Les éditions Critic ont 15 ans : une grande évolution… et de la continuité

La troisième grande annonce pour cette étape marquante des éditions Critic, avec qui j’ai le plaisir de travailler en étroite collaboration depuis le tout début, c’est que la maison s’établit dans une toute nouvelle structure indépendante, avec sept nouveaux partenaires, dont j’ai le grand honneur et l’immense plaisir de faire partie !

Il y a quelque chose de très beau et de très spécial, je dois vous dire, à avoir été un jeune auteur tout chevelu à publier son premier roman dans une maison d’édition, et, quinze ans plus tard, à devenir associé de ladite maison. Je vous avoue que j’ai été sacrément ému quand Éric m’a proposé de rejoindre l’aventure.

Et avec Florence à la direction générale, ça va être fantastique : j’ai la chance d’être dirigé par Florence depuis La Route de la Conquête et je peux témoigner de son exigence littéraire, mais aussi de son respect immense pour l’œuvre des auteurs et leurs intentions. C’est une incarnation à mes yeux de l’éditeur·ice idéal·e : quelqu’un qui saisit ce que vous avez voulu faire, regorge de propositions pour vous faire aller plus loin, et ne vous lâche pas, vous secoue jusqu’à avoir amené votre projet aussi haut que vous en êtes capable.

J’envoie aussi un high five à 17000 km à tou·tes les autres partenaires : vous pourrez constater qu’on garde le même esprit, la même approche, mais avec un élargissement de l’équipe, davantage de regards, pour propulser les éditions avec de nouvelles énergies dans les cent cinquante ans à venir.

Ci-dessous, le communiqué :

15 ans que les éditions Critic existent, donc ! 15 ans, dingue comme le temps passe…

15 ans, c’est la bascule, presque le passage à l’âge adulte, le temps de prendre des décisions et de passer à une nouvelle étape pour la maison d’édition :

15 ans après avoir lancé les éditions Critic au sein de la même structure que la librairie éponyme créée il y a 24 ans, Eric Marcelin le fondateur crée une nouvelle société dédiée à la maison d’édition.

Une nouvelle structure pour accueillir plein de changements. Le premier de ces changements ?

L’arrivée de sept nouveaux partenaires ! Mais, pas d’inquiétudes, les éditions Critic demeurent indépendantes 🙂

Parmi ces sept nouveaux partenaires, deux vous sont sans doute déjà bien connus :

👉 Florence Bury, éditrice et traductrice des littératures de l’imaginaire, qui prend la direction générale des éditions après 13 ans de collaboration en tant que prestataire.

👉 l’auteur français Lionel Davoust, qui portera la voix des auteurs et autrices au sein des éditions Critic

D’autres agissaient déjà dans l’ombre et prennent part au changement :

👉 Cathy Lecroc qui continuera de s’occuper des demandes de subventions, du suivi comptable et apportera sa vigilance de chaque instant à cette nouvelle aventure, comme elle a su le faire ces dernières années avec les projets Critic.

👉 Kilian Marcelin qui réalise les livres numériques et pour qui la technologie n’a pas de secrets. Ça peut toujours aider.

Enfin les nouveaux, que vous ne connaissez pas, des néophytes du monde de l’édition, mais aux talents utiles et au regard neuf sur la profession: 

👉 Jean-Gabriel Schoenhenz qui portera son regard affûté sur l’organisation et l’optimisation des éditions Critic au fil du temps.

👉 Nicolas Robe qui nous aidera dans le développement de notre relation client et en communication.

👉 Marc-Olivier Huchet qui saura nous conseiller et guider sur les contrats et négociations ces prochaines années.

Que l’aventure continue ! Vers l’infini et au-delà !! 😀🚀

Mais tu vas faire quoi, du coup ? Et « Les Dieux sauvages », alors ? La suite des projets ?

Luxe, calme et volupté, mes amis : je reste auteur, créateur et agent de la paix avant tout. La Succession des Âges poursuit sa route (j’en dirai un mot rapidement), et si vous vous posez la question, cela ne me limite absolument pas dans ma liberté créative, il m’est toujours possible de travailler avec d’autres maisons, en particulier si le catalogue de Critic n’a pas de place pour certaines de mes envies saugrenues.

