble un peu à un texte joliment mis en page. Ou peut-être même à un volume fin XIXe relié en cuir de veau sous la mère. Ou au Necronomicon. Donc : dans l’esprit du Times (… eeeet j’en suis pas peu fier de celle-là). Deux candidats à proposer / rappeler :

L’omniprésente Georgia a l’avantage d’être fournie avec tous les systèmes modernes et même d’être standard sur le web.

GearedBull, CC-By SA

Probablement la seule vraie invention universellement bonne de Microsoft (rhooo), il faut noter qu’elle a été spécialement conçue pour une lisibilité optimale sur écran. Elle est élégante avec sa relative graisse, et présente des chiffres elzéviriens (soit des chiffres non alignés sur la ligne de base, également appelés en vocabulaire technique « chiffres carrément classe ») ce qui est rare de nos jours dans une fonte moderne. Elle donne un petit côté vieux bouquin, façon Garamond, sauf que le Garamond, si vous voulez mon avis, c’est complètement impossible sur un écran (et pour cause : le Garamond économise de l’encre à l’impression en raison de caractères fins et petits).

Si la Georgia on my mind vous semble déjà horriblement vue et revue, je vous propose une autre possibilité, gratuite également, humblement utilisée sur le présent site à l’heure où je rédige ces octets depuis que justement à force de voir du Georgia partout je m’en laissais : Merriweather.

Une des nombreuses Google Fonts, Merriweather est pour moi une sorte de mi-chemin agréable entre Garamond et Georgia, c’est-à-dire gardant l’élégance des deux, mais en un peu plus carrée, ce qui la rend presque plus lisible encore sur écran. Avec des chiffres elzéviriens aussi parce que les essayer c’est les adopter, disponible en ligne via l’intégration de Google mais également librement téléchargeable à peu près n’importe où comme ici et gratuit pour un usage commercial, Merriweather montre le raffinement d’une différence légère, tout en restant dans un classicisme efficace, et oui je me la raconte total.

Polices type « machine à écrire »

Parce qu’il faut saluer la tradition aussi de la grosse Remington, et puis que rien ne crie au monde « JE SUIS UN ÉCRIVAIN » comme une police qui a l’air d’un truc qu’Hemingway aurait pu voir à longueur de journée. Mais en résolution Retina, hein.

Eh bien, à ce titre, signalons le travail très intéressant de IA, les développeurs de l’éditeur Markdown IA Writer, qui ont retravaillé la fonte actuelle d’IBM pour en faire trois variations rappelant les terminaux, mais avec élégance, lisiblité à l’écran et surtout quelques subtiles concessions à l’espacement supposé fixe de ce genre de polices pour en faire quelque chose de joli (en donnant, l’air de rien, plus de place aux M, W, et moins I, J etc.). Trois variations, en fonction des goûts, nommées sobrement IA Writer Mono, Duo et Quattro.

À voir sur le blog d’IA

Si l’histoire et la réflexion vous intéressent, IA propose un long article qui entre dans un détail geekissime sur la manière dont on fait évoluer une fonte dans un but précis. C’est passionnant, je vous assure. En tout cas, les variations sont librement téléchargeables sur GitHub. IA Writer Duospace a depuis longtemps remplacé les polices par défaut de tous mes éditeurs de texte brut ou Markdown, ici par exemple Ulysses :

Si vous avez d’autres belles choses à recommander, n’hésitez pas, nous sommes entre esthètes.

2019-11-01T01:59:24+01:00lundi 4 novembre 2019|Best Of, Technique d'écriture|8 Commentaires

Procrastination podcast S04E02 : « Le rapport signal-bruit des dialogues »

procrastination-logo-texte

Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « Le rapport signal-bruit des dialogues« .

Débat complexe sur une notion difficile à cerner aujourd’hui : le lien entre l’information transmise par le dialogue, tant pour la narration que la caractérisation, et la place qu’on réserve à ces échanges. Lionel met en avant le fait que l’expression seule, peut être très éloquente sur le rapport au monde d’un personnage. Mélanie argue que cela se sent, à force, et que plus que pour le reste de la narration, ce qui « accroche » dans un dialogue apparaît clairement à la relecture. Estelle propose un vibrant plaidoyer sur la place que peut prendre le dialogue en littérature, sur le plaisir des longues tirades et des échanges, ce que le scénario permet beaucoup moins.