La chose la plus importante à l’heure actuelle : je sais que vous attendez la fin de « Les Dieux sauvages », et cela reste ma priorité absolue au quotidien. Et je peux vous dire que je vais me faire rôtir sur des charbons ardents par Florence et Éric.

2024-10-31T01:22:48+01:00jeudi 24 octobre 2024|À ne pas manquer, Le monde du livre|3 Commentaires

Combien de vaults Obsidian peuvent-elles danser sur une tête d’épingle ?

Une question assez fréquente sur les apps de notes, les PKM, la gestion de la connaissance, les knowledge graphs, les Zettelkasten, tous ces machins :

Vaut-il mieux avoir un seul environnement de notes, ou plusieurs ? Une seule ou plusieurs bases de connaissances ?

Plus prosaïquement : t’as une seule vault Obsidian ou plusieurs ?

Avant de répondre à ça, considérons que nous affrontons déjà, par la force des choses, une fragmentation de nos environnements de pensée, ne serait-ce que par les applications utilisées. Une personne un brin intéressée par l’organisation de ses notes aura en général trois ou quatre environnements distincts :

  • Une base de connaissances proprement dite (Obsidian et al.) ;
  • Un environnement de réflexion libre (notes manuscrites / carnets / app de notes à la main type Notability) ;
  • Un journal (potentiellement le carnet sus-cité, ou bien une app spécialisée type Day One) ;
  • Un environnement de capture (encore le carnet, ou bien une app spécialisée type Drafts).

Voire une base bibliographique (Zotero, DEVONthink, etc.)

Dans les faits, donc, on est déjà forcé de séparer les environnements dans une certaine mesure, pas forcément selon les projets, mais leur étape de réflexion ; en gros, on part de la capture pour développer dans un journal et/ou réfléchir librement pour distiller les idées dans sa base de connaissances (et produire un résultat, évidemment).

Et je pense que ça n’est pas génial pour la création. En effet, on veut pouvoir passer librement d’une étape à l’autre afin de développer ses idées ; dans l’absolu, il n’y a pas de frontière claire établissant « à partir de maintenant, cette idée floue est un projet à développer assidûment » – même si on peut parvenir à une telle décision, et qu’on le fait. Mais dans les étapes d’élaboration, il n’est pas rare, je crois, de paumer ses idées : « dans quel carnet se trouve cette fantastique idée de roman que je veux faire maintenant tout de suite ? »

Ce serait chouette de pouvoir conserver le continuum intact.

La création, l’émergence et le développement des idées, en particulier dans le domaine artistique, se nourrissent d’absolument tout. D’une photo prise sur le vif dans la rue lors d’un voyage, d’un échange à cœur ouvert avec un ami, d’une réflexion dans son journal, de notes griffonnées sur un coin de table. J’ai mis au point une de mes plus importantes prises de conscience créatives récentes dans un moment de désœuvrement entre deux portes parce que je cherchais à démontrer la nocivité du système PARA pour la création artistique. On ne réfléchit jamais aussi bien que quand on se laisse vagabonder ; c’est pourquoi tant de bonnes idées viennent sous la douche.

Donc : combien de vaults Obsidian ? Combien, au sens large, d’environnements de pensée ?

Un.

Un seul, qui compilera au maximum tous les éléments formant la réflexion conduisant à la création : captures à la volée, notes manuscrites, Zettelkasten, et bouts et constructions relatifs aux projets en cours, notés parce que c’est chouette, sans nécessairement viser d’objectif dans un premier temps – dans un tel environnement, il vient un moment où l’objectif se décante et où une idée est devenue suffisamment mûre pour engendrer une production assidue.

C’est une distillation continue.

Deux caveats à ça; quand même :

Si vous avez une activité purement externe sans rapport aucun avec la création (un boulot alimentaire nécessitant des notes), vous pouvez décider de la séparer de votre environnement de réflexion mais, même là, je trouve cela dommage. Cette activité, même si vous la détestez, fait partie de vous. Il y a sans doute des éléments créatifs à en tirer. Ne serait-ce, le cas échéant, que votre détestation qui peut devenir une satire, une parodie, ou juste une catharsis.

Et, comme dit plus haut, les outils impliquent en général une séparation des étapes de réflexion. Aucune app ne fait tout bien : Obsidian fonctionne mal pour les notes manuscrites, la capture de photos avec Drafts est puissamment compliquée, Notability ne sait pas faire de liens entre notes.

C’était jadis la belle promesse d’Evernote qui demeure, encore aujourd’hui, peut-être l’app qui arrive à recouvrir un maximum de domaines d’activité. Hélas, en 2024, il est impensable d’employer un service qui ne soit pas chiffré de bout en bout, et Evernote fait franchement tout de plus en plus mal.

Mais c’est en train de devenir mon nouveau Graal : l’application qui me permettra de tout combiner (et les pratiques que je peux lâcher pour y parvenir).

Knowledge graph, un exemple
2024-10-21T06:16:43+02:00mardi 22 octobre 2024|Best Of, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Combien de vaults Obsidian peuvent-elles danser sur une tête d’épingle ?

Les éditions Critic ont 15 ans – 15 livres à 15€

J’ai l’impression que c’est hier que l’équipe de Critic passe me voir sur mon stand de dédicace au festival Rue des Livres (à l’époque, je ne signe que des nouvelles) et me dit : « on lance une maison d’édition, on suit ce que tu fais et on serait curieux de voir ce que tu pourrais faire sur une forme plus longue – tu veux nous proposer un manuscrit ? »

C’était en 2009, le bouquin était La Volonté du Dragon et m’a lancé comme romancier ; depuis, Critic est devenu une maison d’édition indépendante majeure du paysage, Évanégyre y a pris son essor comme l’univers que j’imaginais il y a vingt-cinq ans, et nous avons développé une forte et belle relation professionnelle et personnelle au fil des projets et des calvities.

Joyeux anniversaire aux éditions Critic ! Merci pour la confiance et pour tout ce qu’on partage depuis quinze ans.

Et, pour une durée limitée, 15 titres sont à 15 € :

Des choses assez incroyables sont par ailleurs en train de se préparer en coulisses autour des éditions : j’en parlerai dès que j’aurai le droit.

Blast from the past :

Le 8 novembre 2010, devant une vitrine en honneur aux éditions Critic, avec La Volonté du Dragon et Le Sabre de Sang de Thomas Geha. (Photo Thomas Geha)
2024-10-31T01:22:15+01:00jeudi 17 octobre 2024|À ne pas manquer, Le monde du livre|Commentaires fermés sur Les éditions Critic ont 15 ans – 15 livres à 15€

Procrastination podcast s09e03 – L’impatience d’avancer

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « s09e03 – L’impatience d’avancer« .

L’impatience d’avoir des retours, de voir un projet exister, peut être forte – et potentiellement difficile à vivre. Peut-on la dompter et la rendre productive, en faire un atout plutôt qu’une peine ? 

Mélanie partage cette impatience ; elle forme clairement un atout à l’écriture du premier jet, qui avance avec force et motivation. La suite est plus difficile à vivre et ne se dompte, franchement, qu’avec l’expérience. Pour Estelle, l’écriture est une école du temps long et de la persévérance ; il convient de peut-être distinguer l’impatience de voir un projer exister des retours qu’on en attend. Les temps de latence inévitables à la création permettent peut-être d’avoir un meilleur regard sur le texte et de nourrir l’anticipation de s’y remettre. Enfin, pour Lionel, il n’y a pas de valeurs absolues de qualités ou défauts dans la création, ce qui compte c’est de travailler comme on l’entend. Il est sujet à l’inverse, la terreur de s’y mettre, ce qui forme peut-être le revers d’une même pièce avec cette fameuse impatience. 

Références citées

Le dollar australien

Le forum Elbakin.net : https://www.forum-elbakin.net/index.php

Morgan of Glencoe

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2024-10-31T01:22:35+01:00mardi 15 octobre 2024|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s09e03 – L’impatience d’avancer

Procrastination est à présent disponible sur Deezer

Merci à l’équipe d’Elbakin.net qui, on le rappelle, assure la diffusion de Procrastination depuis neuf ans ! Vous l’avez demandé, et c’est maintenant le cas : le podcast est à présent disponible sur Deezer.