Références citées

– James Bond

– Person of Interest, série de Jonathan Nolan

– Howard Philips Lovecraft

– Quentin Tarantino

– Basic, film de John McTiernan

– Russell T. Davies, The Writer’s Tale

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2020-10-19T11:35:24+02:00vendredi 1 novembre 2019|Procrastination podcast|1 Commentaire

Que faire avant de mettre à jour son ordinateur (ne passez pas à macOS Catalina de suite)

Non c’est pas moi

Panique à bord, le « it just works » est un peu cassé : plusieurs camarades auteurs et autrices ont vu leurs Macs chéris bien-aimés un petit poil déconner fort après le passage à la nouvelle mise à jour, macOS Catalina. Si vous ne l’avez pas encore fait, il est urgent de répandre cette annonce d’intérêt public, en gros caractères :

Il est toujours bon d’attendre avant de mettre à jour une machine dont l’on dépend pour travailler, surtout en cours de projet,

Que ce soit sous Windows ou Mac, mais là, c’est encore plus vrai pour macOS Catalina.

Une mise à jour de système majeure (comme les annelles de macOS) entraîne toujours des changements de profondeur dans les architectures (des choses dont le consommateur ne se préoccupe pas), afin de préparer les évolutions technologiques futures (car toujours en mouvement est la technologie, disait Yoda). Malgré les programmes de test étendus des systèmes, il arrive que les sorties soient un peu mal démoulées, ça arrive chez Microsoft mais aussi chez Apple.

Le problème spécifique de Catalina

Catalina apporte en profondeur une évolution majeure : c’est la première architecture système à être exclusivement 64-bit au lieu de 32, soit le modèle ancien. (Si vous n’y connaissez rien, sachez juste ceci : c’est mieux.) Ce que cela signifie pour l’utilisateur : une application comportant encore des composants en 32-bit ne fonctionne pas sous Catalina. Du tout. Les développeurs ont eu plus de cinq ans pour s’adapter, mais comme souvent, ce n’est qu’une fois le couteau sous la gorge qu’ils se sont mis à effectuer la transition. Résultat : en plus de bugs (franchement un peu honteux pour Apple) dans le système lui-même, beaucoup d’applications ne fonctionnent pas encore sous Catalina (même si ça progresse) et certaines, abandonnées, ne fonctionneront simplement jamais. Pour déterminer si vous en avez sur votre ordinateur et les identifier, St. Clair Software (les géniaux développeurs de Default Folder X, que je recommande vivement par ailleurs) mettent à disposition un utilitaire gratuit intitulé Go64.

Que faire avant de mettre son Mac à jour

De manière générale, il est urgent d’attendre. Avant de mettre à jour un Mac dont on dépend professionnellement, il vaut mieux guetter au minimum la sortie de la première mise à jour mineure (si Catalina est 10.15, la 10.15.1, mettons), le temps que les choses se tassent. Mais il faut cependant mettre à jour au bout d’un moment, car, donc, la technologie avance, et avec elle viennent : des exigences de plus en plus modernes des programmes courants, et, surtout, des mises à jour de sécurité.

Avant de mettre à jour, vérifiez toujours si les programmes sont vous dépendez pour vivre sont officiellement estampillés compatibles. Tout particulièrement si vous utilisez du matériel un peu spécifique, dont les pilotes ne sont pas forcément disponibles le jour même de la sortie du nouveau système (matériel son et autre). Rendez-vous sur le site du constructeur, du développeur, et si ça ne dit rien, attendez, ou joignez-les sur un réseau commercial quelconque pour savoir ce qu’il en est.

Une fois la mise à jour faite, mettez aussitôt à jour toutes vos applications1. Via l’App Store ou par une recherche manuelle dans chaque application, afin d’être sûr d’avoir la dernière version censément compatible.

Et iOS / iPadOS ?

Le conseil reste le même : vérifiez si vos apps sont compatibles avec la nouvelle version du système. Cependant, la transition vers le 64-bit a déjà été consommée depuis deux ans et la base iOS étant moins ouverte, les systèmes sont moins enclins aux problèmes que traversent les systèmes de bureau comme macOS ou Windows. En général, je mets à jour mon iPhone et mon iPad dès le jour de la sortie de la mise à jour, mais j’attends 3 à 6 mois pour mon Mac. Cependant, sachez quand même que depuis iOS 13, la synchronisation Dropbox avec Scrivener iOS est cassée chez beaucoup d’utilisateurs… Donc, si vous écrivez beaucoup en mobilité, ne mettez pas à jour. (On attend toujours des nouvelles depuis plus d’un mois, ce qui n’est pas très carré de la part des développeurs, il faut le dire, et la grogne commence à monter.)

  1. Dans le cas de Catalina, cela peut signifier même désinstaller l’ancienne version pour télécharger la plus récente et faire une nouvelle installation – je te regarde, Steam
2019-10-28T01:27:06+01:00mardi 29 octobre 2019|Lifehacking|8 Commentaires
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