➡️ Procrastination sur Deezer : https://www.deezer.com/fr/show/1001277761

2024-10-02T02:57:01+02:00lundi 7 octobre 2024|À ne pas manquer, Humeurs aqueuses, Le monde du livre|Commentaires fermés sur Procrastination est à présent disponible sur Deezer

Procrastination podcast s09e02 – Évaluer et choisir ses idées

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « s09e01 – En public avec vos questions à l’Ouest Hurlant – partie 1« .

Les idées viennent de partout – en général, plus qu’on ne pourra en écrire dans une vie entière… Donc, comment choisir celles qu’on va développer avant un projet, ou même, au milieu d’un récit au long cours, pour trier les orientations fécondes pour la suite ? 

Lionel conseille de tout noter, mais rappelle la valeur de l’expérimentation et du jeu ; toutes les idées ne sont pas prêtes à porter un projet, tout ne doit pas prêter à production ; les idées ne sont pas sacrées. Mélanie ayant tendance à laisser infuser les idées qui veulent réellement être développées, le choix se fait assez naturellement ; une idée qui veut être concrétisée reviendra la harceler. Enfin, Estelle mélange les deux approches – elle note pour mieux oublier, car il faut accepter de laisser partir certaines idées pour lesquelles le moment propice a pu passer. Dans sa réflexion, elle inclut fréquemment le milieu de l’imaginaire au sens large, allant de l’édition au lectorat. 

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2024-11-02T05:36:22+01:00mardi 1 octobre 2024|Dernières nouvelles, Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s09e02 – Évaluer et choisir ses idées

Les Moutons électriques en difficulté, appel aux dons

Oh, what sad times are these when passing ruffians can say « Ni » at will to old ladies.

La maison d’édition Les Moutons électriques appelle à la générosité du lectorat pour la sauver de la fermeture :

Le Covid a asséché notre trésorerie et nous n’avons jamais vraiment réussi à nous en remettre, sans compter nos changements de diffuseurs, de Harmonia Mundi à MDS, pour finalement arriver chez la Diff Hachette (dont le travail nous satisfait pleinement). Le bateau tremble, la soute est fendue, l’eau monte et nous n’avons plus que des seaux bosselés pour écoper. Bref, pour arrêter cette métaphore marine, nous sommes au bord de la fermeture.

La diversité des maisons indépendantes construit la santé du marché et, au-delà, elle reflète la diversité culturelle même de l’imaginaire francophone. Une collecte de fonds a été lancée sur Ulule et, si l’objectif est déjà rempli à l’heure actuelle, on n’a jamais assez de soutien par les temps qui courent quand on se trouve porté à ces ultimes extrémités, donc je vous invite à consulter… 

➡️ La campagne de collecte sur Ulule

2024-09-13T01:41:53+02:00mercredi 18 septembre 2024|Le monde du livre|Commentaires fermés sur Les Moutons électriques en difficulté, appel aux dons

s09e01 – En public avec vos questions à l’Ouest Hurlant – partie 1

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « s09e01 – En public avec vos questions à l’Ouest Hurlant – partie 1« .

Le festival des cultures de l’imaginaire l’Ouest Hurlant à Rennes reçoit toute l’équipe de Procrastination et surtout VOUS : l’invité du podcast sur cette saison, c’est vos questions, vos interrogations, avec trois réponses contradictoires pour le prix d’une ! 

Merci à l’Ouest Hurlant et toutes ses équipes de nous avoir invité·es et de nous avoir donné une salle et une heure pour rendre ces conversations possibles. C’est un splendide festival qu’on vous encourage à suivre ! 

Pour commencer, nous parlons de blocages et d’inquiétudes pendant une réécriture au long cours : que faire si la crainte de ne pas être à la hauteur du travail qu’on a déjà accompli sur un gros manuscrit vient s’inviter en cours de correction ? 

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2024-10-08T09:23:54+02:00lundi 16 septembre 2024|Procrastination podcast|2 Commentaires

La reMarkable Paper Pro et le Zerowriter viennent aussi concurrencer la Freewrite en tant que machines à écrire intelligentes

Les projets promettant de fournir une expérience d’écriture sans distraction n’en finissent plus de fleurir, et vu le prix et l’absurdité de la gestion de Freewrite, ça n’est pas dommage. Après le BYOK et le Micro Journal, deux produits sur le radar :

La reMarkable Paper Pro

J’avais dit grand mal de la reMarkable il y a deux ans principalement en raison d’une interface aux fraises, mais il semble que les mises à jour aient enfin corrigé ça, et la boîte vient de sortir une version très intrigante de sa tablette minimaliste intégrant la couleur. Les premiers retours annoncent que c’est simplement le meilleur panneau à encre électronique couleur du marché, et la machine peut intégrer un clavier associant ce qui semble être le meilleur des deux mondes – prise de notes manuscrite, en couleur donc, et rédaction au clavier.

C’est quand même très sexy. Image reMarkable.

Hmmm.

La qualité de production des reMarkable est toujours un énorme point fort, et on peut toujours essayer la machine 100 jours et la renvoyer pour remboursement complet si l’on n’est pas convaincu. Il reste l’abonnement qu’il faut payer pour avoir l’historique illimité de synchronisation et quelques autres fonctionnalités, ce qui passe toujours difficilement à mes yeux, mais j’avoue que je suis peut-être prêt à retenter l’expérience pour un outil professionnel.

➡️ La reMarkable Paper Pro (Ultra Zillion Clairefontaine Supreme Productive Gamma)

Le Zerowriter

Ouuuh. La jolie chose que voilà.

Le Zerowriter est, pour simplifier, une Alphasmart Neo ou une Freewrite alpha, en open source, pour une fraction du prix ! Orchestrée par un type tout seul dans son garage, c’est la version produite à large échelle d’un projet antérieur à construire soi-même à base de Raspberry Pi. Le Zerowriter conserve ses racines : le logiciel est entièrement hackable et modifiable, sur des standards ouverts, mais il vient avec un clavier magnifique et la promesse de pouvoir en éditer intégralement et simplement la disposition (vous entendez, Freewrite ?)

Tout ça pour deux cent balles, actuellement en financement participatif. Les vidéos de démo sont ultra, mais ultra sexy, et pas parce que c’est filmé artistiquement avec de la lounge tamisée de nuit suave, mais parce que le produit est ultra cool (ce bruit de clavier ! cette latence quasi nulle !), et c’est bien ce qui compte.

Graou.

➡️ Le Zerowriter sur Crowdsupply

Un petit mot sur le Micro Journal

J’ai commandé et reçu depuis un moment mon Micro Journal v5, mais trouver la batterie requise en Australie s’est avéré étonnamment difficile (attention, il faut aussi un tournevis hexalobe pour pouvoir l’installer). Bref, je l’ai, j’ai enfin pu le configurer, le mettre à jour, et j’ai eu l’immense plaisir de découvrir installée conformément à ma demande la disposition de clavier belge (la seule disposition de clavier français AZERTY qui ait le moindre sens, et employée par défaut sur les Macs). Ça marche, mais il semble que les claviers Apple n’envoient pas le code de la touche majuscule comme les autres, ce qui m’empêche encore de m’en servir en production, mais j’ai eu une réponse dans l’heure de l’artisan qui va essayer de régler le problème.

Encore une fois, j’ai plus de support technique d’un gars tout seul, pour une fraction du prix, que de toute la compagnie Freewrite…

2024-10-04T03:57:11+02:00mercredi 11 septembre 2024|Geekeries, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur La reMarkable Paper Pro et le Zerowriter viennent aussi concurrencer la Freewrite en tant que machines à écrire intelligentes

Du travail et du fruit du travail dans l’écriture

Je sors souvent une référence à la Bhagavad-Gita ici et là et dans Procrastination, et quelques échanges de loin en loin m’ont laissé entendre que cela pouvait être un peu mal compris, du coup, archivons ici ce qu’il en est. Il s’agit du célébrissime verset 2.47, que je connais le mieux sous cette forme en traduction anglaise1 :

You are entitled to the labor, but not to the fruits of the labor.

On le trouve en traduction française par exemple sous cette forme :

Tu as le droit de remplir les devoirs qui t’échoient, mais pas de jouir du fruit de tes actes ; jamais ne crois être la cause des suites de tes actions, et à aucun moment ne cherche à fuir ton devoir.

Sur Wikisource

Mais que je résume ainsi pour mon usage personnel :

On peut prétendre au labeur, mais pas aux fruits du labeur.

Quel est le rapport avec l’écriture ?

La différence entre prendre du plaisir et péter un câble.

Les réseaux commerciaux sont submergés de questions, conseils, stratégies pour arriver à convaincre une maison d’édition et publier son livre ; et soyons clairs, oui, la plupart du temps, quand on écrit, on espère être lu – il y a là un effort (considérable) de communication et le but de la communication, c’est quand même d’avoir quelqu’un en face.

Cependant, l’effet délétère – qui est humain, compréhensible, mais délétère quand même –, c’est de considérer alors que la création est orientée vers le résultat, la production, l’édition, qui, en plus, peuvent former dans notre société autant de métriques de résultat, de succès, jusqu’à un effet extrêmement retors de validation individuelle. (C’est l’incompréhension qui guide les chantres de l’IA.)

Or, quand on crée, tout n’est pas entièrement maîtrisable, et c’est une angoisse de la chose, mais aussi, selon votre constitution, une joie.

On ne maîtrise pas le résultat produit

Même le plus obsessionnel-compulsif des architectes (hello) vous dira qu’il existe toujours un moment où le récit, les personnages prennent vie sur la page et révèlent d’eux-mêmes ou de l’intrigue des éléments complètement inattendus (mais souvent géniaux). Je raconte toujours cette histoire entre Laenus Corvath et Thelín de « Bataille pour un souvenir » à « Au-delà des murs » prouvant même que l’inconscient, la Muse, le Mystère, la communication avec les mondes parallèles opèrent par-delà les textes et les ans, bref : nous sommes les vecteurs de la création, mais il se passe quelque chose d’ineffable au cours du chemin. Et en plus, la valeur de la production nous échappe toujours un peu : une scène écrite dans le sang et les larmes peut se révéler bonne à jeter comme une autre écrite avec la facilité la plus déconcertante peut s’avérer fantastique – et inversement.

Bien sûr, on peut toujours corriger, mais je pense que même avec la plus haute technicité du monde, on ne peut qu’amener sa matière initiale à un certain plafond. Vient un moment où il faut potentiellement réécrire pour imposer un meilleur élan.

On fait de son mieux, mais on ne peut pas garantir le résultat.

On ne maîtrise surtout, surtout pas le succès

Oh ! combien d’écrivains, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des carrières lointaines,
Dans les réseaux sociaux se sont évanouis !

Si l’on connaissait la recette pour faire un best-seller, mes chers amis, tout le monde l’appliquerait, à commencer par les maisons d’édition. Certes, quand on fait ce métier, on espère que ça va marcher suffisamment pour payer sa prochaine facture de pâtes, mais c’est alors que démarre un dangereux raisonnement, celui d’associer la valeur du travail (et donc du chemin de la création) au succès, aux ventes, aux chroniques, aux commentaires sur les réseaux, aux prix littéraires, aux adaptations cinématographiques et – pire que tout ce qui précède – aux mêmes métriques chez les voisins.

Or, personne n’a de réel contrôle là-dessus ! Et attribuer le mérite de son travail à ces métriques extérieures – pire, à celles des copains, qui n’ont pas la même carrière, les mêmes vœux, les mêmes univers – peut peut-être soutenir une personnalité combattive pendant un temps, mais au bout du compte, comme tout élément de son identité dont on plaque la valeur sur une composante du monde extérieur, cela ne peut que rendre foncièrement malheureux.

On fait de son mieux, mais on ne peut pas garantir le succès.

On fait de son mieux, et c’est tout ce qu’on peut faire

Je ne suis absolument pas en train de prétendre qu’il faut atteindre une espèce d’horizon détaché de tout (cela annihile l’implication personnelle, et je pense résolument qu’il est vital de croire à ce qu’on fait, donc de lui attribuer un minimum d’importance), que je pratique parfaitement ce qui précède (certainement pas), ni même que toutes ces impulsions ne sont pas humaines ni compréhensibles.

En revanche, non conscientisées, laissées à proliférer, elles sont une voie sûre vers l’épuisement professionnel, le découragement, la frustration, notamment parce qu’elles se trompent sur ce qu’est l’essence du métier. Elles confondent le résultat final (sur lequel on n’a guère de prise) avec le processus créatif lui-même.

Or, notre métier, c’est créer, ce n’est pas vendre des bouquins. Oui, je répète : notre métier, c’est créer, ce n’est pas vendre des bouquins.

Vendre les bouquins, c’est le métier de la maison d’édition.

Vendre des bouquins est une conséquence possible et merveilleuse de la création. On s’y implique, bien évidemment ! Mais tout ne se vend pas dans notre marché (qui est ce qu’il est), et se désoler, rager que ce qu’on fait ne vend pas dans cette situation revient à insulter le ciel pour le temps qu’il fait. Bien sûr, on peut être déçu ; il existe des accidents industriels (je raconterai un jour les vraies coulisses de Léviathan, près de quinze ans plus tard, il commence à y avoir prescription) ; on peut combattre, communiquer, élargir les horizons, se lancer avec courage, tenter le coup, et tout peut marcher, et on s’efforcera toujours de mettre un maximum de chances de son côté, mais au final, on prendra soin de se rappeler cette règle cardinale :

Le labeur ne nous doit aucune rétribution.

Il découle donc, logiquement, qu’il convient de concentrer son énergie sur le labeur lui-même – c’est la seule chose sur laquelle on peut influer – et, surtout, trouver dans celui-ci la toute première source de son plaisir. Un auteur qui écrit parce qu’il aime écrire sera toujours heureux (ou presque). Un auteur qui écrit parce qu’il veut vendre, être vu, reconnu, apprécié sera toujours malheureux (ou presque) parce qu’il n’aura, en définitive, jamais assez.

C’est pour ça que je trouve oiseuse et inutiles les conversations sur le « talent », « l’inspiration » et tous ces concepts qui ne nous aident à rien et sont même, si j’ose, un peu classistes : tu as le don ou tu l’as pas. En revanche, on peut tous travailler, et on peut tous trouver du sens dans ce qu’on fait. Sinon, autant ne pas le faire, hein ?

C’est aussi pour cette raison que je fais l’analogie entre l’écrivain et un DJ : le DJ est embauché pour faire danser la salle, mais il va le faire avec la musique qu’il aime (ou au moins qui ne lui écorche pas les esgourdes). Le cœur de métier, au sens de profession et de carrière, cette fois, est là : faire le travail avec cœur, sincérité et intégrité, en gardant la conscience d’essayer de s’adresser au plus grand nombre, de travailler sa technicité pour être le mieux reçu possible, mais l’un et l’autre doivent fonctionner ensemble.

Bien sûr qu’on fait notre travail du mieux possible, avec la visée raisonnée, intelligente et construite d’un public (on se rappelle, en gros, qu’on gagnera probablement mieux sa vie avec de la romance qu’avec un recueil de haikus en elfique dans le texte). Bien sûr qu’on espère rencontrer les lauriers de la victoire. On ne fait pas ça par-dessus la jambe, à balancer nos œuvres soigneusement assemblées dans le vide. On fait tout ce qu’il faut pour ça marche.

Mais, tels des généraux romains, nous devons conserver la voix perchée sur l’épaule qui nous répète que nous sommes mortels, qu’au final, tout cela est une vaste farce, que l’Univers ne nous doit rien, et que la seule validation solide vient d’abord de l’intérieur avant d’arriver d’ailleurs, et que la réalisation contient déjà en elle sa validation.

Nous pouvons prétendre au labeur, mais pas aux fruits du labeur.

  1. Il existe quantité de traductions, on préférera celle-ci ou celle-là pour quelque chose de moins lapidaire.
2024-09-09T03:02:10+02:00lundi 9 septembre 2024|Best Of, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Du travail et du fruit du travail dans l’écriture
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